Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

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2010-07-30

2010-07-29: Stian Westerhus, Leona Anderson

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-07-29

STIAN WESTERHUS / Pitch Black Star Spangled (Rune Grammofon)

Ceci est le deuxième album solo du guitariste norvégien Stian Westerhus (Monolithic, Puma) chez Rune Grammofon, après le vinyle Galore (que j’ai manqué). Splendide album de solos recherchés et expérimentaux, du travail de textures et de timbres, des pièces généralement calmes et posées comme celles d’Oren Ambarchi, mais belles d’une beauté fragile rappellant Loren Connors. Un talent qui s’impose doucement, sans prétention.

This is Monolithic/Puma guitarist Stian Westerhus’ second solo album for Rune Grammofon, after the LP-only release Galore (which I missed). A splendid album of sophisticated and experimental solos, fine work on textures and tones, generally calm and poised pieces akin to Oren Ambarchi’s, but of a fragile beauty reminiscent of Loren Connors. This talent imposes itself softly, without pretense.

LEONA ANDERSON / Music to Suffer By (Trunk - merci à/thanks to Forced Exposure)

Dans les années 50 et 60, cette vieille dame était la pire chanteuse au monde... et a fait une courte carrière dans les variétés en tablant sur ce titre! Johnny Trunk, remasteriseur d’étrangetés indicibles, nous permet de découvrir son seul long-jeu, Music To Suffer By (1958). Vous ne le croirez pas: douze chansons, certaines originales, où Leona chante (faux), raconte (d’une voix rapeuse), yodelle (tout croche) et séduit (aussi bien qu’un bloc de fromage bleu), sur fond d’accompagnement orchestral. C’est douloureux et hilarant. On croirait les Monty Pythons! “Rats in My Room” et “Limburger Lover” sont à apprendre par coeur pour chanter en coeur avec tous vos amis! (Oui, j’aime ce genre de choses, c’est fabuleusement psychotronique à sa manière.) [Ci-dessous: “Rats in My Room”, mais attention, il s’agit de l’original repiqué d’un vinyle. La réédition chez Trunk est remasterisée.]

In the ‘50s and ‘60s, this old lady was said to be the worst singer in the world… and she actually made a (short) career in entertainment on that title! Johnny Trunk, master remasterer of untold oddities, allows us to discover her sole LP, Music To Suffer By (1958). You won’t believe your ears: twelve songs, some of them originals I believe, where Leona sings (out of tune), tells (in a raspy voice), yodels (all over the place) and croons (as well as a chunk of blue cheese), over orchestra accompaniment! It’s painful and hilarious. Add ten years or so and it could have been the Monty Pythons! “Rats in My Room” and “Limburger Lover” are worth learning by heart to sing along with your friends! (Yes, I do love this kind of thing, it’s marvelously pyschotronic in its own way.) [Below: “Rats in My Room,” but please note that it is the original lifted from the LP. The Trunk reissue is remastered.]

2010-07-29

2010-07-28: Mathias Delplanque, K11, Quarkspace, Nemesis

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-07-28


MATHIAS DELPLANQUE / Passeports (Crónica - merci à/thanks to Dense Promotion)

Un disque qui transporte: Mathias Delplanque a réalisé des enregistrements dans des lieux liés aux transports (gares, ports, stationnements, etc.), ainsi que dans un centre d’appels indien (qui dessert l’Europe et l’Amérique, toujours cette idée de déplacement). Puis, il a “déplacé” ces enregistrements dans son salon, les faisant jouer chez lui et enregistrant cette diffusion additionnée de bruits domestiques. Sur papier, il s’agit d’une réflexion intéressante sur la translation, le dépaysement, la recontextualisation. Sur disque, le travail est étonamment subtil. Il est souvent difficile de dire quel son appartient à quelle sphère, et il n’est pas rare qu’on oublie complètement l’existence de ces deux niveaux. Un travail solide, immersif, qui décale agréablement la perception. Bravo. [Ci-dessous: Un extrait de “Passeport 7 (Nantes)” trouvé sur le site de l’artiste.]

A moving reccord (pun intended). First, Mathias Delplanque made field recordings in transportation-related locations (train stations, harbours, parking lots, etc.) and in a call centre in India (which deserves Europe and America, hence its ties to the “transportation” theme). Then, he “moved” these recordings to his living room, playing them at home and recording that playback to embed domestic sounds in it. On paper, this idea offer an interesting reflection on translation, chance of scenery, and recontextualization. On record, it’s a surprisingly subtle work. It is often hard to tell what sound belongs to which realm, and you often forget altogether thast there are two levels in presence. Strong, immersive work that dephazes your perception in a nice way. Bravo. [Below: An excerpt from “Passeport 7 (Nantes)” found on the artist’s website.]

Passeport 7 (Nantes) - extrait/excerpt


K11 / Metaphonic Porttrait 1230 A.D. (Actual Noise)

J’ai été introduit à K11 (Pietro Riparbelli) tout récemment, via sa collaboration avec Philippe Petit. Le voici en solo. Musique expérimentale ambiante à base d’enregistrements réalisés dans une basilique, de signaux radio, d’orgue et de voix (tous par Riparbelli). Des pièces denses mais avec beaucoup de profondeur de champ sonore. Intéressant.

I was introduced to the music of K11 (Pietro Riparbelli) very recently through a collaboration with Philippe Petit. Here he is on his own. Ambient experimental msic made from recordings made in a basilique, radio signals, organ, and voice (all by Riparbelli). Dense pieces with lots of sonic depth. Interesting.


QUARKSPACE / Spacefolds 10 (Eternity’s Jest)

On peut maintenant qualifier Quarkspace de “vénérable” formation space rock. Ce tout dernier ajout à la série d’improvisations en studio Spacefolds propose un programme planant à souhait, mais qui, me semble-t-il, manque un peu de viande autour de l’os. J’aurais aimé être saisi, surpris ou menacé, ne serait-ce qu’une fois, au fil de ce disque, au lieu d’être constamment bercé et caliné. Cela dit, s’il est un peu trop gentil, ce disque n’en est pas moins réussi. Mais ce n’est pas la meilleure entrée dans la série.

Quarkspace is now officially a member of the small circle of “venerable” space rock bands. This latest installment in Spacefolds, its series of studio improvisation records, delivers a very trippy listen, but, to my ears at least, it lacks meat around the bone. I would have liked to feel surprised, intrigued or threatened, if only once, in the course of this record, instead of being constantly lulled and pampered. That said, although a bit too gentle, this album is still a fine effort. But it’s not the best entry in the series.


NEMESIS / Nemesis (Fidelio)

Ce disque remonte à quelques années (2005), mais le projet Nemesis étant bien vivant (prestations récentes en Estrie), en voici une chronique. L’ensemble de percussions Nemesis est la créature de Thierry Pilote, qui le dirige et signe toutes les compositions du disque. Ses arrangements font appel à un vaste éventail de percussions à clavier et de percussions d’orchestre. Marimba et vibraphone y tiennent un rôle prédominant. Le mélodisme aussi, un mélodisme qui s’inspire d’un certain minimalisme américain et de la pop (ou du romantisme allemand, ce qui est presque pareil, dit-il, sourire aux lèvres). Les arrangements sont riches mais la matière musicale, elle, est parfois maigre, fondée sur la répétition de thèmes qui manquent parfois de panache. Cela dit, c’est présenté avec brio, à défaut de mordant. Et la qualité sonore est digne de louange: le disque est paru en SACD avec un mix 5.1 qui recrée sans effort l’ambiance sonore qui régnait pendant l’enregistrement dans une église montréalaise. Un premier effort maîtrisé, mais on sent que Pilote et sa troupe pourraient oser plus et aller plus loin. [Sur le site du groupe (lien ci-dessus), vous trouverez des extraits de l’album et une vidéo promotionnelle.]

This record came out a few years ago (2005), but the Nemesis project is still going (there’s been a handful of recent performances in the Eastern Townships). This percussion ensemble is led by Thierry Pilote, who composed all the music on this album. His arrangements call for a wide range of mallet and orchestra percussion instruments. Marimbas and vibraphones have feature roles. So does melodicism, a melodicism drawing inspiration from a certain form of American minimalism and pop music (or German romanticism, which is anout the same thing, he says tongue in cheek). The arrangements are rich and gorgeous but the compositional contents can be thin, relying on the repetition of themes that occasionally lack in flare. That said, the music, though lacking some bite, is brilliantly performed. And the sound quality deserves a special recommendation: the album is offered on SACD in a 5.1 mix that recreates effortlessly the sonic ambience in the Montreal church where it was recorded. So this is a convincing first effort, but one can’t help but feel (and hear) that Pilote and his cohorts could dare more and take this further. [Go to the band’s website (link above) to hear audio samples and watch a promotional video.]

2010-07-27

Délire actuel, 2010-07-27

DÉLIRE ACTUEL

Réécoutez (streaming ou téléchargement) la dernière édition de Délire actuel ICI (cherchez Délire actuel dans la liste).
You can listen (stream or download) to the latest Délire Actuel broadcast HERE (look for Délire Actuel on the list of shows).

Édition du 27 juillet 2010 (rediffusion le 1er août)
Show aired on July 27, 2010 (repeated on August 1)

DESCRIPTION
DESCRIPTION

Drone / Mise à jour: Ernesto Rodrigues (2009-2010) : Première heure: parutions récentes dans le domaine du bourdon, pris dans un sens très large. Deuxième heure: quelques parutions récentes mettant en vedette l'altiste microsonique portugais Ernesto Rodrigues.
Drone / Profile Update: Ernesto Rodrigues (2009-2010): First hour: Recent releases in the field of droning, taking in a broad sense. Second hour: A handful of recent releases featuring Portuguese microsonic violist Ernesto Rodrigues.

**RICHARD A INGRAM / De Montfort (7:06) - Consolamentum (White Box)
**ON / Something That Has Form and Something That Does Not (13:01) - Something That Has Form and Something That Does Not (Type)

**SVARTE GREINER / B3 (9:19) - Penpals Forever (And Ever) (Digitalis Industries)
**THE NORTH SEA / Save Yourselves (10:01) - Bloodlines (
Type)

**INDIGNANT SENILITY / [2] (6:01) - Plays Wagner (
Type)


TONART ENSEMBLE & ERNESTO RODRIGUES / Pt. 2 (17:30) - Murmúrios (Creative Sources)
ERNESTO RODRIGUES, N. DAVIDSON, G. RODRIGUES & H. FAUSTINO / hume (5:09) - fower (
Creative Sources)

DAVID STÄCKENAS, E. RODRIGUES, G. RODRIGUES & N. TORRES / [3] (14:28) - Wounds of Light (
Creative Sources)
ERNESTO DIAZ-INFANTE, M. MOTA, G. ROBAIR & E. RODRIGUES / Nosso Rosto Empire (4:51) - Our Faceless Empire (Pax Recordings)

MARTIN KÜCHEN, E. RODRIGUES, G. RODRIGUES & C. SANTOS / Mörkertid (6:05) - Vinter (
Creative Sources)

merci à/thanks to:
*Forced Exposure


COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

SVARTE GREINER
En concert.
Live.


ERNESTO RODRIGUES
Voici l'altiste en action, dans un quintette qui comprend aussi son fils Guilherme.
Here's the violist in action, in a quintet also featuring his son Guilherme.

Délire musical, 2010-07-27

DÉLIRE MUSICAL
Réécoutez (streaming ou téléchargement) la dernière édition de Délire musical ICI (cherchez Délire Musical dans la liste).
You can listen (stream or download) to the latest Délire musical broadcast HERE (look for Délire Musical on the list of shows).

Édition du 27 juillet 2010 (rediffusée le 1er août)
Broadcast Date: July 27, 2010 (repeated August 1)

LISTE DE DIFFUSION

PLAYLIST


Thème/Theme: KLIMPEREI / Sombre Zomba – Quai des hannetons (La voix des sirènes)
EPIC45 / The Future is Blinding (5:09) – In All the Empty Houses (Make Mine Music)

*SERPH / March (4:05) – Vent (Noble)

KHAMSA KHALA / Bahrat (4:25) – All Rites Reversed (Lens Records)


KLIMPEREI / Vert Pahl (1:23) – Quai des Hannetons (La voix des sirènes)

DAVID FENECH / Les géraniums (2:18) – Chansons jamais entendues à la radio (Gazul Records)

THE HYLOZOISTS / Dark Scene Waltz (3:15) – L'Île de Sept Villes (Outside Music)

PETER HAMMILL / I Once Wrote Poems (2:37) – Fool's Mate (Virgin)


STRAND OF OAKS / Bonfire (5:21) – Pope Killdragon (E-Music Selects)

PEARLS BEFORE SWINE / Morning Song (4:08) – One Nation Underground (ESP-Disk)

MINAMO / Be Born (5:36) – Durée (12k)


**LOS BETA 5 / La Jorobita (3:49) - Cumbia Beat (VampiSoul)




merci à/thanks to:
*Dense Promotion
**Forced Exposure



COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

KLIMPEREI
Un film de Dan Lebreuil pour lequel Klimperei a fait la musique en 2009.
A short film by Dan Lebreuil, music by Klimperei, 2009.

L'Hommage Plastique from Dom labreuil on Vimeo.

2010-07-25/26: Giuseppe Ielasi, Alexander Berne

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-07-25


GIUSEPPE IELASI / Aix (12k - merci à/thanks to Dense Promotion)

Difficile de suivre Giuseppe Ielasi dans ses aventures - son art musical est multiforme. Aix, d’abord paru sur CD en 2009, ne m’avait pas impressionné outre mesure (et moins qu’August ou que ses disques pour l’étiquette Häpna). Ce même album vient de reparaître sur vinyle. C’était l’occasion d’y revenir et, honnêtement, il mérite qu’on s’y arrête. Il présente Ielasi dans sa période “vinyle”, justement - ce guitariste explore le tourne-disque depuis quelque temps et, sur Aix, son son atteint un niveau intéressant de développement: saccadé, sporadique, moqueur, accessible mais abstrait. C’est juste que ça semble un peu mince. Cela dit, très beau transfert sur vinyle et je conçois facilement que des DJ portés sur l’avant-garde en repiquent quelques boucles.

Giuseppe Ielasi is a hard guy to follow – his musical adventures are many and have a shapeshifting quality. Aix - first released on CD in 2009 - had ont managed to impress me much (less so than August or his records for the Häpna label). This same album has just been reissued on LP, so it was an opportunity for me to revisit it and, honestly, Aix deserves a little more attention. It showcases Ielasi in his “vinyl” period – no joke, as this guitarist has been experimenting with turntables lately, and on this album he achieves an interesting sound consisting of jerky, staccato spurts of sound organized into something quirky and accessibly, yet abstract. It’s just that it feels a bit thin. That said, this is very fine transfer to vinyl, and I can picture experimental-leaning DJs lifting a loop or two from this platter.


2010-07-26


ALEXANDER BERNE / Composed and Performed by Alexander Berne (Innova)

Innova vient de publier un coffret d’Alexander Berne, anchiste floridien connu pour ses techniques étendues et son jeu multiphonique. Ce coffret au titre malhabile (quoi que factuellement exact) propose trois disques (chacun a sa pochette digipak, les trois pochettes sont réunies dans un coffret cartonné). Chaque disque consiste en une collection de solos multipistes. La musique de Berne est très spirituelle et s’apparente au Nouvel-Âge, mais elle fait aussi appel à des techniques très poussées et des jeux polyphoniques expérimentaux près à la fois du “drone” et du travail d’un Evan Parker ou d’un John Butcher. Le résultat est saisissant et étonnant de beauté - on aurait envie de dire que Nouvel Âge et saxo exprimental à la Evan Parker sont choses incompatibles. Pourtant, Berne réussit cette synthèse avec brio, sans jamais succomber à la facilité. The Soprano Saxophone Choir (le premier disque) propose essentiellement de courtes pièces où les saxos sopranos s’additionnent pour former une masse miroitante d’harmoniques. La même chose se produit sur The Saduk (le second disque), où l’instrument vedette est une combinaison flûte-hautbois à trous libres, création de Berne s’inspirant des instruments à vent les plus simples qu’on trouve dans la plupart des traditions du monde. Sur The Abandoned Orchestra, Berne utilise d’autres instruments en plus de ceux-ci. Ces changements de couleur d’un disque à l’autre sont relativement subtils, mais empêchent le tout de devenir lassant. J’avoue être impressionné et charmé par la paix qui émane de cette musique (“paix”, un mot rare quand on parle de musique d’avant-garde). [Vous trouverez des extraits à écouter sur le site de l’artiste (ci-dessus).]

Innova has just released a boxset by Alexander Berne, a Florida-based reedman known for his extended techniques and multiphonic playing. This ill-titled set (well, what it says is true, but it lacks a touch of fantasy...) contains three CDs, each housed in its own digipak. Each record consists of a collection of multitracked solos. Berne’s music is highly spiritual and akin to New-Age, although it also calls upon highly experimental techniques and polyphoni playing drawing from both the drone tradition and the forays of avant-garde saxmen like Evan Parker and John Butcher. The result is striking in its beauty. You’d think New Age and Evan Parker two incompatible things. Yet, Berne succeeds in bringing the two together without resorting to lowest common denominator. The Soprano Saxophone Choir (disc 1) features essentially short pieces where soprano saxes add up to form a shimmering mass of harmonics. The same thing happens on The Saduk (disc 2), which features an open-hole flute/reed instrument designed by Berne following the primitive wind instruments found in most cultures. On The Abandoned Orchestra, Berne uses other instruments of his own design along with the aforementioned. These changes in colours from disc to disc are relatively subtle, but enough to keep boredom away. I admit to being impressed and charmed by the peace emanating from this music (“peace” not being a word I often use when writing about avant-garde music). [You can find audio clips on the artist’s website (linked above).]