Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

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2013-11-08

2013-11-07: Phill Niblock, Khasho'gi, Mountain Black

Journal d'écoute / Listening Diary 
2013-11-07

PHILL NIBLOCK / Touch Five (Touch – merci à/thanks to Forced Exposure)
J’ai les oreilles qui bourdonnent après ce disque double de Phill Niblock.Trois œuvres récentes au programme. D’abord, “Feedcorn Ear”, dernier volet d’un tryptique pour/avec le violoncelliste Arne Deforce – une pièce planante, plus sereine que les deux précédentes, le genre qui vous ouvre complètement les oreilles au son. “A Cage of Stars” pour/avec Rhodri Davies à la harpe électrique, similaire, en moins transcendant. Et “Two Lips” pour orchestre, ici dans trois réalisations avec quatuor de guitares (Zwerm, Dither et Coh Da, chacun ayant enregistré la pièce dix fois pour générer 40 parties). L’idée derrière “Two Lips” est simple mais intéressante: une partie des musiciens descendent graduellement d’un sol à un fa dièse, à coup de dix cents, tandis que l’autre moitié des musiciens progresse d’un sol dièse à un la, dix cents à la fois. Les trois réalisations diffèrent beaucoup, ce qui n’est pas étonnant puisque la moindre petite variation peut engendrer des battements et des harmoniques différentes.
My ears are ringing after this 2CD set from Phill Niblock. Three recent works. First up is “Feedcorn Ear”, the final part of a triptych for/featuring cellist Arne Deforce – a trippy piece, more serene than the first two installments, the kind of piece that completely opens up your ears to sound. “A Cage of Stars” for/with Rhodri Davies on electric harp is similar, though less transcendent. And “Two Lips” for orchestra, here in three realizations, each with a different guitar quartet (Zwerm, Dither, and Coh Da, each one recorded the piece 10 times to generate 40 parts). The idea behind “Two Lips” is simple but interesting: half of the musicians are moving down from a G to a F#, ten cents at a time, while the other half are moving up from a G# to an A, also ten cents at a time. Each of these three realizations sounds different, which shouldn’t be surprising since the slightest variation (if only in equipment) can produce different wave overlaps and harmonics.

KHASHO’GI / Ay° (Veto Records)
Wô! C’était quoi, ça? Un quatuor de jazz suisse dirigé par un batteur. Un quatuor électrique qui mélange free jazz, métal, minimalisme et… musique africaine?!? Ce disque propose deux longues pièces hautement conceptuelles, quelques courtes pièces ultra-punchées, et des intro-transitions-épilogue qui semblent tirées d’un disque de musique africaine (des chants même, sans qu’ils soient crédités). Un ovni donc, mais dans lequel j’aimerais bien me faire enlever. Fort, puissant, des rythmes de tous les diables, et “Unagi Burger” (12 minutes) mériterait un thèse de doctorat pour démêler tout ce qu’on y trouve.  [Ci-dessous: Ce lien ouvrira un lecteur média proposant deux extraits de l’album.]
Woah! What was that? A Swiss jazz quartet led by a drummer. An electric quartet that blends free jazz with metal, minimalism, and… African music?!? Ay° features two long highly conceptual pieces, a scatter of punchy shorter tracks, and intro/transitions/epilogue that seem to be lifted from an African music record (there’s even some singing in the intro, though no singers are credited). This is a UFO, but the kind I’d like to get kidnapped by. Strong, powerful, incredible overlaid rhythms, and someone should do his doctoral thesis on the 12-minute “Unagi Burger”, just so we can understand what’s going on in this one.  [Below: This link will open up Veto Records’ media player loaded with two excerpts of the album.]

MOUNTAIN BLACK / Closing In (Moozak – merci à/thanks to Dense Promotion)
Premier album de Martin Kay, sous le pseudo Mountain Black, tout frais paru. Kay est un électroacousticien et un phonographiste. Closing In est un peu des deux, mais ni tout à fait l’un ou l’autre. C’est à dire que, même si la musique a pour matière première des enregistrements de terrain, nous sommes loin de la phonographie pure. Et si l’approche est électroacoustique, le résultat a peu à voir avec la version universitaire du genre. Parce que Kay insuffle à sa musique une bonne dose de drone. Closing In est un disque sombre, mais pas opaque, et il invite à une écoute immersive, même si ce qu’il propose incite plutôt à la claustrophobie.
The debut album from Mountain Black, aka Martin Kay, just out. Kay is an electroacoustician and a phonographer. And Closing In is a bit of both, though not quite either. What I mean is that, though the music is based on field recordings, this is far from pure phonography. And though Kay’s approach is clearly informed by electroacoustics, it has little to do with the academic form of that genre. Because there is a strong drone component to Kay’s work. Closing In is a dark record, but it is not opaque, and it calls for an immersive listen, even though what it has to offer can feel claustrophobic at times.


2013-11-07

2013-11-06: Baars/Kneer/Elgart, Keller's 10, Vatican Shadow

Journal d'écoute / Listening Diary
2013-11-06

AB BAARS, MEINRAD KNEER & BILL ELGART / Give No Quartet (Evil Rabbit)
Solide session d’improvisation libre en studio, avec Ab Baars au saxo ténor, à la clarinette et au shakuhachi (sur l’excellente “Boreas”), Meinrad Kneer à la contrebasse et le batteur Bill Elgart. Je ne sais pas si ça relève d’un choix esthétique conscient ou du hasard, mais l’étiquette Evil Rabbit Records favorise l’improvisation concise et ciblée: treize pièces, presque toutes dans les quatre à cinq minutes. Cela oblige les musiciens à aller droit au but, et c’est réussi. Belle énergie, belle synergie, très vif.
A strong studio free improvisation session between Ab Baars on tenor sax, clarinet and shakuhachi (on the gorgeous “Boreas”), Meinrad Kneer on doublebass, and drummer Bill Elgart. I don’t know if it’s a conscious choice or chance, but the Evil Rabbit label seems to favour the short form. Here we have thirteen pieces, almost all of them in the four-to-five-minutes range. This forces musicians to get right to the point, and it works very well here. Fine energy, fine synergy; lively, busy music.

KELLER’S 10 / Two (Unit Records)
Le tentet de Beat Keller est, essentiellement, un stage band – des anches, des cuivres, piano, contrebasse, batterie. Two propose un mélange de compositions originales et d’œuvres puisées dans le répertoire du jazz actuel, plus un standard de Monk. “Circular Music No. 2” de Jürg Frey occupe une bonne partie de l’album: cette pièce conceptuelle explore de subtiles des textures d’improvisation en grand ensemble. Intéressant, mais moins énergique que le reste de l’album, particulièrement “New Work” de Keller et un extrait dément de “Workers Union” d’Andriessen. La prise de son est excellente; la direction d’ensemble aussi.
Beat Keller’s tentet is basically a stage band – woodwinds, brass section, piano, doublebass, drum kit. Two features a blend of originals and works from the avant-jazz repertoire, plus a Monk standard. Jürg Frey’s “Circular Music No. 2” takes up a large chunk of the album: this conceptual piece explores subtle improvisational textures with a large ensemble. Interesting, but considerably less energetic than the rest of the album, especially Keller’s dynamic “New Work” and a demented excerpt from Andriessen’s “Workers Union.” Excellent recording quality, excellent ensemble conducting.

VATICAN SHADOW / Remember Your Black Day (Hospital Productions – merci à/thanks to Forced Exposure)
Dominick Fernow s’est créé un alias nettement plus accessible que le “harsh noise” de son projet Prurient: Vatican Shadow, qui a déjà plusieurs micro-éditions à son actif, mais dont voici le premier CD en bonne et due forme. Remember Your Black Day est une agréable galette d’électro-industrielle qui intègre bien des choses au niveau de la production, tout en visant une certaine accessibilité. C’est très bien fait, étonnamment dansant par moment, tout en contraste. J’aime – plus que Prurient.
Dominick Fernow has concocted an alias that’s much more accessible than his harsh noise project Prurient: Vatican Shadow, which has already released several micro-editions, but whose first bona fide CD just came out. Remember Your Black Day is an enjoyable platter of electro-industrial music that integrates a lot of avant/noise things production-wise while keeping things accessible. It’s very well done, surprisingly bouncy at times, and rich in contrasts. I like – more than Prurient.



2013-11-06

2013-11-05: Webster/Holub, Dead Neanderthals, Rhys Chatham, Mona Lisa, John Luther Adams

Journal d'écoute / Listening Diary 
2013-11-05

COLIN WEBSTER & MARK HOLUB / The Claw (Raw Tonk Records)
Jolie décharge électrique pour ce mardi matin: le saxo (alto, ténor, baryton) Colin Webster et le batteur Mark Holub, dans une série d’improvisations viscérales jouant entre le défoulement et la complainte. Webster est très expressif, un peu comme Paul Flaherty, bien que son son soit un peu plus sinueux, glissant. Et Holub affiche une large palette de couleurs percussives. “The Long Forgotten” et “We’re Done Here” déballent des changements progressifs d’ambiance étonnants.
That’s a nice electroshock to start the day. Sax man (alto, tenor, baritone) Colin Webster and drummer Mark Holub, in a series of visceral free improvisations that range from all-out release to quiet lament. Webster’s playing is highly expressive, aking to Paul Flaherty’s, though in a more sinuous, slippery way. And Holub displays a wide palette of percussive colours. “The Long Forgotten” and “We’re Done Here” unfold surprising gradual shifts in mood.

Dead Neanderthals est un trio de fire music: deux saxos (Colin Webster et Otto Kokke) et une batterie (Rene Aquarius). Improvisations sulfureuses, crues, qui me rappellent cette fois l’ensemble Little Women de Darius Jones – avec un fond de Borbetomagus. Décapant mais sous contrôle.
Dead Neanderthals is a Fire Music trio: two saxes (Colin Webster and Otto Kokke) and drum kit (Rene Aquarius). Sulfurous, raw improvisations that remind me this time of Darius Jones’ Little Women – with a side of Borbetomagus. Paint-peeling but under control.

RHYS CHATHAM / Harmonie du soir (Northern Spy)
Le gourou du noise rock publie dans quelques jours un nouveau disque chez Northern Spy. Solide galette. “Harmonie du soir”, pour six guitares électriques, basse et batterie, est une petite merveille qui propose trois finales au cours de ses 22 minutes. Musique répétitive évidemment, mais entraînante et très sereine. “The Dream of Rhonabwy” pour harmonie de 70 musiciens, tente le même genre de formule, mais elle est plus lourdaude – en raison de l’instrumentation. Tout de même intéressant. Le CD se termine sur “Drastic Classicism Revisited” en power trio – complètement autre chose, cette pièce efface toutes les lourdeurs de la pièce précédente. (Le vinyle omet cette dernière pièce, tout en l’offrant en téléchargement bonus.) Un peu inégal, donc, mais fort satisfaisant, surtout pour la pièce titre, qui s’avère du grand Chatham.  [Ci-dessous: Un montage d’extraits de l’album.]
The guru of noise rock is releasing in a few days a new album on Northern Spy. A strong record. “Harmonie du soir” for six electric guitars, bass, and drums, is a gem that goes through three finales over its 22-minute course. It’s repetitive music, of course, but it’s also driving and surprisingly serene. “The Dream of Rhonabwy” for 70-piece brass band attempts the same formula, with heavier, sloppier results – due to the instrumentation. Still interesting. The CD concludes with “Drastic Classicism Revisited” in power trio mode – something else, entirely, this track obliterates any memory of the dragginess that permeated the previous track. (The vinyl edition omits this final piece, while offering it as downloadable bonus track.) Slightly uneven, Harmonie du soir is still a very satisfying listen, with the title track being a major Chatham opus.  [Below: Excerpts of each piece edited together.]

MONA LISA / Grimaces (Musea)
Le deuxième album du groupe français de rock progressif Mona Lisa, paru en 1975. Il précède Le Petit Violon de Monsieur Grégoire, qui lui est en tous points supérieur (écriture, interprétation, réalisation). À première écoute, Grimaces m’a fait grimacé: j’y entends tous les excès du rock progressif français – la grandiloquence, la théâtralité outrancière, les références scabreuses. Dominique LeGuennec n’a pas la voix de Christian Décamps (d’Ange), et il tente de nous le faire oublier en haranguant, en criant, en surjouant ses personnages (à ce chapitre, “Accroche-toi et suis-moi” est particulièrement pénible). Tout cela, on le trouve aussi sur Le Petit Violon…, mais mieux dosé et avec des arrangements plus éloquents. Cela dit, “Au pays des grimaces” est amusante et “Manèges et chevaux de bois” a de l’audace.
French progressive rock band Mona Lisa’s second LP, released in 1975. It precedes Le Petit Violon de Monsieur Grégoire, which bests it in all aspects (songwriting, performance, production). On first listen, Grimaces had me grimacing: I hear on it all the excesses of French prog rock: the grandiloquence, the over-the-top theatricality, the scatological references. Dominique LeGuennec is no Christian Décamps (of Ange) when it comes to singing, and he tries to make up by heckling and shouting and overplaying his characters (and in that regard, “Accroche-toi et suis-moi” is particularly irritating). Of ocurse, all that is also present on Le Petit Violon…, but in easier doses and coated with more eloquent arrangements). That being said, “Au pays des grimaces” is a fun track, and “Manèges et chevaux de bois” is a bold mini-epic.

JOHN LUTHER ADAMS / Clouds of Forgetting, Clouds of Unknowing (New World Records)
Pour mon anniversaire, je me suis offert quelques disques du compositeur alaskois John Luther Adams. Dans Clouds of Forgetting, Clouds of Unknowing (1997), il s’intéresse à la gamme chromatique avec l’orchestre de chambre Apollo. La partition de cette œuvre de 61 minutes évolue graduellement de la seconde mineure à la septième majeure, pour finir sur une délicate octave qui n’a rien de victorieuse. Ce type de système, de canevas autoimposé assez rigide, est inusité chez Adams. Or, il réussit à s’y plier tout en le déjouant, à alterner passages riches en cordes, riches en bois, riches en percussions, à faire chanter les intervalles, particulièrement dans les transitions. Probablement qu’il aurait pu “dire” tout ça en moins d’une heure – l’œuvre traîne en longueur – mais c’est absorbant.
For my birthday, I treated myself to a few CDs by Alaska-based composer John Luther Adams. In Clouds of Forgetting, Clouds of Unknowing (1997), he focuses on the chromatic scale with the Apollo Chamber Orchestra. The score of this 61-minute work gradually and relentlessly moves from minor seconds to major sevenths, to conclude on a delicate octave that almost feels like an afterthought – or a concession. This type of system, of self-imposed framework, is unusual in Adams’ oeuvre. However, he manages to play with it, alternating string-heavy, wind-heavy, and percussion-heavy passages, and make the intervals sing, especially during transitions. Adams probably could have “said” everything he had to say in less than an hour – the piece sprawls out too much – but it’s an absorbing work.


Délire actuel, 2013-11-05

DÉLIRE ACTUEL

Réécoutez (streaming ou téléchargement) la dernière édition de Délire actuel ICI (cherchez Délire actuel dans la liste).
You can listen (stream or download) to the latest Délire Actuel broadcast HERE (look for Délire Actuel on the list of shows).

Édition du 5 novembre 2013
Broadcast Date: November 5, 2013

DESCRIPTION
DESCRIPTION
Musiques actuelles québécoises: Parutions récentes du Québec!
Québécois musique actuelle: Recent releases from Quebec!

(8:00 pm)




*MIRIODOR
Cobra Fakir
Cobra Fakir
08:53

ROBERT MARCEL LEPAGE
L'Avenue Charles Ives
Le Lait maternel
02:18

ROBERT MARCEL LEPAGE
Buddy Rich and Gary Poor
Le Lait maternel
02:18

ROBERT MARCEL LEPAGE
Le Ketchack américain
Le Lait maternel
02:10
ROBERT MARCEL LEPAGE
Dépassements de coûts au bureau
Le Lait maternel
03:05
QUARTETSKI DOES STRAVINSKY
L'adoration de la terre
Le Sacre du printemps
22:57
PHILIPPE LAUZIER
Silhouette
Transparence
04:26
GGRIL & EVAN PARKER
Marcottage
Vivaces
16:02
FRANÇOIS CARRIER
Shores and Ditches
Shores and Ditches
07:11
CARL LUDWIG HÜBSCH, PIERRE-YVES MARTEL & PHILIP ZOUBEK
tap
June 16th
16:26

BEAN
In a Psalm Knee / Bayou / Wolf, Monk, Fish
I ♥ Bean
09:55

merci à/thanks to:

COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

MIRIODOR
C’est très loin d’être la pièce la plus représentative du nouvel album, mais c’est une jolie vidéo.
Definitely not a representative excerpt of the new album, but it’s a nice video..

QUARTETSKI DOES STRAVINSKY
Un extrait en concert du Sacre du printemps.
A live excerpt from their arrangement of Le Sacre du printemps.