Journal d'écoute / Listening Diary
2010-04-30
TOM HAMILTON / Pieces for Kohn / Formal & Informal Music (Kvist Records)
L’étiquette Kvist réédite en album double deux vieux disques de l’électronicien Tom Hamilton - une rare occasion de jeter une oreille sur ses débuts à St. Louis, dans les années 1970. Pieces for Kohn propose quatre pièces électroniques produites presque en vase clos, alors que Hamilton avait peu connaissance de ce qui passait dans le reste du monde - Hamilton lâché lousse dans un studio d’électronique. Des pièces multipistes méticuleuses, élégantes, abstraites, qui rappelle la manière d’Ussachevsky, mais dans un style bien personnel. Formal & Informal Music propose deux pièces composées d’une bande électronique et d’improvisations par le percussionniste Rich O’Donnell et le clarinettiste-flûtiste JD Parran, multipistés. Ce sont ici des œuvres complexes à grand déploiement, faites de grappes de notes dont la logique ne se construit qu’avec le temps. Beau d’une beauté étrange et d’une esthétique étonnamment chaude.
The Kvist label is reissuing as a 2-CD set two old LPs by electronician Tom Hamilton – a rare opportunity to listen to his beginnings in St. Louis, in the 1970s. Pieces for Kohn features four electronic works produced almost in isolation, when Hamilton had no idea of what was happening in experimental music aruond the world – it’s basically Hamilton let loose in an electronic music studio he was hired to build. Meticulously assembled multitrack pieces, elegant, abstract, reminiscent of Ussachevsky’s approach, but in a unique style. Formal & Informal Music features two works consisting of a prerecorded tape part and multitracked improvisations by percussionist Rich O’Donnell and clarinetist/flautist JD Parran. These are grand and complex works made of clouds of notes the logic of which becomes apparent only in time. Beautiful of an alien beauty and surprisingly warm aesthetics.
CAROLYN HUME & PAUL MAY / Come to Nothing (Leo Records)
Je l’ai déjà dit, mais je vais le redire: je ne suis pas un fan de la pianiste Carolyn Hume, seule ou en duo avec le batteur Paul May. Leur musique me semble mièvre, affectée, ennuyante, elle ne m’accroche pas. Au point où je me suis souvent demandé ce qu’ils font dans le catalogue de Leo Records, aussi vaste soit-il. Cela dit, ce cinquième album du duo est plus intéressant. Construit comme une suite continue, il se penche plus sur les textures, moins sur les mélodies. Dans les premières parties, on se croirait presque sur un disque particulièrement tranquille des Necks. Et lorsque le romantisme affleure, il n’est pas raccoleur. Contrairement aux albums précédents, je compte diffuser un extrait ou deux de celui-ci sur Délire actuel.
I’ve said it before and I’ll say it again: I’m not a fan of pianist Carolyn Hume, either solo or with drummer Paul May. Their music sounds trite to me, affected, boring, it doesn’t move me. To a point where I have often wondered what the pair was doing in Leo Records’ catalogue, however expansive and inclusive it is. That being said, this fifth outing by the duo is more interesting. Built as a suite, it focuses more on textures, less on melodies. In the first parts, you could almost think you’re lost in a particularly smooth album by The Necks. And when romanticism rears its head, it doesn’t get tacky. Unlike the previous albums, I plan on broadcasting a track or two from Come to Nothing on Délire Actuel.
ARCA / On ne distinguait plus les têtes (Ici d’ailleurs)
Paru en 2007 — mais je l’avais manqué — ce (quatrième?) disque d’Arca marque un tournant, puisqu’il est constitué de chansons au lieu des habituelles instrumentales post-rock du duo. Il faut dire qu’entretemps, Sylvain Chauveau (force créatrice du groupe) avait publié un superbe disque hommage à Depeche Mode où il révélait sa voix (ont j’ai parlé en chroniquant son plus récent disque solo, Singular Forms (Sometimes Repeated)). Ici, il s’essaie une première fois à l’écriture de chansons en bonne et due forme et le résultat est... mitigé. L’ambiance est juste (de la pop post-rock, pourrait-on dire, à forte influence David Sylvian), mais les mélodies plutôt banales. Pas mauvais mais un peu décevant et pas de quoi déclasser le disque Angles, ni rivaliser avec la créativité déployée sur Singular Forms.
Released in 2007 — but I just found out about it — this (fourth?) CD by Arca signals a new direction. It consists of songs in lieu of the usual post-rock instrumentals. Since the previous album, Sylvain Chauveau (the creative force in this band) had released a splending tribute album to Depeche Mode where he had unveiled his singing talents (I’ve mentioned this in my review of his recent solo effort Singular Forms (Sometimes Repeated)). Here, he makes a first attempt at songwriting and the results are… lukewarm. The mood is right (post-rock pop, you might call it, with a strong David Sylvian influence), but the melodies are mediocre. Not bad, but slightly disappointing and nothing to outrank Angles as their best effort, nor something that could rival the creativity displayed on Singular Forms.
TRONDHEIM JAZZ ORCHESTRA & KIM MYHR / Stems and Cages (MNJ Records)
Voici le matérial que le guitariste norvégien Kim Myhr viendra nous présenter au FIMAV, le mois prochain. J’ai entendu cet enregistrement en concert de juillet 2009 pour la première fois l’automne dernier, lorsque Kim a présenté son projet au FIMAV. J’ai été immédiatement séduit à ce moment, et je le suis tout autant aujourd’hui, en entendant la version finale. Myhr propose ici une excellente composition pour improvisateurs: textures complexes, mouvements changeants, superbe utilisation de la voix de Sidsel Endresen, une recherche sonore et formelle qui se traduit en une œuvre exigeante, soit, mais vivante et engageante. Cela dit, c’est de l’impro structurée de type douce, bruitiste, texturale et très abstraite. Superbe, et un excellent son, et une brochette d’improvisateurs de rêve comprenant Christian Wallumrød, Jim Denley, Ingar Zach et Martin Taxt. [CI-dessous: Extrait vidéo de la création de Stems and Cages.]
This is the material Norwegian guitarist Kim Myhr will be presenting at FIMAV next month. I first heard a rough mix of this live July 2009 recording last fall, when Kim submitted the project to FIMAV. I was instantaly taken by it, and I’m even more so pleased by the final mastering. Myhr delivers here an excellent composition for improvisers: complex textures, mood changes, splendid use of vocalist Sidsel Endresen, sonic and formal experimentation that translate into a demanding but vibrant and engaging work. This is structured improvisation mostly of the quiet persuasion, noise-based, textural, highly abstract. Excellent sound, and a dream line-up of improvisers, among them Christian Wallumrød, Jim Denley, Ingar Zach, and Martin Taxt. [Below: Video excerpt from Stems and Cages’s premiere.]
http://www.youtube.com/watch?v=KVFBYBx_p1s
FILMS / Messenger (Noble - merci à/thanks to Dense Promotion)
Un court disque très planant. Évidemment, le nom de ce groupe évoque une musique cinématique, et c’est exactement le cas. Quelque part entre la musique de film qui n’en est pas et le post-classique, avec une touche d’électronique ambiante et une voix féminine qui apporte un élément féérique. Très joli et rêveur, pas gnangnan (quoi qu’il y a un côté gothique un peu “forêt sombre peuplée de créatures étranges”), mais plutôt sans conséquence. Seul ainsi, ce disque aura peu d’impact. Faut voir, comment Films évoluera et lui donnera suite.
A short, very ambient record. Obviously, the band’s name evokes cinematic music, and that’s exactly what it is. Somewhere between film music with no film and post-classical, with a touch of ambient electronica, and female vocals adding a fairy-like element. Pretty, dreamy, not tacky (despite a slightly “dark forest inhabited by strange creatures” gothic feel), but inconsequential in the end. Alone like that, Messenger will have little impact. We’ll have to see how Films evolve and follow up on it.
NIMAL / Voix de surface (RecRec)
Assez de tranquilité. C’est vendredi après-midi et j’ai besoin que ça bouge. Je me permets un vieux classique, ce disque de Nimal, 1990. Ce groupe éphémère réuni par Momo Rossel représente le summum d’un certain courant de rock progressif d’avant-garde, métissage de Rock-in-Opposition et de musique des Balkans, réunis avec humour, tendresse et facétie. Dans l’axe des musiques encouragées par les étiquettes Cuneiform et RecRec à l’époque, Voix de surface fait figure de grand classique. Un must pour l’écriture précise mais complexe de Rossel (et les machins tendres de Tom Cora), aussi pour la chimie qui opère entre eux et Jean-20 Huguenin, Pippin Barnett et Bratko Bibič.
Enough smoothness. It’s Friday afternoon and I need something driving to get me to the weekend. I’m puuling out an old favorite, this Nimal record from 1990. This short-lived group assembled by Momo Rossel is the pinnacle of a certain kind of avant-progressive rock, a blend of Rock-in-Opposition and Balkanese music, brought together with humor, tenderness, and wistfulness. In the kind of music pioneered at the time by the labels Cuneiform and RecRec, Voix de surface is a stone cold classic, a must. For Rossel’s precise and complex songwriting (and Tom Cora’s bittersweet contributions), and for the chemistry between them and Jean-20 Huguenin, Pippin Barnett and Bratko Bibič.