2014-09-03
Le nouveau disque de Paul Baran
est une concoction nuancée d’électroacoustique, d’électronique expérimentale
ambiante et de post-classicisme. C’est l’œuvre la plus achevée que je lui
connais. Il s’est entouré de plusieurs instrumentistes (Werner Dafeldecker,
Lucio Capece, Axel Dörner, Sebastian Lexer) dont il utilise les contributions
pour varier les ambiances et créer une esthétique qui ressemble à celle de
Hildur Gudnadottir. L’album est long, mais il coule de source, sans lasser, en
maintenant une certaine spontanéité (voire un sentiment de chanson). Très
convaincant. [Ci-dessous: “The Human Republic of Haiti”.]
Paul Baran’s new CD is a nuanced concoction of electroacoustics,
experimental ambient, and post-classical music. This is the strongest
achievement I’ve heard from him yet. Baran surrounded himself with a large cast
of instrumentalists (among them Werner Dafeldecker, Lucio Capece, Axel Dörner,
and Sebastian Lexer), whose contributions he uses to vary moods and create an
esthetic that reminds me of Hildur Gudnadottir. It’s a long album, but it flows
naturally, without a dull moment, and it maintains a certain degree of
spontaneity, even alluding to song forms at times. Quite convincing. ∫Below:
“The Human Republic of Haiti.”]
Le Grand Frisson est un ensemble
de huit improvisateurs dirigés par le saxophoniste Christophe Berthet.
L’instrumentation est acoustique, à l’exception de la guitare électrique de
Vinz Vonlanthen et des effets qu’ajoute Dragos Tara à sa contrebasse. Beaucoup
de techniques étendues, un jeu serré au niveau des directions, riche du côté de
la palette, le tout exprimé dans des improvisations courtes et panachées. J’ai
particulièrement aimé les arrêts-départs de “On/off” et les envolées de la
violoniste Patricia Bosshard dans “Latitudes arctiques”.
Le Grand Frisson is a eight-piece ensemble of improvisers conducted by
sax player Christophe Berthet. The instrumentation is acoustic except for Vinz
Vonlanthen’s guitar and the effects Dragos Tara adds to his doublebass. Lots of
extended techniques, tight playing and conducting, rich sound palette, all
expressed in short improvisations with a lot of character. I’m particularly
fond of the stop-go directions in “On/off” and violinist Patricia Bosshard’s
playing in “Latitudes arctiques.”
Wadada Leo Smith poursuit sur sa
splendide lancée. The Great Lakes Suites
est un disque double en quartet. Et quel quartet: Henry Threadgill, John
Lindberg (son contrebassiste attitré) et le batteur légendaire Jack DeJohnette
dans un rôle free qui lui va comme un gant. L’album consiste en six
compositions inspirées par les Grands Lacs (plus un), 90 minutes en tout.
Thèmes lancinants, passages improvisés emballants, solos de maîtres, le tout
dans le même esprit avant-jazz qui règne dans Ten Freedom Summers et Occupy
the World. En bonus: le traitement grande classe de TUM Records, dont les
pochettes et les livrets sont ravissants. [Ci-dessous: Sur cette page, on
trouve “Lake Huron”.]
Wadada Leo Smith keeps the bar very high. The Great Lakes Suites is a double
CD set featuring an all-star quartet: Henry Threadgill, John Lindberg (Smith’s primo
bassist of late), and legendary drummer Jack DeJohnette in a free jazz role
that fits him perfectly. The album consists in six compositions inspired by the
Great Lakes (plus one), for a total duration of 90 minutes. Yearning themes,
exciting improvised passages, and masterful solos, all in the same avant-jazz
spirit that reigned over Ten Freedom Summers and Occupy the World. Bonus:
this record gets the five-star TUM Records treatment, with exquisite cover and
booklet. [Below: There’s a media player loaded with “Lake Huron” on this
page.]
STEFANO
LEONARDI, STEFANO PASTOR, FRIDOLIN BLUMER & HEINZ GEISSER / Conversations
About Thomas Chapin (Leo Records)
Thomas Chapin me manque, comme il manque
à bien des amateurs de jazz actuel. Sur ce disque, Leonardi (flûtes), Pastor
(violon), Blumer (contrebasse) et Geisser (percussions) proposent des
compositions collectives (on peut difficilement parler d’improvisations à un
tel degré de complicité) inspirées par l’héritage de ce grand musicien. Et ces
musiques possèdent les principales caractéristiques de celle de Chapin:
l’entente, la camaraderie, l’expression d’émotions complexes et d’une pensée
humaniste. Jusqu’à cette ultime mélodie non annoncée, cachée à la fin du
disque, tellement chapinesque qu’elle m’a tirée une larme.
I miss Thomas Chapin, and so do many creative jazz aficionados. On this
CD, Leonardi (flutes), Paston (violin), Blumer (bass), and Geisser (percussion)
offer collective compositions (can’t speak of improvisations at such a level of
synchronicity) inspired by the legacy of this amazing musician. And the music
possesses all the main features of Chapin’s: agreement, camaraderie, the
expression of complex feelings and humanism. The ultimate announced melody,
hidden at the end of the disc, is so Chapinesque it got misty-eyed.