2012-08-01
2012-07-31: Busolini/Loriot, Gulba, Christian Fennesz
2011-11-18
2011-11-17: Robert Lippok, Joachim Nordwall, Happy Jawbone Family Band, Black Pussy
BLACK PUSSY / On Blonde (Made in China Records)2010-08-17
2010-08-16: Klaus Schulze, Thomas Ankersmit, Chris Abrahams, Ethnic Duo, John Zorn
Journal d'écoute / Listening Diary
2010-08-16
KLAUS SCHULZE / La vie électronique 6 (MIG)
Ce volume couvre une période légèrement plus longue que le volume 5, plus diversifiée aussi. Sur près de quatre heures de musiques, il propose des prestations en concert de 1976 à 1979, ainsi que des enregistrements en studio de 1976 (les deux “Schwanensee”) et 1978 (“BarracudaDrum”). Il s’agit d’œuvres solos de Schulze, sauf “BarracudaDrum” avec Harald Grosskopf à la batterie (seule pièce inédite sur cet album) et “There was Greatness in the Room” avec Arthur Brown. À souligner: les deux élégants mouvements de “Schwanensee”, les 50 minutes de “Zeitgeist,” une solide pièce, très rythmée, presque dans le style de Tangerine Dream, et la très longue “La vie secrète” (63 minutes!), splendide exemple de la magie que tissait Schulze en concert à partir de sons préplannifiés et d’une étincelle d’improvisation - merveilleusement planant.
This volume covers a period slightly longer than Volume 5, and more diverse. Over four hours of music consisting of concert performances from 1976-1979 and studio recordings from 1976 (both “Schwanensee” tracks) and 1978 (“BarracudaDrum”). They are mostly solo Schulze performances, except for “BarracudaDrum” with drummer Harald Grosskopf (it’s also the only previously unreleased track on this set) and “There was Greatness in the Room” with Arthur Brown. Highlights are the elegant two-movement “Schwanensee”, the 50-minute “Zeitgeist” - a strong piece, beat-driven, almost Tangerine Dream-like – and the very long “La vie secrète” (63 minutes!), a splendid example of the kind of magic Schulze could weave live from pre-planned sounds and a spark of improvisation – marvelously trippy!
THOMAS ANKERSMIT / Live in Utrecht (Ash International - merci à/thanks to Forced Exposure)
Impressionnant, ce premier opus officiel de Thomas Ankersmit (après un mini-CD et des figurations sur des compilations). Ankersmit est saxophoniste à la base, mais il travaille aussi beaucoup avec les synthétiseurs et ordinateurs, dans une recherche microtonale qui rapelle celle de Phill Niblock (avec qui il travaille régulièrement). Une longue pièce de 40 minutes, en deux temps séparés par un long quasi-silence qui permet presque une remise à zéro. Hantant, bourdonnant, avec des juxtapositions de phase déstabilisantes (vers la fin) et un beau travail de dialogues avec bande (au début). Très convaincant.
An impressive official debut CD from Thomas Ankersmit (after an EP and appearances on compilations). Ankersmit is basically a saxophonist, although he also works a lot with analog synths and computers, in microtonal experiments bringing to mind Phill Niblock (with whom he works regularly). A long 40-minute track in two sections separated by a long near-silence that almost allows for a reset. Haunting, droning, with unsettling phase overlaps (toward the end) and some fine dialogue with a tape part (in the beginning). Very convincing.

CHRIS ABRAHAMS / Play Scar (Room40)
Un très beau disque solo du claviériste des Necks, un disque étonnant aussi, puisque Chris Abrahams y dévoile une instrumentation large qui y comprend, en plus des claviers d’époque, orgue d’église et enregistrement de terrain, des percussions et même de la guitare électrique. Chaque pièce est finement ciselée et combine parties acoustiques, électriques et électroniques. Fragments mélodiques, textures ambiantes recherchées, expérimentation dans le grain mais aussi dans l’écriture (“Jellycrown”, “Bird and Wasps”). Chapeau. [CI-dessous: Chris Abrahams dans son élément normal: The Necks. (Désolé, mais Room40 n’a distribué aucun extrait gratuit de ce disque.)]
A beautiful solo record from The Necks’ keyboardist. A surprising disc too, where Chris Abrahams unfolds a large instrumentation that encompasses period keyboards, church organ and field recordings - as usual - but also percussion and even an electric guitar. Each track is finely chiselled and combines acoustic, electrical and electronic sources. Melodic fragments, sophisticated ambient textures, experiments in grain andin composition (“Jellycrown,” “Bird and Wasps”). Congratulations. [Below: Chris Abrahams in his normal element: The Necks (sorry, Room40 has released no free mp3 excerpts of this album).]
ETHNIC DUO / En public au Chêne noir d’Avignon, 1980 (Musea)
Ethnic Duo, ce fut la réunion momentanée (le temps d’un album studio) des deux pierres angulaires de Zao (et membres originaux de Magma) Yochk’o Seffer et François “Faton” Cahen. Cette nouvelle parution vient donc de doubler la discographie officielle de ce duo formé trois ans après la dissolution de Zao. Qui plus est, il propose huit titres inédits (aucune de ces pièces ne figurait sur l’album studio). Ces duos piano-saxo sont pour l’essentiel vifs, complexes, répétitifs et parfois martelants - ce qu’on s’attend du plus grand duo zeuhl hors-Magma de l’époque. Avec une teinte jazz, évidemment, la même qui a toujours été présente dans leur musique (même du temps de Magma). Intimiste en plus. Recommandé.
Ethnic Duo was the short-lived reunion (for a single studio album) of Zao mainmen (and founding member sof Magma) Yochk’o Seffer and François “Faton” Cahen. This new release just doubled the official discogrpahy of this duo formed three years after Zao disbanded. Furthermore, none of the eight compositions featured here appeared on the studio album. These piano/sax duos are mostly lively, repetitive and insistent - everything you’d expect from the greatest zeuhl duo out of Magma. With jazz overtones, of course, as always with these two. And an intimate performance to boot. Recommended.
JOHN ZORN / Duras/Duchamp (Tzadik)
Classique indémodable? Oui, je crois. Deux œuvres si disparates, réunissables uniquement sur la base qu’elles sont, avec un peu d’imagination, du classique contemporain - de la musique de chambre. Mais au-delà de ce trait commun (ayant plus à voir avec la forme que le fond), comment rapprocher “Duras”, pleine d’une subtile élégance, d’un raffinement qui frôle l’effacement, et “Duchamp” la déconstruite, suite de gestes musicaux provocateurs. Et pourtant, oui, il existe un autre point commun à ses deux œuvres: le génie, pur et simple.
Timeless classic? I think so. Two works so different, their only common thread being that, with a little bit of imagination, they can be filed as “contemporary classical” - chamber music. That aside (and that has more to do with format than substance), how can one bring together “Duras” - filled with delicate elegance, refinement bordering on self-effacement - and “Duchamp”, deconstructed sequence of provoking sound gestures. And yet, yes, there do share something: genius, pure and simple.
2009-11-14
2009-11-13: Present, KREV, Eleh/Nana April Jun, Christof Migone, The Giles Brothers, Tatsuya Yoshida
Journal d'écoute/Listening Diary
2009-11-13

PRESENT / Barbaro (ma non troppo) (Ad Hoc)
Hier soir et tôt ce matin, j’ai terminé le visionnement du DVD offert avec le nouvel album studio de Present. Près de trois heures de matériel, allant des deux concerts du groupe au Rock in Opposition France de 2007, jusqu’à des archives des années 90. Les deux concerts du RIO sont splendides, tout particulièrement celui à deux pianos et cinq percussions. Bon son, bien filmé, des prestations enlevantes. Mais côté énergie, la palme va au concert d’une demi-heure du festival de Gouveia 2006. Tournage un peu étrange (l’image est plus étroite qu’une l’image carrée habituelle), mais Dave Kerman est en feu dans “The Limping Little Girl”, qui demeure la pièce la plus effrayante de ce groupe d’avant-prog. Sur une note triste, ce voyage dans le temps (jusqu’au début des années 90 avec une prestation de Present C.O.D.) est parallèlement un voyage à travers la maladie de Roger Trigaux. On voit l’âme du groupe passer d’un rôle de guitariste-chanteur et maître d’œuvre à celui d’un homme limité à plaquer des accords de piano, faire du bruit sur sa guitare et vociférer. IL porte tout de même la vision du groupe et en écrit la musique, une musique qui atteint de nouveaux sommets avec “Vertiges” (sur le disque studio et deux fois sur le DVD). Pour les nouveaux venus et les intéressés: avec cet album double (CD+DVD), vous entendrez toutes les grandes pièces du groupe, à l’exception du “Poison qui rend fou” (représentéee en partie seulement). Les archives vidéo ont l’air de et sonnent comme des archives VHS, évidemment, mais le reste est de première qualité. [Ci-dessous: Un extrait de “Ceux d’en bas”, tiré de la prestation au RIO 2007 (l’extrait commence brutalement, en plein milieu de la pièce; oubliez les 15 premières secondes)]
Last night and early this morning I finished watching the DVD that comes with Present’s latest studio CD. Almost three hours worth of video footage, from the band’s two sets at the 2007 Rock in Opposition France festival all the way back to early ‘90s archives. The two RIO concerts are splendid, especially the short set with two pianos and five percussion stations. Good sound, good filming, rapturing performances. However, energy-wise, the performance from the 2006 Gouveia Art Rock Festival is even better. The image format’s askey (narrower than your usual square image), but Dave Kerman is on fire in “The Limping Little Girl,” which remains Present’s scariest composition. On a sad note, this journey through time (all the way up to an early ‘90s performance by Present C.O.D.) is also a journey through Roger Trigaux’s illness. We witness him move from a role of lead guitarist/singer to the role of a vision-holder reduced to hammering piano chord and making guitar noise on the sidelines. However, he is still carrying the torch and writing killer music, with the new piece “Vertiges” (included once on the studio CD and two more times on the DVD) reaching new heights. With this CD+DVD set, newcomers and parties interested in great, obsessive avant-prog rock will get exposed to all of the band’s major works (except for “Le Poison Qui Rend Fou,” represented only in part). The video archives look and sound like the dated VHS tapes they are, of course, but the rest is premium quality material. [Below: An excerpt from “Ceux d’en bas,” taken from the RIO 2007 set (the excerpt starts abruptly halfway into the song; just forget the first 15 seconds).]
START! / The KREV National Anthem #6 (Ash International - merci à/thanks to Dense Promotion)
KREV, c’est le royaume d’Elgaland-Vargaland, le projet d’art conceptuel le plus délirant qui soit: la création, fin des années 90, d’un pays qui a réclamé la souveraineté sur tous les territoires virtuels et les frontières (oui, la ligne même de démarcation entre les pays). Plusieurs artistes-électroniciens sont devenus citoyens du KREV (qui émet des passeports, d’ailleurs). On en parle peu dernièrement, mais Ash International a publié quelques 7” présentant de possibles hymnes nationaux. Ce 7” (le quatrième de la série, malgré son titre) semble être l’oeuvre de Mike Harding et Heitor Alvelos: deux pièces étranges mêlant drones électroniques et éléments acoustiques, d’une manière trouble, diffuse, presque ectoplasmique. Pas entièrement convaincant.
KREV is the Kingdoms of Elgaland-Vargaland, the zaniest conceptual art project there is: the creation, in the late ‘90s, of a country that claimed sovereignty over all virtual territories and borders (yes, the line itself separating neighbouring countries). Several artists and electronicians became citizens of KREV (which issues passports, believe it or not). KREV has faded from the public eye since, but Ash International has been releasing a string of 7” with possible national anthems. This 7”, the fourth in the series (despite its title), seems to be the work of Mike Harding and Heitor Alvelos: two strange pieces that blend electronic drones with acoustic elements in an opaque, diffuse, almost ectoplasmic way. Not entirely convincing.
ELEH - NANA APRIL JUN / Observations & Momentum (Touch - merci à/thanks to Forced Exposure)
Un “split LP” (pourquoi? Dur à dire) par la vénérable étiquette Touch. Sur la face A, une pièce inédite d’Eleh, “Slow Fade for Hard Sync” (22 minutes). C’est une pièce immersive de textures analogiques, minimaliste à prime abord, mais riche en micro-détails; très intéressant. Sur la face B, une pièce de Nana April Jun, “Sun Wind Darkness Eye” (13 minutes), déjà parue sur son CD The Ontology of Noise, disque qui ne m’avait pas impressionné. J’admets que, tant qu’à publier une pièce de ce disque sur vinyle, c’était celle à retenir, mais quelque chose m’embête dans l’approche cassée, désincarnée, surconceptualisée de cet artiste. Bref, je suis ambivalant à propos d’Observations & Momentum. Disons: oui, pour la pièce d’Eleh.
A split LP (why? Hard to tell) from the venerable label Touch. Side A is a previously unreleased 22-minute piece by Eleh entitled “Slow Fade for Hard Sync”. It’s an immersive composition of analog textures, minimalist on the surface, rich in micro-details underneath. Quite nice. Side B featured a piece by Nana April Jun, “Sun Wind Darkness Eye” (13 minutes), taken from his CD The Ontology of Noise. I admit that, if you had to pick on track from that album (which didn’t impress me) to release on vinyl, this is the track to select. However, there’s something bugging me about his severed, disembodied, overconceptualized approach. So I’m uncertain about the merits of this LP. I’ll say have a go at it for Eleh’s piece.
CHRISTOF MIGONE / Disco sec (OHM Éditions)
Un objet songé, un disque conceptuel, un cas typique chez Christof Migone: l’idée derrière l’oeuvre, sa conception, sa dimension visuelle/textuelle sont plus intéressantes que sa dimension sonore. Au centre de Disco sec: le vinyle et son époque. Migone propose un collage de 72 minutes fait uniquement des premières et dernières secondes d’une centaine de vinyles. Chaque seconde est placée suivant une logique imparable, et les pochettes, titres et paroles desdits disques sont découpés et recombinés de diverses manières, en ordre alphabétique. Le tout prend la forme d’un CD dans une pochette de carton, inséré dans une pochette de vinyle qui contient aussi cinq encarts 11x11 avec photos de l’installation, explication de ses composantes et reproduction des textes recomposés. Une oeuvre très intéressante au point de vue conceptuel mais qui, sur disque, donne un long agencement de silence parsemé de courts sursauts sonores.
A conceptual record, a thought-out object, a typical case with Christof Migone: the idea behind the work, the conception of the work, the visual/textual dimensions of the work are more interesting than its audio component. Disco sec is a piece about vinyl and the vinyl era. Migone delivers a 72-minute collage of the first and last seconds excerpted from 100 vinyls. Each second is placed within the work following strict rules – the rest is all silence; LP sleeves, titles, and song lyrics have been cut up and recombined in vary ways, alphabetically. The project takes the form of a CD in a cardboard sleeve, inserted in an LP sleeve, along with five 11x11” inserts showcasing photos of the art installation, notes about the work’s various components, and the recombined texts. A very interesting work, conceptually speaking, but on record a long composition of silence with occasional outbursts of short samples.
THE GILES BROTHERS / 1962-1967 (Voiceprint)
À la formation de Giles, Giles & Fripp et de King Crimson, Robert Fripp était un jeunot plein d’idée mais sans expérience sur le terrain. Ce qui n’était pas le cas des frères Peter Giles (basse) et Michael Giles (batterie). Tous deux comptaient quelques années d’expérience professionnelle avec une série de groupes pop sans conséquence, avec lesquels ils avaient même endisqués. 1962-1967 regroupe tous ces enregistrements pour la première fois, à la fois les 45 tours et d’autres pièces demeurées sur les tablettes. Est-ce que c’est bon? Non: The Dowland Brothers sont un rip-off des Everly Brothers, Trendsetters Ltd et The Trend étaient des mod groups comme tant d’autres. Seul The Brain montre réellement le germe de ce que sera Giles, Giles & Fripp (on a d’ailleurs droit à la version originale de “One in a Million”). C’est bien de savoir ce matériel disponible, mais laissez-le aux complétistes. Et, dans la pure tradition “pourquoi faire du contrôle de la qualité” de Voiceprint, la séquence des pièces sur le disque ne correspond pas à celle imprimée dans le livret et sur la carte.
When Giles, Giles & Fripp - and later King Crimson - formed, Robert Fripp was an indealistic youngster without any real field experience, whereas brothers Peter Giles (bass) and Michael Giles (drums) had been playing pro since 1962. They had been with a string of unimportant pop bands that recorded a few singles. 1962-1967 culls all these recordings for the first time, including tracks that were never released. Is it good? No: The Dowland Brothers were an Averly Brothers rip-off, while Trendsetters Ltd. And The Trend were nothing more than your subpar Mod group. Only The Brain wasi nteresting and holds the seeds of what Giles, Giles & Fripp would be (we even get to hear their original version of “One in a Million”). It’s good to know that this material is now available, but leave to completist. And, in Voiceprint’s pure “why bother with quality control?” tradition, the actual track order on the disc doesn’t match the track list printed in the booklet and on the tray card.
TATSUYA YOSHIDA w/ IGOR KRUTOGOLOV & ASSIF TSAHAR / Live in the Head (Auris Media)
Enregistré en 2006, paru en 2008 sur l’étiquette israélienne Auris Media, Live in the Head présente les deux faces du grand batteur dément Tatsuya Yoshida: une moitié (un peu plus en fait) de l’album consiste en improvisations avec le saxo Assif Tsahar - du free-prog puissant et chaotique; l’autre moitié consiste en compositions de Yoshida interprétées avec le claviériste Igor Krutogolov - tout à fait dans la veine de Ruins et Koenjiyakkei. Puissant, excessif décoiffant et d’une précision à tout casser.
Recorded in 2006, released in 2008 on the Israeli label Auris Media, Live in the Head features both sides of the great demented drummer Tatsuya Yoshida. Over the half the record consists of improvisations with saxman Assif Tsahar – powerful free-prog – while the rest features compositions Yoshida performs with keyboardist Igor Krutogolov – all in the Ruins/Koenjiyakkei vein. Powerful, excessive, blisterning, and incredibly precise.

