Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

Home of François Couture's music journalism and activism.

2014-04-04

2014-04-03: Islaja, Automat, Hokei, The Ed Palermo Big Band

Journal d'écoute / Listening Diary 
2014-04-03

ISLAJA / S U U (Monika Enterprise – merci à/thanks to Dense Promotion)
Hmm... J’avais aimé Keraaminen Pää, mais ce S U U me laisse fort perplexe. Exit la subtilité des arrangements et la suavité de la voix. Il ne reste ici d’Islaja qu’une électro pop minimaliste qui, à force de s’évertuer à sortir des sentiers battus, ne réussit qu’à manquer toutes ses cibles – pas intéressant comme pop, ordinaire comme électro “expérimentale”. Bof.
Hmm... I liked Keraaminen Pää, but this S U U leaves me wondering. Gone are the subtle arrangements and the suave vocals. What’s left of Islaja (ex-Avarus, ex-Kemialliset Ystävät) here is a brand of minimal electro-pop that tries so hard to be edgy it fails on all counts – not interesting enough as pop music, too mediocre as “experimental” electronica. Pass.

AUTOMAT / Automat (Bureau B)
Automat est un trio allemand aux membres plutôt hétéroclites: le guitariste Joachim Arbeit (Einstürzende Neubauten), le batteur Achim Färber (Project Pitchfork) et le bassiste zeitblom. Ce premier album propose quatre instrumentales et trois chansons, chacune de celles-ci avec un invité (Lydia Lunch, Genesis Breyer P-orridge et Blixa Bargeld). Musiques répétitives aux grooves léchés, généralement trop longues. Les chanteurs invités (plutôt trois diseurs que chanteurs, d’ailleurs) permettent de varier la sauce, et Lydia Lunch se prête très bien au jeu. L’instrumentale “SXF” a un fort côté frippien, rappelant l’album Under Heavy Manners. Bref: intéressant, mais j’espérais quelque chose de plus audacieux.
Automat is a German trio with oddly-assorted members: Einstürzende Neubauten guitarist Joachim Arbeit, Project Pitchfork drummer Achim Färber, and bassist zeitblom. This debut CD features four instrumentals and three songs, each sung by a guest (Lydia Lunch, Genesis Breyer P-orridge, and Blixa Bargeld). Repetitive groove-driven music, usually going on for too long. The guest singers (more like guest reciters) bring in some variety, and Lydia Lunch does a very fine job here. The instrumental track “SXF” has a strong Fripp-like feel reminiscent of the Under Heavy Manners EP. In short: interesting, but I was expecting something less straightforward.

HOKEI / Don’t Go (Lado ABC – merci à/thanks to Dense Promotion)
Enfin, un disque à la hauteur de mes attentes: un rock accessible mais puissant, émotif, capable d’être direct quand la chanson le permet, capable d’être inventif ailleurs et d’intégrer cette inventivité au reste. Hokei est un quatuor polonais guitare, basse et deux batteries, plus un peu de synthé. Des membres de Stwory, Ed Wood, T’ien Lai, etc., qui s’inspire de beaucoup de choses (j’entends du krautrock et du post-rock, du punk et du bruitisme aussi). Et ça marche. Très bien même. À surveiller.
Finally, a record that lives up to expectations: accessible yet powerful rock, emotional too, capable of being direct when the song allows it, capable of being inventive elsewhere and integrating this inventiveness to the whole. Hokei is a Polish quartet: guitar, bass, two drummers, plus some synth work. Members of Stwory, Ed Wood, T’ien Lai, etc., and they draw from a vast range of influences – I can hear some krautrock, post-rock, punk, and noise rock too. And it works out fine. Very fine. I’ll keep an eye on these guys.

THE ED PALERMO BIG BAND / Oh No! Not Jazz!! (Cuneiform)
Pour son troisième album chez Cuneiform, le chef d’orchestre Ed Palermo propose encore du Zappa... et un peu plus. Il s’agit d’un album double. Sur le premier disque: huit autres arrangements audacieux et très divertissements de morceaux de Frank Zappa. Palermo n’est pas un puriste: il s’amuse et nous amuse avec ses détours, ses parenthèses et ses décisions saugrenues – cela dit, Zappa n’était pas puriste non plus envers sa propre musique, qu’il remodelait et transformait à qui mieux mieux. Ainsi, “Lumpy Gravy” est une étonnante réécriture de passages souvent ignorés de cette œuvre majeure”; les “Dog Breath Variations” et les “Uncle Meat Variations” n’ont jamais connu autant de variations du vivant de Zappa; Palermo prend “America Drinks and Goes Home” au pied de la lettre (C pour crooning!), et même la si tordue “Inca Roads” a droit des chemins de travers (avec l’aide de Napoleon Murphy Brock!). Maintenant, sur le disque 2: des compos originales de Palermo. Beaucoup plus jazzé. Il y a beaucoup d’humour dans l’écriture de Palermo, et ses musiciens sont excellents, mais le matériel n’est pas tout à fait à la hauteur. Évidemment, je [comme la plupart des auditeurs] suis beaucoup plus familier avec le matériel du disque 1. Ainsi, peut-être qu’après quelques écoutes, le clivage me paraîtra moins prononcé. [CI-dessous: Une originale de Palermo: “Why is the Doctor Barking?”]
For his third album on Cuneiform, big band leader Ed Palermo delivers more Zappa... and more. This is a 2-CD set. On disc 1: eight more bold and highly entertaining arrangements of Zappa nuggets. Palermo is no purist: he’s having fun and he’s entertaining us with detours, brackets, and odd calls – that being said, Zappa was no purist either when it came to his own music, always busy reshaping it and transforming it. So “Lumpy Gravy” is actually a stunning rewrite of one of the lesser-known passages of this magnum opus; “The Dog Breath Variations” and “The Uncle Meat Variations” never had this many variations in them; “America Drinks and Goes Home” is taken to the letter (C is for crooning!), and even the already twisted “Inca Road” takes side roads (with Napoleon Murphy Brock singing!). Now, disc 2 consists of Palermo originals. And it’s a LOT more jazz oriented. Palermo’s writing is full of wit and humour, and he has excellent musicians, but the material is not match to disc 1. Of course, I [like more listeners] am much more familiar with the material on disc 1, so maybe, with a few more listens, the difference will seem less striking. [Below: “Why Is The Doctor Barking?”, a Palermo original.]


2014-04-03

2014-04-02: Klaus Schulze

Journal d'écoute / Listening Diary 
2014-04-02

KLAUS SCHULZE / La vie électronique 14 (MIG)
J’ai l’impression de toujours être en mode rattrapage avec Klaus Schulze. Aujourd’hui, immersion complète dans le volume 14 de La vie électronique (le quinzième paraît dans quelques jours). Très inégal. Premier disque: suite du projet “d’opéra trance sans paroles” “Borrowed Time” (1997), dont le premier mouvement figure sur le Volume 13 et le troisième a été ajouté à la réédition de Are You Sequenced. Gros bof: je me lasse vite des voix opératiques échantillonnées (dans le genre gigantissime, je préfère la tétralogie Ballet). Or, le second disque est beaucoup plus intéressant: une série d’enregistrements des années 1990, dont plusieurs courtes pièces (chose rare chez Schulze) et une musique de film pour laquelle le claviériste a ressorti sa “lap guitar”! Et le dernier disque est encore meilleur: une pièce de 79 minutes en duo avec Jörg Schaaf, 1997, où tous deux n’utilisent que des synthés analogiques. Celui-là est planant à souhait, tripatif, quelque part entre Mirage et la série Dark Side of the Moog. En somme, plus de positif que de négatif dans ce 14e tome, ce qui en fait le plus intéressant des cinq derniers (bien que le 12e ait de très forts moments aussi). [Ci-dessous: “Tradition and Vision” avec Jörg Schaaf.]
It seems I’m always catching up on Klaus Schulze’s output. Today: complete immersion in Volume 14 of the La vie électronique series (Vol. 15 is scheduled for release any day now). Very uneven. Disc 1: continuation of the “trance opera sans lyrics” project “Borrowed Time” (1997), the first movement of which is on Vol. 13 and the third movement grafted to the reissue of Are You Sequenced. Mneh: I quickly grow tired of those sampled operatic vocals – in Schulze’s longer-is-bigger vein, I think I prefer the Ballet project. However, disc 2 is much more interesting: a platter of assorted recordings from the ‘90s, including a few short tracks (a rarity with Schulze!), and some film music for which the keyboardist took his lap guitar out of storage! And disc 3 is even better: a 79-minute duet with Jörg Schaaf, 1997, where both musicians use only analog synths. This is one is trippy, dreamy, immersive, somewhere between Mirage and the Dark Side of the Moog series. All in all, more positives than negatives for this 14th volume, which makes it the best one of the last five (though Vol. 12 has some seriously strong moments). [Below: “Tradition and Vision” featuring Jörg Schaaf.]


2014-04-02

2014-04-01: Wright/Wright, Flaherty/Colbourne, Chicago

Journal d'écoute / Listening Diary
2014-04-01

JACK WRIGHT & BEN WRIGHT / As If Anything Could Be The Same (Relative Pitch)
J’ai récemment reçu une nouvelle fournée de l’étiquette Relative Pitch qui s’annonce fort prometteuse. Je commence à en faire l’écoute aujourd’hui. As If Anything Could Be The Same propose une solide, mais très solide, improvisation libre d’une heure entre le saxophoniste Jack Wright et le contrebassiste Ben Wright. Pour moi, les enregistrements de Jack sont un peu “hit or miss”. Or, ce CD est ce que j’ai entendu de meilleur de lui: une improvisation sensible, allumée, qui multiplie les approches sans s’égarer. Un dialogue de très haut niveau, une très belle captation qui plus est. Chaudement recommandé.  [Ci-dessous: Un bel extrait de 11 minutes.]

I recently received a batch of new Relative Pitch CDs, and it looks quite promising. I’m starting my perusal with As If Anything Could Be The Same, a strong, and I mean very strong hour-long free improvisation between sax player Jack Wright and contrabassist Ben Wright. In my view, Jack’s recordings are usually hit or miss, but this CD is undisputably his finest hour: sensible, quick-witted music where multiple ideas are explored without losing track of the big picture. This is musical dialogue of the highest order, and a sharp recording to boot. Highly recommended.  [Below: An 11-minute excerpt.]

  
PAUL FLAHERTY & RANDALL COLBOURNE (Relative Pitch)
Un autre duo, mais une tout autre histoire. Paul Flaherty (saxo) et Randall Colbourne (batterie) jouent ensemble depuis plus de 25 ans. Ils improvisent en mode beaucoup plus “fire music” que Wright et Wright ci-dessus. Mon dernier disque de ce duo remonte à un bon bout de temps. Content de voir qu’ils tiennent la forme! Des duos puissants et émotifs, à fleur de peau (c’est la qualité première de Flaherty). Moins lumineux que le disque ci-dessus (qui est exceptionnel), mais une bonne session tout de même.
Another duo, but this is a different story. Paul Flaherty (saxes) and Randall Colbourne (drums) have been playing together on and off for 25 years. Their free improvisations are much more of the “fire music” kind than Wright & Wright above. The last album I’ve heard from this particular pair goes a back a few years, so I’m glad to see they’re keeping themselves in great shape. Powerful, emotional duos – Flaherty’s biggest quality is his ability to wear his feelings on his sax. Less brilliant than the album reviewed above (it’s exceptional), but a very good session nonetheless.

CHICAGO / Live in Japan (Rhino)
Fraîchement réédité, ce double album en concert enregistré en 1972 et publié à l’origine en 1975 uniquement au Japon. Live in Japan est supérieur au canonique Live at Carnegie Hall (Chicago IV) pour deux raisons: 1) le son – les cuivres sont bien claquants et les voix plus présentes; 2) c’était la tournée de Chicago V, ce qui ajoute de l’excellent matériel au répertoire, comme “Dialogue”, “Mississippi Delta Blues” et “A Hit By Varèse”. Quant à la meilleure version de “A Song for Richard And His Friends”, elle est ici. Pour moi, c’est Chicago au sommet de leur forme. Chose rigolote: “Lowdown” et “Questions 67 & 68” sont chantées en japonais! Cette nouvelle réédition (mars 2014) reproduit la pochette japonaise originale, avec encart (paroles, etc.), le tout dans une grosseur de police illisible.
Freshly reissued is this live double album recorded in 1972 and originally issued in 1975 only in Japan. Live in Japan is superior to the canonical Live at Carnegie Hall (Chicago IV) for two main reasons: 1) the sound quality – the brass section is crisp and the vocals have more presence; 2) this was the Chicago V tour, which adds some excellent material to the repertoire, like “Dialogue,” “Mississippi Delta Blues,” and “A Hit By Varèse.” And if you’re looking for the definitive recording of “A Song For Richard And His Friends,” it’s here. To me, this is Chicago at their ultimate best. One funny thing: “Lowdown” and “Questions 67 & 68” are actually sung in Japanese! This new reissue (March 2014) takes the form of a mini-LP sleeve reproducing the original Japanese issue with insert (lyrics, etc.) in an unreadablly small font.