Journal d'écoute / Listening Diary
2011-11-08
Ce disque regroupe trois œuvres pour percussions et électroniques en temps réel composées entre 1985 et 2010. William Winant est à la barre des percussions, seul dans deux pièces ou avec son William Winant Percussion Group dans l’autre. Les pièces de Brown sont composées de A à Z et suivent des algorithmes. La plus intéressante des trois est “Stupa”, un ballet à la chorégraphie minutieuse entre vibraphone, piano et ordinateur. Minimaliste et élégant. [Ci-dessous: Un extrait de “Stupa”.]
This CD culls three works for percussion and live electronics composed between 1985 et 2010. William Winant is handling percussion duties, either on his own (in two pieces) or with his William Winant Percussion Group (in the third one). Brown’s pieces are through composed using algorithms. “Stupa” is the most convincing one: a meticulous ballet between vibraphone, piano, and computer. Minimal and elegant. [Below: An excerpt from “Stupa.”]
KOJI ASANO / Polar Parliament (Solstice)Le compositeur japonais Koji Asano revient à la charge avec son 46e album, Polar Parliament. Plus intéressant que Solstice Eclipse ou Galaxies, ses deux précédents opus. Polar Parliament propose deux longues pièces d’art sonore. La première est très statique: un motif rythmique presque mécanique et très stable. La deuxième est beaucoup plus étrange et jette une lumière sur la précédente. Il s’agirait, dans les deux cas, d’appareils électriques. Je vais m’avancer, quitte à avoir l’air fou, et tenter la devinette: un sèche-linge dans le premier cas, un lave-linge dans le second. En une seule prise de son dans les deux cas, mais fortement traité. On sent très bien les “cycles” du lave-linge, d’ailleurs. Une œuvre étrange, mystérieuse, dont la solution pourrait bien être très simple, voire évidente. Cela dit, depuis les enregistements de frigo faits par Michael Prime dans les années 90, je crois au pouvoir fascinant de l’univers sonore des électroménagers. [Ci-dessous: Un très court extrait de la deuxième pièce.]
Japanese composer Koji Asano is back with a 46th record. Polar Parliament is more interesting than Solstice Eclipse and Galaxies, his two previous opuses. This one features two long sound art pieces. The first one is pretty static: a rhythm motif, almost mechanical, very stable. The second track is a lot stranger and sheds light on the first one. I’d say that in both cases, we are in the aural presence of home appliances. In fact, I’ll go as far as try to guess – and if I’m wrong, I guess I’ll just look stupid – but I think the first track features a dryer and the second one a washing machine. Both recorded in a single take, and extensively (though uniformly) treated. You can really feel the different cycles of the washing machine. A strange, mysterious work whose solution may proove to be very simple, obvious even. However, since Michael Prime’s fridge recordings from the ‘90s, I do believe in the power of fascination of the soundworld of home appliances. [Below: A very short excerpt from track 2.]
Humcrush, le duo du claviériste Stale Storløkken (Supersilent, Elephant9) et du batteur Thomas Strønen (Food), dans un concert conjoint avec la vocaliste Sidsel Endresen (Trondheim Jazz Orchestra). Un alliage quelque peu inusité, mais qui s’avère fort probant. Avec trois disques précédents à son actif, Humcrush a un son bien établi, mélange d’intelligence, de facétie et de virtuosité qui s’exprime à travers des compositions procédant du rock-in-opposition et de la musique actuelle scandinave. Sidsel Endresen, voix envoûtante, maître-improvisatrice dans un langage inventé et inventif. Eux, plutôt actifs, voyez-vous. Elle, plutôt douce. Sur Ha! (titre qui marque judicieusement la surprise), leurs univers s’entrecroisent pour produire à la fois le disque le plus éthéré de Humcrush et le plus énergique de Sidsel.
Humcrush – the duo of keybaordist Stale Storløkken (Supersilent, Elephant9) and drummer Thomas Strønen (Food), in a live collaboration with vocalist Sidsel Endresen (Trondheim Jazz Orchestra). A rather unusual pairing, though it works out surprisingly well. With three prior records under their belt, Humcrush have a well settled sound, a blend of wit, fancy, and virtuosic playing, expressed in the form of compositions influenced by rock-in-opposition and current Scandinavian creative music. Sidsel Endresen, a betwitching voice, a master improviser in a made-up tongue. They are rather on the active side. She is more on the quiet side. On Ha! (well-chosen title), their soundworlds cross to produce what can be seen as Humcrush’s most sedate record yet, or Sidsel’s more energetic one.
ANTHONY BRAXTON / Anthony Braxton [aka: B-X° NO-47A] (Sunspots)
D’abord paru en 1969 chez BYG/Actuel. Un classique. Le quatuor d’Anthony Braxton se composait alors de (bientôt Wadada) Leo Smith, Leroy Jenkins et Steve McCall. Trois compositions: une de Smith, une de Jenkins et la 6G de Braxton. Trois éclairs de génie captés avec les moyens du bord - “The Light of the Dalta” de Smith est un assemblage curieux et réussi. Et la 6G a dû en confondre plusieurs à l’époque!
First released in 1969 on BYG/Actuel. A classic. Anthony Braxton’s quartet at the time: (soon-to-be Wadada) Leo Smith, Leroy Jenkins, and Steve McCall. Three compositions, one each by Smith, Jenkins, and Braxton. Three strokes of genius captured with small but efficient means. Smith’s “The Light of the Dalta” is a strange and successful assemblage. And Braxton’s “Composition 6G” must have puzzled a lot of folks back then!
Tant qu’à parler classiques. Cornelius Cardew, Keith Rowe, Lou Gare, Lawrence Sheaff, Eddie Prévost. Beaucoup d’encre a coulé sur l’opposition Cardew/John Stevens, AMM/SME. Le fait est que tous deux ont été des moteurs de changement et d’épiphanie musicale pour un grand nombre de musiciens et de non-musiciens. Ammmusic 1966, publié en 1966 chez Elektra, propose une musique improvisée radicale qui fait une grande place à l’amplification (micros contacts) et aux sons trouvés (objets du quotidien, fréquences radio). De l’improvisation libre aussi cruciale que Karyobin du SME ou The Topography of the Lungs d’Evan Parker.
As long as I’m into classics. Cornelius Cardew, Keith Rowe, Lou Gare, Lawrence Sheaff, Eddie Prévost. A lot has been written about the oppositions between Cardew/John Stevens, AMM/SME. The thing is, they both have been actuators of change and sources of musical epiphanies for countless musicians and non-musicians. Ammmusic 1966, released by Elektra in 1966, features radical free improvisation that makes a lot of room for amplification (contact mikes) and found sounds (daily objects, radio waves). Free improvisation as essential as the SME’s Karyobin or Evan Parker’s The Topography of the Lungs. Seminal.