Journal d'écoute / Listening Diary
2010-02-19
MASASHI HARADA TRIO / Breat, Gesture, Abstract Opera (Leo Records)
En 2007, Masashi Harada m’avait demandé de rédiger les notes de livret pour deux enregistrements. Le premier est Pinerskol, un disque en duo avec Joe Maneri (chroniqué le 2010-01-08). Le second est celui-ci, un trio avec James Coleman au theremin, Glynis Lomon au violoncelle et Harada à la batterie et à la voix. Trois ans plus tard, ce disque tient très bien la route. Autant le duo avec Maneri est profond, introspectif, chargé d’émotions complexes, autant celui-ci est vif, fou et expansif. On y trouve des nuances, ce n’est pas un free-for-all constant, mais on y lâche son fou. Harada se lance dans des chants atavistiques, les échanges entre theremin et violoncelle sont virulents, ça bouge beaucoup. Mais l’écoute est là, guidant ces improvisations avec beaucoup d’assurance. Un beau disque à l’instrumentation inusité. Et Coleman réussit à étendre la palette sonore plutôt mince de son instrument.
Back in 2007, Masashi Haradi commissioned from me liner notes for two recordings. One was Pinerskol, a session with Joe Maneri (reviewed on 2010-01-08). The second one was this CD, a trio with James Coleman on theremin, Glynis Lomon on cello, and Harada on drums and vocals. Three years down the road, this album holds very well. While the duo with Maneri was deep, introspective, heavy with complex emotions, this one’s vivid, crazy, and outgoing. Of course there’s nuances and dynamics, it’s not a constant free-for-all, but it cavorts a-plenty. Harada launches into atavistic chants, the exchanges between theremin and cello are heated, there’s a lot going on. Still, listening is a major skill by everyone involved, and that’s what gives these improvisations their high level of assurance. A fine record featuring an unusual instrumentation. And Coleman manages to expand the somewhat limited sonics of the theremin.
EVGENY MASLOBOEV & ANASTASIA MASLOBOEVA / Russian Folksongs in the Key of Sadness (Leo Records)
Ce second disque du duo père-fille fait suite à Russian Folksongs in the Key of Rhythm. Tous deux sont des beaux albums originaux, dans le genre inclassable, mais ma préférence va plutôt clairement à celui-ci. Le multi-instrumentaliste Evgeny Masloboev et sa fille Anastasia sont Sibériens. Sur disque, ils s’inspirent des musiques traditionnelles de là-bas pour s’inventer un folklore fait de percussions (essentiellement) et de chant. Superbe chant d’ailleurs. On détecte parfois une touche de musique d’avant-garde, mais voici un cas où la frontière entre tradition et innovation se brouille complètement. Celle entre improvisation et musique du monde aussi, d’ailleurs. Qu’en reste-il? De la bonne musique, qui charme et transporte. Peut-on espérer ce genre de catégorie chez le disquaire?
This second CD by this father-daughter duo follows up on Russian Folksongs in the Key of Rhythm. Both are beautiful original albums, the unclassifiable kind, but if I had to pick one I’d go with …Sadness. Multi-instrumentalist Evgeny Masloboev and his daughter Anastasia are from Siberia. On record, they use the traditional music of their area as a springboard for their self-brewed form of folk music made from (mostly) percussion and singing. Splendid singing. There’s an occasional touch of the avant-garde in there, but this is a case where the line between tradition and innovation is fuzzy at best, and so is the one between improvisation and so-called world music. So what is it? It’s good music that charms and carries you elsewhere. Now, can we hope to see that kind of genre sign posted at the local record shop anytime soon?
ANTHONY PHILLIPS / Pathways & Promenades: Missing Links Volume IV (Voicepint)
Quatrième volume dans la série d’albums consacrés à la “library music” d’Anthony Phillips, ces musiques instrumentales d’ambiance vendues aux radiotélédiffuseurs et producteurs. Pathways & Promenades offre une très jolie collection de courtes pièces sans conséquences. Belles, légères, soigneusement arrangées. Jamais ennuyantes, mais pas conçues pour vous accrocher non plus. Elles vivent, simplement, entre les deux haut-parleurs, sans se soucier que vou y portiez attention ou pas. C’est ce que j’aime de la musique de Phillips, cette absence totale de prétention. Certaines sont un peu mièvres, mais ça s’écoute très bien, aussi bien que les albums de Private Parts & Pieces.
The fourth installment in the series of albums devoted to Anthony Phillips’ library music (instrumental, mood-setting, incidental music first sold to broadcasters and producers). Pathways & Promenades is a very pretty collection of short inconsequential pieces. Pretty, light, carefully arranged. Never boring though not designed to grab you. They are, simply, living between your loudspeakers, not caring whether you pay attention to them or not. That’s what I like about Phillips’ music, that total pack of pretension. Some tracks are little cheesy, but the whole is so easy to listen too, as much (and well) as the Private Parts & Pieces series.
THE LONG HELLO / Volume 2 (Voiceprint)
Voiceprint vient de rééditer ce disque paru en 1980 (1981?). The Long Hello était un projet à géométrie variable des “autres” membres de Van der Graaf Generator (c’est-à-dire sauf Peter Hammill). Volume 2 met en vedette le bassiste-guitariste Nic Potter (aussi aux claviers) et le batteur Guy Evans. J’avais ce disque sur vinyle et j’avoue que je n’y portais pas attention. À le réécouter aujourd’hui, je le découvre moins mauvais que je le croyais. Il a un son particulier - et pas nécessairement “début 80”. Évidemment, ni Potter ni Evans ne sont de grands compositeurs. Leurs musiques ont tendance à être simples voire simplistes. Mais il y a de bons grooves, quelques bonnes mélodies aussi, de bonnes lignes de saxo signées David Jackson. “Surfing with Isabelle”, “Carnival” et “Hidden Drive” sont de bonnes pièces qui, tout en affichant une certaine parenté avec VDGG, n’en sont pas moins très différentes. Le premier Long Hello est meilleur, mais celui-ci a un certain charme, mais s’il a pris de l’âge.
Voiceprint has just reissued this record from 1980 (or 1981?). The Long Hello was a project of variable size by the “other” members of Van der Graaf Generator (i.e. minus Peter Hammill). Volume 2 features bassist/guitarist Nic Potter (also on keyboards) and drummer Guy Evans. I had this album on LP and I admit I never paid much attention to it. Listening again today, I’m surprised: it’s not as bad as I thought it was. It has its own sound - and it’s not necesarily an early ‘80s sound. Of course, neither Potter nor Evans is a great composer. But there’s good grooves, a few nice melodies too, some fine sax lines by David Jackson. “Surfing with Isabelle,” “Carnival” and “Hidden Drive” are good tracks that have a certain relation with VDGG even though they are actually very different. The first Long Hello LP is better, but this one has its own charm, although it has aged.