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2011-12-22

2011-12-21: Illuha, Marcus Schmickler, Quadrat:sch


Journal d'écoute / Listening Diary 
2011-12-21

ILLUHA / Shizuku (12k - merci à/thanks to Dense Promotion)
J’aime beaucoup la collection 12k, qui maintient un rare niveau de qualité d’une parution à l’autre. Shizuku s’inscrit parfaitement dans l’ethos électronique expérimentale ambiante de cette étiquette et respecte scrupuleusement ses normes de qualité.Illuha est un duo formé d’un Américain (Corey Fuller) et d’un Japonais (Tomoyoshi Date). L’album a été enregistré dans une vieille église, ce qui donne beaucoup de résonances complexes aux divers instruments acoustiques et électroniques utilisés. De très belles pièces introspectives qui rappellent l’univers sonore de Minamo.
I really like 12k, a collection where a rare level of quality is maintained from release to release. Shizuku fits perfectly its experimental ambient ethos and scrupulously meets all quality requirements. Illuha is a duo consisting of an American (Corey Fuller) and a Japanese (Tomoyoshi Date). The album was recorded in an old church to give lots of complex reverb to all the acoustic and electronics instruments used. Very pretty introspective pieces reminiscent of Minamo’s soundworld.

MARCUS SCHMICKLER / Rule of Inference (A-Musik - merci à/thanks to Dense Promotion)
Il est d’abord et avant tout un électronicien expérimental (de premier plan), mais Marcus Schmickler compose aussi des musiques instrumentales, dans une veine musique contemporaine. Rule of Inference est le deuxième disque à présenter ce pan de son travail. La pièce titre est une suite en quatre mouvements pour quatuor de percussions: une œuvre complexe et enlevante qui impressionne. “Symposion” pour orchestre a ses côtés intéressants, mais les courtes pièces qui concluent l’album (des arrangements d’œuvres de C. Gesualdo) présentent peu d’intérêt.
He is first and foremost an experimental electronician (and a first-rate one at that), but Marcus Schmickler is also a contemporary music composer. Rule of Inference is the second CD to document that side of his career. The title work is a four-part suite for percussion quartet: a complex and riveting work, quite impressive. “Symposion” for orchestra has its interesting sides, but the short pieces closing the album (arrangements of works by C. Gesualdo) are of little interest.

QUADRAT:SCH / Stubenmusic (Col legno - merci à/thanks to Dense Promotion)
Un disque splendide et fascinant, inusité, original, démontrant une démarche sérieuse teintée d’humour et de beauté. Il s’agit d’un album double. Sur le premier disque, l’ensemble Quadrat:sch (Christof Dienz à la cithare, Barbara Romen au tympanon, Gunter Schneider aux guitares, Alexandra Dienz à la contrebasse) interprète des compositions originales du groupe sous forme d’airs néo-folkloriques, avec beaucoup de grâce et un brin de classicisme. Sur le second disque, le même ensemble, augmenté de la harpiste Zeena Parkins et de percussionniste Herbert Pirker, interprète une suite en neuf parties de Christof Dienz, impliquant les instruments mentionnés, ainsi que du bois, de la pierre et de l’eau. Quelque part entre la musique centro-européenne et le Duchamp de John Zorn. Le tout dans une très belle édition signée Col Legno. Chaudement recommandé.  [Ci-dessous: “Knochentanz”, tirée du premier disque, et “Glachter” tirée du second.
A beautiful, fascinating, unusual and unique record featuring a serious artistic process imbued with humour and beauty. This is a double CD set. On disc one, the Quadrat:sch ensemble (Christof Dienz on zither, Barbara Romen on hammered dulcimer, Gunter Schneider on guitars, Alexandra Dienz on doublebass) performs original compositions from its members in the form of graceful neo-folk tunes with a hint of classicism. On disc two, the same ensemble augmented by harpist Zeena Parkins and percussionist Herbert Pirker performs a suite in nine parts by Christof Dienz involving all aforementioned instruments plus wood, stone, and water. Somewhere between Central-European folk music and John Zorn’s Duchamp. And a very elegant design from Col Legno. Heartily recommended.  [Below: “Knochentanz” from CD 1 and “Glachter” from CD 2.

2011-08-09

2011-08-08: Nicolas Bernier, Gert-Jan Prins, R/S, Konaboj

Journal d'écoute / Listening Diary 
2011-08-08

NICOLAS BERNIER / usure.paysage (Hrönir - merci à/thanks to Dense Promotion)
Très bel album de musique concrète qui confirme, une fois encore, l’importance de Nicolas Bernier dans le paysage électroacoustique actuel. Une œuvre chargée mais solidement organisée et captivante. Un arc compositionnel parfaitement défini. D’abord paru sur vinyl, maintenant disponible sur CD, le disque étant livré dans la pochette du vinyl original. Le CD comporte une pièce boni: la contribution de Bernier au projet trans_canada d’empreintes DIGITALes.  [Ci-dessous: Un extrait de l’album.]
A very fine musique concrete album that shows, once more, how important Nicolas Bernier is in today’s electroacoustic music landscape. A loaded work, but solidly organized and captivating. A perfectly defined compositional arc. First released on LP, now available on CD, the disc being housed in the original LP jacket. The CD includes a bonus track: Bernier’s contribution to the trans_canada project previously released on empreintes DIGITALes.  [Below: Listen to a track from the album.]

L’électronicien néerlandais Gert-Jan Prins m’a envoyé quelques parutions que j’avais raté au fil des dernières années. Merci! Risk est un mini-CD paru chez Mego en 2004 (d’ailleurs, Mego a produit pendant un temps une série de mini-CD très relevée). Risk propose une volée de courtes pièces de glitch expérimentale, très abstraites, mais vives, fortes en extrêmes et en présentées presque sous forme de collage. Déroutant mais solide et, si ce n’est que ce disque est maintenant très dur à trouver, une excellente introduction à l’univers de Prins et de ses circuits maison.
Dutch electronician Gert-Jan Prins has updated me on his discography with a few titles I had missed through the years. Thank you! Risk was a 3” CD released by Mego in 2004 (incidentally, for a while, Mego had a very sharp line of mini-CDs). Risk features a flurry of short experimental glitch tracks – very abstract though strong and vivid vignettes, rich in extreme contrasts and organized almost collage-like. Confounding but strong and, if it weren’t for the fact that this record is now pretty hard to find, it would make a great introduction to the soundworld of Prins and his home-made circuitry.

GERT-JAN PRINS / Break Before Make (editions Mego)
La suite de Risk, presque littéralement. Un autre mini-album chez Mego (dans la série limitée), encore constitué de plusieurs très courtes pièces formant un collage d’essais sonores réalisés à l’aide de circuits électroniques faits maison, modifiés et manipulés. Un tantinet moins “in your face” que Risk, Break Before Make a tout de même beaucoup de punch et n’est pas une écoute facile.
Quite literally a follow-up to Risk. Another EP released by Mego (in its limited series), again consisting of many very short tracks forming a collage of sonic essays made with home-made, modified and treated electronic circuits. A tad bit less in-your-face than Risk, Break Before Make still packs quite a punch. And it’s clearly not an easy listen.

R/S / USA (Pan - merci à/thanks to Dense Promotion)
Ce vinyle documente la tournée américaine de Peter Rehberg (Pita) et Marcus Schmickler en duo, en 2009. Trois tranches de bruitisme exigeant mais pas sauvage – Rehberg sait choquer, avec mesure; Schmickler est un artiste plus sensible que conceptuel. Ils font une bonne paire, pour qui sait apprécier une déferlante de décibels numériques. Solide et nuancé, somme toute.
This LP documents the 2009 American tour by Peter Rehberg (Pita) and Marcus Schmickler performing as a duo. Three slabs of demanding nois art, though the music is not that savage – Rehberg knows how to shock in style, and Schmickler is more sensitive than conceptual as an artist. They make a strong pair; of course, you’ll need to be able to appreciate a tsunami of digital decibels. Sure-footed and nuanced, all things considered.

KONABOJ / Zdálo sa ně, zdálo… (Indies Scope)
Ce groupe tchèque de folk rock commence à avoir une belle feuille de route. Zdálo sa ně, zdálo… propose un florilège de chansons traditionnelles revisitées en provenance d’un peu partout en Europe centrale et de l’Est. La chanteuse Jirka Sánová domine le son du groupe de sa voix d’or, son qui peut s’avérer pesant à l’occasion.  [Ci-dessous: Cet extrait est offert en téléchargement gratuit sur le site d’Indies.]
This Czech folk rock group is starting to show an impressive track record. Zdálo sa ně, zdálo… features a range of revisited traditional songs from all over Central and Eastern Europe. Singer Jirka Sánová’s golden voice dominates the group’s sound, a sound that can get heavy at times. [Below: This track from the album is available as a free download on Indies‘ website.]

2010-05-03

2010-05-03: Brennan/Doran/Amstad/Héral, Gratkowski/Nabatov/Schmickler, Reto Anneler, Quartet of Happiness, Le Orme

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-05-03


JOHN WOLF BRENNAN, CHRISTY DORAN, BRUNO AMSTAD & PATRICE HÉRAL / Triangulation: Whirligigs (Leo Records)

J’ADORE commencer la semaine avec une surprise totale comme ceci. Comprenez-moi bien: je suis très familier avec la musique du pianiste John Wolf Brennan et j’ai entendu sa première collaboration avec le guitariste Christy Doran et le percussioniste Patrice Héral, parue sous le titre Triangulation il a deux ou trois ans. De la bonne impro libre. Voilà qu’arrive ce deuxième disque sous le titre Whirligigs. Bon. Le trio est devenu un quatuor avec l’ajout du vocaliste Bruno Amstad (de New Bag). Bien. Mais dès le début du disque, force est de constater une transformation totale: ce quatuor fait dans le jazz-funk groovy avant-gardiste. La musique est improvisée, mais repose constamment sur le rythme. Le chanteur n’est pas un chanteur au sens traditionnel, mais il vocalise tout de même, quelque part entre le dub, le funk actuel de Dean Bowman et les techniques étendues d’un Phil Minton. Un disque un peu long (75 minutes, sans que l’approche varie vraiment), mais splendide, plein de bons grooves, de riffs tordus, d’explorations vocales. Brennan est plutôt discret, mais son jeu d’orgue vaut le détour.

I just LOVE starting the week with something unexpected like that. You see, I’m very familiar with Swiss pianist John Wolf Brennan’s output, and I have heard (and liked) his first collaboration with guitarist Christy Doran and percussionist Patrice Héral, released under the title Triangulation two or three years ago. Fine. The trio has now become a quartet with the addition of vocalist Bruno Amstad (of New Bag). Cool. However, right from track one, this new album proves to be a total transformation: the new quartet is playing groovy avant-garde jazz-funk. The music is still improvised, but it relies on rhythm, constantly. And the singer is not really a singer, but a vocalist whose style falls somewhere between dub, Dean Bowman’s avant-funk stylings, and the extendes techniques of a Phil Minton. The album is a tad long (75 minutes without much diversity), but splendid, with tons of good grooves, twisted licks, and vocal experiments. Brennan is rather discreet, but his organ playing is worth the price of admission.


FRANK GRATKOWSKI, SIMON NABATOV & MARCUS SCHMICKLER / Deployment (Leo Records)

Le saxophoniste allemand Frank Gratkowski est une valeur sure chez Leo Records. Ces disques d’improvisation libre sont toujours au moins intéressants, parfois brillants. Deployment penche vers la brillance, parce qu’il repose sur une relation bien établie avec le pianiste Simon Nabatov et l’ajout d’un facteur x, l’électronicien Marcus Schmickler. Certains trouveront que ce dernier se fait trop discret, mais ses textures apportent juste ce qu’il faut de déstabilisation pour empêcher Gratkowski et Nabatov de tomber en mode free jazz. Réussi.

German sax player Frank Gratkowski is what you could call a sure value in Leo Records’ catlogue. His free improvisation records are always at least interesting and occasionally brilliant. Deployment tends toward the later. It rests on a firmly-established relationship with pianist Simon Nabatov and the addition of an X factor in electronician Marcus Schmickler. Some will find Schmickler ot be too discreet here, but his textures bring just the right amount of destabilization to prevent Gratkowski and Nabatov from falling back on a free jazz mode. Successful.

RETO ANNELER / Trottoir (Unit Records)

Simplement trop jazz à mon goût. Mais une écriture intéressante, qui rappelle parfois, dans ses meilleurs moments, Steve Lacy.

Too jazz for my personal taste. But the writing’s nice and rmeiniscent, in its best moments, of Steve Lacy.


QUARTET OF HAPPINESS / The Monster Returns! (Creative Nation Music - merci à/thanks to improvised communications)

Quartet of Happiness est un étrange groupe de jazz qui vaque à la frontière de la comédie et de la pédagogie: moitié groupe jazz d’humoristes, moitié projet éducatif pour écoliers. Mais leur approche est originale, leur musique créative, leur projet pavé de bonnes intentions, et je comprends le guitariste avant-jazz Eric Hofbauer de leur faire une place sur son étiquette. L’aspect pédagogique peut devenir lassant sur disque, mais certains numéros comiques ont un petit côté Frank Zappa très agréable (“Who’s Got Rhythm?”, un concours rythmique; “So You Think You Can Jazz?”, une parodie de télé-réalité; “Music History”, une histoire de la musique comprimée en neuf minutes).

Quartet of Happiness is a strange jazz quartet working on the edge of comedy and education: it’s half a comedy jazz group, half an educational project for students. But their approach is original, their music creative, and their project lined with the best intentions, so I understand why avant-jazz guitarist Eric Hofbauer signed them to his label. The educational aspect gets a little tedious on record, but some of the comedy numbers have a very enjoyable Frank Zappa flavor (the rhythm contest in “Who’s Got Rhythm?”, the reality show parody “So You Think You Can Jazz?”, the nine-minute “Music History” lesson).


LE ORME / Collage (Universal)

Wayside Music offrait un coffret de l’intégral de Le Orme à petit prix, il n’était pas question que je résiste. J’ai plus qu’une connaissance de passage des grands du rock progressif italien (PFM, Banco, Area, etc.), mais, étrangement, j’ai peu croisé la carrière de Le Orme. Alors plongeons, en commençant par le premier disque, Collage, 1971. Rarement a-t-on vu groupe produire un premier album d’une telle qualité. Tout les éléments du son Le Orme sont déjà en place, ou presque. Il y a l’exception d’un certain élément pop, reste de Formula 3, formation mère de Le Orme. La pièce-titre demeure un classique du genre. J’aime le fait que Le Orme soit un trio ayant à sa tête un claviériste sans que ça ne paraisse vraiment - pas de gros showcase de claviers à la ELP. L’écriture demeure reine, pas la virtuosité. Ce n’est pas le plus renversant des Le Orme, mais c’est un premier effort diablement mûr.

Wayside Music was offering a box set of the complete albums of Le Orme at a small price, so I just couldn’t say no. I have more than a passing acquaintance with the Italian prog rock greats (PFM, Banco, Area, etc.), yet, strangely, I have very rarely crossed Le Orme’s path. So let’s dig in, starting with their first album, Collage, 1971. Rarely has a band released such a strong debut album. Le Orme’s elements are all in place already, except for the lingering pop feel, a remain from Formula 3 (the band that preceded Le Orme). The title track remains a prog rock classic. I like the fact that, for a keyboard-led trio, Le Orme is not showcasing keyboards a la ELP. The songwriting reigns, not flashy chops. This is not the most striking of Le Orme’s records, but it’s a darn fine debut.


LE ORME / Uomo di pezza (Universal)

Wow. Que dire de plus? Oui, c’est la première fois que j’écoutais Uomo di pezza. Oui, ça manquait à ma culture. Définitivement. Je suis enthousiasmé au possible. Voilà un TRÈS grand classique du rock progressif, qu’il soit italien ou d’ailleurs. Ce disque a tout pour lui: une écriture complexe mais compacte, variée mais soutenue; une prestation fabuleuse, un très bon son. Aldo Tagliapietra livre ici certaines de ses meilleurs prestations de chanteur. “Una Dolcezza Nuova” et “Alienazione” s’imposent à la première écoute, mais j’ai l’impression que les sept pièces de ce disque finiront parmi mes préférées. Ce disque est l’égal de Per Un Amico de PFM, Darwin! de Banco et Crac d’Area. [Ci-dessous: Le meilleur des deux mondes: un medley de “Sguardo Verso Il Cielo” de Collage et “Una Dolcezza Nuova” d’Uomo di Pezza, en concert, avec orchestre, en 1972.]

Wow. What more can I say? Yes, this was my first exposure to Uomo di pezza. And yes, it was lacking to my culture. I am extremely enthusiastic about this, Le Orme’s second album (1972). This record has everything going for it: complex yet compact, varied yet unfailing songwriting; great performances; very good sound. Aldo Tagliapietra gives some of his best-ever vocal performances. “Una Dolcezza Nuova” and “Alienzione” stand out on first listen, but I have a feeling all seven tracks will end up in my list of favorites. This album is on par with PFM’s Per Un Amico, Banco’s Darwin!, and Area’s Crac. [Below: The best of both worlds: a medley of “Sguardo Verso Il Cielo” from Collage and “Una Dolcezza Nuova” from Uomo di Pezza, live with an orchestra, 1972.]