Journal d'écoute / Listening Diary
2011-09-12
Il y a toujours une certaine légèreté dans les œuvres de Roxanne Turcotte, une légère inhabituelle en musique acousmatique. Désordres, son troisième disque chez empreintes DIGITALes, propose deux heures de pièces composées entre 2003 et 2008. À une exception (“Sous écoute!”, 10 minutes), elles sont toutes soit courtes, soit constituées de mouvements courts. Cette brièveté des idées exposées ne traduit pas une recherche sonore moins poussée, mais simplement une approche qu’on pourrait qualifier de plus populaire. C’est à dire que, souvent, le propos de Turcotte est plus immédiatement palpable, sensible, et moins médiatisé à travers la culture. Du coup, Désordres offre une excellent initiation à l’art sonore. Cela dit, l’album, en péchant par excès (2 heures, 9 œuvres), est quelque peu décousu, et ce manque de cohésion se reflète même dans sa pièce la plus longue, la suite “Musée sonore” (41 minutes), un peu factice dans l’assemblage de ses parties. Paru en DVD-audio, avec versions 5.1 et stéréo. [Ci-dessous: Écoutez plusieurs extraits sur le site d’electrocd.]
There has always been a certain lightness to Roxanne Turcotte’s works, a lightness seldom experienced in acousmatic music. Désordres, her third album for empreintes DIGITALes, features two hours of works composed between 2003 and 2008. Except for one piece (“Sous écoute!”, 10 minutes), everything here is either short or made of short movements. Just because her ideas are exposed in short durations doesn’t mean her artistic approach isn’t as “deep” as other empreintes DIGITALes composers. Simply, she adopts a more “popular” approach, i.e. often her message is more immediately tangible, sensible, and less mediated through culture. Just for that, Désordres makes an excellent initiation to sound art. However, that being said, paradoxically, by being so long (two hours, nine works), the album gets a bit incoherent, and this lack of cohesion is reflected in its longest work, the 41-minute suite “Musée sonore”, whose sequence of movements seems a bit haphazard. Released as a DVD-audio with 5.1 and stereo mixes. [Below: Several excerpts available for streaming on electrocd’s website.]
Parlant de légèreté et de médiation à travers la culture, Le projet Ulysse est l’antithèse de Désordres. Ancré fermement dans le mythe d’Ulysse, l’œuvre fait appel à un livret étoffé, en français, en anglais et en allemand. Son sens est multiple, difficile, et ce texte, mis de l’avant résolument, détourne l’attention de la musique et des procédés utilisés. Parmi les narrateurs, on trouve entre autres la chanteuse Shelley Hirsch (qui fait beaucoup plus que narrer), l’acteur Gabriel Gascon, le poète Fortner Anderson, le dramaturge Wajdi Mouhawad et le compositeur Ned Bouhalassa. Fait intéressant: cette parution sur DVD audio comporte une piste visuelle qui propose des photos de la performance, ainsi qu’une partition graphique défilante. Malgré son ambition, je trouve ce théâtre sonore quelque peu décevant.
Speaking of lightness and mediation through culture, Le projet Ulysse is the perfect opposite of Désordres. Firmly rooted in the myth of Ulysses, this work is backed by an extensive narrative in French, English and German. These lyrics are the star of this show, and their multiple and difficult meanings are making it difficult to focus on the music or the electroacoustic treatments. Among the voices participating to this work are singer Shelley Hirsch (who does a lot more than narrating), actor Gabriel Gascon, poet Fortner Anderson, playwright Wajdi Mouhawad, and composer Ned Bouhalassa. Interesting fact: this DVD-audio release includes a video track with stills from the performance and a scrolling graphic score. Despite its ambition, I find this audio drama somewhat disappointing.
ANTHONY BRAXTON / Two Compositions (Festival of New Trumpet Music) 2007 (New Braxton House) En 2007, dans un festival de trompette, Taylor Ho Bynum a présenté deux compositions d’Anthony Braxton pour ensemble de cuivres - des œuvres très peu connues et rarement entendues. “Composition No. 103” pour sept trompettes explore les diverses possibilités timbrales et texturales de cet alignement particulier, mais elle demeure assez sèche et clinique. “Composition No. 169” pour cinq cuivres (cornet, trompette, cor français, trombone et tuba) est plus accomplie et nettement plus intéressante à l’oreille. Un enregistrement décent offert en août 2011 aux abonnés de New Braxton House et disponible aussi à la carte.
In 2008, Taylor Ho Bynum presented to Braxton works for brass instruments at a trumpet festival. Both works are very little known and rarely heard. “Composition No. 103” for seven trumpets explores the various timbral and textural possibilities of this particular line-up, but it remains rather dry and clinical-sounding. “Composition No. 169” for brass quintet (cornet, trumpet, French horn, trombone, tuba) is more fully realized and a lot more interesting to the ear. A decent recording, offered to New Braxton House subscribers in August 2011, also available a la carte.
Parlant d’œuvre peu connue et rarement jouée, la seconde parution d’août 2011 propose la captation, en juin 2006, d’une performance de “Composition No. 19”, écrite pour quatre bataillons de 25 tubistes. Orgie de graves en mouvement, drones riches, exploration méticuleuse d’une palette sonore limitée et d’une spatialisation à grande échelle.
Speaking of little-known, rarely-played works, New Braxton House’s second release for August 2011 is a June 2006 recording of “Composition No. 19” for four batallions of 25 tuba players. An orgy of low notes in motion, with rich drones, the meticulous exploration of a rather limited sound palette in a large-scale spatialization.