Journal d'écoute / Listening Diary
2010-12-16
JANICE MISURELL-MITCHELL / Uncommon Time (Southport)
Southport consacre un disque aux compositions de Janice Misurell-Mitchell, une flûtiste, chanteuse, poète sonore et compositrice. Uncommon Time regroupe des pièces composées sur 20 ans mais toutes enregistrées récemment. On va d’un solo de poésie sonore à des musiques de chambre, en passant par quelques pièces flûte/voix très intéressantes, où Misurell-Mitchell déballe une technique convaincante de chant dans la flûte (“Profaning the Sacred II” sur des poèmes d’Allen Ginsberg, “Blooz Man/Poet Woman” sur un texte de Regie Gibson). Ce sont les meilleurs moments du disque.
Southport devotes a CD to the compositions of Janice Misurell-Mitchell, a flutist, singer, sound poet and composer. Uncommon Time culls works composed over 20 years but all recently recorded. We move from a sound poetry solo to chamber music pieces, and a few very interesting flute/voice pieces where Misurell-Mitchell unveils a convincing flute-singing technique (“Profaning the Sacred II” on poems by Allen Ginsberg, “Blooz Man/Poet Woman” on a poem by Regie Gibson). These are the disc’s highlights.
KURT WESTERBERG / Uncertain Light (Southport)
Southport consacre aussi un disque au compositeur Kurt Wersterberg de Chicago. Quatre œuvres: un duo, un trio et deux pièces pour orchestre. L’intérêt principal d’Uncertain Light réside dans le “Piano Trio” (34 minutes) en cinq mouvements, où piano (Aglika Angelova), violon (Robert Waters) et violoncelle (Julian Hersh) ont chacun leur tempo. De fascinants chassés-croisés d’interactions. “Winter Light” pour orchestre offre de beaux jeux de sonorités en ouverture d’album.
Southport also devotes a CD to Chicago composer Kurt Wersterberg. Four works: a duo, a trio, and two orchestral pieces. Uncertain Light’s main focus is the 34-minute “Piano Trio” in five movements, where piano (Aglika Angelova), violin (Robert Waters), and cello (Julian Hersh) each follow their own tempo. Fascinating interactions. The opener “Winter Light” for orchestra also delivers nice sonic interplays.
2010-12-17
FRANK GRATKOWSKI & JACOB ANDERSKOV / Ardent Grass (Red Toucan)
J’ai rarement entendu le saxophoniste-clarinettiste allemand Frank Gratkowski dans un contexte aussi jazzé. En duo avec le pianiste Jacob Anderskov, il se lance dans des pièces feutrées et mélodiques, même si le tout semble improvisé. Ardent Grass est un disque d’une écoute étonnamment facile, si on considère l’œuvre de Gratkowski. Pourtant, il y a beaucoup de profondeur dans les interactions entre les musiciens. Mais des pièces comme “Downstairs” et “Asteroids” développent une beauté simple et immédiate. Certains trouveront que ça manque de mordant, d’autres auront ici l’occasion de découvrir le jeu de ce grand, bien qu’il est capable de beaucoup plus de dissonnance et d’aigreur.
I rarely heard German saxophonist/cliarinetist Frank Gratkowski in such a jazzy setting. In a duo with pianist Jacob Anderskov, he moves through velvety improvised melodies. Ardent Grass is a surprisingly easy listen, considering Gratkowski’s oeuvre. Yet, there is a lot of depth in what goes on between the musicians. But tracks like “Downstairs” and “Asteroids” develop a kind of simple and immediate beauty. Some will find this CD to lack bite, while others will have an opportunity to discover the playing of this great saxman, even though he usually gets much more dissonant and avant than that.
MATHILDE 253 / Mathilde 253 (Slam Productions)
Une session très sympa d’un trio relevé: Charles Hayward, Han-Earl Park et Ian Smith, plus Lol Coxhill comme invité sur deux des sept pièces. De l’improvisation libre soutenue, vive comme c’est souvent le cas avec Hayward à la batterie. Pas aussi prenant que Clear Frame (autre projet de Hayward somme toute similaire) mais aussi moins rock, plus free.
A fun session by a high-calibre trio: Charles Hayward, Han-Earl Park, and Ian Smith, plus Lol Coxhill as a guest on two of the seven tracks. Consistent free improvisation, lively like so often the case with Hayward at the drum kit. Not as consistent as the Clear Frame CD (another rather similar Hayward project), though less rock and more free.
MAKIGAMI KOICHI / Tokyo Taiga (Tzadik)
Sublimement splendide! Paru plus tôt cette, passé un peu sous silence, Tokyo Taiga est un disque divin. Makigami y propose un trio sibéro-japonais de chant, chant de gorge, guimbarde, percussions, trompette, khaen et de délicates électroniques (dont un theremin). Toutes des compositions originales, mais on jurerait de la musique traditionnelle provenant d’un ailleurs froid à l’extérieur, chaleureux à l’intérieur. Le jeu de guimbarde est créatif, atmosphérique; les arrangements sont touchants, les mélodies vivantes. Pour les amateurs de Tanya Tagaq et de K-Space, quoique Tokyo Taiga soit plus “soft” que l’un et l’autre. [Ci-dessous: Vidéo d’un fan sur la chanson “Bolor”.]
Absolutely splendid! Released earlier this year, and overlooked, Tokyo Taiga is a gem of a record. Makigami presents a Siberian/Japanese trio of vocals, throat singing, jaw’s harp, percussion, trumpet, khaen, and delicate electronics (including a theremin). All original compositions, but you’d swear they were some kind of traditional folk music from a place cold outdoors and very warm indoors. The jaw’s harp playing is very creative and atmospheric; moving arrangements; lively melodies. For fans of Tany Tagaq and K-Space, although Tokyo Taiga is softer than either. [Below: Fan video on the track “Bolor.”]