Journal d'écoute / Listening Diary
2009-06-29
RICHARD CHARTIER / Untitled (Angle 1) (Non-Visual Objects)
Cinq heures du mat’ et me voilà confortablement installé, prêt à m’ouvrir à ce nouveau disque de Richard Chartier. Je connais le travail de Richard, je sais que c’est de l’art sonore fin, ténu, fragile si on ne s’y consacre pas entièrement. J’ai donc attendu cette occasion: frais et dispo, rien d’autre à faire pendant que le reste de la maisonnée dort encore, que m’asseoir, chausser mon casque d’écoute et plonger. Beau plongeon, incidemment. Untitled (Angle 1) est une composition stéréo issue d’une installation à huit canaux pouvant générer huit heures de musique (avant que les diverses boucles ne retombent synchro et que le cycle recommence). À l’origine, il s’agissait d’une œuvre audiovisuelle en collaboration avec Linn Meyers, dont les dessins au crayon (on dirait des isobarres très serrées) ornaient deux murs blancs formant un coin (la pochette reproduit des détails). Musicalement, l’œuvre consiste en un assemblage de chuintements, de bruit blanc, de fréquences délicates et d’événements éphémères laissant des traces sur cette paroi plutôt unie mais aux reliefs profonds. Une belle pièce contemplative, moins austère que certaines de ses œuvres récentes, et qui ne s’attarde pas, disant ce qu’elle a à dire en 35 minutes. Bravo. Il s’agit d’une édition limitée à 300 exemplaires, comme la plupart des parutions chez Non-Visual Objects.
Here I am, five in the morning, comfortably seated, and ready to open up to this new record by Richard Charter. I know the man’s work, I know that his soun art is fine, thin, and fragile if you can’t devote all your attention to it. So I waited for an occasion like this: fresh out of bed, rested, nothing else to do, as the rest of the household is sleeping soundly, than to sit down, put the headphones on, and dive in. And a nice dive it is. Untitled (Angle 1) is a stereo composition based on an eight-channel installation that could generate eight hours of music (before the various loops would fall in sync again). The installation was a collaboration with visual artist Linn Meyers, whose pencil drawings (they look like tightly-grouped isobar lines) ornamented two walls forming a chevron (the sleeve shows details of her work). Musically, the piece consists of an assemblage of whispering drones, white noise, delicate frequencies, and ephemereal events that leave traces on the deeply-etched sonic surface. It is a very fine piece, contemplative, less austere than some of Chartier’s recent works, and at 35 minutes it doesn’t overcome its welcome. Bravo. This is released in a limited edition of 300 copies, like most of the albums on Non-Visual Objects.
PETER BRODERICK / 4 Track Songs (Type - merci à/thanks to Forced Exposure)
Lancé presque simultanément au disque Music for Falling From Trees chez Western Vinyl (voir l’entrée du 11 juin 2009 au journal d’écoute), ce 4 Track Songs représente la quintessence de Broderick: 25 courtes pièces en tous genres, comme un “scrapbook” de ses intentions musicales. Il y a de la chanson folk (au banjo parfois, on dirait du Christian Kiefer), du post-classique au piano et de la prise de son extérieure, le tout monté en un album qui coule bien et qui séduit. Les références à Satie et à Harold Budd sont d’usage avec Broderick, mais je pense plus à Olafur Arnalds et Sylvain Chauveau.
Released on the heels of the album Music for Falling From Trees (on Western Music, see the Listening Diary entry for 2009-06-11), this CD showcases the quintessence of Broderick’s art: 25 short pieces of mixed genres, like a scrapbook of his musical intentions. There’s some folk songs in here (some even performed on banjo – they sound like something out of a Christian Kiefer record), piano-based post-classical music, and field recordings, all that sequenced into an album that flows well and seduces easily. References to Satie and Harold Budd are customary with Broderick, but I’m personally thinking more of Olafur Arnalds and Sylvain Chauveau.
IN THE COUNTRY / Whiteout (Rune Grammofon - merci à/thanks to Forced Exposure)
Troisième disque de ce trio de jazz norvégien, considéré par plusieurs comme le trio le plus chaud de l’heure. Troisième moment d’incompréhension, puisque le pianiste Morten Qvenild et sa bande ne réussissent pas à me convaincre. Je trouve leur musique terriblement lente, longue et sans vie, mais d’autres apprécieront son côté feutré, extrêmement intimiste, mélodique d’un mélodisme minimaliste. Chose certaine, Whiteout représente un pas en avant vers une forme musicale plus ambitieuse. La présence du guitariste Andreas Mjøs de Jaga Jazzist ajoute une touche légrement progressive aussi. Appelons cela du jazz acoustique ambiant. [Ci-dessous: “Kungen”, un extrait du disque, trouvé sur le site du groupe.]
A third record for the Norwegian jazz trio, considered by many as the hottest thing right now. And a third moment of disbelief, for pianist Morten Qvenild & co. can’t seemt oconvince me. I find their music terribly slow, long, and lifeless, but others will appreciate its velvety feel, its extreme intimacy, and its minimalistic melodies. One thing is sure: Whiteout is a big step forward toward a more ambitious form of music. The presence of Jaga Jazzist guitarist Andreas Mjøs adds a slightly progressive touch to the album. Might as well call this “acoustic ambient jazz.” [Below: “Kungen,” off this album, link found on the group’s website.]
http://www.inthecountry.no/AUDIO/Whiteout/kungen_web_mix.mp3
GLASGOW IMPROVISERS ORCHESTRA / Poetics (Creative Sources)
J’aime les grands ensembles d’improvisation libre. Le Glasgow Improvisers Orchestra (GIO) s’inspire du modèle du London Improvisers Orchestra (LIO): un collectif à géométrie variable de musiciens-improvisateurs qui s’adonnent à l’improvisation libre, avec ou sans canevas. Et l’ensemble accueille les musiciens de passage, dans ce cas-ci le duo portugais père-fils Ernesto (alto) et Guillerme (violoncelle) Rodrigues. Évidemment, la couleur personnelle de ceux-ci se fond dans la masse de l’ensemble (20 musiciens en tout sur ce disque). C’est parfois confus, mais souvent intéressant, et c’est cette confusion que je recherche, ce sentiment que tout peut arriver mais que tout n’arrive pas, que des idées contaminent une partie de l’ensemble puis s’éteignent, et que parfois la magie se produit. Cela dit, Poetics n’est pas aussi excitant qu’un disque du LIO.
I like large free improvising ensembles. The Glasgow Improvisers Orchestra (GIO) is based on the London Improvisers Orchestra (LIO): a personnel-shifting collective of improvisers indulging in collective free improvisation with or without structure. And the ensemble welcomes visiting musicians, like the father-and-son Portuguese duo of Ernesto (viola) and Guillerme (cello) Rodrigues. Obviously, their personal colours disappear within the bulk of the ensemble (20 musicians on this recording). The music is occasionally confused but often interesting, and it’s that confusion I’m looking for, that feeling that anything could happen, but everything doesn’t, that ideas contaminate parts of the ensemble and then die out, and that some of them take and light up the whole orchestra. That said, Poetics is not as exciting as your average LIO album.
COPERNICUS / Disappearance (Moonjune)
Je ne connaissais pas le poète Copernicus, mais je comprend qu’il est une sorte d’artiste mythique de l’underground. Son dernier disque remonte au début de la décennie. Disappearance est une œuvre puissante et impressionnante. Copernicus chante et déclame ses textes sur l’humanité et la physique quantique sur un ton menaçant et désillusionné – c’est le voix d’un dieu déçu et fâché. Derrière lui, un ensemble de musiciens-improvisateurs dirigés par Pierce Turner, qui parfois jouent librement mais plus souvent suivent un canevas, voire un groove, fournissant une toile sonore colorée et propice à l’ambiance du texte. [Extraits des chansons ici.]
I didn’t know him prior to this CD, but I understand that Copernicus is a mythical underground artist of sorts. His previous record goes back to the early 2000s. Disappearance is a powerful and impressive work. Copernicus signs and declaims his texts about humanity and quantum physics in a menacing tone that is half growl and half disillusion – the voice of a disappointed and angry god. He is backed by a band of improvising musicians led by Pierce Turner. Sometimes they play freely, but mostly they follow a canvas or a setting, a groove that provides a suitable backdrop. [Audio samples here.]
ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / Acid Dreams Testament (Past & Present - merci à/thanks to Forced Exposure)
Sous-titrée “75 minutes of psychotic terror,” cette compilation compte parmi les toutes premières du genre à avoir été publiées sur CD, à la fin des années 80 (rééditée en 2009). Elle demeure aussi l’une des meilleures. “Psychotic terror”, vous dites? Parlons plutôt de 45 tours de rock psychédélique ou acide particulièrement sombre ou tordu. On s’approche parfois même de l’ancêtre du doom métal, mais on reste surtout dans un rock garage, punk avant la lettre, psychédélique à souhait, all-American, des années 60. À souligner: “You’ll Love Me Again” des Music Machine (effrayante pour vrai), “Cry Cry Cry” des Unrelated Segments (quel cri!), “No Friend of Mine” des Sparkles, “Little White Lies” des Painted Ship, à l’influence Mothers of Invention, “Help I’m Lost” de Minds Eye (ouf, le bad trip d’acide!), sans oublier “Suzy Creamcheese” de Teddy & His Patches (pas une reprise de Zappa, mais une chanson librement inspirée de...). Fortement recommandé!
Subtitled “75 minutes of psychotic terror,” this compilation was one of the very first of its kind to be appear on CD, back in the late ‘80s (and reissued in 2009). It remains one of the best. But what about “psychotic terror”? Well, that’s a bit of false advertisement I guess, but what you get is a bunch of particularly dark and twisted psychedelic or acid rock sides. Some even creep close to doom metal ancestry, but most fall in a garage /pre-punk/psychedelic all-American ‘60s rock vein. Highlights include Music Machine’s “You’ll Love Me Again” (really scary this one), “Cry Cry Cry” by The Unrelated Segments (what a scream!), “No Friend of Mine” by The Sparkles, the Mothers of Invention-influenced “Little White Lies” by The Painted Ship, “Help I’m Lost” by Minds Eye (yikes, what a bad acid trip!), not forgetting “Suzy Creamcheese” by Teddy & His Patches (not an actual cover of Zappa’s song, but freely inspired by...). Highly recommended!
ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / Acid Dreams Epitaph (Past & Present - merci à/thanks to Forced Exposure)
Un complément au disque précédent, originalement paru au début des années 90 (réédité en 2009). Sous-titre: “69 minutes of green fuz”. Dans les faits, 31 autres 45 tours américains des années 60. Cette fois, on trouve plus de rock garage et moins de rock psychédélique. Une version démente de “Train Kept A-Rollin’” signée The Rogues, entre autres moments forts, et, question de donner le ton, des titres comme “Suicidal Flowers”, “Night of the Sadist”, My Soap Won’t Float” et “Horror Asparagus Stories.” Moins constant que Acid Dreams Testament.
A companion release to the previous record, originally out in the early ‘90s (reissued in 2009). Subtitle: “69 minutes of green fuz.” What does it actually mean? 31 more ‘60s American sides. This time, the scale tips more toward garage rock than psychedelic rock. Among other highlights, there’s a demented version of “Train Kept A-Rollin’” courtesy of The Rogues and, just to give you a taste, titles like “Suicidal Flowers,” “Night of the Sadist,” “My Soap Won’t Float,” and “Horror Asparagus Stories.” Less consistent than Acid Dreams Testament.