Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

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2011-06-11

2011-06-10: Rodrigues/Rodrigues/Marshall/Santos/Oliveira, Moimême/Guerreiro, Chiesa/Mariage, Vromb/Francœur, The Fierce & The Dead, Human Greed

Journal d'écoute / Listening Diary 
2011-06-10

ERNESTO RODRIGUES, GUILHERME RODRIGUES, OREN MARSHALL, CARLOS SANTOS & JOSÉ OLIVEIRA / Kinetics (Creative Sources)
Ernesto Rodrigues a gentiment comblé quelques trous dans ma collection Creative Sources. Cette session enregistrée à Lisbonne remonte à 2004. Quatre Portugais, des habitués de l’entourage de Rodrigues, et le tubiste britannique Oren Marshall. Kinetics est aride sans atteindre cette aura de mystère qui confère quelque chose de spécial à plusieurs des productions de cette étiquette. La magie opère moins ici, le discours semble décousu.
Eresto Rodrigues kindly helped me fill in a few holes in my Creative Sources collection. This sessions was recorded in Lisbon in 2004. Four Portuguese musicians, all regular members of Rodrigues’ entourage, plus British tubist Oren Marshall. Kinetics is dry without achieving the aura of mystery that gives something special to several Creative Sources productions. The magic is less potent on this release, the improvised discourse is more scattered.

ABDUL MOIMÊME & RICARDO GUERREIRO / Khettahu (Creative Sources)
Le guitariste portugais Abdul Moimême commence à faire impression sur moi. Après un disque solo chez Creative Sources, puis une collaboration avec le duo de percussions Diatribes, le voici en duo avec l’électronicien Ricardo Guerreiro, dans une session studio enregistrée en juin 2010. Moimême a développé une technique pour jouer de deux guitares préparées simultanément. Guerreiro capte et traite son jeu en temps réel. Kettahu est un disque atmosphérique, lourd sans être dense, une écoute captivante.
Portuguese guitarist Abdul Moimême is starting to catch my ear. After a solo CD on Creative Sources and a collaboration with percussion duo Diatribes, here he is in a duo with computer performer Ricardo Guerreiro. This is a studio session recorded in June 2010. Moimême has developed a technique to play two prepared guitars at once. Guerreiro captures and manipulates his playing in real time. Kettahu is atmospheric, heavy without getting dense, quiet in its own way. A captivating listen.

Quand je parlais de magie sur les disques Creative Sources, en voici un parfait exemple. L’univers sonore de David Chiesa (contrebasse?) et Jean-Sébastien Mariage (guitariste de Chamæleo Vulgaris et Hubbub) est extrêmement dépouillé, peuplé d’un silence qui invite à recentrer l’écoute. Dépouillé mais loin d’être ennuyant, chaque intervention revêtant une importance inusitée et tissant des liens forts avec ce qui vient avant et après. Bref, une écoute exigeante mais très enrichissante, le genre de disque qui me tient rivé à mon siège.
When I mentioned magic about Creative Sources records, this is a perfect case. The soundworld of David Chiesa (doublebass?) and Jean-Sébastien Mariage (guitarist with Chamæleo Vulgaris and Hubbub) is extremely stripped down, populated with silence that invites you to refocus your listening. Spartan, but far from boring: each intervention becomes unusually important, drawing ties with what comes before and after. In short, a demanding yet oh so rewarding listen, the kind of record that keeps me on the edge of my seat.

VROMB FRANCOEUR / Avant Ailleurs (Oral)
Une collaboration inattendue entre l’électronicien Vromb et le vieux poète rebelle Lucien Francœur! (Et Michel Meunier qui ajoute des effets de guitare.) Avant Ailleurs est musicalement très solide: des textures riches embrassant à la fois l’esthétique glitch et le drone, une musique évocatrice mais résolument moderne qui tranche (ça ne peut être que volontairement) avec les textes de Francœur qui parlent d’ailleurs, oui, mais surtout d’avant - réminiscences d’un Montréal révolu (“Cosmos 1976”, “Montréal 1966”, “Tu t’en rappelles-tu?”) et retour sur des thèmes fétiches (“L’Amérique inavouable”, “On achève bien les rockeurs”). Étonnamment poignant et efficace.
An unexpected collaboration between electronician Vromb and old rebel poet Lucien Francoeur (of Aut’chose). And Michel Meunier on extra guitar effects. French-deaf listeners will lose a lot with Avant Ailleurs, since Francoeur’s recitations about a bygone Montréal create a stunning contrast with Vromb’s modern take on glitch electronica and drone music. For the Francophone that I am, this album comes through as surprisingly poignant and efficient, but listeners who can’t understand Francoeur’s acid poetry may feel his voice simply gets in the way.

THE FIERCE & THE DEAD / If It Carries On Like This We Are Moving To Morecambe (ind.)
Je ne sais pas d’où ils viennent, mais ce trio vient de lancer un solide premier album. Du post-rock pas trop atmosphérique, mordant par bouts (ça vire même assez métal le temps d’une pièce). Dans l’esprit de Mogwai et God Is An Astronaut. Une production très honnête et maîtrisée. La version physique de l’album sort dans quelques jours, mais vous télécharger en payant ce que vous voulez sur le site bandcamp du groupe. Et en attendant, vous pouvez pré-écouter tout l’album ci-dessous.
I don’t where they come from, but this trio just released a strong debut album. Post-rock, not too atmospheric, with some bite at times (one track even veers into metal territory). In the spirit of early Mogway and God Is An Astronaut. A very honnest production, under control. The digipak is coming out in a few days, and a downloadable version is available as a pay-what-you-want on the band’s bandcamp site. And you can even preview the whole thing below.

HUMAN GREED / Fortress Longing (Omnempathy)
Mon premier contact avec le projet Human Greed de Michael Begg. Fortress Longing est son quatrième album. Un très beau voyage sonore d’une heure, en douze mouvements enchaînés. Une musique qui combine le shoegazing, la composante ambiante du doom expérimental – entre Stars of the Lid et Svarte Greiner – avec un aspect production plus relevé. Très esthétique et immersif, prenant sans s’imposer. Mélancolique mais jamais larmoyant. Du très solide.
My first contact with Michael Begg’s Human Greed project. Fortress Longing is his fourth album. A gorgeous one-hour aural journey in twelve segued movements. Music that combines shoegazing with the ambient component of experimental doom – somewhere between Stars of the Lid and Svarte Greiner – with more sophisticated production values. Very esthetic and immersive, grabbing without imposing. Melancholic but not over the top. Very convincing stuff.

2011-06-09

2011-06-08: Brink Man Ship, Galeone5, Sun Ra, Steve MacLean Ensemble, The Ex


Journal d'écoute / Listening Diary 
2011-06-08

BRINK MAN SHIP / Instant Replay (Unit Records)
Un quatuor suisse d’électrojazz, avec un clarinettiste basse et contrebasse (Jan Galega Brönnimann), un guitariste (René Reimann), une bassiste (Emanuel Shnyder) et un batteur (Christoph Staudenmann). Les quatre musiciens font aussi des électroniques qui se limitent parfois à des textures sonores, mais qui sont ailleurs parfaitement intégrées au développement musical. Treize morceaux, tous sous les sept minutes sauf un. Tentations acid jazz, penchants techno, mais essentiellement un électrojazz vif et songé qui rappelle parfois Spaceheads. Le rappeur Nya fait un excellent boulot sur la pièce-titre. J’ai fort apprécié.  [Ci-dessous: Cette page mène à un lecteur média qui propose des extraits de toutes les pièces de l’album.]
A Swiss electrojazz quiartet with bass/contrabass clarinet (Jan Galega Brönnimann), guitar (René Reimann), bass (Emanuel Shnyder) and drums (Christoph Staudenmann). All four musicians also play electronics used at times only as background textures but are elsewhere perfectly integrated to the musical developments. Thirteen pieces, all under seven minutes save one. Acid jazz temptations, techno leanings, but basically some vivid and matured electrojazz at times reminiscent of Spaceheads. Guest rapper Nya does a great job on the title track. This is the good stuff.  [Below: This link opens a media player loaded with soundbytes from every track of the album.]

GALEONE5 / Laikan (Unit Records)
Un quintette sympa dirigé par Pascal Galeone, chanteur de jazz sans parole qui rappelle parfois Theo Bleckmann, parfois Naná Vasconselos. Il est entouré d’une guitare électrique, d’un trombone basse, d’une contrebasse et d’une batterie, pour un jazz urbain tour à tour mordant et atmosphérique. Répétitif à la longue et frôlant la facilité ici et là, mais généralement bien.
A charming quintet led by Pascal Galeone, a wordless jazz singer that brings to mind Theo Bleckmann (to an extent) and Naná Vasconselos. He is backed by electric guitar, bass trombone, douvlebass and drums. Urban jazz that can be bity and atmospheric in turns. Laikan grows repetitive on the long run and it borders on cheesiness here and there, but it’s good overall.

SUN RA / Space Probe (Art Yard)
Art Yard propose une version augmentée de Space Probe, album bicéphale paru à l’origine en 1974. Bicéphale parce que la face A proposait une longue pièce sur synthétiseur Moog enregistrée en 1969, alors que la face B portait deux pièces de musique pseudo-primitive (beaucoup de percussions) enregistrées sept ans plus tôt. Cette réédition pousse vers le tricéphalisme en ajoutant cinq fragments inédits issus des sessions pour les albums Secrets of the Sun et When Sun Comes Out. Si j’ai bien compris - les notes de livret sont mal rédigées. “Space Probe” (au Moog) vaut le déplacement. Pour le reste, ceci n’est pas un essentiel de Sun Ra.
Art Yard just released an augmented reissue of Space Probe. This double-headed album first came out in 1974. Two-headed because side A featured a long Moog synthesizer track recorded in 1969, while side B offered two pseudo-primitive pieces (lots of percussion) recorded seven years earlier. This reissue adds a third head with five previously unreleased fragments from the sessions for the albums Secrets of the Sun and When Sun Comes Out. If I got it right – the liner notes are a mess. “Space Probe” (at the Moog) is definitely worth hearing, but the rest is not essential Sun Ra.

STEVE MACLEAN ENSEMBLE / GPS (ReR Megacorp)
Décidemment, je n’accroche pas à l’univers musical de Steve MacLean. Disque après disque, sa musique, sans me déplaire, me laisse plutôt froid. Je ne m’emmerde pas, mais je n’y reviens plus. GPS propose onze pièces instrumentales enregistrées en groupe (quatre autres musiciens), certaines improvisées, d’autres composées. Ça me fait penser à certains disques de Mike Keneally. C’est fin mais ça manque de punch. Et en mode calme, ça frôle le soporifique.
I’m not sure why, but it is now clear that Steve MacLean’s soundworld doesn’t grab me. Record after record, his music leaves me rather cold, without actually displeasing me. I’m not bored by it, but I never come back to it passed the first listen. GPS features eleven instrumental pieces recorded with a band (four other musicians). Some are improvised, some are composed. I’m reminded of some records by Mike Keneally. It’s intelligent, but it lack punch. And when it gets into peaceful mode, it gets REALLY peaceful.

THE EX / Strange Alternators (Ex Records)
1998: Katerina, Terrie, Andy, Luc et Sok - l’allignement classique s’il en fut un. Un rock d’avant-garde à l’énergie punk mais aux apports avant-gardistes qui dépassent tant les vues réductrices du punk comme establishment. Je trouve Strange Alternators supérieur à Dizzy Spells. À cause de “Frenzy”, à cause de “Art of Losing”, à cause de “Mother” (chantée par Katerina), à cause de l’esprit de sédition et d’improvisation qui règne sur ce disque.
1998: Katerina, Terrie, Andy, Luc and Sok – the classic line-up if there ever was one. Avant-rock with a punk energy, although the music’s avant-garde ties go far beyond the reductive views of the punk establishment. I find Strange Alternators superior to Dizzy Spells. Because of “Frenzy”, because of “Art of Losing”, because of “Mother” (sung by Katerina), because of the spirit of sedition and improvisation that runs throughout this record.

2011-06-08

2011-06-07: Steve Day, LIM/Ducret, Marc Ducret, Keith Tippett Group, Maïkotron Unit, Angeli/Fukushima


Journal d'écoute / Listening Diary 
2011-06-07

STEVE DAY / Song of the Fly (Leo Records)
Je suis très ambivalent face à ce disque, ainsi qu’au précédent de Steve Day, journaliste musical devenu poète néo-Beat. Song of the Fly propose une séquence musicale divisée en huit chapitres. Cette fois, la musique semble plus écrite qu’improvisée - et l’écriture propose de beaux moments, dont les ponctuations dans “I Say to the Dharma”. Mais la voix traînarde de Day, toujours appuyée d’un petit flanger inutile, agace. Même la citation d’Anthony Braxton (“Composition No. 207”) dans “Snow at Easter (for the Professor)” m’a laissé froid.
I hesitate in front of this disc as I did with the previous effort from Steve Day, music journalist turned neo-Beat poet. Song of the Fly is a musical sequence divided into eight chapters. This time, the music sounds more written down than improvised, and the songwriting has fine moments to offers, like the punctuations in “I Say to the Dharma.” However, Day’s dragging voice and the useless flanger FX it carries anoy me. Even the Braxton quote (“Composition No. 207”) in “Snow at Easter (For the Professor)” left me cold.

LIM & MARC DUCRET / LIM with Marc Ducret (Kopasetic)
Une collaboration entre le guitariste Marc Ducret et le trio suédois LIM (Henrik Frisk, saxo; David Carlsson, basse électrique; Peter Nilsson, batterie). Un jazz actuel qui s’inspire du fusion à travers un détour dans le jazz scandinave. Bien qu’agréable d’un bout à l’autre, ce disque m’a d’abord fait peu d’impression, puis à partir de “The Medallion” c’est comme si les choses étaient passées au niveau supérieur: “The Tranebird”, enlevante avec un solide solo du guitariste, et “How Black Can It Get?”, évocatrice, avec un solo de saxo puissamment conçu.
A collaboration between guitarist Marc Ducret and Swedish trio LIM (Henrik Frisk, sax; David Carlsson, electric bass; Peter Nilsson, drums). Creative jazz that draws inspiration from fusion jazz through a detour in Scandinavian jazz. Though enjoyable throughout, this record wasn’t making much of an impression on me until things kicked into a higher gear starting with “The Medallion,” followed by the uplifting “The Tranebird” with a strong Ducret solo and “How Black Can It Get?” where the saxophone steals the spotlight.

 MARC DUCRET / Tower, vol. 1 (Ayler Records)
Revoici le guitariste Marc Ducret à la tête d’un quintette un peu particulier: trois cuivres (trompette, trombone, saxo basse), guitare électrique et batterie. Musique essentiellement composée et enregistrée devant public à Tours, en France (d’où le titre de l’album). Une musique puissante, volubile, un jazz fusion actuel enlevant, quelque part entre Element, le Scorch Trio et Tim Berne. Recommandé.  [Ci-dessous: Un extrait de l’album.]
Guitarist Marc Ducret again, this time leading a peculiar quintet: three horns (trumpet, trombone, bass sax), electric guitar and drum kit. Mostly composed music, recorded live in Tours, France (hence the title). Powerful, volatile music, riveting creative fusion jazz, somewhere between Element, Scorch Trio and Tim Berne. Recommended.  [Below: An excerpt from the album.]

THE KEITH TIPPETT GROUP / You Are Here… I Am There (Disconforme)
Je m’accorde ce petit retour en arrière: le premier disque du Keith Tippett Group, en 1970, avec Elton Dean, Mark Charig, Nick Evans, Jeff Clyne et Alan Jackson. Du matériel tout écrit, moins révolutionnaire que Septober Energy, Blueprint ou Ovary Lodge, même tout de même un jazz moderne, audacieux, de l’Angleterre du tournant des années 70. Un coup de cœur.
Can I have the luxury of a little blast from the bast? The debut LP from the Keith Tippett Group, in 1970, with Elton Dean, Mark Charig, Nick Evans, Jeff Clyne, and Alan Jackson. All written-down material, less revolutionary than Septober Energy, Blueprint ou Ovary Lodge, but still a great slice of bold modern jazz, UK-style. A must-have.

Le trio québécois Maïkotron Unit existe depuis 26 ans, mais Ex-Voto est son premier disque compact (des traces ont été laissées sous d’autres formes). Le maïkotron est un instrument inventé, qualifié d’ornithorynque en laiton à la tessiture plus grave qu’un saxophone basse. Le trio a développé son son au fil du temps et autour de cet instrument, qu’il utilise parfois et parfois non. Le batteur Michel Lambert en joue, le clarinettiste Michel Côté aussi (on se rappellera la participation de Côté aux projets Tapestries et Envoi de Bill Dixon). Pierre Côté complète le trio à la contrebasse et au violoncelle. Ex-Voto propose une musique actuelle qui procède du jazz mais s’en éloigne largement. Une solide synergie soude les parties en présence. Recommandé.  [Ci-dessous: Un “making-of” d’Ex-Voto. On voit le maïkotron à la fin.]
Québécois trio Maïkotron Unit has been around for 26 years, yet Ex-Voto is their first compact disc (they have left traces on other media). The maïkotron is a self-built instrument described as a brass aardvark with a range below a bass saxophone. The trio developed its sound through time and around this instrument, which they don’t use all the time. Drummer Michel Lambert plays it, bass clarinetist Michel Côté too (he was a part of the late Bill Dixon’s Tapestries and Envoi projects). Pierre Côté rounds up the trio on doublebass and cello. Ex-Voto features musique actuelle proceeding and but straying far from jazz. Strong synergy pulls all three musicians together. Recommended.  [Below: The making of Ex-Voto. See the maïkotron toward the end.]

PAOLO ANGELI & TAKUMI FUKUSHIMA / Itsunomanika (ReR Megacorp)
Un concert en duo entre Paolo Angeli (avec sa guitare sarde préparée si bien mise en évidence sur le DVD Tibi) et la violoniste française d’origine japonaise Takumi Fukushima (elle a joué quelques années dans Volapük). Une prestation devant public qui entremêle compositions de l’un et de l’autre et des deux. Je ne connais pas la carrière de Fukushima à l’extérieur de Volapük, mais du côté d’Angeli je remarque plusieurs compositions fétiches, dont “Nita” et “L’ultima nave”. Les compositions à deux sont en fait des improvisations ou des extensions des pièces de l’un et de l’autre. C’est gentil, avec une belle synergie (et de nouveaux arrangements, évidemment), et Fukushima a une jolie voix fragile. Un concert agréable et sympathique, mais qui ne fera pas taire les détracteurs d’Angeli qui soutiennent qu’il se répète.
A duo concert between Paolo Angeli (and his prepared Sardinian guitar so brilliantly showcased on the Tibi DVD) and Japanese-French violinist Takumi Fukushima (she played in Volapük for a few years). A live performance that blends compositions from one, the other and both. I am not versed in Fukushima’s career outside of Volapük, but on Angeli’s side I notice several favourites creeping in again, like “Nita” and “L’ultima nave.” The pieces credited to both are actually improvisations or extensions on pieces from one or the other. It’s pretty, with a fine synergy between the two (and revisited arrangements, of course), and Fukushima has a nice fragile voice. An enjoyable set, although this CD won’t change the minds of detractors of Angeli claiming that he is repeating himself.

2011-06-07

Délire actuel, 2011-06-07


DÉLIRE ACTUEL

Réécoutez (streaming ou téléchargement) la dernière édition de Délire actuel ICI (cherchez Délire actuel dans la liste).
You can listen (stream or download) to the latest Délire Actuel broadcast HERE (look for Délire Actuel on the list of shows).

Édition du 7 juin 2011
Broadcast of June 7, 2011

DESCRIPTION
DESCRIPTION
L’avant-prog selon Cuneiform et altrOck, et autres avant-rock: Une oreille sur les parutions récentes de Cuneiform, volet rock (le volet jazz de l’étiquette fera l’objet du prochain Délire actuel), celles d’altrOck, plus deux ou trois autres trucs avant-rock.
Avant-Prog According to Cuneiform and altrOck, and Other Takes on Avant-Rock: An ear on Cuneiform’s recent rock releases (their jazz releases will be featured next week), altrOck’s recent releases, and two or three other avant-rock things.

GUTBUCKET / Born Again Atheist Suite (17:29) - Flock (Cuneiform)

AFUCHE / Monster Smith (3:43) + Here’s to Here’s to Toast (0:59) + Here’s to Toast (4:43) - Highly Publicized Digitized Boxing Match (Cuneiform)
PLANETA IMAGINARIO / Imperfect Elements in Red Quartz (13:16) - Optical Delusions (Cuneiform)

GÖSTA BERLINGS SAGA / 354 (5:54) - Glue Works (Cuneiform)

CALOMITO / Bella Lee (3:34) - Cane di schiena (altrOck)
FACTOR BURZACO / Inmemorian (5:40) - II (altrOck)
HUMBLE GRUMBLE / Purple Frog (5:05) - Flanders Field (altrOck)
RON ANDERSON’S PAK / Let Me Tell You Something (6:29) - Secret Curve (Tzadik)

Q / No Coffee, No Speak (16:11) - Q (Rude Awakening)

JACK DUPON / Cravate (9:28) - Démon hardi (Musea)


Merci à/thanks to:


COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

AFUCHE
Prestation en direct sur BlogTV.
Performing live on BlogTV.

CALOMITO
En concert, interprétant une autre pièce de l’album Cane di schiena.
Live, performing another track from their new CD Cane di schiena.

Délire Musical, 2011-06-07


DÉLIRE MUSICAL
Réécoutez (streaming ou téléchargement) la dernière édition de Délire musical ICI (cherchez Délire Musical dans la liste).
You can listen (stream or download) to the latest Délire musical broadcast HERE (look for Délire Musical on the list of shows).

Édition du 7 juin 2011 (rediffusion le 13 juin)
Broadcast Date: 7 juin 2011 (rebroadcasted on June 13)

LISTE DE DIFFUSION
PLAYLIST

Thème/Theme: FRANK PAHL / Mid-Century Modern Waltz - Music for Architecture (Transmogrification)

HUMBLE GRUMBLE / Sirens Dance (3:52) - Flanders Field (altrOck)
CHARMING HOSTESS / The Procedure and King Cobra (4:13) - Punch (ReR Megacorp)
ELDRIDGE SKELL’S THE RUDE STAIRCASE / Variations on a Theme by Michael Jackson (5:26) - Sookie Jump (What Delicate)

JULIEN REVILLOUD TRIO / L’OVNI (4:24) - Carré d’as (Unit Records)
OZRIC TENTACLES / Holoedron (5:49) - The Hidden Step (Snapper)
GOD IS AN ASTRONAUT / Post Mortem (5:52) - God is an Astronaut (Revive)

LITTLE BANG THEORY / Carillon (3:07) - Toy Suites and Themes (Transmogrification)
JOHN ZORN - THE DREAMERS / Solitaire (2:10) - O’o (Tzadik)
RUPERT HINE / I Hang On to My Vertigo (4:59) - Immunity (Misplaced)
SYLVAIN CHAUVEAU / Et peu à peu les flots respiraient comme on pleure (3:24) - Le livre noir du capitalisme (DSA)

MY BRIGHTEST DIAMOND / Goodbye Forever (3:53) - A Thousand Sharks’ Teeth




Merci à/thanks to:
*Braithwaite & Katz


COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

LITTLE BANG THEORY
Voici l’original de “Carillon”, par Ennio Morricone.
Here is Ennio Morricone’s original recording of “Carillon.”

Et voici une vidéo amateure en concert - très instable, la vidéo, mais un rare document de ce trio sur scène.
And here is some live amateur footage - very shaky footage, but a rare live documentation of this trio.

2011-06-06: Andy Akiho, Meira Warshauer, Mimmo/Sjöström, Calomito, Frank Pahl, Little Bang Theory

Journal d'écoute / Listening Diary 
2011-06-06

ANDY AKIHO / No One to Know One (Innova)
Andy Akiho joue du steel pan (le tambour métallique des Caraïbes). Il est aussi compositeur, pour cet instrument et pour d’autres. No One to Know One présente dix compositions. Une seule (“Kiiro - Yellow”) n’inclut pas le steel pan dans son instrumentarium. On trouve un solo de steel pan, deux trios (steel pan, trompette et violon; steel pan, contrebasse et batterie), un quatuor (steel pan, violoncelle, contrebasse et batterie), quelques pièces pour ensemble de chambre, ainsi qu’une pièce pour steel pan et boucles de violoncelle. L’écriture va de pièces aux connotation insulaires et des moments rappelant Philip Glass. La musique est touchante, élégante, les arrangements soignés mais accessibles. Une belle surprise et un disque qui sort le steel pan du ghetto de la World Music.  [Ci-dessous: La pièce-titre, en concert.]
Andy Akiho plays the steel pan (a steel drum from the Caribbean). He is also a composer, for this and other instruments. No One to Know One features ten compositions. Only one (“Kiiro - Yellow”) doesn’t include the steel pan in its instrumentation. There is a steel pan solo, two trios (steel pan, trumpet and violin; steel pan, doublebass and drum kit), a quartet (steel pan, cello, doublebass, drum kit), a few pieces for chamber ensemble, and one piece for steel pan and cello loops. The writing ranges from insular connotations to moments reminiscent of Philip Glass. The music is moving, elegant, with sophisticated yet accessible arrangements. A nice surprise and a record that take the steel pan out of the World Music ghetto.  [Below: The title track performed live.]

MEIRA WARSHAUER / Living Breathing Earth (Navona)
D’un instrument inhabituel à l’autre, voici la compositrice Meira Warshauer qui propose un concerto pour shofar (un cor traditionnel juif) intitulé “Tekeeyah” - une douce pièce d’éveil aux harmonies délicates, très agréable. Le disque contient aussi la première symphonie de Warshauer, “Living Breathing Earth”, une œuvre plus turbulente mais encore une fois très accessible. Dans les deux cas, une beauté simple et assumée. Le disque comporte une portion CD-ROM avec partitions, entrevue radiophonique et entrevues vidéo.
From one unusual instrument to another, here is composer Meira Warshauer with a concerto for shofar (a traditional Jewish horn) entitled “Tekeeyah” – a quiet awakening piece with delicate harmonies, quite enjoyable. The D also includes Warshauer’s first symphony “Living Breathing Earth,” more eventful yet once again very accessible. Both pieces showcase simple and assured beauty. The record includes a CD-ROM partition with scores, a radio interview and video interviews.

GIANNI MIMMO & HARRI SJÖSTRÖM / Live at Bauchhund, Berlin 2010 (Aminari)
Un duo de saxos sopranos, enregistré à la bonne franquette et monté en laissant les interactions avec le public. L’esprit est bon enfant, mais les improvisations sont sérieuses et adroites, avec un intéressant mélange d’atonalisme et de jeux harmoniques entre les deux instruments.
A duo of soprano saxophones recorded on the fly and edited with interactions with the audience left in. The ambience is very relaxed, but the free improvisations are serious and skillful, with an interesting blend of atonality and harmonic interplay between the instruments.

CALOMITO / Cane di schiena (AltrOck/Megaplomb)
Un groupe italien d’avant-prog, aux influences allant de Henry Cow à Univers Zero, en passant par Picchio dal Pozzo et Robert Wyatt - et une touche de musique actuelle québécoise, surtout dans l’utilisation du trombone. Cane di schiena s’écoute aisément mais promet de récompenser largement l’écoute attentive. Le premier contact est fort positif, avec les pièces “Bella Lee”, “Parliamone” et “Pappa Irreale” qui se détachent. Entièrement instrumental.  [Ci-dessous: Trois extraits de l’album offerts sur SoundCloud.]
An Italian avant-prog band with influences ranging from Henry Cow and Univers Zero to Picchio dal Pozzo and Robert Wyatt – and a touch of Quebec musique actuelle, especially in how the trombone is used. Cane di schiena goes down easily while promising a rewarding attentive listen. First contact is very positive, with tracks “Bella Lee”, “Parliamone” and “Pappa Irreale” standing out.  [Below: Three excerpts available on SoundCloud.]

FRANK PAHL / Music for Architecture (Transmogrification)
Un petit disque tout simple de piano préparé à la sauce Frank Pahl. Un projet né d’une commande de musique pour piano préparé pour un court documentaire d’Ed Moore sur Eero Saarinen. L’occasion d’une recherche sur cet instrument. Résultat: une suite de 15 minutes pour ledit film, mais aussi 16 courtes pièces instrumentales, des constructions studio où Pahl, grand compositeur pour instruments jouets, automates et trucmuches disparates, utilisent l’héritage de John Cage pour donner un corps différent à son art finement naïf. Au final, Music for Architecture est Pahl d’abord, piano préparé ensuite – on a même droit à une ou deux mélodies sifflées. Très bon et dans une classe à part si on considère la discographie de Pahl, un peu comme sa collaboration avec Klimperei (Music for Desserts).
A simple little record of prepared piano à la Frank Pahl. This project started as a prepared piano music commission for a short documentary by Ed Moore on Eero Saarinen. And turned into a research phase on the instrument. Result: a 15-minute suite for said film, and 16 short instrumental tracks, studio constructs where Pahl (a major composer for toy instruments, automatons and assorted gizmos), uses builds on John Cage’s legacy to give to his finely naive art a different body. In the end, Music for Architecture is Pahl music first, prepared piano music second - we’re even treated to a whistled melody or two. Very good and something different in the man’s discography, like his collaboration with Klimperei (Music for Desserts) was.

LITTLE BANG THEORY / Toy Suites and Themes (Transmogrification)
Un deuxième album pour Little Bang Theory, le trio de musique de jouets dirigé par Frank Pahl. Le film constitue le fil d’Ariane et l’influence première sur ce disque. On a droit à deux reprises en bonne et due forme (un Morricone et la “Lullaby” de Navarette pour Pan’s Labyrinth), à des musiques composées pour accompagner des projections de films muets, et à des citations diverses dans les deux “Toy Suites”, dont “Toy Suite #2” qui propose 25 minutes de musique originale et de clins d’œils entremêlés. L’album dans l’ensemble est splendide, d’une complexité désarmante (mais si simple à la fois), souvent mélancolique et westernesque (ô Ennio, quand tu nous tiens). Un tantinet moins rigolo que le premier album, mais peut-être plus accompli au niveau de l’écriture. Disons simplement que sur cet opus, je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer une seule seconde d’Only a Mother.
A second album for Little Bang Theory, the toy music trio led by Frank Pahl. Cinema is the thread and main influence running throughout this record. There are two official covers (one Morricone and Navarette’s “Lullaby” from Pan’s Labyrinth), compositions designed to accompany projects of silent films, and various film music quotes embodied in the two “Toy Suites” – “Toy Suite #2” features 25 minutes of original music with nods mixed in. The album as a whole is gorgeous, of a disarming level of complexity (yet so simple at the same time), often melancholic and western-like (oh Ennio). A tad less funny than the first album, but perhaps more accomplished in the composition department. Let’s just say that with this opus, I didn’t have time to miss Only a Mother.