Journal d'écoute / Listening Diary
2012-05-23
Première parution pour une micro-étiquette de Sydney
(Australie) spécialisée en musiques “autres”, un CDR limité à 100 exemplaires.
Première parution aussi pour le duo Black Cracker de Sydney composé de Rishin
Singh au trombone et de Jon Watts à la console de mixage sans entrée. Au fil
d’une improvisation de 40 minutes, ces deux instruments s’amalgament d’une
manière confondante. Je joue moi-même de la console sans entrée, et j’avais
parfois de la difficulté à distinguer l’un de l’autre. Des cliquettements, des
larsens bien contrôlés, des sons électroacoustiques qui s’agencent selon une
courbe d’intensité croissante. Une pièce très aride mais solide et fort
convaincante. [Ci-dessous:
Écoutez l’album sur bandcamp.]
The first release from a new microlabel based in
Sydney (Australia) and focusing on “other” music – a CDR limited to 100 copies.
Also the debut album from Sydney-based duo Black Cracker consisting of Rishin
Singh on trombone and Jon Watts on no-input mixing board. In the course of a
40-minute improvisation, these two instruments are blended in confounding ways.
I myself play NIMB and I was having trouble separating the two. Clicking sounds
and well-controlled feedback, electroacoustic sounds arranged following a
rising curve of intensity. Arid but strong music, a very convincing work. [Below: Listen to the album on
Bandcamp.]
Le pianiste britannique Adam Fairhall propose sur ce
disque de post-moderniser le “delta blues”. Au fil de six compositions
originales, il combine instrumentation traditionnelle (clarinette, trombone,
trompette, basse, batterie, “jug”) et électronique (ordinateur, tourne-disque)
et s’inspire à la fois du delta blues, de l’improvisation libre et du mash-up.
Paul J. Rogers fait tourner des extraits d’enregistrements d’époques qu’il
manipule et intègre au jeu de Fairhall (mélange de ragtime, de stride et de
“free”). Arrangements solides, moments déroutants, une grande réussite
artistique.
With this record, UK pianist Adam Fairhall is
rethinking the delta blues in post-modern terms. Through six original
compositions, he manages to combine traditional instrumentation (clarinet,
trombone, trumpet, bass, drums, jug) and electronic devices (laptop,
turntable), drawing inspiration from the delta blues, European free improvisation,
and the mash-up culture. Paul J. Rogers spins period recordings, which he
treats and integrates to Fairhall’s playing (a blend of ragtime, stride, and
free). Strong arrangements, puzzling moments, a very successful artistic
proposition.
Ce mini-album est disponible en format 10” ou
numérique. Eugénie est le prénom de la fillette de Philippe Petit - on l’entend
d’ailleurs dans “Magma from the Aquarium”. L’album consiste en trois courtes
pièces avec invités sur la face A (Petit en mode “and friends”) et une longue
pièce solo sur la face B. Bela Emerson, Hervé Vincenti (de Strings of
Consciousness), Monty Adkins et Paul J. Rogers (le même qu’on trouve sur le
disque d’Adam Fairhall ci-dessus!) figurent parmi les amis ayant fourni des
pistes que Petit assemble et auxquelles il ajoute. Textures électroacoustiques
mi-sombres à travers lesquelles percent de jolies mélodies. “Magma from the
Aquarium” est plus expérimentale au niveau des traitements et requiert quelques
écoutes. Disponible à compter du 28 mai. [Ci-dessous: “Pyramid of the Moon”
avec Jenny Hames et Paul J. Rogers.]
This EP is available on 10” vinyl or as a download.
Eugénie is the name of Philippe Petit’s young daughter – she’s heard
in “Magma from the Aquarium.” The album consists of three short tracks with
guests (Petit in “and friends” mode) on side A and a single long track on side
B. Bela Emerson, Strings of Consciousness’s Hervé Vincenti, Monty Adkins, and
Paul J. Rogers (also featured on Adam Fairhall’s above-reviewed CD) are among
the friends who recorded tracks for Petit to assemble and add to. Semi-dark
electroacoustic textures through which pretty melodies dart. “Magma from the
Aquarium” (the long track) features more deeply experimental treatments and
requires a few listens. Available May 28.
[Below: “Pyramid of the Moon,” featuring Jenny Hames and Paul J.
Rogers.]
PHILIPPE PETIT /
Extraordinary Tales of a Lemon Girl, Chapter 2: Fire-Walking to Wonderland (Aagoo)
Si Eugénie est somme toute
prévisible lorsqu’on connaît l’univers de Philippe Petit, Fire-Walking to
Wonderland (deuxième volet du triptyque Extraordinary Tales
of a Lemon Girl) m’a pris complètement par surprise. C’est qu’au fil
du temps, Petit a changé son modus operandum: des tourne-disque et des
électroniques maison, il est passé aux instruments. Ici, le cymbalum électrique
la guitare percussive “Triple Caterpillar” prennent le pas sur le reste.
Résultat: un univers sonore beaucoup plus bruitiste, cru même. Le côté “bande
sonore imaginaire” est moins fort, remplacé par une approche électroacoustique
plus dure. J’aime bien. Cela dit, devant l’écart stylistique entre le premier
volet et le second (disponible à compter de la fin juin), je me questionne sur
ce que nous réserve la conclusion de cette série!
If Eugénie sounds rather predictable
when you’re already familiar with Philippe Petit’s universe,
Fire-Walking to Wonderland (the second installment in the Extraordinary
Tales of a Lemon Girl triptych) took me completely by surprise. You see,
Petit has been altering his m.o. From turntables and home-made electronics, he
has been moving on to more orthodox instrument playing. Here, the electric
cymbalum and the “Triple Caterpilla” drum-guitar take over. As a result, the
soundworld is a lot less akin to an imaginary film soundtrack and closer to
noise-based electroacoustic music. I like it a lot. Now, considering the
stylistic distance between the first and the second installment (the latter
will be available in late June), I’m wondering about what the triptych’s
conclusion will sound like!
MATS/MORGAN / Trends and Other Diseases (Cuneiform)
Chaque année, je reviens du FIMAV avec, disons,
quelques disques en plus. Appelons ça mon “sac du FIMAV”, que je dépouillerai
au cours des prochains jours. À commencer par Trends and Other Diseases, le
tout premier disque de Mats/Morgan (1995?), réédité en 2008 par Cuneiform. Dès
le départ, le duo prodige suédois s’est lancé dans un rock progressif
zappaesque à l’os: la chanson légère détournée (“I See You”), les métriques
instables (“Guardian Witch”), les instrumentales en copier-coller, etc. Ce
premier tour de piste est fort convaincant, même s’il n’atteint pas encore le
niveau de son successeur, The Music or the Money?.
Every FIMAV, I come back with, say, a few more
records. Let’s call it my “FIMAV haul”, and in the next few days I will be
listening to that haul, one or two albums a day. Starting with Trends
and Other Diseases, the debut album by Mats/Morgan (1995?), reissued on
Cuneiform in 2008. The Swedish prodigy duo started right way with a
Zappa-drenched form of prog rock: diverted pop songs (“I See You”), complex
metrics (“Guardian Witch”), collage-like instrumentals, etc. This first public
bout is very convincing, though it does not yet reach the heights of its
successor, The Music or the Money?.
Sac du FIMAV. La période numérique de Merzbow, certains
aiment, d’autres non. Personnellement, je n’ai rien contre, mais je n’en
faisais pas une priorité. Néanmoins, Merzbuddha (2005) est fort
intéressant - presque léger pour du Merzbow, avec des arrêts, des redémarrages,
un arc compositionnel plus évident. Recommandé.
FIMAV haul. Merzbow’s digital period – some like
it, some don’t. Personally, I have nothing against it, but it wasn’t a priority
for me. However, Merzbuddha (2005) is
a very good record - almost light for Merzbow, with stops, pauses, and a more
palpable compositional arc. Recommended.