Journal d'écoute / LIstening Diary
2012-08-23
FABRICE FAVRIOU / Phases (Creative
Sources)
Phases est un album conceptuel autour d’un
vieil harmonium qui, bien qu’il ne soit pas préparé, est truffé
d’idiosyncrasies – bref, il est en mauvais état. Et Fabrice Favriou tire parti
de ses défauts, le temps de six drones de 5 à 11 minutes
chacun. Il se passe peu de choses sur ce disque, mais l’exploitation des
battements, des frottements et des harmoniques est minutieuse et intelligente.
Y a de quoi s’endormir sur ces bourdons, évidemment, mais n’ayez crainte, vous
ne ronflerez pas aussi fort que cet instrument mal en point.
Phases is a conceptual album around an old
harmonium that, though unprepared, is full of idiosyncrasies – in other words,
it’s a broken machine. And Fabrice Favriou uses its shortcomings through six
5-to-11-minute drones. There’s little happening on this record, but Favriou is
carefully and successfully exploring the beatings, gratings, and harmonics of
his instrument. Of course, it’s easy to fall asleep listening to these drones,
but don’t worry, you won’t snore louder than this harmonium.
OREN AMBARCHI / Sagittarian
Domain (Editions Mego - merci
à/thanks to Dense Promotion)
Tiens, Oren Ambarchi explore une autre voie avec Sagittarian
Domain, un court album (33 minutes) constitué d’une seule
pièce conçue à l’origine pour une pièce de théâtre. Il s’agit d’un krautrock
instrumental dans les règles de l’art: batterie qui bat la mesure avec
constance et style; guitare qui rythme, colore et s’envole parfois; touches de
cordes (un trio), surtout pour la délicate finale. Plus accessible (présence
d’un rythme, plus rock) que ces projets habituels, bien fait, réussi, agréable,
mais peu conséquent (certains diront même carrément facile). Belle pochette
cartonnée de type mini-vinyle gatefold.
Well well well, Oren Ambarchi is branching out with
Sagittarian Domain, a short (33 minutes) album consisting of a single
track recorded for a play. It’s a bona fide instrumental krautrock track: a
drum kit that keeps time, consistently and in style; a guitar that rhythms
things up, adds colours, and occasionally takes flight; and dabs of strings (a
trio), mostly in the delicate finale. More accessible (it rocks) than
Ambarchi’s usual projects, well done, successful, enjoyable, but rather
unconsequential (some would say downright easy). Nice mini-LP gatefold cover.
ØYVIND SKARBØ / Die, Allround Handwerker! (+3dB - merci à/thanks to Dense Promotion)
L’album solo d’un batteur improviseur, Die,
Allround Handwerker! propose une approche radicale de la
batterie comme lieu de sons très délicats, de frappes pointues (baguettes
chinoises? brochettes en bambou?) et de bruits semi-électroniques (beaucoup de
sursaturation très localisées). Le résultat est étrange, froid, très retenu,
voire minimaliste. Øyvind Skarbø (du trio 1982) a peut-être poussé sa recherche
sonore trop loin.
The solo album of a free improvising drummer, Die,
Allround Handwerker! features a radical approach to the drum kit as a source
of very delicate sounds, pinpoint strokes (bamboo skewers?) and semi-electronic
sounds (lots of highly localized distortion). The resulting music is strange,
cold, very restrained, minimalistic. Øyvind Skarbø (of 1982) may have pushed
his sonic research too far.
KRUZENSHTERN I PAROHOD / Noize
2005 (Auris Media)
Enregistré “live” dans un local de répétition en 2005,
Noize 2005 est paru six ans plus tard seulement.Le line-up est
le même que sur le tout frais Hidden Album (cf. billet du 2012-08-22):
Ruslan Gross, Boris Martzinovsky, Guy Shechter et, toujours aux commandes, Igor
Krutogolov. Plus brutal, cru et direct que Hidden Album, le
matériel sur ce disque fait en quelque sorte le pont entre les débuts du groupe
(“Tort”, “Young Ones”) et l’approche un peu plus complexe qui s’en vient
(“Circus”). Notons la présence, en fin de parcours, d’une reprise d’un titre du
Masada Song Book de John Zorn, “Meholalot”, décapante.
Recorded live in a rehearsal studio in 2005, Noize
2005 came out only six years later. The line-up here is the same one
featured on the just-released Hidden Album (see my entry for
2012-08-22): Ruslan Gross, Boris Martzinovsky, Guy Shechter and, still writing
all the original material, Igor Krutogolov. The material on this album is more
brutal, raw and direct than Hidden Album, and it acts as a
bridge between the group’s early production (“Tort”, “Young Ones”) and the
slightly more complex approach to come (“Circus”). The set concludes with a
cover of one of John Zorn’s Masada Song Book title, “Meholalot”, given a
paint-peeling treatment.
KOREKYOJINN / Tundra (Magaibutsu)
Paru en 2011, un autre solide opus de Korekyojinn, le
frère plus “rock normal” de Ruins, avec le batteur Yoshida Tatsuya (qui compose
tout), le bassiste Nasuno Mitsuru et le guitariste Kido Natsuki. “Swan Dive”,
huit minutes, a des allures de rock progressif crinqué à 11. On a rarement
l’occasion de respirer, mais c’est tout de même plus léger que le matériel des
Ruins.
Released in 2011, another strong opus from
Korekyojinn, Ruins’ “closer to standard rock” brotherm with drummer/composer
Yoshida Tatsuya, bassist Nasuno Mitsuru, and guitarist Kido Natsuki. “Swan
Dive”, eight minutes, sounds like prog rock turned to 11. There’s rarely a
moment to breathe, yet this music is lighter than Ruins’ material.