Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

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2010-04-02

2010-04-01: Ambarchi/O'Rourke/Haino, Indignant Senility, Incredible String Band

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-04-01

OREN AMBARCHI, JIM O’ROURKE & KEIJI HAINO / Tima Formosa (Black Truffle - merci à/thanks to Forced Exposure)

Si vous connaissez les parties en présence, vous savez que cette proposition est diantrement alléchante. Je vous confirme donc qu’elle remplit ses promesses. Enregistré en concert en janvier 2009, Tima Formosa propose trois longues improvisations sombres et poignantes. Trois pièces immersives, aux développements lents mais irrésistibles - vraiment, du grand art. Ne craignez pas Haino, il est étonnamment calme et posé, vocalisant avec angélisme noir dans les deux premières pièces, discrètement et au moment opportun, pour transporter l’âme encore plus profondément au cœur des texutres guitaristiques d’Ambarchi et des larsens pianistiques d’O’Rourke. Il fait aussi des électroniques dans la troisième piece, encore là avec goût et mesure. Superbe.

If you know these three, then you know how mouth-watering this proposition is. Well, I’m here to tell you that it fulfills all expectations. Recorded live in January 2009, Tima Formosa features three dark and poignant extended improvisations. Three immersive tracks that unfold rather slowly but irresistibly – a masterpiece, really. And don’t fear Haino, he is surprisingly calm and circumspect, vocalizing like the black angel he is in the first two pieces, discretely and at appropriate times, his contribution carrying your soul deeper inside Ambarchi’s sparse guitar textures and O’Rourke’s piano feedback. He also plays electronics in the third piece, again tastefully and carefully. A splendid work.

INDIGNANT SENILITY / Plays Wagner (Type Records - merci à/thanks to Forced Exposure)

C’est ma première rencontre avec Indignant Senility (Pat Maherr de son vrai nom, de Portland, Oregon). Plays Wagner consiste en la dégradation totale et irrémédiable (du moins, à l’oreille) d’enregistrements d’œuvres de Wagner. Ça fait beaucoup penser au travail de William Basinski. Ralenties à l’extrême, polluées par de nombreuses générations de copies, ramenées au gros grain flou d’un vieille cassette huit pistes tombant en décrépitude, ces bandes deviennent nostalgiques, gothiques, ambiantes mais d’une ambiance de maison hantée minable, oubliée, résignée à son sort. Du son qui englue tout ce qu’il touche. L’approche n’est pas nouvelle mais sa réalisation est habile, subtile et certainement pas dénuée d’intérêt. Mais il faut être dans l’état d’esprit approprié, sans quoi ça devient rapidement long.

This is my first encounter with Indignant Senility (aka Pat Maherr of Portland, Oregon). Plays Wagner consists in the utter degradation of recordings of Wagner works. It is strongly reminiscent of William Basinski’s work. Extremely slowed down, polluted by the noise accrued from generation upon generation of dubbing, brought down to the blurry grain of an old eight-track tape crumbling into dust, these tapes become nostalgic, gothic, ambient, but suitable for the ambiance of a pitiful, forgotten haunted house that has curled up in a ball out of sorrow. The approach isn’t new, but its execution is skillful, subtle, and interesting. But you have to be in the right frame of mind, otherwise it gets long quickly.

THE INCREDIBLE STRING BAND / The Hangman’s Beautiful Daughter (Fledg’ling - merci à/thanks to Forced Exposure)

Je termine cet après-midi ma première exploration des quatre premiers disques du Incredible String Band réédités par Fledg’ling (j’ai chroniqué les deux premiers hier, 2010-03-31). J’attendais de grandes choses de The Hangman’s Beautiful Daughter (1968) après l’éblouissement que m’a procuré The 5,000 Spirits or The Layers of the Onion, mais je suis quelque peu décu. Un disque intéressant, pour sûr, mais moins saisissant. Je soupçonne que les chansons de ce disque requièrent un peu de temps pour laisser agir leurs charmes. Soit.

This afternoon I complete my first run-through of The Incredible String Band’s first four album, reissued by Fledg’ling (I have reviewed the first two yesterday, 2010-03-31). After being dazzled by The 5,000 Spirits or The Layers of the Onion, I was expecting great things from The Hangman’s Beautiful Daughter, but I feel disappointed. It’s an interesting album for sure, but it’s less striking. I suspect these songs to be growers, so I’ll give them some time.

THE INCREDIBLE STRING BAND / Wee Tam & The Big Huge (Fledg’ling - merci à/thanks to Forced Exposure)

Le quatrième opus du Incredible String Band est un album double présenté en fait comme deux disques distincts : Wee Tam et The Big Huge. Cette fois, Licorice est intégrée au groupe (elle faisait des voix et des percussions depuis déjà deux disques, à titre d’invitée). Plus solide, me semble-t-il, que The Hangman’s Beautiful Daughter. Plus fou aussi. Notons deux longues chansons de neuf minutes : l’étrange “Ducks On A Pond” (où Robin Williamson fausse volontairement pour produire des effets comiques) et “Maya,” très réussie. À souligner aussi: “The Half-Remarkable Question” et “Cousin Caterpillar”. Mais cet album fait un peu fourre-tout, avec ses pastiches appalachiens (“Log Cabin Home In The Sky”) et gospel (“The Mountain of God”). Aussi, plus de claviers sur cet album (clavecin et orgue). Ce groupe était définitivement dans une zone très personnelle, une folk qui bat au vent psychédélique qui souffle alors, mais d’une manière très créative, pas convenue du tout. Cela dit, Wee Tam & The Big Huge marque un retour aux racines traditionnalistes du groupe. Pour moi, le joyau parmi ces premiers disques demeure The 5,000 Spirits or The Layers of the Onion.

The Incredible String Band’s fourth opus was a double album marketed as two separate LPs: Wee Tam and The Big Huge. This time, Licorice (already appearing as a guest on the previous two LPs) is a full-time member of the band. This one feels stronger than The Hangman’s Beautiful Daughter. Crazier too. Two long nine-minute songs: the strange “Ducks on a Pond” (where Robin Williamson intentionally sings out of key at times, for comic effects) and “Maya,” very nice. Worth mentioning also: “The Half-Remarkable Question” and “Cousin Caterpillar”. But this album is a bit of a hodge-podge, with its pastiches of Appalachian folk (“Log Cabin Home in the Sky”) and gospel (“The Mountain of God”). Also, there’s more keyboards (harpsichord and organ). This band clearly operated in a highly personal zone, a form of folk that breathed with the psychedelic wind prevalent at the time, although in a very creative, unorthodox way. Wee Tam & The Big Huge marks a return to the band’s traditional roots. To me, the gem among the first four albums is definitely The 5,000 Spirits or The Layers of the Onion.


Je fais relâche pour le congé pascal. De retour mardi!

I'm taking a break for the Easter weekend. I'll be back on Tuesday!

2010-04-01

2010-03-31: Johannesen/Furu, Küchen/Rodrigues/Rodrigues/Santos, Ulmmann-Swell 4, Stefano Pastor, Incredible String Band

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-03-31


KIM JOHANNESEN & SVEIN MAGNUS FURU / The Ecologic (Creative Sources)

Je ne crois pas avoir rencontré ces deux instrumentistes scandinaves auparavant. Kim Johannesen est guitariste. Svein Magnus Furu joue du saxo et de la clarinette. Leur musique est improvisée (c’est presque une règle inébranlable chez l’étiquette Creative Sources), pointilliste, microsonique mais en partie seulement. Il y a des échanges vigoureux sur ce disque, qui s’inspire plus de l’improvisation non-idiomatique du Spontaneous Music Ensemble que de l’improvisation microsonique du tournant du 21e siècle. Un ou deux moments tombent à plat, peut-être par manque de synergie, mais le reste est absorbant. Un bel effort.

I don’t think I had encountered these two Scandinavian instrumentalists before. Kim Johannesen is a guitarist. Svein Magnus Furu plays sax and clarinet. Their music is improvised (a near-unwaivering rule at the Creative Sources label), pointillistic, microsonic, but only in part. This CD contains a few vigorous exchanges that have more to do with the Spontaneous Music Ensemble’s non-idiomatic improvisation than with the microsonic improv of the turn of the 21st century. There are a couple of flat stretches - a lack of synergy perhaps, but the rest is quite absorbing. A fine effort.


MARTIN KÜCHEN, ERNESTO RODRIGUES, GUILHERME RODRIGUES & CARLOS SANTOS / Vinter (Creative Sources)

Je suis preneur de tout ce que font les Rodrigues père et fils. Leur synergie d’improvisation est stupéfiante, les textures qu’ils tissent avec leur alto et leur violoncelle, aussi minimalistes soient-elles, envoûtent et subjuguent. Ce n’est pas la première fois qu’ils travaillent avec l’électronicien Carlos Santos, qui sait se faire si discret, si complémentaire en leur présence. Ajoutez le saxophoniste Martin Küchen qui, dans le cadre de cette musique faite de discrétion, de silence et d’attention au détail, incarne une forme de lyrisme inusité, et vous avez là une autre production mémorable du cœur de l’étiquette Creative Sources. Une étiquette à qui on reproche souvent de produire trop, mais comment reprocher quoi que ce soit quand, régulièrement, elle nous pond des bijoux d’improvisation pointue comme celui-ci.

I’m a taker for anything with the Rodrigues’ (father and son) names on it. Their synergy in improvisation is staggering, the textures they weave with their viola and cello, as minimalistic as they may be, are bewitching. This is not their first collaboration with electornician Carlos Santos, who knows how to make himself discreet in their presence. Add in saxman Martin Küchen who, in the context of this quiet, meticulous music embodies an unusual form of lyricism, and you have another memorable CD from the core of the Creative Sources label. A label of which it has been said several times that it releases too much music, but how can one complain about that when, regularly, it drops a cutting-edge improvisation gem like this one in your lap?


THE ULLMANN-SWELL 4 / News? No News! (Jazz Werkstatt - merci à/thanks to: Braithwaite & Katz)

Deuxième disque du quatuor codirigé par le saxo Gebhard Ullmann (aussi à la clarinette basse) et le trombone Steve Swell. J’avoue avoir un peu de difficulté avec Ullmann, sans trop savoir pourquoi. Je l’écoute depuis une bonne dizaine d’années, et rien de ce qu’il fait me déplaît particulièrement, mais rien ne reste non plus, rien n’arrive à se glisser dans mes favoris, à laisser une impression durable. La même chose risque de se produire avec News? No News!, malgré une belle écriture, des échanges bien sentis entre les deux cuivres, et le travail de finesse du batteur Barry Altschul. Cela dit, les compositions de Swell qui ouvrent et concluent l’album sont particulièrement réjouissantes. Il apporte au groupe un fondement, dans le son et l’écriture, qui en font une proposition jazz pertinente et actuelle mais aussi relativement confortable.

The second album from the quartet co-led by saxman Gebhard Ullmann (also on bass clarinet) and trombonist Steve Swell. I admit having a little problem with Ullmann, and I don’t know why. But I’ve been listening to him for a solid decade, at least, and nothing he does seriously disagrees with me, but nothing sticks either, nothing manages to slip into my favorites or leave a lasting impression. News? No News! will probably know the same fate, despite good writing, strong exchanges between the horns, and the finesse work of drummer Barry Altschul. That said, Swell’s compositions opening and closing the album are particularly enjoyable. He brings a foundation to the band, both in sound and writing, and that makes this quartet a relevant yet relatively comfortable avant-jazz proposition.


STEFANO PASTOR / Freedom (Slam Productions / Silta Records)

Je n’aurais pas pu trouver meilleure illustration de la tiédeur dans laquelle me laisse Gebhard Ullman qu’en enchaînant avec Freedom. On parle encore d’un quatuor de jazz d’avant-garde, mais comme celui-ci m’émeut et me parle plus! Le violoniste Stefano Pastor s’accoquine ici George Haslam (saxo baryton et tarogato, parfois simultanément), Claudio Lugo (saxo soprano) et Giorgio Dini (contrebasse). Quelques improvisations collectives vigoureuses, quelques compositions de Pastor empreintes de lyrisme - “Opposition” donne des frissons de vérité. Superbe.

I couldn’t have found a better illustration of the lukewarm feeling I get from Gebhard Ullman than by putting on Freedom right afterward. This is another avant-jazz quartet, but it moves and engages me so much more! Violinist Stefano Pastor has teamed up with George Haslam (baritone sax and tarogato, simultaneously at times), Claudio Lugo (soprano sax) and Giorgio Dini (bass). A few vivid collective improvisations, a few lyrical composition by Pastor - “Opposition” gives me goosebumps. Splendid.


THE INCREDIBLE STRING BAND / The Incredible String Band (Fledg’ling - merci à/thanks to Forced Exposure)

L’étiquette Fledg’ling réédite les quatre premiers albums de l’Incredible String Band, groupe phare de la scène folk britannique des années 60, à l’origine du courant folk psychédélique des années 60. J’admets ne rien connaître de ces disques que des reprises faites beaucoup plus tard. J’approche donc ce corpus en néophyte. Et je suis impressionné! Évidemment, The Incredible String Band (1966) est un premier album, avec tout ce que cela implique: fraîcheur contrebalancée par une certaine immaturité, peu de moyens en studio, direction encore imprécise. Pourtant, c’est un disque solide, le seul en trio, Mike Heron et Robin Williamson (le noyau dur) étant complétés par Clive Palmer (qui quittera ensuite). Outre deux airs traditionnels, les chansons sont toutes originales, mais fortement ancrées dans les traditions britanniques, écossaises et américaines (des Appalaches). Un disque varié, à la facture vieillissante, intéressant en soi mais diminué par l’opus suivant, le glorieux 5000 Spirits or The Layers of the Onion.

The Fledg’ling label is reissuing The Incredible String Band’s first four albums. ISB was a key group of the ‘60s UK folk scene, and a pioneer of the ‘60s psychedelic folk genre. I admit having not heard these albums before (except through cover versions), so I approach this repertoire with the ears of a newcomer. And I’m impressed! Of course, The Incredible String Band (1966) is a debut album, with all the flaws that come with it: freshness outbalanced by a certain lack of maturity, insufficient studio budget, lack of precise direction. Yet, this is a strong work, the only LP by the trio line-up, Mike Heron and Robin Williamson (the band’s core) being rounded up by Clive Palmer (who will leave soon after). Beside two traditional tunes, the songs are originals but still very much anchored in the British, Scottish, and Appalachian traditions. A diverse record whose age is clearly showing, interesting in itself, but diminished in the light of its towering follow-up (see below).


THE INCREDIBLE STRING BAND / The 5000 Spirits or The Layers of the Onion (Fledg’ling - merci à/thanks to Forced Exposure)

Palmer n’est plus là, le duo a rencontré le réalisateur Joe Boyd qui comprend merveilleusement ce qu’il recherche, on ajoute Danny Thompson à la basse sur quelques chansons, Licorice à la voix sur quelques autres, et voici The Incredible String Band entrant de plein pied dans l’ère psychédélique. Simplement, honnêtement, merveilleusement. Les racines traditionnelles s’effacent pour laisser s’épanouir une écriture folk éminemment personnelle, aiguisée par un voyage en Indie d’où Robin Williamson rapporte un assortiment d’instruments à cordes et à percussion. Ce disque possède deux forces majeures: la qualité de l’écriture et la sobriété de la réalisation. Sa dimension psychédélique passe par les idées littéraires, les progressions d’accords, les arrangements, pas par des artifices de studio. “Chinese White”, “Paintbox”, “The Mad Hatter’s Song”, “The Eyes of Fate”, “My Name Is Death” - les grandes chansons abondent sur ce disque, un classique pur et dur, et de la folk britannique et de la musique des années 60, tous azimuts. La réédition de Fledg’ling est impeccable à tous égards. [Ci-dessous: “Paintbox” interprétée à la télévision.]

Palmer is gone, the duo has met producer Joe Boyd who has an immediate understanding of what the band is trying to do, bassist Danny Thompson is added on a few tracks, singer Licorice on a few too, and The Incredible String Band breaks out into the psychedelic era. Simply, honestly, marvelously. The traditional roots fade out so that a highly personal form of folk songwriting can unfold, a form honed while Robin Williamson was on a trip to India, from where he brought back a slew of string and percussion instruments. This record has two major strengths: the quality of the songwriting and the understated production. Its psychedelic dimension comes from the lyric ideas, the chord progressions, the arrangements, not through studio effects. “Chinese White”, “Paintbox,” “The Mad Hatter’s Song,” “The Eyes of Fate,” “My Name Is Death” – there’s great songs a-plenty on this record, a stone cold classic of British folk AND of ‘60s music, period. [“Paintbox” performed for TV.]

2010-03-30

Délire actuel, 2010-03-30

DÉLIRE ACTUEL

Édition du 30 mars 2010
Show aired on 30 March 2010

DESCRIPTION
DESCRIPTION


Improvisation libre: En toute simplicité, deux heures de nouveautés en musique improvisée - acoustique, électroacoustique, volubile ou discrète.
Free Improvisation: Simply two hours of new free improvisation releases - acoustic and electroacoustic, expansive or quiet.

FREE TALLINN TRIO / Contact (9:21) - A Tale (Leo Records)
FRANÇOIS HOULE, JOËLLE LÉANDRE & RAYMOND STRID / Moment grave (11:29) - 9 moments (Red Toucan)

SEI MIGUEL / Indagaçao (12:18) - Esfingico (Clean Feed)
KIYA TABASSIAN, PIERRE-YVES MARTEL & ZIYA TABASSIAN / Kirkland, 29 km (5:08) - Masafat (Ambiances Magnétiques)

PHILIPPE LAUZIER & PIERRE-YVES MARTEL / Paix (4:27) - Sainct Laurens (&records)
CHRISTINE WODRASCKA & RAMON LOPEZ / Au début du chemin (4:38) - Mementos (Leo Records)

AXEL DÖRNER & ERHARD HIRT / Black Box 1 (23:06) - Black Box (Acheulian Handaxe)
SCOOLPTURES / Bellyslice (4:28) - Materiale Umano (Leo Records)

ALAN LICHT & LOREN CONNORS / Map of Dusk (extrait/excerpt: environ/about 14:00) - Into the Night Sky (Family Vineyard)

VERTEX / Blue Shift (2:55) - Shapes & Phases (Sofa)



COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

FREE TALLINN TRIO
En concert, 2009 (vidéo amateure).
Live, 2009 (amateur footage).

Délire musical, 2010-03-30

DÉLIRE MUSICAL
Réécoutez (streaming ou téléchargement) la dernière édition de Délire musical ICI (cherchez Délire Musical dans la liste).
You can listen (stream or download) to the latest Délire musical broadcast HERE (look for Délire Musical on the list of shows).

Édition du 30 mars 2010
Broadcast Date: 30 mars 2010

Une émission très spéciale, puisque Délire Musical accueille son premier coanimateur invité depuis des lustres. En effet, Stéphane Rocheleau remplacera Daniel Ouellette quelques semaines, pendant le congé de paternité de celui-ci! L'émission de ce soir a donc été improvisé à trois, en guise de passe du grand flambeau.
A very special show, since Delire Musical is welcoming its first guest co-host in a very long while. Stéphane Rocheleau will be filling in for Daniel Ouellette while the latter takes a few weeks of paternity leave! So tonight's show was improvised by the three of us - a passing of the torch kind of thing.


LISTE DE DIFFUSION

PLAYLIST


Thème/Theme: Le Rex / Le Corse - [le corse] (Unit Records)

V.A. / Malong (2:07) + Panderettas (4:05) - Fiesta Filipina: Music of the Philippines (Arcmusic)
*C JOYNES / Poison in the Well (4:38) - Revenants, Prodigies and The Restless Dead (Bo'Weavil)
*JOSEPHINE FOSTER / They Called Me to the Window (1:47) - Graphic as a Star (Fire)

CHROMOSOMOS / Ethnobyte (4:42) - Phonophobis (Audiomobile Production)
AL-YAMAN / Makhatir (4:01) - Insanyya (Indies Scope)
TABLA BEAT SCIENCE / Don't Worry.com (6:13) - Tala Matric (Palm Pictures)

STEVEN WILSON / Abandoner - Engineers Mix (4:46) - NSRGNTS RMXS (Kscope)
BLACK HEART PROCESSION & SOLBAKKEN / Voiture en rouge (5:48) - In the Fishtank 11 (Konkurrent)

RUBEN TAGALOG & DIOMEDES MATURAN / Dahil sa iyo (3:15) - Dahil sa iyo


merci à/thanks to:
*Forced Exposure


COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

CHROMOSOMOS
Pour souligner la première contribution de Stéphane à l'émission (le Chromosomos, c'était son idée), voici une vidéo en concert de ce groupe polonais.
In honour of Stéphane's very first contribution to the show (the Chromosomos track was his idea), here's some live footage of that Polish band.

2010-03-30: Kahn/Mueller, Wiss/Unternährer, Rodrigo Amado

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-03-30


JASON KAHN & JON MUELLER / Phase (Flingco Sound System - merci à/thanks to: Dense Promotion)

Un quatrième album pour ce duo de percussionnistes expérimentaux. Phase est issu d’une série de concerts aux États-Unis. Kahn a mélangé les enregistrements pour produire une pièce continue de 40 minutes, très dense, un bourdonnement intense aux couches et facettes multiples obtenu par de délicats frottements, grattements et effets de résonance de peau et de métal, le tout traité, mis en boucle et démultiplié. Le récent disque solo de Kahn, Vanishing Point, offre un point de comparaison plus rapproché que les disques précédents du duo. Nous sommes ici dans un univers électroacoustique complexe en profondeur mais statique en surface, où tout se fond et se confond: Kahn et Mueller, acoustique et électronique, improvisation et composition (post-enregistrement), particule et onde.

A fourth album for this duo of experimental percussionists. Phase was assembled from recordings from a US tour. Kahn mixed the tapes to create a compact and continous 40-minute piece, an intense drone with multiple layers and sides, all composed of brushing sounds, stroking sounds, resonance effects on skin and metal, all that treated, looped, and multiplied. Kahn’s recent solo CD Vanishing Point offers a better reference point than the duo’s previous records. We are here in a complex and deep-running electroacoustic universe that sounds static on the surface, but where everything blends in and blurs in: Kahn and Mueller, acoustics and electronics, improvisation and (post-recording) composition), particle and wave.


ISA WISS & MARC UNTERNÄHRER / Sopstock (Creative Sources)

De l’improvisation libre vive, très créative, amusante, passionnante, mettant en vedette une vocaliste aux techniques étendues (Isa Wiss) et un tubiste plutôt bruitiste (Marc Unternährer). Tout est acoustique. Sopstock propose 18 courtes pièces (de une à six minutes). Elles sont ciblées, presque des vignettes. Unternährer utilise beaucoup les bruits de bouche et autres microsonorités (quoi qu’avec un tuba, rien ne sonne vraiment microscopique). Et Wiss fait beaucoup penser à Ute Wassermann - encore là, beaucoup de bruits de bouche et de gorge, peu de notes tenues, presque pas de notes chantées. Un disque simple mais solide. Très solide même. Dans le genre improvisation sans ambages, c’est l’un de mes préférés cette année, à ce jour. [Ci-dessous: Vidéo d’une prestation du duo - Unternährer est au cor des Alpes, mais ça donne une idée.]

Lively, creative, fun, and passionate free improvisation featuring a vocalist with very extended techniques (Isa Wiss) and a rather noisy tuba player (Marc Unternährer). Everything’s acoustic. Sopstock features 18 short tracks (one to six minutes). And these tracks are focused, almost like vignettes. Unternährer resorts to a lot of mouth sounds and other microsounds (although, on a tuba, nothing actually sounds microscopic). And Wiss makes me think a lot of Ute Wassermann - again, lots of mouth/throat sounds, very few sustained notes or sung notes. A simple but strong record. Very strong. When it comes to that kind of no-fuss free improvisation, this is one of my favourites this year so far. [Below: A live performance - Unternährer plays a Alp horn here, but you get the idea.]


RODRIGO AMADO/ Motion Trio (European Echoes)

J’ai entendu le saxophoniste portugais Rodrigo Amado pour la première fois en 2009, sur un disque en trio avec Kent Kessler et Paal Nilssen-Love (The Abstract Truth). Le revoici, cette fois dans un trio tout portugais, avec le violoncelliste Miguel Mira et le batteur Gabriel Ferrandini. Un jazz improvisé suave, chaud, intense, qui me fait penser à certaines sessions de Paul Dunmall ou même d’Ivo Perelman (et ça, mes amis, c’est du compliment!). Six pièces de longueur moyenne explorant des intensités différentes, mais toutes procédant d’un héritage jazz et free jazz… même si les puristes du jazz fuiront en faisant des signes de croix.

I first heard Portuguese saxophonist Rodrigo Amado in 2009, on a trio CD with Kent Kessler and Paal Nilssen-Love (The Abstract Truth). Here he is again, this time with an all-Portuguese trio feautring cellist Miguel Mira and drummer Gabriel Ferrandini. Suave, warm, intense improvised jazz that reminds me of some sessions by Paul Dunmall or even Ivo Perelman – and that, my friends, is PRAISE. Six tracks, mostly mid-length, exploring various intensities, and all proceeding from a jazz and free jazz heritage… although jazz purists would surely flee.


Et pour le reste aujourd’hui, de la réécoute en vue du Délire musical de ce soir...

And for the rest of the day, re-listens in preparation for tonight’s Délire Musical…

2010-03-29

2010-03-29: Eplemøya Songlag, Tim Eriksen, DVA

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-03-29


Tant de boulot et si peu de temps. Allons-y aujourd’hui d’un menu allégé, en musiques du monde.

So much work, so little time. So today, I’m going for a short, light menu of world music.


EPLEMØYA SONGLAG / Eplemøya Songlag (NorCD)

Si l’étiquette de musique traditionnelle norvégienne NorCD ne m’a jamais déçu, c’est à cause de productions comme celle-ci: qualité, pertinence, impeccabilité, beauté sidérante. Eplemøya Songlag est un trio féminin a cappella qui interprète des chansons traditionnelles (sauf deux compositions de l’une de ses membres, Liv Ulvik). Les voix sont sublimes, les arrangements riches, les thèmes proches de la complainte québécoise, la qualité d’enregistrement saisissante. Pas figée, pas statique du tout, la musique de ce trio vibre et vit, pleine d’humanité. Un must pour les amateurs: de voix féminines, de complaintes, de chant a cappella, de folklore scandinave. [Ci-dessous: La page MySpace du trio offre deux chansons de l’album en écoute.]

The Norwegian traditional music label NorCD has never disappointed me, and that’s because of productions like this one: quality, relevance, impeccable work, stunning beauty. Eplemøya Songlag are a femal a cappella trio performing traditional songs (save two compositions by one member, Liv Ulvik). The voices are splendid, the arrangements rich, the topics reminiscent of Quebecois laments, the recording quality fantastic. This music is not static or passé at all, it breathes and vibrates with humanity. A must for fans of female voices, laments, a cappella singing or Scandinavian traditional folk music. [Below: The trio’s MySpace offers two songs from the album you can stream.]

http://www.myspace.com/eplemyasonglag


TIM ERIKSEN / Northern Roots Live in Námeˇsˇtˇ (Indies Scope)

Le chanteur et multi-instrumentiste Tim Eriksen s’est produit au festival tchèque de musique traditionnelle de la Nouvelle-Angleterre Northern Roots en 2008. Ce disque présente sa prestation. Eriksen est connu pour revisiter le répertoire “sacred harp”, ou répertoire traditionnel de chants religieux blancs de cette région des États-Unis. Un genre sombre, gothique, constitué essentiellement de ballades. Pensez au répertoire d’Alasdair Roberts, entre autres. Une belle prestation, captée avec un peu trop de son d’ambiance. Quelques chansons a cappella, d’autres accompagnées simplement au banjo, au violon ou à la guitare. Pas un dsque essentiel, mais un complément agréable à la discographie d’Eriksen.

Singer and multi-instrumentalist Tim Eriksen performed at the 2008 edition of Northern Roots, a festival of traditional New England music held in the Czech Republic. Eriksen is best known for his take on the “sacred harp” repertoire, or traditional repertoire of white religious songs from that region of the US. It’s a dark, gothic-like genre composed mostly of ballads. Think of Alasdair Roberts’ repertoire, for instance. A fine performance recorded with a bit too much ambient sound. A few a cappella songs, others feature simple fiddle, banjo or guitar accompaniment. Not an essential item, but an enjoyable complement to Eriksen’s discography.


DVA / Fonok (Indies Scope)

Un duo tchèque de chanson pop alternative (je m’attendais à de la musique du monde, ce n’est pas le cas). Un homme, une femme, jeunes, interprétant des chansons mi-naïves mi-mordantes, avec une pointe d’humour qui fait parfois penser à Sttellla (claviers antédiluviens). Pas mauvais en soi, mais du déjà vu. Et la barrière linguistique fait mal (c’est chanté en tchèque), les paroles semblant jouer un rôle prépondérant (parce que musicalement, c’est pas grand chose).

***...***...

Premysl Stepanek d'Indies Scope me signale que DVA ne chantent pas en tchèque, mais dans une langue inventée. Voilà qui tourne les choses autrement. Je devrai réécouter pour me faire une meilleure idée.

A Czech alternative pop duet (I was expecting world music, clearly it isn’t). A guy, a girl, both young, performing songs that sound half naive, half bity, with an occasional touch of humour (antiquated keyboard sounds). Not bad, but it’s been done. And the linguistic barrier hurts in this case, since the lyrics (all in Czech) seem to be playing a key role - musically, it’s not much.

***...***...

Indies Scope's Premysl Stepanek just informed me that DVA are not singing in Czech but in a amde-of language. This puts a different spin on things. I'll like to give this CD another listen...