70 ans de quoi? De LSD. Kim Cascone a produit pour
l’étiquette Monotype une suite à sa compilation de 1993 (qui soulignait alors
le 50e anniversaire de la découverte d’Albert Hoffman. 70 Years of Sunshine est un
album double: 2 CD dans un boîtier à DVD. Le premier disque est très ambiant,
planant même, avec des contributions, entre autres, de Kawabata Makoto (Acid
Mothers Temple), The Legendary Pink Dots, Lord Tang et Chihei Hatakeyama. Le
second disque penche plus vers l’électro, avec Andy Rantzen, Mirt, Andrew
Liles, Rapoon et Mike Rooke. J’ai préféré le premier disque, que je trouve
mieux séquencé et plus équilibré. Je trouve que le second s’éloigne du sujet.
70 years of what? Of LSD. Kim Cascone has produced
for the Monotype label a sequel to his 1993 compilation album (which then
celebrated the 50th anniversary of Albert Hoffman’s discovery). 70
Years of Sunshine is a 2-CD set housed in a DVD box. Disc 1 is very ambient
and trippy, with contributions by the likes of Kawabata Makoto (Acid Mothers
Temple), The Legendary Pink Dots, Lord Tang, and Chihei Hatakeyama. Disc 2
leans more toward electronica, with Andy Rantzen, Mirt, Andrwe Liles, Rapoon,
and Mike Rooke being a few of the contributors. I prefer disc one: I find its
tracklist more balanced and better thought out. The second disc strays too far
from the topic at hand.
Stephan Mathieu aime le vieux: un orgue Farfisa, un
Electronium de Hohner, une radio et un gramophone à manivelle sont les
principales sources sonores utilisées ici pour tisser, à l’aide de
l’ordinateur, des textures sonores denses mais spatieuses, spatiales même. The
Falling Rocket est un vinyle double où Mathieu pousse plus loin que
sur Un cœur simple son art d’intégrer à ses textures des
enregistrements sur gramophone. Ceux-ci s’immiscent dans la musique, d’abord
inaperçus puis incontournables, et c’est chaque fois un tour de magie. [Ci-dessous:
“Teide 1”.]
Stephan Mathieu likes old things: a Farfisa organ,
a Hohner Electronium, a radio, and a mechanical grammophone are the main sound
sources used here to weave, with the help of a computer, dense yet spacy aural
textures. The Falling Rocket is a double LP where Mathieu
pushes further than on Un cœur simple his art of integrating
recordings played on a grammophone to his soundscapes. These recordings
infiltrate the music – unnoticed at first, then ominous, and each time it feels
like a magic trick.[Below:
Teide 1.”]
Ce disque promettait beaucoup sur papier. D’abord le
titre (je m’intéresse à ces stations ondes courtes mystérieuses datant de la
Guerre froide qu’on appelle “number stations”), puis le personnel: autour du
tromboniste Curtis Hasselbring, on a Trevor Dunn, Mary Halvorson, Ches Smith,
Chris Speed, Matt Moran et Satoshi Takeishi. Or, sans être mauvais, Number
Stations ne satisfait pas mes attentes. En fait, l’écriture ne
me semble pas à la hauteur de cet alignement impressionnant de grands
musiciens. Cela dit, il y a de quoi s’amuser sur Number Stations, mais
ce ne sont pas des morceaux, mais des moments de morceaux qui ressortent.
This record sounded promising on paper. First the
title (I’m fascinated by these mysterious shortwave stations from the Cold War
era called “number stations”), then the line-up: around trombonist Curtis
Hasselbring we have Trevor Dunn, Mary Halvorson, Ches Smith, Chris Speed, Matt
Moran, and Satoshi Takeishi. Now, Number Stations is not a bad
album, but it doesn’t meet my expectations. The writing doesn’t seem to be a
match for the impressive line-up in presence. That said, there’s fun to be had
with Number Stations, but there are no standout tracks,
only parts of tracks.
JEAN-LUC FAFCHAMPS / YZ3Z2Z1S2,
a Five-Letter Sufi Word (Sub Rosa - merci
à/thanks to Dense Promotion)
Depuis maintenant 13 ans, Jean-Luc Fafchamps compose
des “lettres soufies” en s’inspirant du Jawâhiru’l Khamsah, un tableau mystique
qui tissent des liens entre les 28 lettres de l’alphabet arabe et divers traits
symboliques. YZ3Z2Z1S2 est le
deuxième “mot soufi” qu’il présente sur disque (j’ai manqué le premier). Il
s’agit donc d’une pièce de musique contemporaine en cinq mouvements.
L’instrumentation varie d’un trombone avec électroniques (“Z3”) à un
ensemble de douze musiciens (bois, cuivres, cordes, piano, percussions,
électroniques dans “S2”). Mouvements souvent chargés en émotions,
parfois denses, qui établissent des liens étroits entre eux. Les électroniques
sont parfaitement intégrées à l’ensemble et l’écriture est riche, foisonnante.
Impossible de tout saisir en une écoute, mais cette première écoute est
suffisante pour constater que voilà une œuvre qui a beaucoup à m’offrir.
J’aurais d’ailleurs le goût de la réentendre dès maintenant... et de me
procurer le premier mot.[Ci-dessous:
Vous trouverez trois extraits à écouter sur cette page.]
For 13 years now, Jean-Luc Fafchamps has been
composing “Sufi letters”, drawing inspiration from the Jawâhiru’l Khamash, a
mystical table that connects the 28 letters of the Arabic alphabet to various
symbolic traits. YZ3Z2Z1S2is the second “Sufi Word” he releases on record (I missed the first one).
This is a “contemporary classical” work in five movements. Instrumentation
varies from a single trombone and electronics (“Z3”) to a 12-piece
ensemble (woodwinds, brass, strings, piano, percussion, electronics in “S2”).
The movements are often emotive, at times dense, and they are tightly knit with
each other. The electronics are marvelously integrated to the ensemble, and the
writing is very rich. It’s impossible to understand it all in one listen, but
this first audition is enough for me to know that this work has a lot to offer.
Actually, I feel like listening to it again right now (I won’t, but I would)...
and finding a copy of the first word.[Below: This page has three audio excerpts.]
Deux grands claviéristes-improvisateurs – Chris
Abrahams (The Necks) et Magda Mayas alternant les rôles auprès d’un piano (et
préparations), d’un clavecin et d’un harmonium. Six duos épatants qui respirent
et exploitent diverses techniques étendues et approches inusitées. “Song of the
Pylons” et “Remnant” ressortent, pour leur utilisation simple de l’harmonium
comme bourdon.
Two great improvising keynoardists – Chris Abrahams
(The Necks) and Magda Mayas in alternating roles at the (prepared) piano,
harpsichord, and harmonium. Six stunning duos that breathe and explore various
extended techniques and unusual approaches. “Song of the Pylons” and “Remnant”
stand out for their simple use of the harmonium as a drone.
Book of Three est un solide trio de jazz créatif.
Voyez plutôt: Taylor Ho Bynum, John Hébert et Gerald Cleaver. Enregistré en
2012, Continuum propose un mélange d’improvisations, de
compositions de Cleaver et de pièces tirées du répertoire du jazz actuel (Bobby
Bradford, Salim Washington, Jim Hobbs). Hébert et Cleaver forment une section
rythmique souple, coulante, prête à fondre puis à reprendre de la consistance. Le
cornet de Bynum valse au-dessus de cela. Hmmm... J’espère qu’il y a d’autres
pages dans ce livre.
Book of Three is a strong creative jazz trio. See
the line-up: Taylor Ho Bynum, John Hébert, and Gerald Cleaver. Recorded in
2012, Continuum features a blend of improvisations,
Cleaver compositions, and pieces from the avant-jazz repertoire (Bobby
Bradford, Salim Washington, Jim Hobbs). Hébert and Cleaver form a supple,
malleable rhythm section, ready to melt down and regain consistence like that.
Bynum’s cornet waltzes over it all. Hmm.... I sure hope there are more pages in
that book.
Paru en 2011, Alpocalypse est le
plus récent album de “Weird Al” Yankovic. Je viens de me le procurer,
confirmant du coup être redevenu fan de l’homme et de son œuvre. C’est un opus
fort, même s’il y manque une pièce épique comme “Albuquerque” ou “Genius in
France”. “Perform This Way” (parodie de “Born This Way” de Lady Gaga) est un
coup de génie appuyé par un vidéo saisissant, et “Whatever You Like” fait
prendre un tournant à 180 degrés à la chanson du même titre de T.I., rappelant
du coup que Weird Al peut rapper comme les meilleurs (souvenons-nous de son excellente
“White & Nerdy”). Or, c’est dans les chansons originales qu’Al compte le
plus de points: “Craigslist”, dans le style des Doors (et avec la participation
de Ray Manzarek) est phénoménale.
Released in 2011, Alpocalypse is
“Weird Al” Yankovic’s latest album. I just bought it, which confirms my return
as a fan of the man and his work. It’s a strong opus, even though it lacks an
epic track like “Albuquerque” or “Genius in France.” “Perform This Way” (a
parody of Lady Gaga’s “Born This Way”) is a stroke of genius supported by a
striking video, and “Whatever You Like” turns T.I.’s same-titled song inside
out while proving once again that Al can rap like the best of them (remember
the great “White & Nerdy”). However, Alpocalypse’s
strongest tracks are original songs: “Craigslist”, a Doors style parody (with
Ray Manzarek on keys) is just plain phenomenal.
Laissez-moi le répéter: merci SongPop de me pousser à
explorer mon intérêt dans la soul, le R&B et le funk d’époque. Curtis,
premier album solo du leader des Impressions, est un tour de force: grooves
infectieux et propos durs décrivant la réalité des Afro-Américains en 1970.
“(Don’t Worry) If There’s A Hell Below We’re All Going To Go” est du Funkadelic
avant la lettre, alors que “We The People Who Are Darker Than Blue” fait jouer
le tempo au rythme des émotions. La voix haut perchée de Mayfield allège un peu
les choses. Curtis est un “reality check” qui vieillit très
bien – parce que les choses ont changé, oui, mais pas assez. Je comprends
maintenant pourquoi William Parker a consacré un projet en hommage à cet
artiste.[Ci-dessous: “We The
People Who Are Darker Than Blue.”]
Let me repeat it: thank you SongPop for pushing me
to explore my interest in vintage soul, R&B and funk. Curtis,
the solo debut of The Impressions’ frontman, is a tour de force: infectious
grooves and hard lyrics describing the reality of Afro-Americans in 1970.
“(Don’t Worry) If There’s a Hell Below We’re All Going To Go” could have been a
Funkadelic anthem, while “We The People Who Are Darker Than Blue” makes its
tempo shift along with the feelings it conveys. Mayfield’s high-pitched voice
lightens up the proceeds. Curtis is a reality check that ages
well – because, if things have changed since its release, sadly they haven’t
changed enough. Now I understand why William Parker has devoted a tribute
project to Mayfield. [Below: “We The People Who Are Darker Than Blue.”]