Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

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2011-11-24

2011-11-23: Domino, 1982, Erb/Baker/Zerang, Caravan, Hans Reichel R.I.P.

Journal d'écoute / Listening Diary 
2011-11-23

DOMINO / Domino’s Tales (Slam Productions)
Domino est un trio de jazz moderne composé de Marco Colonna à la clarinette basse et aux saxos soprano et baryton, du vibraphoniste Francesco Lo Cascio et du contrebassiste Lillo Quaratino. De belles improvisations relativement tonales, assez jazzés, feutrées, intelligentes, impressionnistes. Un beau début de journée en douceur.
Domino is a modern jazz trio consisting of Marco Colonna on bass clarinet and baritone/soprano sax, vibes player Francesco Lo Cascio, and bassist Lillo Quaratino. Nice improvisations, rather tonal, jazzy, velvety, intelligent, and impressionistic. A fine morning-starter.

1982 / Pintura (Hubro)
Splendide session d’improvisation fragile entre le joueur de violon Hardanger Nils Økland (son album solo chez Rune Grammofon demeure un objet sonore d’une grande beauté), Sigbjørn Apeland à l’harmonium et le percussioniste Øyvind Skarbø. Huit pièces, 34 minutes en tout, plein de moments mélancoliques et grelottants. La combinaison violon Hardanger (un violon traditionnel norvégien à cordes sympathiques) et harmonium offre une vétusté attendrissante.  [Ci-dessous: Un extrait de l’album.]
A beautifully fragile improvisation session between Hardanger fiddler Nils Økland (his solo CD on Rune Grammofon remains a sound object of great beauty), Sigbjørn Apeland on harmonium, and percussionist Øyving Skarbø. Eight pieces, a total of 34 minutes filled with melancholia and chilly northern winds. Pairing the Hardanger fiddle (a traditional Norvegian violin with sympathetic strings) with the harmonium produces an endearingly antique sound.  [Below: A track from the album.]

CHRISTOPH ERB - JIM BAKER - MICHAEL ZERANG / Erb/Baker/Zerang (Veto Records)
Rencontre d’improvisation libre à Chicago entre le saxophoniste (ténor) et clarinettiste (basse) suisse Christoph Erb, Jim Baker au synthé analogique et au piano, et le percussionniste Michael Zerang. De l’improvisation aride, très exigeante pour l’oreille. J’aime beaucoup Zerang, et il essaie clairement de créer quelque chose ici, mais la communication passe mal et la musique ne semble aller nulle part. Décevant.
A fre improvisation meeting in Chicago between Swiss tenor sax/bass clarinet player Christoph Erb, Jim Baker on analog synth and piano, and percussionist Michael Zerang. Dry improvisations, very demanding on the ears. I like Zerang a lot, and he is clearly trying to create something here, but sparks don’t fly and the music seems to go nowhere. Disappointing.

CARAVAN / In the Land of Grey and Pink [40th Anniversary Deluxe Edition] (Deram)
Decca avait déjà produit une belle réédition de cette œuvre majeure du groupe Caravan en 2000, mais cette édition 40e anniversaire va plus loin en ajoutant, entre autres, un mixage 5.1 signé Steven Wilson. Sur l’album original, tout a été dit: point culminant de la scène du rock progressif dit “de Canterbury” (1970); moment où deux grands compositeurs arrivent à maturité simultanément: Richard Sinclair et David Sinclair; chef d’œuvre de l’esprit britannique, à la fois facétieux et réfléchi. Dans son mix 5.1, Wilson (le dieu du 5.1, je ne le dirai jamais assez) fait de l’orgue de David Sinclair la grande vedette de ce disque – dans “Nine Feet Underground” tout particulièrement, chaque entrée en scène, chaque changement de timbre survient d’un angle d’écoute différent. Claviers et guitares sont souvent placés vers l’arrière pour laisser la section rythmique devant (une approche qu’il reprend dans son mix 5.1 de Starless and Bible Black de King Crimson). Le mixage est glorieux et profite pleinement de la clarté des bandes originales. Le DVD offrant le 5.1 propose aussi de nouveaux mixes stéréo et deux chansons enregistrées pour la télé allemande. Il s’accompagne aussi de deux CD qui reprennent l’album original, les pièces bonis annexées par l’édition Decca et de nouvelles pistes inédites. En tout, 14 pièces bonis, dont un mix différent de “Nine Feet Underground” (signé Wilson), une version en concert de la même, des chansons enregistrées pour la BBC et plusieurs maquettes. Le bonheur total, sans exagération.
Decca had already released a fine reissue of this major Caravan opus back in 2000, but this 40th Anniversary edition goes further and adds, among other things, a 5.1 mix by Steven Wilson. Everything has been said about the original 1970 LP: the culmination of the so-called “Canterbury” progressive rock scene; the moment where two great composers came to maturity: Richard Sinclair and David Sinclair; a masterpiece of the British mindset, both fanciful and thoughtful. Wilson’s 5.1 mix (and he’s the King of surround sound, I’ll never write that enough it seems) turns David Sinclair’s organ into the star of the album – in “Nine Feet Undeground,” every organ entry or timbre change comes in from a different listening angle. Most keybaords and guitars are placed toward the back of the soundfield to leave the rhythm section and vocals in front (an approach he would also use for King Crimson’s Starless and Bible Black). The 5.1 mix is glorious and fully taps into the clarity of the original tapes. In addition to the 5.1 version, the DVD includes new stereo mixes by Wilson and two tracks recorded for the German TV. That DVD comes with two CDs that present the original album mix, all the bonus tracks appended on the 2000 Decca reissue, plus extra previously unreleased tracks. All in all, there’s 14 bonus tracks here, including an alternate mix of “Nine Feet Underground” (by Wilson), a live version of said track, a BBC session, and several demos. I’m in heaven, and it’s not an overload like some other such sets.

HANS REICHEL / Yuxo: A New Daxophone Operetta (a|l|l)
Hans Reichel est décédé hier à l’âge de 62 ans. On se souviendra de lui surtout comme l’inventeur du daxophone, instrument singulier composé d’une langue de bois fixée dans un bloc muni de micros contracts et qu’on joue à l’aide d’un archet et d’un stoppeur (le dax). Yuxo (2002) est son dernier disque consacré au daxophone, une collection charmante de pièces rigolotes, voire farfelues, réalisées par superposition de nombreuses pistes de daxophone. Un chef-d’œuvre en tous points. Merci, Hans.  [Ci-dessous: La plus belle documentation de son travail disponible sur le web. Tous les instruments dont il joue, il les a fait de ses mains.]
Hans Reichel died yesterday. He was 62 years old. He will be remembered mostly as the inventor of the daxophone, a unique instrument consisting of a wooden tongue set into a block equipped with contact microphones and played with a bow and a stopper (a dax). Yuxo (2002) is the last record he devoted to the daxophone, a charming collection of funny tongue-in-cheek pieces made of layers upon layers of daxophone tracks. A true masterpiece.  [Below: The best documentation of his work out there on the web. All the instruments he plays here, he made himself.]

2011-09-06

2011-09-02: Olaf Rupp, Clark/Haslam/Royal Philharmonic Orchestra


Journal d'écoute / Listening Diary
2011-09-02

OLAF RUPP / Whiteout (FMP)
J’avais manqué ce disque solo d’Olaf Rupp à sa sortie en 2008. Le guitariste allemand est ici à l’électrique (dans Weird Weapons 2 hier [2011-09-01], il était à l’acoustique). Quatorze solos courts et bien développés, souvent des chapelets de notes produites à l’aide d’une technique qu’on associerait plus facilement à la guitare classique. Ailleurs, des glissements sur cordes, des accords exangues et du strumming violent (qui me rappelle Tim Brady). Aucune impression de répétition au fil des pièces, un disque rondement mené.
I had missed this solo Olaf Rupp CD upon its release in 2008. Here, the German guitarist plays electric guitar (in Weird Weapons 2 yesterday [2011-09-01] he played acoustic guitar]. Fourteen short well-developed solos, often strings of notes produced using a technique more often associated with classical guitar playing. Elsewhere, we have string-sliding, chords at odd angles, and violent strumming (here reminiscent of Tim Brady). No feeling of repetition as I move down the track list. A well thought-out record.

LOUIS CLARK and the ROYAL PHILHARMONIC ORCHESTRA featuring ANNIE HASLAM / Still Life (Gonzo Multimedia)
Bon. Oui, Annie Haslam est l’inoubliable voix du groupe britannique de rock progressif Renaissance. Et oui, le Royal Philharmonic Orchestra a participé à plusieurs projets liés à l’univers du rock progressif. Mais Still Life est un disque très pénible. Et la réédition de Gonzo Multimedia est tellement moche qu’elle en devient insultante. Parlons d’abord du contenu: douze airs de musique classique auxquels on a adapté des paroles (Bettey Thatcker) et que chante Haslam, sur des arrangements de Louis Clark. C’est mièvre au possible, sans inspiration, facile, et on s’est senti obligé d’inclure une partie de batterie flasque. Quant à la réédition, elle ne donne presqu’aucune information, puisque outre les paroles qui sont reproduites, le livret ne contient que des notes explicatives dans une langue asiatique!  Come on! De la part d’une étiquette britannique!
Well. Okay, so Annie Haslam is the unforgettable voice from UK prog rock band Renaissance. And so the Royal Philharmonic Orchestra has embarked on several prog-related projects in the ‘80s. But Still Life is an awful record. And Gonzo Multimedia’s reissue is so cheap it’s insulting. First, the music: twelve classical music tunes to which lyrics have been adapted (Bettey Thatcker) and sung by Haslam over arrangements by Louis Clark. It’s cheap, lifeless easy listening music, and they felt obligated to tack on a half-spirited drum kit track. As for the reissue, it gives next to no information since, beside the lyrics reproduced, all the liner notes are in an Asian language! Come on! This from a UK-based label!

2011-02-26

2011-02-24: Peter Kowald, Honsinger/Rupp


Journal d'écoute / Listening Diary 
2011-02-24

PETER KOWALD / Was da ist (FMP)
Disque inclus dans le coffret FMP: In Retrospect 1969-2010 (disque 11). C’est le contrebassiste Peter Kowald. C’est Kowald en solo. En solo en concert. En concert en novembre 2000. C’est Kowald en solo dans une bonne journée. Une très bonne journée. Et dans une excellente captation. Que demander de plus? Un excellent ajout à ce coffret.
Included in the boxset FMP: In Retrospect 1969-2010 (disc 11). It’s bassist Peter Kowald. It’s solo Kowald. A live solo concert. From November 2000. It’s Kowald playing solo on a good day. A very good day. And excellent sound capture. What more can you ask for? A great addition to this boxset.

TRISTAN HONSINGER & OLAF RUPP / Stretto (FMP)
Disque inclus dans le coffret FMP: In Retrospect 1969-2010 (disque 12). En guise de conclusion à ce splendide coffret (et le livre de 218 pages qu’il l’accompagne regorge de superbes photos prises par Jost Gebers, co-fondateur de FMP), un enregistrement de 2010, la première rencontre entre le violoncelliste Tristan Honsinger et le guitariste Olaf Rupp. De l’improvisation libre un peu sèche mais forte en techniques étendues, avec des moments à vous tenir en haleine. J’ai peu entendu Rupp à ce jour, mais j’aime beaucoup son jeu ici.
Included in the boxset FMP: In Retrospect 1969-2010 (disc 12). The final record in this gorgeous boxset (and the 218-page book that comes with it is full of splendid photographs by FMP cofounder Jost Gebers) is a recording from 2010, the very first meeting between cellist Tristan Honsinger and guitarist Olaf Rupp. Free improvisation, rather dry though rich in extended techniques, with moments that will keep you on the edge of your seat. I haven’t heard much from Rupp to this day, but I’m quite fond of his playing here.

2011-02-24

2011-02-23: Manfred Schulze Bläser Quintett, Manuela+, Kreidler, Neumeier/Kawabata, Kaleidoscope


Journal d'écoute / Listening Diary 
2011-02-23

MANFRED SCHULZE BLÄSER QUINTETT / Choral-Konzert (FMP)
Disque inclus dans le coffret FMP: In Retrospect 1969-2010 (disque 9). Un enregistrement inédit en concert en 1998 (au Total Music Meeting) du quintette à vent de Manfred Schulze, fondé en 1969, et dans lequel Schulze ne jouait plus depuis 1992 (il est décédé l’an dernier). Un ensemble de répertoire, donc, parmi les premiers ensembles du genre dans le jazz actuel. Le programme de quatre œuvres est fort intéressant - c’est ma première exposition à l’écriture de Schulze. Mélange de jazz actuel allemand et d’un certain classicisme - “Choral-Konzert” (37 minutes) se situe entre l’univers de ROVA et celui de Mussorgsky! On pourrait aussi faire un parallèle partiel avec Pago Libre, pour le sens mélodique et l’humour. La présence du tromboniste Johannes Bauer me ravit.
Included in the boxset FMP: In Retrospect 1969-2010 (disc 9). A previously unissued live recording from 1998 (at Total Music Meeting) of Manfred Schulze’s wind quintet, founded in 1969 and in which Schulze stopped playing due to illness in 1992 (he died last year). A repertoire ensemble, and one of the first ensembles of its kind in new jazz (predating ROVA, WSQ, and he likes). An interesting four-work program – this is my first encounter with Schulze’s writing. A blend of German creative jazz and classicism - “Choral-Konzert” (37 minutes) sounds somewhere between the soundworlds of ROVA and Mussorgsky! It also compares to the melodiousness and humour of Pago Libre. I’m thrilled by the presence of trombonist Johannes Bauer.

MANUELA+ / Live in Berlin (FMP)
Disque inclus dans le coffret FMP: In Retrospect 1969-2010 (disque 10). Manuela, c’est Rüdiger Carl (clarinette, accordéon, claviola), Hans Reichel (guitare, daxophone) et Carlos Zingaro (violon). Le “+”, c’est Jin Hi Kim au komungo (sorte de koto coréen). Live in Berlin présente un enregistrement inédit fait au Total Music Meeting de 1999. Un très beau concert d’improvisation libre à l’instrumentation aussi inorthodoxe que faire se peut. Belle complicité, beaucoup de moments surprenants (par leur folie mais aussi leur tendresse), et toujours un plaisir d’entendre le daxophone de Reichel (si vous ne savez pas ce que c’est, faites une petite recherche, ça vaut la peine).
Included in the boxset FMP: In Retrospect 1969-2010 (disc 10). Manuela is Rüdiger Carl (clarinet, accordion, claviola), Hans Reichel (guitar, daxophone) and Carlos Zingaro (violin). The “+” is Jin Hi Kim on komungo (a Korean koto). Live in Berlin features a previously unreleased live recording from Total Music Meeting 1999. A very fine set of free improvisation featuring an instrumentation as unorthodox as it can get. Nice interplay, lots of zany and tender moments, and it’s always a pleasure to hear Reichel’s daxophone (and if you don’t know what that is, I suggest you google it).

KREIDLER / Tank (Bureau B - merci à/thanks to Forced Exposure)
J’apprends tout juste l’existence de ce groupe de Düsseldorf, bien qu’il se soit formé en 1994. Ce nouvel opus, Tank, m’enthousiasme beaucoup! Un krautrock au son vintage (d’autres diraient rétro), la section rythmique très motorik, les mélodies de synthétiseur minimalistes et souvent inquiétantes - comme la musique de Goblin peut l’être. Entre Zombie Zombie et Phantom Broadcast, avec une touche du Asmus Tietchens de la période Sky Records. Six pièces instrumentales, 43 minutes, super ambiance maintenue sans coup férir. Du grand art.  [Ci-dessous: un extrait de la chanson “Jaguar”]
I just learned of the existence of this band from Düsseldorf, although they have been around since 1994. Their new opus Tank is an instant like! Vintage-sounding (some would say retro-sounding) krautrock, with a very motorik rhythm section, minimalist synth melodies, a disquieting feel - a bit like Goblin’s music. Between Zombie Zombie and Phantom Broadcast, with a touch of Sky-era Asmus Tietchens. Six instrumental tracks, 43 minutes, an atmosphere that doesn’t quit. Splendid.  [Below: A snippet from the track “Jaguar.]

MANI NEUMEIER & KAWABATA MAKOTO / Samurai Blues (Bureau B - merci à/thanks to Forced Exposure)
Solide doublé pour l’étiquette allemande Bureau B! Parution simultanée au nouveau Kreidler, ce duo enregistré devant public et en studio (en deux temps) en 2008. Oui, c’est deux-tiers de Acid Mothers Guru Guru, mais en même temps c’est autre chose. Et c’est de l’excellent acid rock! Samurai Blues propose cinq pièces aux longueurs et aux angles variés. On passe de courtes improvisations libres totalement déconstruites à de courtes pièces à trois accords un peu comique, à de longs jams hauts en couleurs, en inventivité et en virtuosité. Je ne suis pas un fan de Neumeier (j’en suis un de Kawabata par contre!), mais là il réussit à me convaincre pleinement.
Two in a row for Geman label Bureau B! Released at the same time as the new Kreidler is this 2008 studio/live duo recording. Yes, they’re two-thirds of Acid Mothers Guru Guru, but it’s also something else. And some excellent acid rock! Samurai Blues features five tracks of various lengths and angles: short deconstructed free improvisations, short comical three-chord headbangers, longs colourful virtuoso jams - this record’s got it all. I’m no fan of Neumeier (although I love Kawabata), but this outing wins me over.

KALEIDOSCOPE / Kaleidoscope (Shadoks Music - merci à/thanks to Forced Exposure)
Un groupe de Porto-Ricains, de Dominicains et d’Espagnols enregistrent un disque en 1967 à Porto-Rico, disque que sera publié en très petite quantité au Mexique (on les a donc longtemps crus Mexicains). Shadoks propose la première réédition légale et approuvée du seul microsillon de Kaleidoscope. Un rock psychédélique sympa mais loin d’être parfait, avec un chanteur qui baragouine l’anglais et une section rythmique qui, si elle a du bagout, manque de précision. D’un intérêt très passager, à moins d’être collectionneur de raretés de ce genre. La réédition propose une notice biographique fouillée.
A group of Porto Ricans, Dominicans and Spanishmen make a record iin Porto Rico in 1967, and their producer takes it to Mexico to release it in a very small run (which explains why they were thought to be Mexican). Shadoks released the first legit and authorized reissue of Kaleidoscope’s sole LP. Fun psychedelic rock, though far from perfect, with a singer struggling with the English language and a rhythm section that may have balls but lacks tightness. Of passing interest, unless you actively collect this kind of rarities. The reissue includes extensive biographical notes.

2011-02-20

2011-02-17: Fred Van Hove, Die Like a Dog, Falter Bramnk, Steve Hackett

Journal d'écoute / Listening Diary 
2011-02-17

FRED VAN HOVE / Piano Solo (FMP)
Disque inclus dans le coffret FMP: In Retrospect 1969-2010 (disque 7). Piano Solo constitue tout un monument à la virtuosité d’instrumentiste et d’improvisateur de Fred Van Hove. Cet album réédite sur un seul CD deux microsillons: Prosper (1981) et Die Letzte (1986). Le premier est enregistré en concert et présente un Van Hove pince sans rire développant des idées concises. Le second est un enregistrement en studio où le pianiste expose un discours très dense, parfois oppressant, fourmillant d’idées multipartites. À mettre tout en haut de la liste des parutions solos de Van Hove, juste à côté de Flux.
Included in the boxset FMP: In Retrospect 1969-2010 (disc 7). Piano Solo is one heck of a monument to the virtuosity of the instrumentalist and improviser that is Fred Van Hove. This album reissues on a single CD two LPs: Prosper (1981) and Die Letzte (1986). The first is a live recording showcasing Van Hove’s dry wit and concise ideas. The second one is a studio recording where the discourse much more dense, to the point of getting oppressive, and full of multidirectional ideas. I’d put this CD way high in Van Hove’s solo discography, right alongside Flux.

DIE LIKE A DOG / Piano Solo (FMP)
Disque inclus dans le coffret FMP: In Retrospect 1969-2010 (disque 8). Un enregistrement en concert inédit du quatuor Die Like a Dog de Peter Brötzmann! Au Total Music Meeting de 1994. Excellente prestation qui commence avec Hamid Drake aux tablas, puis qui gagne en momentum et en férocité. Pour ceux qui ont récemment entendu le quatuor Hairy Bones (Brötzmann/Kondo/Pupillo/Nilssen-Love), retournez à Die Like a Dog (Brötzmann/Kondo/Parker/Drake) et amusez-vous à comparer la différence stylistique entre les sections rythmiques. Un excellent disque de fire music qui s’érige entre interrogation et affirmation.
Included in the boxset FMP: In Retrospect 1969-2010 (disc 8). A previously unissued live recording of Peter Brötzmann’s quartet Die Like a Dog! At the 1994 Total Music Meeting. An excellent performance kicking off with Hamid Drake on tablas, then gaining in momentum and fierceness. For those who have recently crossed the quartet Hairy Bones (Brötzmann/Kondo/Pupillo/Nilssen-Love), go back to Die Like a Dog (Brötzmann/Kondo/Parker/Drake) and have fun comparing the rhythms sections’ styles. This is excellent fire music building between an interrogation and an assertion.

Je n’avais pas rencontré l’univers de Falter Bramnk depuis Minimal Romance (2005). Que j’avais bien apprécié à l’époque, tout comme j’aime instantanément Involture aux mélodies accrocheuses (“Soon Very Soon (But Not Already Yet)”), aux arrangements incongrus (“Daddyxmas”, “Entourloop”) et aux expériences parfois carrément débiles (“Buio e polvere (Flop opera #2)”). Et j’aime toutes ces avenues, et les autres aussi. Ça me rappelle Condor Moments, un peu Albert Marcoeur, Ilitch aussi, et une bonne dose d’Edward Ka-Spel en plus bon enfant.  [Ci-dessous: “Buio e poivere”.]
I hadn’t crossed Falter Bramnk’s universe since his 2005 CD Minimal Romance – which I had quite enjoyed at the time, like I I’m instantly fond of Involture. Catchy melodies (“Soon Very Soon (But Not Already Yet)”), incongruous arrangements (“Daddyxmas,” Entourloop”) and the occasional mad experiment (“Buio e poivere (Flop opera #2)”). And I like all those strands, and the other ones too. It reminds me of Condor Moments, Albert Marcoeur a bit, Ilitch too, and a hefty dose of a cheerier Edward Ka-Spel.  [Below: “Buio e povere.”]

STEVE HACKETT / Bay of Kings (Camino)
Paru en 1983, ce premier disque de musique pour guitare solo (ou presque) de Steve Hackett m’a beaucoup servi à l’adolescence pour me détendre au coucher. Je ne l’avais pas réentendu depuis de nombreuses années. Il tient encore très bien la route. Hackett joue divinement, ses compositions sont délicates et mélodiques, sans le mièvre qu’on peut trouver chez Gordon Giltrap. Un baume pour les oreilles.
Released in 1983, Steve Hackett’s first (near) solo guitar album helped me a lot when it came to winding down in my teens. I hadn’t heard it in a long while. It still holds fine. Hackett plays divinely, his compositions are delicate and melodious, without getting sirupy like Gordon Giltrap’s often do. Bay of Kings still sooths my ears.

2011-02-17

2011-02-15: Peter Brötzmann, Malfatti/Wittwer, Katja Cruz, Schick/Szczesny, Schick/Belfi

Journal d'écoute / Listening Diary 
2011-02-15

PETER BRÖTZMANN / Wolke in Hosen (FMP)
Disque inclus dans le coffret FMP: In Retrospect 1969-2010 (disque 5). On ne saurait imaginer un coffret rétrospective de l’étiquette FMP sans y inclure quelque chose de son cofondateur Peter Brötzmann. Soit. Mais que ce quelque chose s’avère la première réédition sur CD de l’album solo Wolke in Hosen (1976), voilà toute une gâterie. Le grand saxophoniste et clarinettiste s’y avère brutal et fantasque - à certains endroits, j’ai dû me pincer, étant convaincu d’entendre plutôt Carlo Actis Dato. Ce disque propose douze pièces, dont certaines sont très courtes (“Brunches” est une ouverture tonitruante de 27 secondes), la plupart sont dans les trois à six minutes, et la plus longue, “twee(D)didum”, atteint les 10 minutes. Lignes jazz, flirts occasionnels avec la musique de fanfare. Un vent de folie (où gaieté, exaltation, exubérance et mal de vivre se rejoignent) souffle sur “Der Grieche” et “Humpty Dumpty.” Et “Eine kleine marschmusik” conclut l’album avec une marche jouée au piano, ultime revirement d’un disque solo haut en couleurs.  [Écoutez quatre extraits de l’album sur le site de Squidco.]
Included in the boxset FMP: In Retrospect 1969-2010 (disc 5). An FMP retrospective boxset would not be complete without something from its cofounder Peter Brötzmann. Fine, but the fact that the something in question is the first CD reissue of his solo LP Wolke in Hosen (1976) is quite a treat! The great saxophonist/clarinetist sounds brutal and cheerful here – at times, I had to check the CD cover just to make sure I wasn’t listening to Carlo Actis Dato. This record includes 12 tracks, some of which are very short (the thundering opener “Brunches” is 27 seconds long), most fall between three and six minutes, and the longest track, “twee(D)didum”, gets to 10 minutes. Jazz lines, occasional flirts with fanfare music. A breath of madness (where joyfulness, exaltation, exhuberance and mal de vivre intersect) blows over “Der Grieche” and “Humpty Dumpty.” And “Eine kleine marschmusik” concludes the album with a march performed at the piano - the ultimate twist in a very colourful record.  [Listen to 4 excerpts form the album on Squidco’s website.]

RADU MALFATTI & STEFAN WITTWER / Und? …Plus (FMP)
Disque inclus dans le coffret FMP: In Retrospect 1969-2010 (disque 6). Réédition avec pièce boni du deuxième microsillon de ce duo, d’abord paru en 1978. Cette association entre le tromboniste Radu Malfatti et le guitariste Stefan Wittwer paraît bien étrange aujourd’hui. Pourtant, l’espace de quelques années, les chemins de ces deux radicaux se sont croisés. L’un allait radicaliser sa musique vers des gestes toujours plus minimaux, acoustiques, non amplifiés; l’autre allait suivre le chemin inverse, vers un son toujours plus bruitiste et électronique. Und? consiste en improvisations libres résidant dans un entre-deux étrange, cet espace où, dans les années 70, s’est développée une forme d’improvisation vive, confrontationnelle et plurisémantique, plus tard éclipsée par l’improvisation libre acoustique du SME. Ce duo est plus près d’Alterations ou du duo formé par Hans Reichel et Rüdiger Carl. Une pièce sans titre de 14 minutes provenant de la même séance d’enregistrement est ajoutée à cette réédition. Elle complète bien l’ensemble, malgré sa fin abrupte, en queue de poisson.
Included in the boxset FMP: In Retrospect 1969-2010 (disc 6). This reissues (with one bonus track) the second LP by this duo, first released in 1978. This association between trombonist Radu Malfatti and guitarist Stefan Wittwer may seem strange today. Yet, for a few years, their radical courses intersected. One was going to radicalize his music toward ever more minimal and unamplified gestures; the other would move in the opposite direction, toward a sound increasingly noise-based and electronic. Und? consists in in-between free improvisations, the in-between being a space where, in the ‘70s, developed a vivid, confrontational and plurisemantic form of improvisation, later eclipsed by the SME-brand of acoustic free improvisation. This duo is closer to Alterations or the Hans Reichel/Rüdiger Carl duo. An untitled 14-minute track from the same recording session is added to this reissue; it fits well with the original album, despite its unexpected ending.

KATJA CRUZ Y LOS AIRES / Mi corazón (Leo Records)
Ce disque sort tellement de la ligne artistique de Leo Records que Leo Feigin a jugé bon d’émettre un communiqué spécial le concernant. Bien jugé. Les deux disques précédents de Katja Cruz chez Leo étaient de l’improvisation libre, mais ici on est carrément dans la musique sud-américaine (mélange d’influences argentines, brésiliennes et cubaines). Une très belle voix, un projet clairement personnel, et la dame est acompagné d’un quatuor compétent. Mais ce n’est pas ma veine et je manque de repères pour évaluer la qualité ou l’intérêt de ce disque. Jetez-y tout de même une oreille si vous êtes amateurs de rythmes latins.
This record is such a step aside from Leo Records’ regular artistic line that Leo Feigin sent out a special press release about it. Well thought. Katja Cruz’s two previous Leo CDs were free improvisation, but this one is pure South-American music (with a blend of Argentinian, Brazilian and Cuban influences). A very fine voice, clearly a highly pesonal project, and the lady is backed by a competent quartet. But this is not my cup of tea and I don’t have right skillset to assess its quality or interest. Still, give it an ear if you’re into Latin rhythms.

Collaboration entre le platiniste-électronicien expérimental Ignaz Schick et l’électronicien (laptop) Dawid Szczesny, enregistrée en concert. Cinq pièces ultra délicates, faites de sons épurés et de textures présentant peu d’aspérités. Une écoute abstraite mais en douceur et envoûtante.
A collaboration between experimental turntablist/electronician Ignaz Schick (Perlonex) and laptop artist Dawid Sczcesny, live recording. Five ultra-delicate tracks made of sparse sounds and textures with few asperities. An abstract listen, but very quiet and bewitching.

IGNAZ SCHICK & ANDREA BELFI / The Myth and Persistence of Vision Revisited (Zangi Music)
Encore plus envoûtant est cette autre collaboration. Belfi fait de la percussion électroacoustique en mode post-rock. Schick fait de l’improvisation expérimentale à base de tourne-disque utilisés pour faire tourner des objets. Étonnamment, leurs univers se complètent bien, l’un tempérant le côté rêveur de l’autre, l’autre ajoutant une certaine beauté aux idées arides de l’un. The Myth and Persistence of Vision Revisited est une bête de studio finement ciselée et mûrie avec amour.
Even more bewitching is this other collaboration. Andrea Belfi plays electroacoustic percussion in post-rock mode. Shick makes experimental improvisation based on turntables used to actually make objects spin. Surprisingly, their soundworlds complement each other well, one tempering the other’s dreamy side, the other adding a certain beauty to the arid ideas of the one. The Myth and Persistence of Vision Revisited is a finely crafted studio creature, a labour of love.

2011-02-14

2011-02-11: Schweizer/Carl/Moholo, Schlippenbach Quartet, Vialka


Journal d'écoute / Listening Diary 
2011-02-11

IRÈNE SCHWEIZER - RÜDIGER CARL - LOUIS MOHOLO / Messer und... (FMP)
Disque inclus dans le coffret FMP: In Retrospect 1969-2010 (disque 3). Ce disque réédite le microsillon Messer de 1976 en y ajoutant un pièce supplémentaire. Le disque original propose quatre pièces, soit deux compositions (très libres) de Carl et deux de Schweizer. Un free jazz vif, aux techniques étendues nombreuses - surtout de Schweizer qui avait commencé à jouer à l’intérieur de son piano. Et j’ai rarement entendu Carl dans un tel rôle de souffleur. “Göndsi mitenand” de Schweizer est très enlevante. À ces quatre pièces enregistrées en deux temps en 1975, cette réédition ajoute une pièce de 20 minutes, “Tuned Boots”, datant de novembre 1977 et qui s’incrit tout à fait dans le même esprit.
Included in the boxset FMP: In Retrospect 1969-2010 (disc 3). This CD reissues the 1976 LP Messer and adds one bonus track. The original record included four tracks: two (very free) compositions each by Carl and Schweizer. Lively free jazz with extensive use of extended techniques - especially from Schweizer who had started playing inside the piano. And I have rarely heard Rüdiger Carl in such a blower’s role. Schweizer’s “Göndsi mitenant” is a captivating piece. To these four tracks recorded in two occasions in 1975, this reissue adds a 20-minute piece entitled “Tuned Boots” from November 1977; it fits in perfectly alongside the earlier sessions.

SCHLIPPENBACH QUARTET / At Quartier Latin (FMP)
Disque inclus dans le coffret FMP: In Retrospect 1969-2010 (disque 4). Deux enregistrements en concert du quatuor d’Alexander von Schlippenbach (avec Evan Parker, Peter Kowald et Paul Lovens) au Quartier Latin de Berlin, en février 1975 et en janvier 1977. De la bonne improvisation libre (surtout), mais pas essentiel - j’ai déjà entendu ces quatre musiciens faire mieux, me semble-t-il. Je suis resté sur ma faim.
Included in the boxset FMP: In Retrospect 1969-2010 (disc 4). Two live recordings by Alexander von Schlippenbach’s quartet (featuring Evan Parker, Peter Kowald and Paul Lovens) at Quartier Latin in Berlin, February 1975 and January 1977. Good though not essential (mostly) free improvisation. I have heard this foursome playing better. And I am left somewhat unsatisfied.

VIALKA / La Poursuite de l’excellence (VIA)
La suite logique de l’excellent Succès planétaire international (2009) est tout aussi excellente! 30 minutes, huit chansons enregistrées au studio de Bob Drake. Et pas d’invités cette fois. Marylise Frecheville et Eric Boros ont encore réussi à faire mieux, à grandir, à parfaire leur musique. “There is No Love” et “Bâillons” sont de solides chansons - tout le reste aussi d’ailleurs. Première écoute parfaitement concluante, reste à voir si ces nouveaux rythmes déjantés de rock métissé s’imprimeront aussi profondément dans mon esprit que ceux du disque précédent.  [Ci-dessous: Une chanson à écouter sur le site de Vialka.]
The logical next step after the excellent Succès planétaire international (2009) is just as excellent! Thirty minutes, eight songs recorded at Bob Drake’s studio. And no guests this time around. Marylise Frecheville and Eric Boros have managed once again to outdo themselves, grow, and perfect their music. “There Is No Love” and “Bâillons” are instantly strong songs - the rest doesn’t pale in comparison. My first listen is absolutely conclusive; now let’s see if these new crossbred jagged rock beats will leave an imprint as deep in my brain as the previous record’s.  [Below: Listen to one song on Vialka’s website.]

2011-02-10

2011-02-09: FMP in Retrospect, Globe Unity Orchestra, Steve Lacy, Versus X


Journal d'écoute / Listening Diary 
2011-02-09

ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / FMP: In Retrospect 1969-2010 (FMP)
Pour célébrer ses 40 ans, la vénérable étiquette et maison de production allemande FMP (Free Music Productions) publie un ÉNORME coffret: 13 po x 13 po x 2 po, 4,5 kg, contenant 12 CD (chacun dans son boîtier de plastique) et un livre 12 po x 12 po de 218 pages. Monstrueux et splendide visuellement (je joins quelques photos). Les disques présentent des enregistrements inédits puisés dans les archives de FMP ou rééditent du matériel qui n’a jamais été pressé sur CD à ce jour. J’en commence aujourd’hui l’écoute et, puisque les douze disques seront disponibles séparément, je les commenterai un à un.
To celebrate its 40th anniversary, the venerable German label and production company FMP (Free Music Productions) has released a HUGE boxset: 13”x13”x2”, 10 lbs, with 12 CDs (each in its own jewel case), and a 218-page 12”x12” book. Gigantic and visually stunning (see the photographs). The CDs feature previously unreleased recordings and reissues of LPs that hadn’t made it to the CD format yet. I’m starting to dig into this set today and, since the records will also be available separately, I will comment on them one by one.


GLOBE UNITY ORCHESTRA & GUESTS / Baden-Baden ’75 (FMP)
Disque inclus dans le coffret FMP: In Retrospect 1969-2010 (disque 1). Une superbe session studio du grand ensemble d’Alexander von Schlippenbach, enregistré sur trois jours de novembre 1975. Les solistes invités sont Enrico Rava et Anthony Braxton, qui contribuent chacun une composition - et ces deux pièces sont les points marquants du disque. “Marañao” de Rava est vive et bruitiste, multipliant les tutti chaotiques, alors que “U-487” de Braxton mise sur la puissance d’ensemble pour asséner des lignes complexes faisant preuve d’une rare gaieté. Au programme aussi, deux compositions de Schlippenbach et une de Peter Kowald. Excellent enregistrement, performances torrides, pourquoi diantre a-t-on attendu si longtemps pour publier ces bandes? Sautez sur ce disque.
Included in the boxset FMP: In Retrospect 1969-2010 (disc 1). A splendid studio session by Alexander von Schlippenbach’s large ensemble, recorded over three days of November 1975 The guest soloists are Enrico Rava and Anthony Braxton who both contribute one composition – and those two tracks are the album’s highlights. Rava’s “Marañao” is lively and noisy, with multi chaotic tuttis, while Braxton’s “U-487” uses the orchestra’s power to hammer in complex lines with uncanny joy. Also on the program are two Schlippenbach compositions and one by Peter Kowald. Excellent recording, smoking performances - why the heck hadn’t these been released earlier? Grab this one while it’s hot!

STEVE LACY (SOLO & QUINTET) / In Berlin 1975/77 (FMP)
Disque inclus dans le coffret FMP: In Retrospect 1969-2010 (disque 2). Ce disque réédite le microsillon solo Stabs et la face B du microsillon en quintette Follies (le temps a eu raison de la bande de la face A). Le quintette consiste en Steve Potts, Irène Aebi, Kent Carter et Oliver Johnson - solide, mais c’est le matériel solo qui vole la vedette: sept compositions traçant une courbe d’écoute qui prend sa source dans le dépouillement total de “Cloudy”, évolue jusqu’au accents jazzés de “Coastline”, pour aboutir dans les techniques étendues teintées d’humour de la maintenant classique “The Duck.” Lacy était un soliste inouï, qui mettait beaucoup de soin à organiser sa matière pour la faire mieux parler. Il a rarement réussi mieux qu’ici.
Included in the boxset FMP: In Retrospect 1969-2010 (disc 2). This CD reissues the solo LP Stabs and side B of the quintet LP Follies (the tapes for side A have not survived the passage of time). The quintet consists of Steve Potts, Irène Aebi, Kent Carter and Oliver Johnson - strong, but the star here is the solo material: seven compositions forming a listening curve that starts in the ascetic “Cloudy,” evolves through the jazzy stylings of “Soastline” and end up in the humour-peppered extended techniques of the now classic “The Duck.” Lacy was an astounding soloist who put a lot of thought into his setlists, organizing his material to help it speak volumes. And he rarely succeeded better than here.

VERSUS X / Point of View (Musea)
Musea réédite le premier album de Versus X (d’abord éponyme, maintenant rebaptisé Point of View), paru à l’origine en 1994. J’ai une relation tendue avec Versus X: j’aime certaines choses, d’autres me tapent sur les nerfs, principalement 1) le manque de “vie” de leurs albums studios (toujours un peu artificiels) et 2) la longueur des chansons, plus épiques que nécessaire. En regard du deuxième point, j’admets préférer (je crois) Point of View, qui propose des pièces plus courtes, aux idées mieux définies. Par contre, l’enregistrement fait très “années 90 avec les moyens du bord”.
Musea has reissued Versus X’s debut CD (eponymous at first, now rechristened Point of View), first released in 1994. I have a tensed relationship with Versus X: I like some aspects of their music, while other bits irate me, mostly: 1) the lack of “live” in their studio recordings (they always sound artificial to me) and 2) the length of their songs, always more epic than warranted. In regard to item 2, I admit to prefer Point of View to their other albums, simply because it features shorter tracks with better-defined ideas. However, the recording quality is very “late ‘90s basement.”

2010-06-28

2010-06-28: Lapin/Poore/Schubert/Turner, Christmann/Gustafsson/Lovens, Roedelius, Gurumaniax, Judge Jackson, Guapo

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-06-28

ALEXEY LAPIN - MELVYN POORE - MATTHIAS SCHUBERT - ROGER TURNER / Seek it Not With Your Eyes (Red Toucan)

Un concert étonnant de douceur, qui exige une qualité d’écoute parfaite en raison du faible volume qui prévaut, des nombreux moments de presque-silence. Au départ, l’affiche annonçait Alexey Lapin (piano; son premier concert hors-Russie), Melvyn Poore (tuba) et Matthias Schubert (saxo ténor). Le percussionniste Roger Turner, de passage, a été recruté. Puis la flûtiste Helen Bledsoe s’est joint au quatuor pour la deuxième partie du concert. De l’improvisation libre menue, souvent aride, extrêmement éthérée. Je n’ai pas la concentration nécessaire ce matin, faudra que j’y revienne. Le fait est que je n’ai pas accroché, mais je fais confiance à Michel Passaretti, directeur de Red Toucan; s’il publie ce disque, c’est que quelque chose m’a échappé à la première écoute.

A surprisingly quiet concert, one that requires a very high level of listening quality, due to its low volume and numerous moments of near-silence. At first, the concert was planned for the trio of Alexey Lapin (piano; his first performance outside Russia), Melvyn Poore (tuba) and Matthias Schubert (tenor sax). Percussionist Roger Turner, being in town, was drafted at the last minute. And flutist Helen Bledsoe sat in for the second set. Delicate free improvisation, often arid, extremely ethereal. I’m not focused enough this morning to get into it, but I trust Red Toucan director Michel Passaretti: if he released this, then there must be something I missed. I’ll listen again at a later date.

GÜNTER CHRISTMANN - MATS GUSTAFSSON - PAUL LOVENS / Tr!o (FMP)

Tiens, j’embarque beaucoup plus dans ce concert enregistré en décembre 1994 (mais tout frais paru chez FMP) entre le saxo suédois Mats Gustafsson et les Allemands Günter Christmann (violoncelle et trompette) et Paul Lovens (percussions). C’est vif, intelligent, complexe mais engageant. Lovens m’impressionne toujours par sa vitesse, son sens de la répartie, sa finesse un peu cavalière. Et le jeu de Christmann était unique en son genre à l’époque.

Now, I’m getting into this one a lot more. This concert was recorded in December 1994, but is just out on FMP. It features Swedish saxman Mats Gustafsson and Germans Günter Christmann (cello and trumpet) and Paul Lovens (percussion). Lively, intelligent, complex but engaging. Lovens always wows me with his speed, sens of dialogue, and fanciful finesse. And Christmann’s playing was unique back then.

ROEDELIUS / Lustwandel (Bureau B - merci à/thanks to Forced Exposure)

Troisième album solo de Hans-Joachim Roedelius, d’abord paru en 1981, maintenant réédité par Bureau B. Il s’agit d’un disque à forte composante acoustique. On pourrait parler de musique de chambre, mais d’un genre qui s’apparente fortement à celui qu’a développé Anthony Phillips dans sa série d’albums Private Parts & Pieces. Même sérénité, même style ultra personnel, résultat d’une démarche autodidacte. Très beau et, à mon goût, plus solide que Jardin au fou.

Hans-Joachim Roedelius’ third solo album, first released in 1981, now reissued by Bureau B. This is a very acoustic record. The music is akin to chamber music, but of a kind very similar to what Anthony Phillips has developed over the years through his Private Parts & Pieces series. The same serenity, the same ultra-personal style, the result of a self-taught process. Very pretty and, to my ears, stronger than Jardin au fou.

GURUMANIAX / Psy Valley Hill (Bureau B - merci à/thanks to Forced Exposure)

Une collaboration singulière et très efficace entre Mani Neumeier et Ax Genrich d’un côté (batteur et guitariste de Guru Guru), Guy Segers de l’autre (longtemps bassiste d’Univers Zero). Psy Valley Hill est un disque d’improvisation rock à forte composante psychédélique et tangeante krautrock. Souvent lent, plutôt pesant, avec des virées exploratoires. Pas illuminant, mais adroit, avec le cœur à la bonne place.

A unique and efficient collaboration between Guru Guru’s Mani Neumeier (drums) and Ax Genrich (guitar), and long-time Univers Zero bassist Guy Segers. Psy Valley Hill is an improvised rock record with a strong psychedelic component and Krautrock leanings. Often slow, rather heavy, with experimental stretches. Not brilliant, but skillful, and with all hearts in the right place.

JUDGE JACKSON / Drive (Curtis-Joe Records - merci à/thanks to XO Publicity)

Pourquoi m’a-t-on envoyé ce disque? C’est du rock de bar tout ce qui a de plus ordinaire. Bon chanteur (influence de The Cult prononcée), section rythmique banale, chansons convenues - du rock qu’on qualifiera d’indépendant uniquement parce qu’il n’est pas encore sous contrat avec une major (et, musicalement, Judge Jackson font tout ce qu’il faut pour être signés). Bof.

Why was I sent this CD? It’s bar-style rock ‘n’ roll, the straightforward kind. Fine singer (strong The Cult influence), trite rhythm section, predictable songs – the kind of rock music that qualifies as indie only because it hasn’t been signed by a major… yet (and Judge Jackson could end up signed by a major, at least they do everything they can to get signed, musically). Pass.

GUAPO / Elixirs (Neurot)

Paru en 2008, récemment acquis. Très beau, très différent. J’aime les groupes qui réussissent à se renouveler ainsi, qui se transforment, qui évoluent. Le piano acoustique, les voix (de Jarboe et Alexander Tucker) sont plus que des ajouts : ils sont intégrés au profli du groupe, et c’est réussi. L’atmosphère demeure sombre, mais le son est moins sale. Ça me fait penser à un croisement entre le Guapo de Five Suns et Bohren und der Clüb of Gore. Je vais réécouter maintes fois. Un rock atmosphérique, progressiste, pas pesant pour une musique qui se veut lourde.

Released in 2008 but recently acquired. Very nice, very different. I like bands who dare to reinvent themselves like this, who care to grow, evolve. The acoustic piano and voices (Jarboe’s and Alexander Tucker’s) are more than mere add-ons: they are integrated to the group’s instrumental profile. The mood is still dark but the sound us cleaner. I’m thinking of a cross between Five Suns-era Guapo and Bohren und der Clüb of Gore. I’ll be listening to this several times. Atmospheric, progressive (lowercase “p”!) rock, meant to be heavy, not leaded.

2009-10-09

2009-10-09: VIoleta de Outono, Viviane Houle, Peter Brötzmann, Koshi, Magma

Journal d'écoute/Listening Diary

2009-10-09


VIOLETA DE OUTONO / Seventh Brings Return: A Tribute to Syd Barrett (Voiceprint)

Un groupe hommage brésilien qui interprète les chansons de Syd Barrett, quelques jours seulement après la mort de ce dernier. Leur prestation de 50 minutes est captée professionnellement (bon tournage, bon montage) à São Paulo. Le groupe est convaincant, mais pas très “tight”, et leurs relectures son très fidèles aux enregistrements les mieux connus. C’est donc dire que, m

ême si la majeure partie de leur concert est consacré au Pink Floyd première époque, il s’agit en fait d’une interprétation de Piper at the Gates of Dawn, bien plus qu’une reconstitution de l’expérience Pink Floyd en concert d’époque. C’est donc décevant. 50 minutes, 13 chansons, dont “Astronomy Domine” et “Interstellar Overdrive,” ce qui en dit beaucoup sur l’approche “faites ça court”. Et très peu du répertoire solo de Barrett, quoi que l’inclusion de “No Good Trying” fait montre d’un certain cran.

A Brazilian cover band performs the songs of Syd Barrett, a few days after Syd’s passing. Their 50-minute set is captured professionally (and it’s a good filming and editing job) in São Paulo. The band is convincing but not that tight, and their rereading of Barrett’s songs is faithful to the best-known recordings. So, even though most of the set list is devoted to early Pink Floyd, what you get is a retake on Piper at the Gates of Dawn instead of a reenactment of what the Floyd sounded like live in their freakiest period. So it’s a disappointment. 50 minutes, 13 songs (including “Astronomy Domine” and “Interstellar Overdrive,” which goes to show how much the band aims for the short-and-sweet). And very little solo Barrett, though “No Good Trying” is a gutsy move.


VIVIANE HOULE / Treize (Drip Audio)

Vivaine Houle est une chanteuse-improvisatrice vancouveroise. On l’a vu au FIMAV 2008 dans un projet musique-danse-vidéo. Treize est une série de treize duos improvisés avec autant de musiciens de la scène de Vancouver, entre autres Peggy Lee, Ron Samworth, Paul Plimley et Jesse Zubot. Un disque créatif, parfois enjoué, avec de belles rencontres à travers une musique abstraite mais viscérale. Cela dit, je n’aime pas beaucoup ces disques où on multiplie les collaborations - ça passe trop vite, sans aller au fond des choses - j’ai l’impression d’écouter une compilation plutôt qu’un album en bonne et due forme. Mais d’autres apprécieront la variété.

Viviane Houle is a Vancouver-based singer/improviser. I saw her at FIMAV 2008 in a grand music/dance/video art project. Treize is a sequence of thirteen improvised duets with thirteen Vancouver musicians, like Peggy Lee, Ron Samworth, Paul Plimley, and Jesse Zubot. A creative record, cheerful at times, with nice meetings in the form of abstract yet visceral music. However, I personally ton’t like this kind of album featuring multiple collaborations - they go by too fast, we don’t get to go deeper – I feel like I’m listening to a compilation instead of a proper album. Others may appreciate the diversity, though.


PETER BRÖTZMANN / Lost & Found (FMP)

Le saxophoniste allemand Peter Brötzmann est actif depuis si longtemps qu’on a tendance à l’ignorer de nos jours. Pourtant, ce pionnier de l’improvisation demeure un artiste redoutable et extrêmement sincère. À preuve, ce nouveau disque solo, Lost & Found, enregistré en juillet 2006. Cinq solos jouant entre la démonstration de force et un lyrisme frôlant le romantisme. L’homme a encore des leçons à donner et il a possède toujours le pouvoir d’émouvoir. [Ci-dessous: Solo de tarogato, mars 2009.]

German saxman Peter Brötzmann has been around for so long that it’s easy to overlook him nowadays. And yet, this improvising behemoth remains a redoubtable, extremely sincere artist. And this new solo record brings proof. Lost & Found was recorded in July 2006. Five solo pieces ranging from demonstrations in strenght and stamina to near-romantic lyricism. The man still has lessons to teach, and he still has the power to move you. [Below: Tarogato solo, March 2009.]


THE PETER BRÖTZMAN OCTET / The Complete Machine Gun Sessions (Atavistic)

Après le nouveau disque solo de Brötzmann, j’avais envie de retourner à son grand classique, d’autant que je prépare une édition de Délire actuel sur l’essor du free jazz. Décidément, quel coup de poing au plexus ça a dû être en 1968! “Jouons fort et longtemps” semble être le cri de ralliement de ce all-stars en devenir. Une musique improvisée hurlante, même les rares thèmes écrits sont crachés comme du fiel. Et pourtant, il y a de la subtilité dans tout ça (le jeu du pianiste Fred Van Hove). Un disque choc, alimenté par ses propres contradictions – d’ailleurs, il suffit de réécouter Nipples, paru peu après, pour constater à quel point Machine Gun visait à ébranler l’establishment jazz.

After Brötzmann’s new solo CD, I felt like going back to his classic opus Machine Gun, especially since I’m preparing a Delire actuel show on the advent of free hazz. What a kick in the plexus this LP must have been back in 1968! “Let’s play as loud and as long as we can” seems to be the motto for this to-be all-stars band. Screaming improvised music – even the few composed themes sound spit out instead of played. And yet, there’s subtlety to be found in here (pianist Fred Van Hove’s playing, for instance). An intentionally shocking record fueled by its own contradictions. Listening to Nipples recorded soon afterwards, one quickly grasps how much Brötzmann wanted to shake the whole jazz establishment with Machine Gun.


KOSHI FEAT. PARS RADIO / The Sky and the Caspian Sea (GEO Records - merci à/thanks to Dense Promotion)

Il FALLAIT que je réécoute cette perle (voir l’entrée du 2009-10-07). Et je n’avais pas la berlue, c’est vraiment un petit bijou de chanson alternative: simple, beau, délicat. Pour les fans de Tori Amos, de Jane Siberry, de Fovea Hex, etc.

I just HAD to relisten to this gem (see my 2009-10-07 entry). And I didn’t get fooled, this is truly a magnificent alt-pop album: simple, pretty, delicate. For fams of Tori Amos, Jane Siberry, Fovea Hex, etc.


MAGMA / K.A. (Seventh)

C’est vendredi, fin d’après-midi, et je me paie la traite: une stout bien forte et le K.A. de Magma pour finir la journée de travail, en attendant que sorte enfin le nouveau rejeton du grand mastodonte français, Ëmëhntëht-Rê, promis pour le mois prochain. On ne décrit pas Magma, on le vit. Et un extrait ne suffit pas, parce que Magma opère dans les formes longues, l’hypnotisme, la transe extatique. Ajoutez à cela une langue inventée (le kobaïen) et une maîtrise musicale ahurissante, et des chœurs. Que vouloir de plus?!?

It’s late Friday afternoon, and I’m treating myself to a strong stout and Magma’s K.A., while I wait for their new CD, Ëmëhntëht-Rë, slated for release next month (but I’ll believe it once it’s in my hands). You can’t describe Magma, you have to live it. And a clip isn’t enough, for Magma operates in the realm of long durations, hypnotic lengths, ecstatic trance. Add a fictional language (Kobaian), and staggering musical virtuosity, and massed vocals. What more can you ask for?

2009-10-07

2009-10-07: Rupp/Pliakas/Wertmüller, Bradford/Heasley/Rosser, Samuel Blatters Eigenbrot, Roshi, João Orecchia

Journal d'écoute/Listening Diary

2009-10-07

OLAF RUPP - MARINO PLIAKAS - MICHAEL WERTMÜLLER / Too Much is Not Enough (FMP)

Un peu bruyant pour commencer la journée (quoique, après deux heures d’Acid Mothers Temple sur Délire actuel hier soir, j’y vois presque une suite logique des choses...). Y a pas à dire, voilà un disque qui a du punch. Le bassiste Marino Pliakas (Steamboat Switzerland) et le batteur Michael Wertmüller forment une section rythmique free du tonnerre: énergique, la pédale au plancher en tout temps, inarrêtable. Cette recette simple mais puissante, ils l’appliquent depuis quelque temps avec divers compères: KK Null (à Victo en 2007), Peter Brötzmann, et ici le guitariste Olaf Rupp, peu connu en Amérique mais figure presque culte en Allemagne. Une musique improvisée de type “high-energy”, où la subtilité (car il y en a) se déroule derrière le mur de son, rarement devant (la pièce titre faisant figure d’exception). Pour les amateurs de Robert Fripp, sachez que le jeu de Rupp a un côté tranchant qui fait fortement penser au Fripp de 1972-1974. Un bon disque, plus nuancé que l’impression qu’il laisse d’abord.

A little too noisy to start the day (athough, after two hours of Acid Mothers Templ on Delire Actuel last night, it feel like a logical continuation). And there’s no denying the punch of this record. Bassist Marino Pliakas (Steamboat Switzerland) and drummer Michael Wertmüller form a thunderous free-rock rhythm section: energy-driven, pedal-to-the-floor unstoppable. Their recipe is simple yet powerful, and they apply with various musicians, like KK Null (at FIMAV in 2007), Peter Brötzmann, and here guitarist Olaf Rupp, little known in America but a minor cult figure in Germany. High-energy-type music, where subtleties happen behind the wall of sound, rarely in front of it (the title track being an exception). Fans of Robert Fripp, take note that Rupp’s playing has an angular side to it that strongly brings to mind Fripp circa 1972-1974. A good record, more nuanced than your first impression might lead you to believe.

BOBBY BRADFORD - TOM HEASLEY - KEN ROSSER / Varistar (Full Bleed Music)

Une instrumentation inhabituelle sur ce disque de jazz exploratoire: cornet (Bradford), tuba (Heasley) et guitare électrique (Rosser). Il s’agit d’une session enregistrée en 1999 et que Heasley vient tout juste de publier. C’est d’ailleurs la première fois que j’entends ce tubiste dans un contexte de musique jazz ou improvisée (ces disques précédents se concentrent sur du travail de boucles et d’électroniques). Intéressant, pas toujours réussi. Bradford est un jazzman avec une belle sensibilité, mais Heasley est plutôt répétitif sur cette session. Quant à Rosser, il est souvent trop discret. Une exception: la superbe “Elegy for John Carter”, où Rosser adopte un son plaintif, d’une douce tristesse.

Unusual instrumentation on this experimental jazz CD: cornet (Bradford), tuba (Heasley), and electric guitar (Rosser). A session recorded in 1999 but just released by Heasley on his own label. This is actually the first time I hear Heasley in a jazz/improvised setting (his previous albums focus on looping and electronics). Interesting, though not always successful. Bradford has a nice sensibility, but Heasley proves to be repetitive in this session. As for Rosser, he often remains to discreet. One exception: the gorgeous “Elegy for John Carter,” where Rosser goes for a plaintive, sweetly sad sound.

SAMUEL BLATTERS EIGENBROT / Eigenbrot (Unit Records)

Un disque qui surprend. Publié par un label jazz suisse, il sonne jazz, mais ce n’en est pas tout à fait. C’est que le pianiste-chanteur Samuel Blatter est auteur-compositeur-interprète. Mais son groupe (deux saxos, contrebasse, batterie) fait très jazzé et les musiciens utilisent l’espace entre les notes écrites comme des improvisateurs. Résultat: on ne sait trop où on en est. À certains endroits, le disque ne lève pas (la suite “Azrael” se cherche en vain). Puis soudainement, la musique érupte, les choses se mettent en place et surviennent, coup sur coup, “The Nail” et “There’s No Me,” deux chansons qui évoquent à la fois Radiohead et Psí Vojací, Theo Bleckmann et Adrien Kessler. Sérieusement. La première moitié du disque me laissait froid, mais soudain, vers la fin, j’allume. Est-ce que les dernières pièces sont meilleures que les premières, où est-ce moi qui me suis défait de mes préconceptions et qui “comprend”? À vérifier avec une deuxième écoute.

A surprising platter. Released on a Swiss jazz label, it sounds like jazz, but it’s not quite jazz. Pianist/singer Samuel Blatter is actually a singer-songwriter, but his group (two saxes, doublebass, drum kit) sounds very jazzy, and the musicians fill the spaces between written notes like free improvisers. So the listener is left wondering what it’s all about. In some places, things fail to pick up (the “Azrael” suite). Then, suddenly, the music erupts, things fall into place and, bang-bang, you get two killer songs, “The Nail” and “There’s No Me,” which bring to mind both Radiohead and Psí Vojací, Theo Bleckmann and Adrien Kessler. Seriously! The first half of the album left me cold, but I suddenly light up toward the end. Are the last few tracks better than the first ones, or is it me pushing through my expectations and finally “getting it”? I’ll make sure with a second spin later this week.

ROSHI FEAT. PARS RADIO / The Sky and the Caspian Sea (Geo Records - merci à/thanks to Dense Promotion)

Soit je fais de la fièvre, soit je suis tombé amoureux (encore), mais je pencherais définitivement pour la seconde option. Roshi est une chanteuse galloise d’origine iranienne. Elle possède une voix superbe, douce et feutrée, qui rappelle Tori Amos dans les graves, Kate Bush dans les aigues, et Clodagh Simmonds pour ses qualités éthérées. The Sky and the Caspian Sea est son premier long-jeu, après un mini-album paru l’an dernier. Pour ce disque, elle fait équipe avec Pars Radio (Graham Dids-Gagarin) aux électroniques et boîtes à rythme. Le résultat est saisissant de beauté évanescente, de douceur, de filigranes. Un mariage parfait entre les mélodies délicates de Roshi et les traitements subtils de Pars Radio. Ajoutez à cela l’influence de chansons traditionnelles iraniennes, intégrées à l’écriture de Roshi. Je suis immédiatement séduit. Vous le serez fort probablement aussi. [Ci-dessous: Sa page MySpace offre cinq extraits en écoute libre.]

Either I’m having a fever or I’m falling in love (again), and I’d definitely bet on the second option. Roshi is a Welsch singer, but her parents are both Iranians. She has a beautiful, quiet and velvety voice reminiscent of Tori Amos in the lower range, Kate Bush in the higher range, and Clodagh Simmonds by its ethereal quality. The Sky and the Caspian Sea is her full-length debut, following an EP released last year. For this CD, she teamed up with Pars Radio (Graham Dids-Gagarin) on electronics and beats. Their music is stunning, with its evanescent beauty, softness, and filigrees. The perfect match between Roshi’s delicate melodies and Pars Radio’s subtle treatments. Add a strong influence (and input) from the Iranian traditional songs Roshi’s parents sang at home. I’m instantly and utterly seduced. And I’m willing to bet you’ll fall for her too. [Below: Her MySpace player contains five clips from the album.]

http://www.myspace.com/roshisongs

JOÃO ORECCHIA / Hands & Feet (Other Electricities)

Aucune idée de qui est ce João Orecchia, mais c’est une parution chez Other Electricities, une petite étiquette que je commence à bien aimer. Cela dit, si Hands & Feet a ses bons moments, ce n’est pas un grand disque. Orecchia fait dans l’électro-pop un peu déstabilisante, mais pas trop. C’est plutôt créatif, mais poli à sa manière, et sans rien qui ressort, outre une reprise de “It’s a Rainy Day, Sunshine Girl” de Faust. Évidemment, probable que n’importe quel disque aurait souffert de se présenter à mes oreilles après celui de Roshi (ci-dessus). Je lui donnerai une seconde chance, par souci d’équité.

No idea who is this João Orecchia is, but this CD is being released on Other Electricities, a small label I’ve taken a shine to this year. That said, Hands & Feet has its goo dmoments, but it’s not a great record. Orecchia makes slightly but not too destabilizing electro-pop. It’s rather creative, but polite in its own way, and nothing really stands out, except a cover of Faust’s “It’s a Rainy Day, Sunshine Girl.” Of cours, any record would have had a hard time convincing me after Roshi’s CD (see above). That’s what I’ll give this one a second chance at some point. For the sake of fairness.