Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

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2010-05-01

2010-04-30: Tom Hamilton, Hume/May, Arca, Trondheim Jazz Orchestra/Kim Kyhr, Films, Nimal

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-04-30


TOM HAMILTON / Pieces for Kohn / Formal & Informal Music (Kvist Records)

L’étiquette Kvist réédite en album double deux vieux disques de l’électronicien Tom Hamilton - une rare occasion de jeter une oreille sur ses débuts à St. Louis, dans les années 1970. Pieces for Kohn propose quatre pièces électroniques produites presque en vase clos, alors que Hamilton avait peu connaissance de ce qui passait dans le reste du monde - Hamilton lâché lousse dans un studio d’électronique. Des pièces multipistes méticuleuses, élégantes, abstraites, qui rappelle la manière d’Ussachevsky, mais dans un style bien personnel. Formal & Informal Music propose deux pièces composées d’une bande électronique et d’improvisations par le percussionniste Rich O’Donnell et le clarinettiste-flûtiste JD Parran, multipistés. Ce sont ici des œuvres complexes à grand déploiement, faites de grappes de notes dont la logique ne se construit qu’avec le temps. Beau d’une beauté étrange et d’une esthétique étonnamment chaude.

The Kvist label is reissuing as a 2-CD set two old LPs by electronician Tom Hamilton – a rare opportunity to listen to his beginnings in St. Louis, in the 1970s. Pieces for Kohn features four electronic works produced almost in isolation, when Hamilton had no idea of what was happening in experimental music aruond the world – it’s basically Hamilton let loose in an electronic music studio he was hired to build. Meticulously assembled multitrack pieces, elegant, abstract, reminiscent of Ussachevsky’s approach, but in a unique style. Formal & Informal Music features two works consisting of a prerecorded tape part and multitracked improvisations by percussionist Rich O’Donnell and clarinetist/flautist JD Parran. These are grand and complex works made of clouds of notes the logic of which becomes apparent only in time. Beautiful of an alien beauty and surprisingly warm aesthetics.


CAROLYN HUME & PAUL MAY / Come to Nothing (Leo Records)

Je l’ai déjà dit, mais je vais le redire: je ne suis pas un fan de la pianiste Carolyn Hume, seule ou en duo avec le batteur Paul May. Leur musique me semble mièvre, affectée, ennuyante, elle ne m’accroche pas. Au point où je me suis souvent demandé ce qu’ils font dans le catalogue de Leo Records, aussi vaste soit-il. Cela dit, ce cinquième album du duo est plus intéressant. Construit comme une suite continue, il se penche plus sur les textures, moins sur les mélodies. Dans les premières parties, on se croirait presque sur un disque particulièrement tranquille des Necks. Et lorsque le romantisme affleure, il n’est pas raccoleur. Contrairement aux albums précédents, je compte diffuser un extrait ou deux de celui-ci sur Délire actuel.

I’ve said it before and I’ll say it again: I’m not a fan of pianist Carolyn Hume, either solo or with drummer Paul May. Their music sounds trite to me, affected, boring, it doesn’t move me. To a point where I have often wondered what the pair was doing in Leo Records’ catalogue, however expansive and inclusive it is. That being said, this fifth outing by the duo is more interesting. Built as a suite, it focuses more on textures, less on melodies. In the first parts, you could almost think you’re lost in a particularly smooth album by The Necks. And when romanticism rears its head, it doesn’t get tacky. Unlike the previous albums, I plan on broadcasting a track or two from Come to Nothing on Délire Actuel.


ARCA / On ne distinguait plus les têtes (Ici d’ailleurs)

Paru en 2007 — mais je l’avais manqué — ce (quatrième?) disque d’Arca marque un tournant, puisqu’il est constitué de chansons au lieu des habituelles instrumentales post-rock du duo. Il faut dire qu’entretemps, Sylvain Chauveau (force créatrice du groupe) avait publié un superbe disque hommage à Depeche Mode où il révélait sa voix (ont j’ai parlé en chroniquant son plus récent disque solo, Singular Forms (Sometimes Repeated)). Ici, il s’essaie une première fois à l’écriture de chansons en bonne et due forme et le résultat est... mitigé. L’ambiance est juste (de la pop post-rock, pourrait-on dire, à forte influence David Sylvian), mais les mélodies plutôt banales. Pas mauvais mais un peu décevant et pas de quoi déclasser le disque Angles, ni rivaliser avec la créativité déployée sur Singular Forms.

Released in 2007 — but I just found out about it — this (fourth?) CD by Arca signals a new direction. It consists of songs in lieu of the usual post-rock instrumentals. Since the previous album, Sylvain Chauveau (the creative force in this band) had released a splending tribute album to Depeche Mode where he had unveiled his singing talents (I’ve mentioned this in my review of his recent solo effort Singular Forms (Sometimes Repeated)). Here, he makes a first attempt at songwriting and the results are… lukewarm. The mood is right (post-rock pop, you might call it, with a strong David Sylvian influence), but the melodies are mediocre. Not bad, but slightly disappointing and nothing to outrank Angles as their best effort, nor something that could rival the creativity displayed on Singular Forms.


TRONDHEIM JAZZ ORCHESTRA & KIM MYHR / Stems and Cages (MNJ Records)

Voici le matérial que le guitariste norvégien Kim Myhr viendra nous présenter au FIMAV, le mois prochain. J’ai entendu cet enregistrement en concert de juillet 2009 pour la première fois l’automne dernier, lorsque Kim a présenté son projet au FIMAV. J’ai été immédiatement séduit à ce moment, et je le suis tout autant aujourd’hui, en entendant la version finale. Myhr propose ici une excellente composition pour improvisateurs: textures complexes, mouvements changeants, superbe utilisation de la voix de Sidsel Endresen, une recherche sonore et formelle qui se traduit en une œuvre exigeante, soit, mais vivante et engageante. Cela dit, c’est de l’impro structurée de type douce, bruitiste, texturale et très abstraite. Superbe, et un excellent son, et une brochette d’improvisateurs de rêve comprenant Christian Wallumrød, Jim Denley, Ingar Zach et Martin Taxt. [CI-dessous: Extrait vidéo de la création de Stems and Cages.]

This is the material Norwegian guitarist Kim Myhr will be presenting at FIMAV next month. I first heard a rough mix of this live July 2009 recording last fall, when Kim submitted the project to FIMAV. I was instantaly taken by it, and I’m even more so pleased by the final mastering. Myhr delivers here an excellent composition for improvisers: complex textures, mood changes, splendid use of vocalist Sidsel Endresen, sonic and formal experimentation that translate into a demanding but vibrant and engaging work. This is structured improvisation mostly of the quiet persuasion, noise-based, textural, highly abstract. Excellent sound, and a dream line-up of improvisers, among them Christian Wallumrød, Jim Denley, Ingar Zach, and Martin Taxt. [Below: Video excerpt from Stems and Cages’s premiere.]

http://www.youtube.com/watch?v=KVFBYBx_p1s


FILMS / Messenger (Noble - merci à/thanks to Dense Promotion)

Un court disque très planant. Évidemment, le nom de ce groupe évoque une musique cinématique, et c’est exactement le cas. Quelque part entre la musique de film qui n’en est pas et le post-classique, avec une touche d’électronique ambiante et une voix féminine qui apporte un élément féérique. Très joli et rêveur, pas gnangnan (quoi qu’il y a un côté gothique un peu “forêt sombre peuplée de créatures étranges”), mais plutôt sans conséquence. Seul ainsi, ce disque aura peu d’impact. Faut voir, comment Films évoluera et lui donnera suite.

A short, very ambient record. Obviously, the band’s name evokes cinematic music, and that’s exactly what it is. Somewhere between film music with no film and post-classical, with a touch of ambient electronica, and female vocals adding a fairy-like element. Pretty, dreamy, not tacky (despite a slightly “dark forest inhabited by strange creatures” gothic feel), but inconsequential in the end. Alone like that, Messenger will have little impact. We’ll have to see how Films evolve and follow up on it.


NIMAL / Voix de surface (RecRec)

Assez de tranquilité. C’est vendredi après-midi et j’ai besoin que ça bouge. Je me permets un vieux classique, ce disque de Nimal, 1990. Ce groupe éphémère réuni par Momo Rossel représente le summum d’un certain courant de rock progressif d’avant-garde, métissage de Rock-in-Opposition et de musique des Balkans, réunis avec humour, tendresse et facétie. Dans l’axe des musiques encouragées par les étiquettes Cuneiform et RecRec à l’époque, Voix de surface fait figure de grand classique. Un must pour l’écriture précise mais complexe de Rossel (et les machins tendres de Tom Cora), aussi pour la chimie qui opère entre eux et Jean-20 Huguenin, Pippin Barnett et Bratko Bibič.

Enough smoothness. It’s Friday afternoon and I need something driving to get me to the weekend. I’m puuling out an old favorite, this Nimal record from 1990. This short-lived group assembled by Momo Rossel is the pinnacle of a certain kind of avant-progressive rock, a blend of Rock-in-Opposition and Balkanese music, brought together with humor, tenderness, and wistfulness. In the kind of music pioneered at the time by the labels Cuneiform and RecRec, Voix de surface is a stone cold classic, a must. For Rossel’s precise and complex songwriting (and Tom Cora’s bittersweet contributions), and for the chemistry between them and Jean-20 Huguenin, Pippin Barnett and Bratko Bibič.

2010-04-29

2010-04-29: Dubois/Carrier, Schaerer/Oester, Inclusion Principle, Bernhard Loibner, Raf and O

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-04-29


VÉRONIQUE DUBOIS & FRANÇOIS CARRIER / Being With (Leo Records)

Un duo voix-saxo fort sympathique. Je ne connaissais pas Véronique Dubois, mais le saxophoniste François Carrier m’est très familié. Et le voici en grande forme et, chose plutôt rare, sans le batteur Michel Lambert. Being With est une collection de 13 improvisations plutôt courtes (entre 1 et 8 minutes) et plutôt bruitistes. Dubois ne fait pas grand étalage de techniques étendues, mais elle utilise très bien son timbre pur et chaud pour se substituer au saxo, qui lui adopte les techniques étendues bruitistes d’usage. Un duo inspiré, qui communique très bien et qui ne lasse pas. [Ci-dessous: Vidéo promotionnelle officielle de l’album.]

A very fine voice/sax duo. I didn’t know Véronique Dubois, but I’m pretty familiar with the work of saxman François Carrier. And here he is in great shape and, something rare, without drummer Michel Lambert. Being With is a collection of 13 rather short (1-8 minutes) and rather noisy improvisations. Dubois is not displaying a wide range of extended techniques, but she makes great use of her pure, warm tone to mimic the sax. And the sax does use a lot of noisy extended techniques. AN inspired pair that communicates well and never gets boring in the course of this hour-long record. [Below: Official promotional video for Being With.]


ANDREAS SCHAERER & BÄNZ OESTER / Schibboleth (Unit Records)

Autre duo, dans un style bien différent. Je ne suis pas fan du contrebassiste Bänz Oester, mais j’aime beaucoup Andreas Schaerer, chanteur du groupe Hildegard lernt fliegen. Cette session d’improvisation propose des chansons instantanées fort sympathiques. Schaerer est un chanteur de jazz et utilise sa voix comme telle, en y ajoutant beaucoup de caractérisation. Et Oester s’avère un partenaire tout à fait convenable. Des chansons courtes et bien définies, de l’impro relativement légère et accessible.

Another duo, in a different style. I’m not a fan of bassist Bänz Oester, but I’m quite fond of singer Andreas Schaerer of Hildegard lernt fliegen. This improv session delivers a nice bunch of instant songs. Schaerer is a creative jazz singer and he uses his voice as such, adding a lot of characterization. And Oester proves to be a highly suitable partner. Short and well-defined improvised songs, rather light and accessible.


INCLUSION PRINCIPLE / The Leaf Factory Fallback (Discus)

Inclusion Principle est un duo formé de Martin Archer et Hervé Perez. Ceci est leur second disque. Tous deux jouent des électroniques et du saxo, entre autres choses. Ce disque s’avère au moins aussi bon que le premier. Il est constitué de huit pièces plutôt ambiantes, à la facture sonore froide, abstraite, complexe même si elle paraît dépouillée. Les touches d’instruments acoustiques ajoutent une humanité presque incongrue à ces paysages sonores dans les tons de bleus et de gris. Peut-être pas aussi engageant que ça pourrait être, mais tout de même un projet solide d’un artiste (Archer) que je respecte beaucoup.

Inclusion Principle is a duo consisting of Martin Archer and Hervé Perez. This is their second CD. They both use electronics and sax, among other thins. This album turns out to be at least as good as the first one. It consists of eight rather ambient tracks with a cold, abstract, complex sound (although it seems stripped down). The bits of acoustic instruments add a touch of humanity that sounds almost out of place in these aural landscapes all in shades of blue and grey. Maybe not as engaging as it could be, but still a fine project by an artist (Archer) I have a lot of respect for.


BERNHARD LOIBNER / Unidentified Musical Subject (Moozak - merci à/thanks to Dense Promotion)

Un disque étrange qui mélange électronique expérimentale, électroacoustique et chanson alternative. Certaines pièces s’approchent vraiment de la chanson (“Follow”), d’autres sont des constructions électroniques très abstraites, d’autres ont plutôt la forme de collages. Bernhard Loibner est surtout seul, sauf la participation de Melita Jurisic (l’inquiétante vocaliste de Métalycée) sur deux pièces, du trompettiste Franz Hautzinger sur une (très réussie) et du guitariste Berni Hammer sur une autre. Un univers sonore sombre, légèrement post-industriel dans la facture sonore, évidemment très construit, même si certaines couches musicales ont été improvisées. Esthétiquement froid mais pas clinique. Difficile à classer. Et moins futile que cette pédale de grosse caisse représentée sur la pochette, seule au milieu de nulle part.

A strange record that blends experimental electronica with electroacoustics and alternative rock. Some tracks get very close to the song format (“Follow”), while others are very abstract electronic constructions and others are collage-like. Bernhard Loibner is mostly on his own, except for two tracks featuring Melita Jurisic (the disquieting vocalist from Métalycée), one with trumpeter Franz Hautzinger (very good) and one with guitarist Berni Hammer. A dark soundworld, slightly post-industrial, obviously very through-designed, although some layers are improvised. Esthetically cold, but not clinical-sounding. Hard to sum up. And less futile than the bass drum pedal without a bass drum pictured on the cover.


RAF AND O / A Giant in the Snow (Geo Records - merci à/thanks to Dense Promotion)

Après l’excellent disque de Roshi paru chez Geo Records l’an dernier, j’espère beaucoup de cet album de Raf and O, un trio mettant en vedette l’auteure-compositeur-interprète Raf Mantelli et les multi-instrumentistes Richard Smith et Graham Dids-Gagarin. Mais je suis déçu. A Giant in the Snow est un disque correct d’électro pop ambiante, intelligente et sophistiquée, mais c’est un peu maniéré, ça manque de traits distinctifs, ça manque d’émotion surtout. On sent que Raf cherche à suivre dans les traces de Kate Bush (et, à moindre égard, Jane Siberry et Björk), mais il manque à cette collection de chansons une étincelle.

After Roshi’s excellent album on Geo Records last year, I had high expectations for this Raf and O CD - a trio featuring female singer-songwriter Raf Mantelli and multi-instrumentalists Richard Smith and Graham Dids-Gagarin. I’m disappointed. A Giant in the Snow is an okay record of ambient, intelligent, sophisticated electro-pop, but it’s also a bit labored, it lacks distinctive traits, and it lacks feeling. Raf seems to want to follow in the footsteps of Kate Bush (and, to a lesser extent, Jane Siberry and Björk), but this set of songs lacks that undefinable spark...

2010-04-28

2010-04-28: Steve Day, Kyriakides/Moor, La Part maudite, P.O.W.E.R., Pjusk

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-04-28


STEVE DAY / Visitors (Leo Records)

Je lis le journaliste Steve Day depuis près de 15 ans, ces notes de livret surtout. Quelle ne fut pas ma surprise de voir arriver ce disque à son nom (plutôt qu’avec son nom à l’intérieur). L’homme s’est commis! Et il a bien fait. Poète, Day nous fait le coup de l’album de spoken word un peu beatnik, et c’est réussi. Il scande des textes mordant et imagés, entre la sublimation du banal et la banalisation du sublime, sur fond d’improvisation musical un peu rock, un peu post-punk, un sextuor dirigé par le pianiste Bill Bartlett. J’ai beaucoup pensé à The Fall à l’écoute, et ça me plaît. Il y a plus ici qu’un projet pour flatter l’ego.

I’ve been reading music journalist Steve Day for almost 15 years, mostly his CD liner notes, but this is the first time I hear him, and this CD credited to his name (instead of having his name printed in the booklet) is a surprise. A poet, Day delivers a beatnik-ish spoken word album, and a good one at that. He churns out spiky texts falling between a sublimation of banality and a banalization of the sublime, over a background of slightly rock, slightly post-punk musical improvisations. The sextet backing him is directed by pianist Bill Bartlett. The Fall comes to mind. I like. There’s more here than vanity publishing.


YANNIS KYRIAKIDES & ANDY MOOR / Rebetika (Unsounds - merci à/thanks to Dense Promotion)

Sur Rebetika, les cofondateurs de l’étiquette Unsounds (le compositeur chypriote Yannis Kyriakides et le guitariste avant-punk Andy Moor) livrent des interprétations très personnelles de chansons traditionnelles grecques, les “rebetika”. À l’ordinateur, Kyriakides fait jouer des enregistrements de rebetika et triturent des électroniques, pendant que Moor ajoutent des textures guitaristiques. L’exercice est surtout ambiant, travaillant par superpositions entre authentique et revisité, ancien et nouveau. Neuf pièces d’électroacoustiques en direct (le tout a été enregistré en concert), un corpus réflexif. D’abord paru en téléchargement payant chez 7hings en 2006, maintenant offert pour la première fois sur CD avec deux pièces supplémentaires.

On Rebetika, the Unsounds label’s cofounders (Cyprus-born composer Yannis Kyriakides and avant-punk guitarist Andy Moor) deliver highly personal interpretations of traditional Greek songs known as rebetikas. On computer, Kyriakides plays old rebetika recordings and manipulates electronics, while Moor adds guitar soundscapes. Their music is mostly ambient, overlays of authenticity and revisitation, old and new. Nine live electroacoustic pieces, a rather reflective body of work. This album was first released as a paying download by 7hings in 2006. It is now offered on CD for the first time, with two extra tracks.


YANNIS KYRIAKIDES & ANDY MOOR / Folia (Unsounds - merci à/thanks to Dense Promotion)

Contrairement à Rebetika, Folia est un nouvel album, le troisième de ce duo. Il s’agit d’une longue pièce pour guitare électrique et ordinateur basée sur “La Folia”, un air traditionnel du 16e siècle, d’origine possiblement portugaise. Il en reste en fait peu de choses dans cette musique, ou plutôt cette musique fait beaucoup avec une si mince prémisse. Une pièce plus abstraite que Rebetika, aux méandres parfois confuses mains intrigantes. Moor y est plus expansif. Un joli travail de composition, un paysage sonore qui tend vers le tendre et qui n’exclut pas entièrement le rythme et la mélodie.

Unlike Rebetika, Folia is a brand new work, this duo’s third. This is a long continuous piece for electric guitar and computer based on “La Folia”, a 16th-century tune, probably from Portugal. There’s little left of that tune in the music, or rather this music makes a lot out of such small raw material. More abstract than Rebetika, with occasionally confusing twists and turns, but an intriguing work. Moor is more expansive here. Fine compositional work, a soundscape that tends toward sweetness and doesn’t entirely exclude rhythm and melody.


LA PART MAUDITE / Our Balls Are Like Dead Suns (&records)

Un trio montréalais, première fois que je croise ces trois noms: Philippe Battikha (trompette), Mivil Deschênes (basse), Patrick Dion (batterie). Un power trio qui fait dans le skronk, le punk-jazz métissé de funk rock. Dans la veine de (juste) Claudette ou d’Elephant9, orgue en moins. Belle attitude, beaucoup de mordant, sans tomber dans les excès (du moins tout le temps). Un premier effort convaincant. [Ci-dessous: “Maison des jeunes”, qui s’ouvrira dans le lecteur d’actuellecd.com, où vous pourrez écouter trois autres picèes de l’album.]

A Montreal-based trio, first time I see any of these names: Philippe Battikha (trumpet), Mivil Deschênes (bass), Patrick Dion (drums). A power trio playing, skronk-like jazz-punk with a hint of funk rock. Similar to (juste) Claudette and Elephant9 minus the organ. Nice attitude, edgy, not constantly over-the-top. A convincing debut. [Below: “Maison des jeunes”. The link will open actuellecd.com’s media player, where you can listen to three more tracks from the album.]

http://www.actuellecd.com/fr/audio/?poste=cat_et_07&prog=5351


P.O.W.E.R. / Cowboy Loves (666)

Les Rimouskois P.O.W.E.R. (Dominic Gagnon, Catherine S. Massicotte, Éric Normand) publient un mini-CD sur la microétiquette montréalaise 666. Deux pièces - on dirait presque un “single” - d’improvisation bruitiste hautement électrifiée. Ça brasse, ça crie, ça magnétise le poil sur les bras. Mais c’est contrôlé, intelligent, subtil même parfois. Impressionnant.

Rimouski-based P.O.W.E.R. (Dominic Gagnon, Catherine S. Massicotte, Éric Normand) has released a 3” CD on Montreal microlabel 666. Two tracks - feels like a single! - of highly electrified noise improvisation. It shakes, rumbles and screams, it magnetizes the hairs on my forearms. But it’s all well controled, intelligent, subtle even. Impressive.


PJUSK / Sval (12k - merci à/thanks to Dense Promotion)

Je ne connaissais pas ce duo norvégien, dont ceci est le second disque. Superbe travail d’électronique ambiante expérimentale. Ça sent les grands espaces, l’hiver, le vent, la contemplation des jeux de lumière de la neige au clair de lune. Cela dit, ce n’est pas gaga ni complaisant. Quelque part entre Lawrence English et Klaus Schulze. Fin, magique, porteur de rêveries. Du grand art.

I didn’t know this Norwegian duo. This is their second effort. Splendid experimental ambient electronic music. It feels like wide spaces, winter, wind, contemplating the dance of the moonlight on snow. However, it’s neither complacent nor new-agey. Somewhere between Lawrence English and Klaus Schulze. Sophisticated, magical, reverie-inducing. A masterpiece.

http://www.12k.com/index.php/site/releases/sval/

2010-04-27

Délire actuel, 2010-04-27

DÉLIRE ACTUEL

Réécoutez (streaming ou téléchargement) la dernière édition de Délire actuel ICI (cherchez Délire actuel dans la liste).
You can listen (stream or download) to the latest Délire Actuel broadcast HERE (look for Délire Actuel on the list of shows).

Édition du 27 avril 2010
Show aired on April 27, 2010

DESCRIPTION
DESCRIPTION


Parcours libre: Aucune thématique ce soir. Simplement deux poignées de nouveautés que je tenais à vous présenter avant de passer à deux éditions consacrées au FIMAV. Des nouveautés qui ne pouvaient pas attendre trois semaines de plus, quoi!
Freeform Journey: No topic tonight. Simply, two handfuls of new releases I wanted to feature before getting into our two FIMAV-related specials. In other words, new releases that couldn't wait another three weeks!

BLASTULA / Volere è potere 1 (5:45) - Scarnoduo (Amirani Records)
*GATO LIBRE / Scorpion (6:10) - Shiro (Libra Records)
HOLUNDERBLÜTEN / 6 (3:00) - Blank (Unit Records)

EMPTY CAGE QUARTET & SOLETTI/BESNARD / Take Care of Floating (4:36) - Take Care of Floating (Rude Awakening présente)
CIRCUM GRAND ORCHESTRA / Locomotif (10:41) - Le Ravissement (Circum-Disc)

**LITTLE WOMEN / Throat I-II-III (17:11) - Throat (AUM Fidelity)

***OREN AMBARCHI, JIM O'ROURKE & KEIJI HAINO / Tima Formosa 1 (24:44) - Tima Formosa (Black Truffle)

SABINE ERCKLENTZ & ANDREA NEUMANN / LAlienation (8:46) - LAlienation (Herbal International)
****VERNON & BURNS / The Night We Invented Forgetting (3:33) - The Light at the End of the Dial (Gagarin Records)
***YELLOW SWANS / Foiled (4:22) - Going Places (Type Records)

***INDIGNANT SENILITY / [4] (7:42) - Plays Wagner (Type Records)


merci à/thanks to:
*Braithwaite & Katz Communication
**improvised communications
***Forced Exposure
****Dense Promotion



COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

EMPTY CAGE QUARTET
En concert, sans leur deux invités français.
Live, without their two French guests.


LITTLE WOMEN
En concert en janvier 2009.
Live, January 2009.

Délire musical, 2010-04-27

DÉLIRE MUSICAL
Réécoutez (streaming ou téléchargement) la dernière édition de Délire musical ICI (cherchez Délire Musical dans la liste).
You can listen (stream or download) to the latest Délire musical broadcast HERE (look for Délire Musical on the list of shows).

Édition du 27 avril 2010
Broadcast Date: April 27, 2010

(avec/with Stéphane Rocheleau remplaçant/filling in for Daniel Ouellette)

LISTE DE DIFFUSION

PLAYLIST


Thème/Theme: ELEPHANT9 / Fugl Fonix - Walk the Nile (Rune Grammofon)

*LAURA GIBSON & ETHAN ROSE / Sun (3:07) - Bridge Carols (Baskaru)
AUTISTIC DAUGHTERS / Gin Over Sour Milk (5:06) - Uneasy Flowers (Kranky)
BARRY CLEVELAND / You'll Just Have to See It to Believe (5:22) - Hologramatron (Moonjune)

MAUDLIN OF THE WELL / Another Excerpt: Keep Light Near You, Even When Dying (5:51) - Part The Second (ind.)
TKINGDKEYS / Ingenting (2:42) - Rökstenen (Musea)
JETHRO TULL / Law of the Bungle Part II (5:25) - Nightcap (Chrysalis)

THE WORD / Joyful Sounds (3:45) - The Word (Ropeadope)
SCREAMING HEADLESS TORSOS / Word to Herb (4:23) - Choice Cuts (Fuzelicious Morsels)
ROBERT MUSSO / The Squidge (5:31) - Active Resonance (MussoMusic)

COCO ROSIE / Beautiful Boyz (extrait/excerpt: 3:30) - Noah's Ark (Touch & Go)

merci à/thanks to:
*John Bourke P.R.



COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

AUTISTIC DAUGHTERS
La même chanson, en concert
The same song, live.


TKINGDKEYS / SAMLA MAMMAS MANNA
Tkingdkeys interprétait une vieille pièce du groupe suédois Samla Mammas Manna. Voici l'original, sur fond de vidéo hommage
Tkingdkeys were covering an old track by Swedish band Samla Mammas Manna. Here's the original, over a fan tribute video.


2010-04-26

2010-04-26: Frank Almond, Drouet/Perraud, Namchylak/Sudnick, Richard A. Ingram, Hrdvsion, Birch Book

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-04-26


FRANK ALMOND / Portraits & Elegies (Innova)

Le violoniste de musique contemporaine Frank Almond propose sur Portraits & Elegies un programme d’œuvres courtes pour violon et accompagnement piano (Brian Zeger). Sa sélection comprend des pièces de Philip Lasser, Ned Rorem, Peter Lieberson et Russell Platt. C’est surtout tonal et Almond a un style mélodramatique qui fait néo-romantique - bref, je n’ai pas acroché. À part la “Berceuse fantasque” de Lasser, qui contient de belles envolées et une séduisante tension entre simplicité et complexité.

On Portraits & Elegies, Contemporary classical violinist Frank Almond offers a program of short works for violin and piano accompaniment (Brian Zeger). His selection includes works by Philip Lasser, Ned Rorem, Peter Lieberson, and Russell Platt. Mostly tonal, and Almond has a neo-Romantic melodramatic style, so it isn’t really my cup of tea. Except for “Berceuse fantasque” by Lasser, which features some nice yearning lines, and a fine tension between simplicity and complexity.


JEAN-PIERRE DROUET & EDWARD PERRAUD / √2 (Quark Records)

Deux solides percussionnistes créatifs dans un duo tout en finesse. Dans une autre vie, Edward Perraud était dans Shub-Niggurath, plus récemment dans le splendide groupe d’improvisation collective minutieuse Hubbub. Drouet est un fabuliste de la percussion, un polymorphe qui s’adapte à tous les contextes en conservant toujours un brin de folie. Ce disque offre une exploration poussée des sonorités percussives, avec l’apport de traitements électroniques en temps réel. Beau dosage entre le minuscule/textural et le majuscule/rythmique. Une prestation plus que convaincante.

Two strong creative percussionists in a live duo full of finesse. In another lifetime (feels like it), Edward Perraud was in the band Shub-Niggurath. More recently, he has been playing with the splendid quiet improv group Hubbub. Drouet is a fanciful percussionist, the polymorphic type that can adapt to any context while adding in his zany personality. This record features a deep exploration into the sonics of percussion, with extra help from real-time electronic treatments. A fine balance between lowercase/textural and uppercase/rhythmical. A convincing performance.


SAINKHO NAMCHYLAK & NICK SUDNICK / Not Quite Songs (Leo Records)

Un enregistrement en concert à Saint-Pétersbourg, avec la mystifiante vocaliste Sainkho Namchylak et Nick Sudnick qui joue des objets électroacoustiques, des anches et de l’accordéon. Quinze chansons sans titre, certaines particulièrement réussies, dans un genre trouble et métissé, aux accents asiatiques et post-AMM, avec beaucoup de traitements électroniques. Ça vient un peu long (en 75 minutes), certaines pièces étant beaucoup moins convaincantes que d’autres, et la qualité de l’enregistrement laisse à désirer (ça sent la prise de son d’ambiance, ça sonne un peu creux). Tout de même intéressant.

A live recording from St. Petersburg featuring mystifying vocalist Sainkho Namchylak and Nick Sudnick on electroacoustic objects, reeds and accordion. 15 untitled songs, some better than others, in a blurry, cross-influenced genre, somewhere between AMM and Asian folk music, with lots of electronic treatments. It gets long (75 minutes), some tracks being weaker, and the recording quality is subpar (it feels like an ambient recording, and it sounds a bit hollow). Still, interesting.


RICHARD A. INGRAM / Consolamentum (White Box - merci à/thanks to Forced Exposure)

Guitariste d’Oceansize, Richard A. Ingram plonge dans un autre univers sonore avec ce premier disque solo, un recueil de “drones” assez sombres mais pas très bruyants. L’album est bien ficelé, avec une ouverture et une clôture en bonne et due forme. Les choses commencent très bien avec “Kll Thm ll…” et “de Montfort”, où Ingram développe une esthétique sombre et rêveuse faite de piano, de guitare et de bandes maltraitées. Les choses se gâtent avec la longue “Béziers” où de maladroites manipulations de bandes embêtent sans rien apporter de tangible au propos, avant de se terminer dans l’indifférence. Bien parti, mal terminé.

Oceansize guitarist Richard A. Ingram dives into a very different soundworld with this debut solo album, a collection of rather dark but not very noisy drones. The album is well designed, with a bona fide overture and epilogue. Things start very well with “Kll Thm ll…” and “de Montfort”, where Ingram develops a gloomy but dreamy sound made of piano, guitar, and tapes. Things turn sour with the overlong “Béziers” where clumsy tape manipulations mar the listening experience without bringing anything substantial to the music, before concluding indifferently.


HRDVSION / Where Did You Just Go? (Wagon Repair - merci à/thanks to Forced Exposure)

Deuxième long-jeu de Hrdvsion (Nathan Jonson, un Canadien). Dans le genre techno expérimental, voilà un disque jouissif, volubile et divertissant. La touche de Jonson est fine, parfois légère, mais surtout vive. Squarepusher en mode déconstruit?

A second long-player from Hrdvsion (Nathan Jonson, a Canadian). For experimental techno, this is surprisingly fun, talkative, and playful. Jonson has a fine, occasionally light touch, but lively mostly. Deconstructed Squarepusher?


BIRCH BOOK / A Handful of Days (Helmet r00m recordings)

Troisième album de Birch Book, et la distinction devient de plus en plus ténue entre ce projet et In Gowan Ring (les deux facettes de la démarche artistique de l’énigmatique B’ee. A Handful of Days est un superbe disque de chanson folk tranquille, subtilement sombre, aux accents médiévalisants (mais un médiéval métissé de western spaghetti), dominée par la voix monocorde mais si suave de B’ee. Sur ce disque, Birch Book s’approche à quelques reprises de la magnificence retenue de Hazel Steps Through A Weathered Home, album qui définit la perfection d’In Gowan Ring (entre autres sur “Life’s Lace”, chantée partiellement en français qui plus est!). Meilleur que Fortune & Folly, merveilleusement écrit, délicieusement mélancolique. Un must. [Le myspace de Birch Book (lien ci-dessus) offre deux chansons du nouveau disque en écoute libre: “White Angel” and “Sad Song”.]

Birch Book’s third album, and the distinction between this and In Gowan Ring (two facets of the artistic expression of the enigmatic B’ee) becomes ever more tedious. A Handful of Days is a splendid album of quiet, delicately dark folk songs with a Medieval hue (although Spaghetti Western-crossed Medieval), dominated by the monotone yet so alluring voice of B’ee. On this particular record, Birch Book gets really close to the understated magnificence of Hazel Steps Through A Weathered Home – the album that defined perfection for In Gowan Ring – on several occasions (including on “Life’s Lace”, half sung in French!). Better than both volumes of Fortune & Folly, marvelously written, tastefully melancholic. A must-have. [Birch Book’s myspace (linked above) features two tracks from the new album: “White Angel” and “Sad Song.”]