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2014-03-05

2014-03-04: Arturas Bumšteinas, David Berezan, Sister Iodine, Imarhan Timbuktu

Journal d'écoute / Listening Diary 
2014-03-04

ARTURAS BUMSTEINAS / Epiloghi (Unsounds – merci à/thanks to Dense Promotion)
Ce disque propose deux œuvres. “Epiloghi: Six Ways of Saying Zangtumbtumb” est une œuvre mixte qui combine mélodies de piano et de clavecin repiquées sur cinq siècles, machines à bruit de théâtres, les catégories de sons dressées par Luigi Russolo et les affects humains décrits par René Descartes. Et le tout se présente comme six épilogues au tout premier opéra occidental: “Dafne” de Jacopo Peri. Ouf. Lourd de sens. Et inégal dans la construction. Certains mouvements sont très efficaces (“Epilogue 1. Desire”: court, vivant, intriguant), mais d’autres se noient dans leurs longueurs. Or, Bumšteinas sait être habile avec la longueur, comme le démontre l’autre œuvre, “Night of the Sailship”, une pièce électroacoustique composée à l’aide de sons de machines à bruit de théâtres.
This record features two works. “Epiloghi: Six Ways of Saying Zangtumbtumb” is a mixed work combining piano and harpsichord melodies lifted from five centuries, theatre noise machines, Luigi Russolo’s noise categories, and René Descartes’ human affects. All this presented as six epilogues to the very first Western opera: Jacopo Peri’s “Dafne.” Phew. A bit heavy on the references and signifiers. And uneven in its construction. Some movements are highly efficient (“Epilogue 1. Desire”: short, vibrant, intriguing), but others just drown in their own duration. Yet, Bumšteinas can use and has used the long form successfully before, as illustrated by the second work, “Night of the Sailship,” an electroacoustic piece made with sounds from theatre noise machines.

DAVID BEREZAN / Allusions sonores (empreintes DIGITALes)
Empreintes DIGITALes semble avoir définitivement abandonné le format DVD-audio pour revenir au format CD, mais chaque disque porte maintenant la mention “versions HD et surround disponibles sur demande”. Allusions sonores mérite probablement qu’on formule cette demande. Les cinq œuvres au programme sont splendides, puissantes et très actives en matière de spatialisation. Chacune utilise des matières sonores bien précises: bouées maritimes pour “Buoy”, un seul son de lamellophone pour “Thumbs”, des sons du sud albertain pour “Badlands”, des sons captés en Indonésie pour “Galungan” et, enfin, une vaste gamme de sons tirés du passé et du présent du Japon pour “Nijo”, le clou de l’album, une pièce d’une grande poésie où se déploie un environnement sonore captivant et immersif. Ça faisait longtemps que je n’avais pas entendu de l’électroacoustique “pure” (de type académique) aussi convaincante. Un must. [Ci-dessous: Ce lien ouvrira le lecteur média du site électrocd.com, où vous pourrez écouter un extrait de chaque pièce.]
Empreintes DIGITALes seems to have definitely abandoned the DVD-audio format to come back to the CD, but now each record bears the note “HD & Surround versions available upon request.” Well, you might want to make that request for Allusions sonores. All five works it features are gorgeouns, powerful, and very active in terms of spatialization. Each piece uses specific sound materials: sea buoys in “Buoy,” a single lamellophone sound in “Thumbs,” sounds from Southern Alberta in “Badlands,” sounds captured in Indonesia for “Galungan,” and finally a wide range of sounds from past and present-day Japan in “Nijo,” the album’s highlight, an incredibly poetic piece that unfolds a captivating and highly immersive soundworld. I hadn’t heard “pure” (read: academic) electroacoustic music this convincing in quite a while. A must-have. [Below: Official music video for “Dans le bois vert et la vallée.”]

SISTER IODINE / Blame (Premier Sang - merci à/thanks to Dense Promotion)
Cinquième album du groupe noise français Sister Iodine, Blame est sale, bruyant, hurlant et plutôt satisfaisant. Travail convaincant au niveau des guitares et du feedback – bien sculpté, intéressant. J’aime moins quand les membres s’égosillent dans des micros en overdrive, mais tout de même... “Obscurity Call” fait joliment peur. Mais ce ne sera pas le disque bruitiste de l’année. Paru sur vinyle uniquement.
The fifth album by French noise trio Sister Iodine, Blame is dirty, screamy, and pretty satisfying. Convincing guitar work, and well-sculpted, interesting feedback. I’m less fond of band members screaming in overdriven microphones, but still... “Obscurity Call” is a nice fright flight. However, this won’t be the noise album of the year. A vinyl-only release.

IMARHAN TIMBUKTU / Akal Warled (Clermont Music – merci à/thanks to Forced Exposure)
Imarhan Timbuktu est un groupe touareg dirigé par le guitariste-chanteur Mohamed Issa Ag Oumar El Ansari, accompagné de son frère à la guitare rythmique, de leurs deux sœurs aux percussions, ainsi que d’un bassiste et d’un joueur de calebasse. Akal Warled (“pays étranger”) est une belle production, pas aussi fignolée que le dernier Tamikrest, mais tout de même très réussie. Mohamed a une voix franche et douce, envoûtante, et ses chansons sont dansantes à souhait, malgré l’absence d’une batterie. Une belle découverte.
Imarhan Timbuktu is a Tuareg group led by guitarist-singer Mohamed Issa Ag Oumar El Ansari, backed by his brother on rhythm guitar, their two sisters on percussion, plus a bassist and a calabash player. Akal Warled (“A Strange Country”) is a quality produced – not as top-notch as the latest Tamikrest, but still a very well done recording. Mohamed’s voice is genuine, soft and bewitching, and his songs dance a lot, despite the absence of a drum kit. A recommended discovery.


2014-02-21

2014-02-18: Christian Vialard, T'ien Lai, Érick D'Orion, Hiroshige/Nilssen-Love/Pika/Lasse Marhaug

Journal d'écoute / Listening Diary 
2014-02-18

CHRISTIAN VIALARD / Neukalm (Grautag – merci à/thanks to Dense Promotion)
Grautag publie peu (environ deux disques l’an) mais elle maintient un joli niveau de qualité. Christian Vialard, avec l’aide de Fred Bigot, propose Neukalm, un projet de musique électronique qui s’inspire de l’école allemande des années 70, tout en la modernisant. Des morceaux planants mais rythmés, bien construits, qui transportent ailleurs en prenant soin de ne pas nous perdre en chemin. Les claviers et l’orgue dominent, mais il y a aussi des guitares et des boîtes à rythme. Une belle production. Et nettement plus accessible que les précédentes parutions chez Grautag. Ça sort sur vinyle double (mais je n’ai eu qu’un promo CDr, alors aucune idée de la présentation physique).
Grautag publishes only about two records a year, but it maintains a nice level of quality. Christian Vialard, with help from Fred Bigot, delivers Neukalm, a project of electronic music that draws inspiration from the German School of the ‘70s while modernizing it. Trippy tracks loosely anchored in rhythm, well designed. The music takes us elsewhere but makes sure we don’t get lost along the way. Keyboards and organ dominate, but there’s also a lot of guitar work and drum machines. A fine production, and much more accessible than Grautag’s previous releases. This is coming out as a double LP (but I reviewed it from a promo CDR, so I can’t comment on the actual vinyl).

T’IEN LAI / Da’at (Monotype - merci à/thanks to Dense Promotion)
T’ien Lai est un duo polonais constitué de Lukasz Jedrzeijczak et Kuba Ziotek. Ils font dans l’improvisation bruitiste, en couvrant un spectre assez large. Ainsi “Serca miast zatrzymuja sie” nous balance une empilade de radios par la tête, tandis que “Tzimtzum III” développe un bourdon ambiant délicat. Entre les deux, un univers de boucles, d’effets, de sursauts anticonformistes. Solide, varié, très évocateur par moments. Une belle découverte.  [Ci-dessous: un extrait de “Gloria”.]
T’ien Lai is a Polish duo consisting of Lukasz Jedrzeijczak and Kuba Ziotek. They make noise-based improvisations that cover a rather wide spectrum. For instance, “Serca miast zatrzymuja sie” throws a pile of radio signals at us, while “Tzimtzum III” develops a delicate, ambient drone. Between these extremes, there a whole universe of loops, effects, and anticonformist shifts. Strong, varied, evocative at times. A fine discovery.  [Below: An edit of “Gloria.”]

ÉRICK D’ORION / Durch Leiden, Freude (Érick D’Orion)
Tout comme l’excellent Koursk paru l’an dernier, Érick D’Orion a décidé de publier Durch Leiden, Freude à compte d’auteur, uniquement sous forme virtuelle. Il s’agit d’un album de 33 minutes dont les pièces ont été construites à partir des enregistrements des symphonies de Beethoven par Herbert von Karajan. De Beethoven, il reste peu de chose – un ou deux accords ici et là. Cela dit, outre la très agressante “Variation très opportuniste (pour eriKm), cet album est étonnamment “ambiant”. Pourtant, D’Orion semble y appliquer les mêmes techniques de transformation et de collage sonore à la base de ses travaux bruitistes. Pour qui connaît ses autres opus, il s’en dégage quelque chose de presque aliénant. Pour les autres, c’est probablement un bon point de contact. Le “Concerto aléatoire” est particulièrement représentatif de ce “malaise” que j’ai ressenti – un malaise stimulant, dois-je ajouter.
Érick D’Orion has decided to release Durch Leiden, Freude the same way he did with last year’s excellent Koursk: by himself, as a digital album. This is a 33-minute album whose tracks were built using Herbert von Karajan’s recordings of Beethoven’s symphonies. Of Beethoven, very little remains – except for a chord here and there. And, with the exception of the ultra-aggressive “Variation très opportuniste (pour eriKm), this album is surprisingly “ambient”. Yet, D’Orion seems to be using the same sound collage and transformation techniques he applies to his noisier works. For someone who knows his other opuses, there’s something almost alienating emanating from this record. For the others, this one probably makes a good entry point. The track “Concerto aléatoire” is particularly representative of the malaise I’m feeling – a stimulating malaise I might add.

JOJO HIROSHIGE, PAAL NILSSEN-LOVE, PIKA & LASSE MARHAUG / Osaka Fortune (Premier Sang - merci à/thanks to Dense Promotion)
Rencontre en 2011 entre, d’un côté, le guitariste de Hijokaidan (Hiroshige) et le batteur d’Afrirampo (Pika) et, de l’autre, l’électroniciste de Jazzkammer (Marhaug) et le batteur de The Thing (Nilssen-Love). Deux noisicians (Hiroshige et Marhaug), deux batteurs, tout un foutoir! L’album, un vinyle, propose 15 minutes par côté, et chaque côté commence et se termine sec. Les batteries prennent une pause à l’occasion, question de laisser les tortures guitaristes de Jojo en évidence. Qualité sonore moyenne, et ce genre de découpage m’énerve, mais l’énergie est là.
A 2011 meeting between, on one hand, Hijokaidan’s guitarist (Hiroshige) and Afrirampo’s drummer (Pika) and, on the other hand, Jazzkammer’s electronicist (Marhaug) and The Thing’s drummer (Nilssen-Love). Two noisicians (Hiroshige and Marhaug), two drummers, total mayhem! This LP delivers 15 minutes per side, and each side begins and ends abruptly. The drummers take a rest here and there to let Jojo’s guitar torturing shine. Average sound quality for a noise release, and I find this kind of editing grating, but the energy’s there.