Journal d'écoute / Listening Diary
2012-07-03/04
DAVID S. WARE & PLANETARY UNKNOWN / Live at Jazzfestival
Saalfelden 2011 (Aum Fidelity - merci
à/thanks to Improvised
Communications)
L’étiquette de free jazz américain AUM Fidelity
célèbre ses 15 ans avec deux parutions musclées. Voici la deuxième. Planetary
Unknown, c’est du solide. Ce groupe d’improvisation est habité par une âme
collective lumineuse. Depuis son retour sur scène, David S. Ware m’impressionne
beaucoup, mais jamais autant qu’avec ce groupe, où il est accompagné de
Cooper-Moore, William Parker et Muhammad Ali. Ce disque propose l’intégrale
d’un concert donné en Autriche en août 2011. C’est un feu roulant qui rappelle
l’intensité du quartet In Order to Survive de Parker, avec en plus la soul qui
imbibe le souffle brûlant de Ware.
US free jazz label AUM Fidelity is celebrating its
15th anniversary with two star-studded releases. This is the second
one. Planetary Unknown kick some serious ass. This free improvisation quartet
is animated by a bright collective soul. I’ve been very impressed by David S.
Ware since his come-back, and this group is his top project. With Cooper-Moore,
William Parker, and Muhammad Ali. This record documents an entire concert from
August 2011. It’s a rollercoaster ride that reminds me of Parker’s own In Order
to Survive, with the added soul that tempers Ware’s otherwise scorching breath.
JIM COLEMAN / Trees
(Wax&Wane - merci à/thanks to Dense Promotion)
Un premier album dans une veine
électroacoustique/cinématique pour Jim Coleman, mieux connu pour son rôle dans
Cop Shoot Cop et son pseudo électronica Phylr. Trees est un
superbe voyage électroacoustique ambiant, peuplé de sons évocateurs et de
contributions musicales délicates (les longues cordes d’Ellen Fulman, la voix
de Dawn McCarthy, d’autres aussi). L’album se décline en dix pièces, mais il
est conçu comme un arc d’écoute continu qui berce, charme, intrigue et dépayse.
Trees démontre une grande maîtrise du “cinéma pour
l’oreille”. [Ci-dessous: La
pièce “Live Out Long”.]
Jim Coleman’s first album in an
electroacoustic/cinematic vein – he’s better known for his ‘90s indie rock band
Cop Shoot Cop and his electronica alias Phylr. Trees is a
gorgeous ambient electroacoustic journey full of evocative sounds and delicate
musical contributions (Ellen Fulman’s long-string instruments, Dawn McCarthy’s
voice, others). The album consists in ten tracks, but it is clearly designed as
a single listening arc that lulls, charms, questions and transports you. Trees
showcases a commanding mastery of “cinema for the ear.” [Below: The track “Live Out Long.”]
Troisième album du trio russe The Second Approach à
être publié chez Leo Records. Or, après deux nouveaux disques (Event Space et Pandora’s
Pitcher), voilà que Leo nous propose une sélection de pièces
tirées des albums antérieurs du groupe, albums inaccessibles hors de la Russie.
Beeswing contient cinq charmantes (TRÈS charmantes) chansons
enregistrées entre 1999 et 2007 (sans donner plus de détails). Sur trois
d’entre elles, on a droit à des invités: le saxo Mike Ellis, Arkady Shilkloper
(de Pago Libre) au cor français, et deux percussionnistes, qui complète le
noyau dur formé par le pianiste Andrei Razin, le bassiste Igor Ivanushkin et la
chanteuse Tatiana Komova, dont la voix fait parfois penser à Stella Vander. Beeswing est à
l’image des deux albums précédents: plein de vie, dansant, imprégné de jazz, de
musique tzigane et de chanson traditionnelle slave. Une musique riche et
fédératrice. [Ci-dessous: Un
court extrait disponible sur le site de Leo Records.]
Third Leo Records release by the Russian trio The
Second Approach. However, after two CDs of new material (Event
Space and Pandora’s Pitcher), this one is a best-of from
their earlier opuses available only in Russia. Beeswing
offers five charming songs recorded between 1999 and 2007 (no extra details
given). There are guests on three of them: sax player Mike Ellis, Arkady
Shilkloper (of Pago Libre) on French horn, and two percussionists round up to
the core trio formed by pianist Andrei Razin, bassist Igor Ivanushkin, and
singer Tatiana Komovo, whose voice reminds me of Stella Vander. Beeswing
is the perfect prequel of the previous two albums: bursting with life, dancing,
steeped in jazz and Gipsy music and Slavic traditional folk song. Rich,
unifying music. [Below: A short
audio clip available on Leo Records’ website.]
SNUS / Can’t Stop Snusing (Ayler
Records)
Deux membres suédois du collective pan-européen Umlaut
Records, soit le trompettiste Niklas Barnö et le contrebassiste Joel Grip, en
trio avec le batteur français Didier Lasserre, dans un session studio de
juillet 2011. Can’t Stop Snusing propose de
l’improvisation libre d’inspiration “fire music”, donc forte en testostérone,
rondement menée et somme toute satisfaisante, sans réellement sortir des
sentiers battus.
Two Swedish memebrs of the pan-European collective
Umlaut Records – trumpeter Niklas Barnö and bassist Joel Grip – in a trio with
French drummer Didier Lasserre. This album was edited from a two-day studio
session recorded in July 2011. Can’t Stop Snusing feature fire
music-inspired free improvisation: high testosterone content, driving,
enjoyable and adept overall, though a bit predictable.
LOUP / The Opening (Gaffer Records - merci à/thanks to Dense Promotion)
Deuxième album du duo français Loup, soit Clément
Édouard (saxo et électroniques) et Sheik Anorak (batterie et électroniques). Un
mini-album de 24 minutes, dix pièces courtes et punchées, un mélange de brutal
prog et de skronk jazz, quelque part entre Naked City et les Flying
Luttenbachers. Convaincant.
Second release for the French duo Loup, i.e.
Clément Edouard (sax & electronics) and Sheik Anorak (drums &
electronics). A 24-minute EP with ten short stab-like tracks, a blend of brutal
prog and skronk jazz, somewhere between Naked City and The Flying
Luttenbachers. A convincing platter.
YURI LANDMAN ENSEMBLE / That’s Right, Go Cats (Thick Syrup)
Yuri Landman, facteur d’instruments inusités et
guitariste, propose avec That’s Right, Go Cats un album plutôt
cohérent malgré le nombre d’invités. Du rock indie qui mijotte dans une sauce
d’explorations, avec une grosse pincée de krautrock, un fond de OSI (“Slow
Grow”) et de la texture. “That’s Right, Go Cats”, 22 minutes, malgré son groove
motorik, est surtout propulsée par le “rant” fascinant de Jad Fair. Suivent une
succession de chansons plus courtes, très rock, et d’interludes signés Philippe
Petit qui mettent en vedette certaines des créatures de Landman.
Weird instrument-maker and guitarist Yuri Landman
delivers with That’s Right, Go Cats a rather coherent album,
considering all the guests on it. Indie rock marinated in experimentation, with
a generous dash of krautrock, a dab of OSI (“Slow Grow”) and lots of texture.
“That’s Right, Go Cats”, 22 minutes, is mostly carried by Jad Fair and his
fascinating rant. Follow several shorter rock songs separated by interludes by
Philippe Petit featuring some of Landman’s oddest creatures.