Journal d'écoute / Listening Diary
2012-06-21/22
MAÏKOTRON UNIT / Effugit (Jazz from Rant)
La renaissance du Maïkotron Unit se poursuit. Après Ex-Voto, qui a
marqué l’entrée du trio dans l’ère numérique, voici Effugit, à
paraître dans deux semaines. Enregistré dans une église, ce disque poursuit sur
la lancée du précédent, proposant des improvisations subtiles, profondes,
suaves même. La palette sonore est très vaste et les maïkotrons (des
instruments hybrides assemblés à partir de pièces disparates d’instruments à
vent) sont bien en évidence, quoi qu’ils n’occultent jamais le jeu splendide du
violoncelliste-contrebassiste Pierre Côté. Meilleur qu’Ex-Voto et,
disons le franchement, un sommet dans l’improvisation libre québécoise. [Ci-dessous: Une “outtake” de
l’enregistre d’Effugit.]
The rebirth of the Maïkotron Unit continues with Effugit,
the follow-up to the trio’s first CD Ex-Voto.
Recorded in a church, the album feels like a continuation of the previous opus
and features subtle, deep, even suave free improvisations. The sound palette is
very wide, and the maïkotrons (hybrid instruments made from bits and pieces of
cannibalised wind instruments) are put to great use, although they never
unreasonably steal the spotlight away from Pierre Côté’s stellar cello and
doublebass work. Better than Ex-Voto and, frankly, a peak in
the history of Québécois free improvisation. [Below: An outtake from the recording sessions.]
GOLDENBATS / Goldenbats II (Spectropol)
Geoff Duncanson et Dennis Meade livrent ici 26 solides
minutes de musique électronique ambiante. Une pièce en quatre mouvements
voguant entre la texture abstraite et la mélodie minimaliste. Sans prétention,
sans s’imposer, mais très bien fait, sans excès.
Geoff Duncanson and Dennis Meade deliver 26 strong
minutes of ambient electronic music. One piece, four movements drifting between
abstract textures and melodic minimalism. Unimposing but very well done,
measured, elegant all the way.
ANTHONY BRAXTON & JOE MORRIS / Four Improvisations (Duo) 2007 (Clean Feed)
Le sac du FIMAV. Un coffret de quatre disques
documentant quatre heures d’improvisation libre entre Braxton (qui a accès à
toute sa gamme de saxophones) et Joe Morris (à la guitare électrique). C’était
leur première rencontre en duo. Le premier et le troisième disques sont
splendides: des impros vives où se développe un dialogue riche et non linéaire.
Le second disque est décevant - on sent une certaine fatigue. Le quatrième a
des longueurs, mais aussi de très beaux moments, dont un passage lyrique,
mélodique, d’une simplicité désarmante. En passant, Morris est ici en mode jazz
improvisé: guitare électrique sans distortion.
The FIMAV haul. This 4-CD boxset documents four
hours of free improvisation between
Braxton (who has access to his whole collection of saxophones) and Joe
Morris (on electric guitar). This was their first encounter as a duo. The first
and third CDs are gorgeous: lively pieces where a rich non-linear dialogue is
developed. The second disc is disappointing – I hear a bit of fatigue. And the
fourth disc has overlong passages alongside beautiful moments, including a
stretch of lyrical, melodious playing of disarming simplicity. By the way,
Morris is here in improvised jazz mode: no distortion (that’s how I like him
best).
GUIDO MÖBIUS / Spirituals (Karaoke
Kalk)
J’ai aimé - mais sans plus - mes rencontres
précédentes avec la musique de Guido Möbius. Or, je me suis franchement amusé
avec Spirituals, un disque qui mélange textes bibliques,
électronica, cut-up, soul et grooves tordus. Belle unité thématique sans
sacrifier la diversité de la palette. Super disque estival.
I enjoyed - but that’s it – my previous encounters
with Guido Möbius’s music. However, I had a great time with Spirituals,
an album blending biblical texts, electronica, cut-up, soul, and twisted
grooves. A nice cohesion without sacrificing on sound palette width. Great
off-kilter summer music.
Du nouveau Magma. Du VRAI nouveau Magma (puisque,
depuis la réactivation du groupe, Christian Vander avait plutôt complété des
œuvres – K.A. et Emehntet-Re –
entamées dans les années 70). Oui, c’est court: 28 minutes, plus une courte
pièce vocale en complément. Mais que c’est bon! Félicité Thösz nous
ramène au langage musical de la trilogie Theusz Hamtaak, soit
moins jazzé que K.A., moins sombre que Emehntet-Re, plus
près du caractère martial de MDK. Vander ne
réinvente rien avec ce disque, mais il prouve hors de tout doute que son
univers musical est bien vivant, que son langage (musical et phonétique) recèle
d’autres œuvres pertinentes, qu’on peut s’enthousiasmer à l’idée que le canon
magmaien pourrait s’enrichir encore. Le fan que je suis est ravi de ce disque.
Profondément ravi. Et le duo “père et fils” entre Vander et Hervé Aknin est une
pièce d’anthologie. [Ci-dessous:
“Tsaï”, un mouvement de “Félicité Thösz”.]
New Magma music. ACTUAL new Magma music (since the
band’s reactivation, Christian Vander had only completed works – K.A.
and Emehntet-Re – he had started writing in the ‘70s).
Yes, it’s a short album: 28 minutes for the main work, plus a short vocal
piece. But it’s sooooo good! Félicité Thösz brings us back to
the music language of the Theusz Hamtaak trilogy: less jazzy than
K.A., less dark than Emehntet-Re, closer to the
martial feel of MDK at times. Vander isn’t reinventing
anything on this record, but he is proving beyond doubt that his musical
universe is still very much alive, that his musical and lyrical language hold
more relevant works, and that we can get excited about the idea that the Magma
repertoire could continue to grow. The fan that I am is delighted. Deeply
delighted. And the “father & son” duo between Vander and Hervé Aknin is a
moment of anthology. [Below:
“Tsaï,” a movement from “Félicité Thösz.”]
JOHN ZORN / Templars: In Sacred Blood (Tzadik)
Ce sixième disque du projet Moonchild de John Zorn est
très différent des précédents. Disons qu’il est autant différent de The
Crucible et Ipsissimus que Six
Litanies for Heliogabalus l’était de Moonchild et d’Astronome. Et
bien qu’on demeure dans l’univers glauque, cru et viscéral de Moonchild,
plusieurs différences sont à signaler. À commencer par l’ajout de John Medeski
à l’orgue (une orgue sale, vile, qui rappelle celle de Jamie Saft). Mentionnons
ensuite la présence d’un livret étoffé, en latin, signé par Zorn et chanté par
Patton qui, dès lors, vocifère et hurle beaucoup moins. Il adopte souvent un
ton posé mais constamment menaçant. Ce n’est pas à dire que ça n’explose pas de
temps en temps, mais la musique et les musiciens visent plus l’ambiance que
l’intensité. Cela dit, je trouve Templars nettement plus
poignant et moins prévisible que The Crucible ou Ipsissimus. Et pour
qui (comme moi) commence à douter de l’intérêt que Zorn puisse avoir encore
dans des expressions musicales plus sauvages que The Dreamers ou son Modern
Jazz Quartet, Templars fait beaucoup de bien.
This sixth CD by John Zorn’s Moonchild project is
very different from its predecessors. Let’s say it’s as different from The
Crucible and Ipsissimus than Six
Litanies for Heliogabalus was from Moonchild and Astronome.
And while we’re still in Moonchild’s gloomy, raw and visceral sound world,
there are a few differences that should be pointed out. First is the addition
of John Medeski on organ (a vile, dirty organ similar to Jamie Saft’s). Then,
there’s the presence of a hefty libretto written by Zorn in Latin and sung by
Patton who gets a lot less free time to growl and yap. Patton often sounds
serene here, but he always sounds menacing too. The music does explode from
time to time, but both music and musicians are putting more work into the
ambience than the intensity. That being said, I find Templars
a lot more poignant and a lot less predictable than The
Crucible or Ipsissimus. And for someone (like me) who started
doubting that Zorn had any interest left in forms of musical expression wilder
than The Dreamers or his Modern Jazz Quartet, Templars is a
welcome release. Very much so.