Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

Home of François Couture's music journalism and activism.

2010-02-19

2010-02-19: Masashi Harada, Masloboev/Masloboeva, Anthony Phillips, The Long Hello

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-02-19

MASASHI HARADA TRIO / Breat, Gesture, Abstract Opera (Leo Records)

En 2007, Masashi Harada m’avait demandé de rédiger les notes de livret pour deux enregistrements. Le premier est Pinerskol, un disque en duo avec Joe Maneri (chroniqué le 2010-01-08). Le second est celui-ci, un trio avec James Coleman au theremin, Glynis Lomon au violoncelle et Harada à la batterie et à la voix. Trois ans plus tard, ce disque tient très bien la route. Autant le duo avec Maneri est profond, introspectif, chargé d’émotions complexes, autant celui-ci est vif, fou et expansif. On y trouve des nuances, ce n’est pas un free-for-all constant, mais on y lâche son fou. Harada se lance dans des chants atavistiques, les échanges entre theremin et violoncelle sont virulents, ça bouge beaucoup. Mais l’écoute est là, guidant ces improvisations avec beaucoup d’assurance. Un beau disque à l’instrumentation inusité. Et Coleman réussit à étendre la palette sonore plutôt mince de son instrument.

Back in 2007, Masashi Haradi commissioned from me liner notes for two recordings. One was Pinerskol, a session with Joe Maneri (reviewed on 2010-01-08). The second one was this CD, a trio with James Coleman on theremin, Glynis Lomon on cello, and Harada on drums and vocals. Three years down the road, this album holds very well. While the duo with Maneri was deep, introspective, heavy with complex emotions, this one’s vivid, crazy, and outgoing. Of course there’s nuances and dynamics, it’s not a constant free-for-all, but it cavorts a-plenty. Harada launches into atavistic chants, the exchanges between theremin and cello are heated, there’s a lot going on. Still, listening is a major skill by everyone involved, and that’s what gives these improvisations their high level of assurance. A fine record featuring an unusual instrumentation. And Coleman manages to expand the somewhat limited sonics of the theremin.

EVGENY MASLOBOEV & ANASTASIA MASLOBOEVA / Russian Folksongs in the Key of Sadness (Leo Records)

Ce second disque du duo père-fille fait suite à Russian Folksongs in the Key of Rhythm. Tous deux sont des beaux albums originaux, dans le genre inclassable, mais ma préférence va plutôt clairement à celui-ci. Le multi-instrumentaliste Evgeny Masloboev et sa fille Anastasia sont Sibériens. Sur disque, ils s’inspirent des musiques traditionnelles de là-bas pour s’inventer un folklore fait de percussions (essentiellement) et de chant. Superbe chant d’ailleurs. On détecte parfois une touche de musique d’avant-garde, mais voici un cas où la frontière entre tradition et innovation se brouille complètement. Celle entre improvisation et musique du monde aussi, d’ailleurs. Qu’en reste-il? De la bonne musique, qui charme et transporte. Peut-on espérer ce genre de catégorie chez le disquaire?

This second CD by this father-daughter duo follows up on Russian Folksongs in the Key of Rhythm. Both are beautiful original albums, the unclassifiable kind, but if I had to pick one I’d go with …Sadness. Multi-instrumentalist Evgeny Masloboev and his daughter Anastasia are from Siberia. On record, they use the traditional music of their area as a springboard for their self-brewed form of folk music made from (mostly) percussion and singing. Splendid singing. There’s an occasional touch of the avant-garde in there, but this is a case where the line between tradition and innovation is fuzzy at best, and so is the one between improvisation and so-called world music. So what is it? It’s good music that charms and carries you elsewhere. Now, can we hope to see that kind of genre sign posted at the local record shop anytime soon?

ANTHONY PHILLIPS / Pathways & Promenades: Missing Links Volume IV (Voicepint)

Quatrième volume dans la série d’albums consacrés à la “library music” d’Anthony Phillips, ces musiques instrumentales d’ambiance vendues aux radiotélédiffuseurs et producteurs. Pathways & Promenades offre une très jolie collection de courtes pièces sans conséquences. Belles, légères, soigneusement arrangées. Jamais ennuyantes, mais pas conçues pour vous accrocher non plus. Elles vivent, simplement, entre les deux haut-parleurs, sans se soucier que vou y portiez attention ou pas. C’est ce que j’aime de la musique de Phillips, cette absence totale de prétention. Certaines sont un peu mièvres, mais ça s’écoute très bien, aussi bien que les albums de Private Parts & Pieces.

The fourth installment in the series of albums devoted to Anthony Phillips’ library music (instrumental, mood-setting, incidental music first sold to broadcasters and producers). Pathways & Promenades is a very pretty collection of short inconsequential pieces. Pretty, light, carefully arranged. Never boring though not designed to grab you. They are, simply, living between your loudspeakers, not caring whether you pay attention to them or not. That’s what I like about Phillips’ music, that total pack of pretension. Some tracks are little cheesy, but the whole is so easy to listen too, as much (and well) as the Private Parts & Pieces series.

THE LONG HELLO / Volume 2 (Voiceprint)

Voiceprint vient de rééditer ce disque paru en 1980 (1981?). The Long Hello était un projet à géométrie variable des “autres” membres de Van der Graaf Generator (c’est-à-dire sauf Peter Hammill). Volume 2 met en vedette le bassiste-guitariste Nic Potter (aussi aux claviers) et le batteur Guy Evans. J’avais ce disque sur vinyle et j’avoue que je n’y portais pas attention. À le réécouter aujourd’hui, je le découvre moins mauvais que je le croyais. Il a un son particulier - et pas nécessairement “début 80”. Évidemment, ni Potter ni Evans ne sont de grands compositeurs. Leurs musiques ont tendance à être simples voire simplistes. Mais il y a de bons grooves, quelques bonnes mélodies aussi, de bonnes lignes de saxo signées David Jackson. “Surfing with Isabelle”, “Carnival” et “Hidden Drive” sont de bonnes pièces qui, tout en affichant une certaine parenté avec VDGG, n’en sont pas moins très différentes. Le premier Long Hello est meilleur, mais celui-ci a un certain charme, mais s’il a pris de l’âge.

Voiceprint has just reissued this record from 1980 (or 1981?). The Long Hello was a project of variable size by the “other” members of Van der Graaf Generator (i.e. minus Peter Hammill). Volume 2 features bassist/guitarist Nic Potter (also on keyboards) and drummer Guy Evans. I had this album on LP and I admit I never paid much attention to it. Listening again today, I’m surprised: it’s not as bad as I thought it was. It has its own sound - and it’s not necesarily an early ‘80s sound. Of course, neither Potter nor Evans is a great composer. But there’s good grooves, a few nice melodies too, some fine sax lines by David Jackson. “Surfing with Isabelle,” “Carnival” and “Hidden Drive” are good tracks that have a certain relation with VDGG even though they are actually very different. The first Long Hello LP is better, but this one has its own charm, although it has aged.

2010-02-18

2010-02-18: Ann Millikan, Matthias Delplanque, Lena, Sister Overdrive, Tokyo Mask, Ben Frost

Journal d'écoute/Listening Diary

2010-02-18

ANN MILLIKAN / Ballad Nocturne (Innova)

Le premier disque de la compositrice Ann Millikan (The Music of Ann Millikan featuring the California EAR Unit) ne m’avait pas fait une grande impression. Celui-ci est plus intéressant, du moins au début. La pièce titre (13 minutes) est un superbe quasi-concerto pour piano et orchestre de chambre, mélodique mais original, bien écrit et très bien arrangé. “Trilhas de Sombra” (29 minutes) est une suite solide et enjouée pour orchestre de chambre, tendre aussi. Mais “Landing Inside the Inside of an Animal” (14 minutes) a réussi à m’hérisser de plusieurs manières allant de la gratuité de ses rythmes latino à l’exécution brouillonne de l’orchestre (l’Orchestre symphonique de la radio nationale bulgare dirigé par Grigor Palikarov, comme dans les deux autres pièces).

Composer Ann Millikan’s first CD (The Music of Ann Millikan Featuring the California EAR Unit) hadn’t made much of an impression on me. This one is more interesting, at least for the first half. The title track (13 minutes) is a splendid sort of quasi-concerto for piano and chamber orchestra, it’s melodious yet original, well written and darn well orchestrated. “Trilhas de Sombra” (29 minutes) is a strong and lively suite for chamber orchestra, with a soft-and-sweet side. However, “Landing Inside the Inside of an Animal” (14 minutes) managed to grate me in all kinds of ways, mostly due to its gratuitous use of Latin rhythms and the muddy performance from the orchestra (the Bulgarian Radio Symphony Orchestra conducted by Grigor Palikarov, like on the other two pieces).

MATTHIAS DELPLANQUE / Parcelles 1-10 (Bruit Clair)

Selon Matthias Delplanque, l’ensemble de ce disque s’insère entre les pistes 14 et 15 de son disque précédent, Le Pavillon Témoin, que je ne connais pas. Néanmoins, Parcelles 1-10 s’écoute très bien et très agréablement de manière autonome. Il s’agit d’un travail instrumental très fin entre électroniques et instruments acoustiques (guitare acoustique, mélodica, clochettes, cymbalom et petits instruments à percussion), enregistré en temps réel, sans passes supplémentaires. J’ai pensé à la collaboration entre Andrea Belfi et Machinefabriek - c’est ce genre de musique calme et éthérée, où la recherche procède posément et où le sens du placement judicieux n’exclue pas la soif de beauté. Recommandé.

According to Matthias Delplanque, this album as a whole fits in between tracks 14 and 15 of his previous record, Le Pavillon Témoin, which I haven’t heard. However, Parcelles 1-10 makes a very fine listen on its own. It features delivate instrumental work between electronics and acoustic instruments (acoustic guitar, melodica, bells, zither, small percussion), recorded live with no overdubs. It reminded me of last year’s collaboration between Andrea Belfi and Machinefabriek - it’s that kind of quiet and ethereal music, where artistic research proceeds calmly and where a sense of judicious sound placement doesn’t exclude thriving for beauty. Recommended.

LENA / Circonstances /Variations 1-4 (Bruit Clair)

Lena est le projet techno-dub de Matthias Delplanque. Circonstances / Variations 1-4 consiste en une série de variations autour du morceau “Circonstances” paru sur l’album Lost-Wax en 2008 (que je ne connais pas). Il s’agit du premier d’une série de trois 12 pouces annoncés. Une sympathique demi-heure de dub racé, pas trop perdu dans ces propres espaces, avec une rythmique intéressante et qui ne lasse pas. Répétitif par définition, mais pas ennuyant.

Lena is Matthias Delplanque’s techno-dub project. Circonstances / Variations 1-4 features a set of variations on the track “Circonstances” from his 2008 album Lost-Wax (which I haven’t heard either). This is the first of an announced series of three 12” Eps. A fun half-hour of racy dub that doesn’t get too lost inside its own vacuous spaces, with an interesting and untiring beat. Repetitive by design but not boring for a second.

SISTER OVERDRIVE / Annick/Philomela (Low Impedance Recordings)

Mon premier contact avec l’étiquette grecque Low Impendance, et ça part bien. Sister Overdrive est le projet de Giannis Kotsonis. Ce disque de constructions sonores texturales et sombres propose deux longues pièces sous forme de suites: “Annick” et “Philomela”. Toutes deux sont constituées de sons mélliques, de bourdons délicats, de jeux harmoniques. La musique suit des mouvements amples, sans rythmique précise, avec parfois des semblants de mélodies. Deux compositions qui prennent leur temps mais qui meublent bien l’espace sonore. Planant mais absolument pas bucolique.

My first contact with the Greek label Low Impedance, and it’s a positive one. Sister Overdrive is the project of one Giannis Kotsonis. This album of dark textural sonic constructs features two lengthy multi-part tracks: “Annick” and “Philomela.” Both are made of metallic sounds, delicate drones, and harmonic interplays. The music unfolds in large gestures without a specific rhythm structure and an occasional ghost of a melody. Two compositions taking their time to move on but quite able to fill in the listening space. Ambient for sure, but there’s nothing bucolic about this music.

TOKYO MASK / Route Painless (Low Impedance Recordings)

Une autre parution chez Low Impedance. Tokyo Mask est le projet de Kostas Kamaritas, avec le batteur Nikos Baskozos sur trois des cinq pièces et le guitariste bruitiste Manolis Melidoniotis sur deux pièces. Tokyo Mask fait dans le doom post-industriel: guitares polluées et languissantes, batterie lourde, cognements de métal, ambiances glauques d’usines désaffectées. Route Painless s’écoute mieux qu’on pourrait croire et offre un équilibre intelligent entre brutalité et recherche. Parfois un peu simpliste, mais “Control” offre un voyage auditif très intéressant.

Another release on Low Impedance. Tokyo Mask is the project of Kostas Kamaritas, backed by drummer Nikos Baskozos on three of the five tracks and guitarist/noisician Manolis Melidoniotis on two tracks. Tokyo Mask is making post-industrial doom music: polluted and languid guitars, heavy drums, metallic clanks, gloomy ambiences. Route Painless is an easier listen than you might think and it offers a clever balance between brutality and research. It can be a bit simplistic at times, but “Control” in particular provides a very interesting aural journey.

BEN FROST / By the Throat (Bedroom Community)

J’avais bien aimé Theory of Machines, le disque précédent de Ben Frost. Et j’aime beaucoup celui-ci, paru en novembre dernier. Mais j’ai été surpris. En le sélectionnant cet après-midi, à la suite du Tokyo Mask, je ne croyais pas créer un enchaînement si parfait. C’est que By the Throat est un disque beaucoup plus bruitiste que le précédent. Mélodies et instruments acoustiques y sont plus rares, les voix y sont absentes. Cela dit, les différences sont importantes entre Tokyo Mask et Ben Frost, à commencer par la présence, ici, d’un solide registre de graves. Ça tremble de partout! Superbe travail de basses fréquences qui donne vie aux drones. Rien d’ouvertement agressif sur ce disque, mais beaucoup de côtés sombres, de demi-teintes inquiétantes, et d’électro-ambiant bruitiste de bon aloi. Des pièces courtes mais qui forment un tout cohérent, pour une séance d’écoute qui déplace de l’air mais aussi des âmes. Solide.

I really liked Theory of Machines, Ben Frost’s previous album. And I’m quite fond of this one released last November. But I’m surprised. Cueing it up this afternoon right after Tokyo Mask, I didn’t know it would fit in SO well. By the Throat is actually a lot noisier than Theory of Machines. Melodies and acoustic instruments are few and far between, and there are no vocals at all. That said, there are major differences between this and the Tokyo Mask CD, starting with the presence, here, of a hefty bass register. The house was shaking! A splendid work on bass frequencies that breathe life into the drones. Nothing overtly aggressive, but lots of dark aspects, troubling hues, and welcomed noisy electro-ambient. Short tracks forming a coherent whole, for a listening session that displaces a lot of air along with your soul. Strong stuff.

2010-02-17

2010-02-17: Mural, Guy Frank Pellerin, Fred Ho, Ural Umbo, Jonathan Badger

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-02-17


MURAL / Nectars of Emergence (Sofa)

Mural est un trio formé de Jim Denley (saxo et flûte), Kim Myhr (guitare acoustique) et Ingar Zach (percussion). Denley et Myhr ont déjà un disque en duo, et Denley et Zach font partie du projet de Myhr avec le Trondheim Jazz Orchestra (qui sera au FIMAV 2010, d’ailleurs). Nectars of Emergence est un très beau disque d’improvisation libre douce et sereine. Les gestes sonores y sont posés, mesurés, disposés avec soin dans un paysage sonore vaste, un peu froid, mais tout de même accueillant. On se perd littéralement dans les finesses des techniques étendues des trois musiciens. Surtout, il y a un clair souci de beauté sur ce disque.

Mural is a trio consisting of Jim Denley (sax and flute), Kim Myhr (acoustic guitar) and Ingar Zach (percussion). Denley and Myhr already have a duo CD out, and Denley and Zach are both part of Myhr’s project with the Trondheim Jazz Orchestra (scheduled to perform at FIMAV 2010). Nectars of Emergence is a very fine record of quiet and serene free improvisation. Sonic gestures are measured, delicate, and carefully placed within a vast soundscape that’s a bit cold but still quite welcoming. You can literally get lost amidst the sophisticated extended techniques of all three participants. Most of all, this record displays a clear concern for beauty.


GUY FRANK PELLERIN / Periplo (Cosmic Ride)

Le multi-instrumentiste Guy Frank Pellerin présente ici un charmant disque solo d’improvisations (surtout) sans multipistage où il combine percussions diverses, saxo soprano, clarinette, ocarina et bansuri. Chaque pièce offre une instrumentation différente, un climat différent aussi. C’est un disque intimiste, fait de tintements délicats, de mélodies introspectives. On pense musique du monde, mais s’il y a des influences ethniques diverses, elles sont sublimées au profit de la recherche d’une musique à la fois personnelle et universelle, musique de recueillement et de partage. Une très belle réussite.

Multi-instrumentalist Guy Frank Pellerin delivers an endearing album of solo improvisations without multitracking, where he combines various percussion instruments, sax, clarinet, ocarina, and bansuri. Each piece has a different combination of instruments and mood. This is an intimate record made of delicate clinkings and introspective melodies. It recalls world music, but if there are various ethnic influences present, they are sublimed in favor of a search for a music both personal and universal, a music of meditation and sharing. Successful and beautiful.


FRED HO AND THE GREEN MONSTER BIG BAND / Celestial Green Monster (Mutable Music)

Le vert radioactif de ce disque détonne avec la production habituelle de l’étiquette Mutable Music. Cela dit, ça ne me pose pas problème (outre peut-être le fait de voir sur la pochette Fred Ho à poil imitant Hulk). Celestial Green Monster est un solide disque de big band actuel. Et son programme est varié et audacieux. D’abord, deux reprises: le thème de Spiderman (toujours sympa et délirant), ainsi qu’un “In-a-Gadda-Da-Vida” de 16 minutes avec la participation de la guitariste Mary Halverson et l’ajout, en plus de la voix principale (Abraham Gomez-Delgado), d’un solo de chant perse (Haleh Abghari) qui propulse ce vieux jam dans la stratosphère des musiques actuelles. Foutument bien fait. Suivent trois compositions originales de Ho: deux courtes de 1974-1975 et une suite de 38 minutes datant de 2006. C’est là le réel intérêt du disque, là où le personnel (qui comprend, entre autres, Jim Hobbs, Taylor Ho Bynum et Wes Brown) est mis à sérieuse contribution, là où le talent de compositeur de Ho peut briller de tous ses feux. Monstrueux ce disque? Pas vraiment. Vert? Faut voir. Céleste? Absolument.

The radioactive green feel of this album is somewhat unusual for a Mutable Music release. That being, it’s not a problem to me (except maybe for Fred Ho appearing nude and in an all-green Hulm impersonation). Celestial Green Monster is a strong avant-big band record, with a diverse and bold program. First up are two covers: the theme from Spiderman (always fun and crazy), and a 16-minute “In-A-Gadda-Da-Vida” featuring guest guitarist Mary Halverson and the addition of a Persian vocal solo (by Haleh Abghari) that propells this old gem into the creative music stratosphere. Darn well done. Then come three original compositions by Ho: two short ones from 1974-1975 and a 38-minute suite from 2006. The latter is the album’s focal point, where the personel (which includes, among many others, Jim Hobbs, Taylor Ho Bynum, and Wes Brown) is put to great use, where the composer’s talent shines real bright. Monstrous, this CD? Nope. Green? It remains to be seen. Celestial? No doubt about it.


URAL UMBO / Ural Umbo (Utech Records - merci à/thanks to Dense Promotion)

Cet éponyme est le premier album d’Ural Umbo, un duo formé de Reto Mäder (RM74, Sum of R) et Steven Hess (Pan American, On, Haptic). Je connaissais RM74, dont j’apprécie l’électro expérimentale métissée de bruitisme, mais je ne m’attendais pas du tout à un disque aussi rock, aussi noise rock, aussi doom-noise rock. Très très bon. Une batterie pesante et lente, des textures sales mais bien contrôlées. Ça me fait penser à Nadja un peu, avec quelque chose de moins évident dans l’approche sludge. Quelque part entre KTL et Bohren und der Club of Gore, peut-être? Impressionnant et satisfaisant.

This eponymous CD is the debut full-length from Ural Umbo, a duo consisting of Reto Mäder (RM74, Sum of R) and Steven Hess (Pan American, On, Haptic). I knew RM74, whose experimental electronica-cum-noise I enjoy, but I didn’t expect something this rock, this noise rock, this doom-noise rock. Very, very good stuff. Heavy slow drumming, dirty yet well-controlled textures. I’m thinking of Nadja, with something less obvious in the sludge approach. Somewhere between KTL and Bohren und der Club of Gore, perhaps? Impressive and satisfying.


URAL UMBO / Latent Defects (Utech Records - merci à/thanks to Dense Promotion)

Latent Defects est un mini-album publié paralèllement au disque éponyme d’Ural Umbo, mais seulement offert en téléchargement (mp3 ou flac). Sur ce mini, le duo laisse tomber la batterie et se concentre uniquement sur les textures sonores, qui sont plus guitaristiques cette fois, avec des sons trouvés aussi. Moins distinctif, plus agressif (oui, même sans la batterie), tout de même intéressant. Beaucoup plus KTL - drones bruyants et râclants. À approcher comme un complément qui présente une autre facette du duo, même si ses six pièces se fondent sur le matériel qu’on trouve sur le CD Ural Umbo. (Ci-dessous: Un trop court extrait de “Theme of the Paranormal Feedback” trouvé sur le site d’Utech Records.]

Latent Defects is an EP released at the same time as Ural Umbo’s eponymous full-length debut, but it is available only in download format (mp3 or flac). Here, the duo drops the drum kit in favor of darker sonic textures that are more guitar-based and also include found sounds. This album is less distinctive, more aggressive (yes, despite the lack of drums), still interesting though. A lot more KTL-sounding - noisy, gritty drones. To be approached as a complement to the full-length, as it features a different side of the band, despite the fact that these six tracks are actually derived from the material found on the full-length debut. [Below: A too-short clip from “Theme of the Paranormal Feedback” found on Utech Records’ website.]

http://www.utechrecords.com/MP3/040_2.mp3


JONATHAN BADGER / Unsung Stories from Lilly’s Days as a Solar Astronaut (MTG Records)

Intéressant. Jonathan Badger est un guitariste qui utilise un système branché à un ordinateur pour déclencher des échantillons d’instruments et de voix à l’aide de sa guitare. Une version guitare hi-tech du mellotron, en quelque sorte. Et il échantillonne même du mellotron, en plus! Sa musique a une certaine base de rock progressif et de RIO, avec un côté ambiant à la Fennesz ou Robert Fripp. C’est un mélange inusité mais étonnamment accessible, audacieux mais confortable. Cela dit, je doute que cela élicite une grande passion chez moi, mais Unsong Stories from Lilly’s Days as a Solar Astronaut est une écoute agréable que je répéterai certainement dans un proche avenir.

Interesting. Jonathan Badger is a guitarist using a computer-driven system that allows him to trigger instrument and voice samples with his guitar - like a hi-tech guitar-based Mellotron. And he even samples a Mellotron. His music is based in part on progressive rock, with an RIO slant and an ambient side akin to Fennesz and Robert Fripp. It’s an unusual blend, but it’s surprisingly accessible, bold yet comfortable-sounding. That said, I doubt this CD will elicit throes of passion in me, but it makes for a enjoyable listen, and I will probably repeat the experience in the near future.

2010-02-16

Délire actuel, 2010-02-16

DÉLIRE ACTUEL

Édition du 16 février 2010
Show aired on 16 February 2010

DESCRIPTION
DESCRIPTION


Voix: Deux heures de voix, masculines et féminines, en chanson actuelle, musique contemporaine, électroacoustique et improvisation libre.
Voices: Two hours worth of voices of all kinds - male and female, avant song, contemporary music, electroacoustics, and free improvisation.

TANYA TAGAQ / Growth (5:30) - Auk/Blood (Ipecac)
VIVANE HOULE / Mandrake [+ Peggy Lee] (4:24) + Au Revas [+ Paul Plimley] (2:40) - Treize (Drip Audio)
FREDY STUDER / Oy [+ Sandaat Türköz (7:36) - Voices (Unit Records)

NOUS PERÇONS LES OREILLES / 2 (39) = 5 (4:30) - Shaman (Ambiances Magnétiques)
JOHN RUSSELL & JEAN-MICHEL VAN SCHOUWBURG / The 50th Birthday Party (6:30) - The Mercelis Concert (Inaudible)
JEAN-MICHEL VAN SCHOUWBURG & MARJOLAINE CHARBIN / Un mot et tout est perdu (3:49) - Quelles bouches voleront en éclats (ind.)

FIVE ROOMS / The Door (0:37) + No Room for Doubt (2:19) + Other Conspiracy (1:59) - No Room for Doubt (Amirani Records)
JACQUES DEMIERRE / Seiss (1:04) + Wjuja (1:27) + éaénd (1:58) - Save Our Ship (Éditions héros-limite)

*YANNIS KYRIAKIDES / U (7:18) - Antichamber (Unsounds)
JB FLOYD, THOMAS BUCKNER & GEORGE MARSH / The Mountain Had Never Before Experienced Such Elation (2:47) - In Crossing the Busy Street (Mutable Music)
**DANNY SAUL / My Escape (9:54) - Harsh, Final. (White Box)

*ANTYE GREIE / We Break Out (6:03) - Einzelkämpfer (AGF Produktion)
JULIE TIPPETS & MARTIN ARCHER / Moonshine (6:03) - Ghosts of Gold (Discus)
ANDREW LILES & FOVEA HEX / Gone (4:04) - Gone Every Evening (Die Stadt)
SABICA SENEZ / Daddy's Back (3:24) - Schallmauer (OHM Éditions)

JACQUES TREMBLAY / Empathies entropiques: Triptyque russe (6:38) - Chroniques d'une séduction (empreintes DIGITALes)

Merci à/Thanks to:
*Dense Promotion
**Forced Exposure



COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

TANYA TAGAQ
Improvisation en concert, février 2009 (elle sera en spectacle au FIMAV 2010).
Live performance from February 2009 (she will be performing at FIMAV 2010).


JEAN-MICHEL VAN SCHOUWBURG & MARJOLAINE CHARDIN

Extrait en concert, janvier 2009.
Live performance from January 2009.

Délire musical, 2010-02-16

DÉLIRE MUSICAL

Édition du 16 février 2010
Broadcast Date: 16 février 2010

LISTE DE DIFFUSION
PLAYLIST


Thème/Theme: CEUX-QUI-MARCHENT-DEBOUT / Bich Bich - Debout! (Coeur de lion)

*SECOND HAND / Hangin' on an Eyelid (4:15) - Maximum Prog (Past & Present)
*WATERLOO / Black Born Children (3:44) - First Battle (Gerssen)
JETHRO TULL / Up to Me (3:14) - Aqualung (EMI)

DEAD CAN DANCE / The Writing on My Father's Hand (3:49) - The Serpent's Egg (4AD)
AVA INFERI / Memoirs (3:47) - Blood of Bacchus (Season of Mist)
**COLLAPSE UNDER THE EMPIRE / Intelligence (3:23) - Find a Planet to Be Safe (Sister Jack)
ZELIENOPLE / All I Want Is Calm (6:01) - Give It Up (Type Records)

*JOSEPHINE FOSTER / The Spider Holds a Silver Ball (2:44) - Graphic as a Star (Fire)
ESPERS / Voices (3:44) - Espers (Locust Music)
HELIOS / Fourteen Paintings (4:01) - Live at Triple Door (Circle Into Square)

MARILLION / Brave (extrait/excerpt: 4:00) - Brave (EMI)

merci à/thanks to:
*Forced Exposure
**Dense Promotion


COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

ZELIENOPLE
Vidéo officielle pour "All I Want Is Calm".
Official video for "All I Want Is Calm".

2010-02-15

2010-02-15: Nous perçons les oreilles, Marc Behrens, Duran Vázquez, Art Zoyd, Nevärlläjf

Journal d'écoute/Listening Diary

2010-02-15


2e écoute/2nd listen: NOUS PERÇONS LES OREILLES / Shaman (Ambiances Magnétiques)

Superbe disque d’improvisation, pas du tout cabotin comme certains pourraient le craindre. Des duos courts et inspirés, avec beaucoup de bruits de bouches et de petits objets et jouets, mais approchés avec énormément de sérieux. Ce n’est pas disque auquel je m’attendais de Joane Hétu et de Jean Derome, c’est mieux. Je vais garder une place de prédilection dans mon coeur pour leur précédent, La vie, c’est simple, mais ce Shaman ensorcèle. Bravo.

A splendid free improvisation record, not at all the wacky thing some might be fearing. Short inspired duos, with lots of mouth sounds and small objects and toys, all approached in a very serious manner. This is not the record I was expecting from Joane Hétu and Jean Derome, it’s even better. La vie, c’est simple, their previous album, will still hold a special place in my heard, but this Shaman is bewitching. Bravo.


MARC BEHRENS / Sleppet (Crónica - merci à/thanks to Dense Promotion)

Un court disque de l’électroacousticien Marc Behrens. Sleppet est issu d’un voyage d’enregistrement sur le terrain en Norvège, en compagnie d’autres artistes. Divisée en quatre mouvements, “Sleppet” a été réalisée en juin 2008 pour diffusion par la radio allemande. Il s’agit d’une relativement simple mais puissante et évocatrice. Tout y passe: éléments de la nature (eau, neige, pierre), vie animale (goélands, bétail) et activité humaine (usines), présentés tels quels et fortement altérés. Ces altérations renferment tout l’art de Behrens, dont le sens de la plasticité aurale est magistral. Incidemment, Sleppet joue très peu dans les régions microsoniques. C’est une œuvre qui ne se cache pas et qui se déploie avec une certaine grandeur. Du beau travail. [Ci-dessous: Écoutez un extrait de l’album sur cette page.]

A short album from electroacoustician Marc Behrens. Sleppet evolved from a field recording trip to Norway with other artists. The four-movement work was realized in June 2008 for broadcast on the German radio. It’s a relatively simple piece, but it’s powerful and evocative. Everything and the kitchen sink’s in there: nature’s elements (water, snow, stone), animal life (seagulls, cattle), and human activity (industries), presented as is and severely transformed. And it is in those transformations that Behrens’ artistry lies - the man’s sense of aural plasticity is commanding. Sleppet strays far from the microsonic regions often associated with his music. This work does not try to hide away in the shadows of your living room’s background noise, it unfolds in a grandiloquent way. Nice job. [Below: Listen to a sample from the album on this page.]

http://cronicaelectronica.org/?p=046


DURAN VÁZQUEZ / Home, Sweet Home (Crónica - merci à/thanks to Dense Promotion)

Une parution gratuite chez l’excellente étiquette électroacoustique portugaise Crónica (utilisez le lien ci-dessous pour la télécharger), Home, Sweet Home semble partager les goélands de Sleppet. Duran Vazquez a concocté un joli disque d’enregistrements de terrains manipulés. On n’y trouve pas l’esthétisme recherché de Marc Behrens, mais tout de même un solide travail d’électroacoustique ambiante à touche hyperréaliste. L’environnement y est très urbain (ville de bord de mer, tout de même), mais Vazquez trouve le moyen de temporiser le rythme urbain et de faire ressortir la béatitude de quelques lieux.

A free release from the superior Portuguese electroacoustic label Crónica (use the link below to download it). Home, Sweet Home shares seagulls with Sleppet. Duran Vazquez has put together a fine record of treated filed recordings. It doesn’t have the sophisticated aesthetics of Marc Behrens’ album, but it remains a strong work of ambiant electroacoustics with a hyperrealistic touch. It is set in an urban environment (a harbor city, but still), however Vazquez has found ways to temporize the urban beat and highlight the peace and quiet of certain locations.

http://cronicaelectronica.org/?p=045


ART ZOYD / Expériences de vol #7: Pure Noise (In-possible Records)

Si vous ne le saviez pas, la série Expériences de vol ne fait pas partie du corpus habituel d’Art Zoyd. Il s’agit de collaborations et de laboratoires dans le domaine de la musique contemporaine de pointe, et non pas des productions à grand déploiement et à contenu musical hautement cinématique ou opératique. Pure Noise ne fait pas de fausse représentation - vous aurez l’impression d’écouter du Merzbow. Sérieusement. Trois longues pièces signées Ulrich Krieger, Kasper T. Toeplitz et Dror Feller, trois longs hurlements électriques instrumentaux. Je n’arrive pas à comprendre la démarche derrière ce projet. Une écoute difficile et peu rétribuante. Et définitivement pas ce que j’attendais d’Art Zoyd, même dans cette série (que je connais bien et qui a donné des trucs beaucoup plus intéressants). Je suis perplexe.

In case you didn’t know, the Expériences de vol series is not your usual Art Zoyd music. This is a series of collaborations and laboratories/workshops in the field of cutting-edge contemporary music, not the group’s large-scale operatic or cinematic avant works. Pure Noise doesn’t lie – it could be mistaken for Merzbow. Seriously. Three long works composed by Ulrich Krieger, Kasper T. Toeplitz, and Dror Feller, three long electric instrumental screams. I don’t get what’s the artistic process underpinning this project. A difficult and little-rewarding listen. And definitely not what I expected from Art Zoyd, even being familiar with the series. I’m puzzled.


NEVÄRLLÄJF / Klusterfloristen (Musea Parallele)

Wow, quel plaisir! Un quintette suédois de rock progressif instrumental particulièrement funky. Un côté très vintage, beaucoup d’humour, une forte influence de Beardfish (dans leurs moments plus funk et zappaesques). Une belle musicalité aussi. De gros riffs, de l’orgue qui crache, une basse qui groove, une batterie qui ne tient pas en place. Une musique entraînante, déroutante (dans le sens qu’elle change fréqumment de direction) - un sérieux divertissement pour l’amateur de rock progressif intelligent et qui n’a pas peur de danser. J’aime! [Ci-dessous: Une pièce de l’album, “Knölpäksinhalator”, interprétée en concert.]

Oh what a delight! A very funky Swedish instrumental progressive rock quintet. Vintage sound, humorous, a strong influence from Beardfish (in their funkier, Zappa-like moments). Nice musicianship too. Big riffs, dirty organ playing, groovy bass, a drum kit that won’t stay in place. Fun, driving music that can switch directions on a dime. Some serious entertainment for the intelligent prog rock fan who isn’t afraid to dance. I like! [Below: A track from the album, “Knölpäksinhalator,” performed live.]