Journal d'écoute / Listening Diary
2009-12-31
BJ NILSEN / The Invisible City (Touch - merci à/thanks to Forced Exposure)
Il semble que BJ Nilsen ait définitivement abandonné le pseudo Hazard. The Invisible City est, je crois, son disque le plus “musical” à ce jour. Il est beaucoup moins axé sur le “field recording” (quoi que cette pratique soit toujours présente en filigrane), fait appel à beaucoup d’instruments et développe même, parfois, des rythmes embryonnaires et des bribes de mélodies. Les huit pièces du disque sont tout de même des constructions sonores, des compositions ambiantes, relativement abstraites, où les sons se mêlent, se référencent les uns les autres, se masquaradent, mais forment un tout très convaincant. Ce disque possède aussi une unité sonore, certains sons revenant d’une pièce à l’autre, sans pour autant donner au tout l’apparence d’une seule oeuvre en plusieurs mouvements. Je trouve ce disque plus convaincant que The Short Night et fort agréable. Ça me fait presque penser à Shenzou de Biosphere.
It seems that BJ Nilsen has definitively abandoned his Hazard moniker. The Invisible City may be his most “musical” album to date. It is a lot less focused on field recordings (although they remain a part of the sonic fabric) and uses lots of instruments, even developing into embryonic beats and fragmental melodies. Still, the eight pieces making up this album remains sound constructs, rather abstract ambient compositions where sounds are intertwined, referencing one another, masquerading as one another, and forming a very convincing whole. This record also bears a sonic unity, with certain sounds reappearing in differents parts of the album, although not enough to give it a feel of one-work-in-several-movements. This album is more convincing than The Short Night and quite enjoyable. It reminds me somewhat of Biosphere’s Shenzou.
JON ROSE / Double Indemnity (Heyermears Discorbie)
Un disque de 2004, récemment acquis à petit prix. J’aime beaucoup Jon Rose, autant sa musique que ses délires mythocrates (son personnage de Johannes Rosenberg). Cela dit, pour du Rose, Double Indemnity offre un concept musical mince. Il s’agit d’une pièce continue de 45 minutes pour violon double - un violon à dix cordes fait de deux violons unis par la tête, comme des frères siamois. Il s’agit donc d’une oeuvre minimaliste, où Rose fait valser simultanément deux archets sur les cordes Malgré les variations d’approche (limitées), ça devient lassant. Heureusement, le livret offre quelques textes délirants sur les moeurs musicales d’une tribue papoue fictive et celles des siamois. Décidemment pas un essentiel dans la discographie de Rose.
A CD released in 2004, but I recently acquired it. I’m very fond of Jon Rose, as much for his music than his mythocratic deliriums (his Johannes Rosenberg character). That said, for a Rose album, Double Indemnity is a bit thin on musical concept. This is a continuous 45-minute piece performed on the double violin, a 10-string violin consisting of two violins joined at the head, like Siamese twins. It’s a minimalistic piece, where Rose uses two bows simultaneously on the instrument. Despite the various techniques he uses, it gets tiresome after a while. Luckilly, the booklet offers crazy articles about the musical habits of a fictive African tribe and Siamese twins. Definitely not essential Rose.
ÉDOUARD-LÉON SCOTT DE MARTINVILLE / Au Clair de la Lune (Parlortone - merci à/thanks to Forced Exposure)
Terminons l’année 2009 avec cet objet inusité. Cette critique sera celle dont la rédaction, au pro rata de la durée du disque, m’aura demandé le plus de temps! L’étiquette Dust-to-Digital a inauguré un subsidiaire consacré au vinyle (Parlortone) en publiant le plus vieil enregistrement de voix humaine connu. En 1860 (17 ans avant Thomas Edison), Édouard-Léon Scott de Martinville réalisait un “phonautogramme” de 20 secondes de la chanson “Au clair de la lune”, soit une gravure sur cylindre de papier enfumé de sa propre voix. Des ingénieurs ont réussi à restituer cette onde sonore et... voilà! Ce court fragment est publié sur un 45 tours à une face. 20 secondes de grésillements et d’un scientifique (pas un chanteur!) qui s’exécute pour tester son appareil. On comprendra qu’il s’agit d’un document historique, point à la ligne. Une belle édition, par contre.
Let’s conclude 2009 with this highly unusual item. This review will have taken me the most time-per-second-of-listening than any other for sure! The Dust-to-Digital label has launched a vinyl-only imprint (Parlortone) with the release on the oldest human voice recording known. In 1860 (17 years before Edison), Édouard-Léon Scott de Martinville produced a 20-second “phonautogram” of the song “Au Clair de la Lune”, i.e. a visual image of sound waves on a cylinder of blackened paper. Engineers have managed to restitute this sound wave and... ta-da! This short fragment is released as a one-sided 7”. 20 secondes of heavy surface noise and the voice of a scientist (not a singer!) going at it for the sake of science. A historical document, period. A nice edition, though.