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2010-01-22

2010-01-22: Holdsworth/Pasqua/Haslip/Wackerman, Neverness, King Crimson, Gong

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-01-22


HOLDSWORTH PASQUA HASLIP WACKERMAN / Blues for Tony (Moonjune)

Je ne suis pas un grand fan de jazz-rock/fusion. J’aime ça, mais ça ne m’enthousiasme pas. Par contre, je sais aussi le genre de jazz-rock/fusion que j’aime et ce que je n’aime pas: les solos interminables, le son clinique de certaines productions, l’absence d’élément humain. Aucun de ces “turn-offs” sur Blues for Tony, un concert solide par un quatuor qui commande le respect. Bien sûr, Allan Holdsworth (guitare), Alan Pasqua (claviers), Jimmy Haslip (bass) et Chad Wackerman (batterie) ont tous droit à beaucoup d’espace pour montrer de quoi ils sont capables. Mais cet espace est utilisé avec goût et respect des autres. Surtout, ces solos s’inscrivent dans des pièces à l’écriture inspirée, des pièces qui ont de l’âme (comme ce qu’on trouvait chez Return to Forever ou Mahavishnu Orchestra). Blues for Tony est un album double court (moins de 90 minutes), un concert donné en 2007. Très belle captation, superbe performance. [Ci-dessous: sur cette page, vous pouvez écouter un extrait de chaque pièce de l’album.]

I’m not a big fan of jazz-rock/fusion. I like it, but it doesn’t get me all excited. However, I also know what kind of jazz-rock/fusion I like and don’t like - endless solos, clinical production values, lack of human element. None of these turn-offs rear its head on Blues for Tony, a strong concert by a band that commands respect. Of course, Allan Holdsworth (guitar), Alan Pasqua (keyboards), Jimmy Haslip (bass), and Chad Wackerman (drums) all enjoy a lot of room to show their chops, but they use that room tastefully and respectfully. Most of all, their solos are framed by inspired songwriting, tunes that have soul (the kind of soul one also found in early Return to Forever and Mahavishnu Orchestra). Blues for Tony is a short double album (under 90 mnutes), a concert from 2007. Nice live recording, splendid performance. [Below: On this page, you can listen to an excerpt of each album track.]

http://www.moonjune.com/MJR029.htm


NEVERNESS / Neverness III: The Measure of Time (Musea)

Un groupe de rock progressif espagnol, dont ceci est clairement le troisième album. Du rock progressif symphonique à forte influence néo-progressive et une touche de mordant dans les guitares. Honnêtement, je m’attendais à peu de choses de ce disque, mais il n’est pas désagréable. L’écriture manque de profondeur et la production est trop “in your face” (manque de nuances), mais dans le genre rock progressif à formule, ça marche bien.

A Spanish progressive rock band for whom this is obviously a third album. Symphonic prog rock with a strong neo-prog influence and a metal feel in the guitar department. Honestly, I expected little from this CD, but it turned out enjoyable enough. The writing lacks depth, and the production is too in-your-face (it lacks range), but The Measure of Time works out well as formulaic prog rock.


2e écoute/2nd listen: KING CRIMSON / Lizard [40th Anniversary Series] (Inner Knot/DGM)

J’écoute le nouveau mix stéréo. Moins impressionnant que le 5.1, évidemment, mais tout de même un gain de clarté et de séparation. Fripp avait tendance à camoufler la voix de Gordon Haskell, Wilson la fait ressortir, ainsi que le jeu de guitare hallucinant de Fripp dans “Cirkus”.

I’m listening to the new stereo mix. Less impressive than the 5.1 mix, of course, but still an improvement in terms of clarity and separation. Fripp had a tendency of burying Gordon Haskell’s vocals into the mix; Wilson brings it out, along with Fripp’s mad acoustic guitar playing in “Cirkus”.


GONG / Flying Teapot (Charly Records)

C’est vendredi PM et je me gâte un peu, en revisitant ce classique, par pur plaisir. Je lui préfère Angel’s Egg, mais tout de même, quel disque sublime. J’adore la folie de cette époque de Gong, et il y a sur ce disque un côté brinquebalant, un peu fantoche, improvisé, que j’aime beaucoup. Par contre, la qualité sonore de mon édition est un peu plate. Quelqu’un a entendu la réédition chez Eclectic Discs avec extras? Ça vaut la peine?

It’s Friday PM and I’m treating myself to this classic opus, just for the fun of it. I prefer Angel’s Egg, but still, what a thrilling record. I love to craziness found in this era of Gong, and this particular record has a makeshift, improvised quality that I hold dear. However, the sound quality on my edition is a little flat. Has anyone heard the Eclectic Discs reissue with bonus tracks? Is it worth it?

2010-01-21

2010-01-21: Gray/Connors, Jailbreak, Circum Grand Orchestra, Etron Fou Leloublan, Porcupine Tree, King Crimson

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-01-21


DARIN GRAY & LOREN CONNORS / The Lost Mariner + At the Old Factory (Family Vineyard)

Depuis quelques années, Family Vineyard travaille fort à remettre en circulation l’œuvre du guitariste Loren Connors, à coup de compilations et de rééditions (physiques et numériques). The Lost Mariner est l’un des deux premiers disques publiés par cette étiquette à sa fondation en 1999. Cette réédition souligne ce 10e anniversaire, mais c’est plus que ça. En fait, The Lost Mariner est l’un des plus beaux disques de Connors. En collaboration avec le bassiste Darin Gray, il crée ici sept pièces délicates, entièrement absorbées, ne tenant qu’à un fil, mais un fil d’une beauté lancinante. Chaque note compte, déposée goutte à goutte, comme l’essence d’une fleur rare. Dans le spectre de Connors (qui peut se faire bruyant à ses heures), ce disque appartient à son style post-blues ultra-calme, mesuré et doux. Très beau. Cette réédition se présente sur vinyle et est accompagnée d’un bonus: un 7 pouces exclusif intitulé At the Old Factory et présentant le même duo en concert - un peu plus cru, mais tout aussi envoûtant. Amateurs de Connors, ce disque est un must. Aussi disponible en téléchargement (sans le bonus). [Ci-dessous: “Part 4”, trouvée sur le site de Family Vineyard.]

For the past few years, Family Vineyard has been hard at work putting back into circulation the works of guitarist Loren Connors, with a couple of high-profile best-ofs and a few physical and digital reissues. The Lost Mariner was one of the label’s very first two releases, back in 1999. This LP reissue celebrates the label’s 10th anniversary, but there’s more to it, for The Lost Mariner is simply one of Connors’ finest moments. In collaboration with bassist Darin Gray, here he creates seven delicate, entirely absorbed pieces that barely hold together by a thread of entrancing beauty. Each note counts, like droplets of essence from a rare flower. Within Connors’ spectrum (the man can get noisy at times), this album belongs to his ultra-calm post-blues oeuvre. It’s paced and quet, and beautiful. This LP reissue includes a bonus 7” entitled At the Old Factory, exclusive to this release and featuring the duo in concert - a bit raw but just as captivating. Fans of Connors, this album is a must. Also available as a download (without the bonus 7”). [Below: “Part 4”, found on Family Vineyard’s website.]

MP3 - The Lost Mariner pt. 4


JAILBREAK / The Rocker (Family Vineyard)

Jailbreak est un duo de “power free” formé du batteur Chris Corsano et de Heather Leigh à la pedal steel et la voix. J’admire beaucoup Corsano, dont le jeu est époustouflant de vitesse et d’énergie. Je connais beaucoup moins Leigh. Elle mène du train, avec beaucoup d’énergie et de passion. The Rocker paraît sur vinyle, une longue improvisation par face, peu de changements, qu’un feu roulant d’intensité à fond de train. Bruitiste à souhait, mais presque free jazz aussi, en raison du style de Corsano qui, même lorsqu’il tapoche à tour de bras, conserve une touche jazzée.

Jailbreak is a “power free” duo consisting of drummer Chris Corsano and pedal steel player/singer Heather Leigh. I admire Corsano’s incredibly fast and energetic playing. Leigh I know a lot less. She’s noisy, in a driving and passionate way. The Rocker is release in LP format, with one long improvisation per side, little changes, just a constant rollercoast of intensity. It’s noise music, but it’s also almost free jazz, thanks to Corsano’s playing retaining a jazzy feel even with a full head of steam.


CIRCUM GRAND ORCHESTRA / Le Ravissement (Circum-Disc)

Deuxième disque de ce grand orchestre de l’étiquette/collectif Circum, avec, entre autres, Jean-Baptiste Pérez, Sébastien Beaumont, Peter Orins et Olivier Benoit. Ce dernier signe toutes les compositions sauf une, et j’avoue aimer BEAUCOUP son écriture (dans le projet Hué/Circum, particulièrement). De l’excellent jazz actuel, dans un moule “musique actuelle” très québécois - je pense à Je me souviens de Jean Derome, à NOMA de Tom Walsh. Belle section de cuivres, deux guitares, section rythmique double, des pièces intelligentes, vives, aux arrangements riches et beaux. Sans jeu de mots, je suis effectivement ravi.

A second record from Circum label/collective’s orchestra, with Jean-Baptiste Pérez, Sébastien Beaumont, Peter Orins, and Olivier Benoit, among others. The latter penned all the compositions save one, and I admit to LOVE his writing (especially in the Hué/Circum project). This is excellent avant-jazz, with a very Quebec-style musique actuelle feel – I’m thining of Jean Derome’s Je me souviens and Tom Walsh’s NOMA. Nice brass section, twin guitars, double rhythm section, intelligent and lively pieces, rich arrangements. I’m thrilled.


ETRON FOU LELOUBLAN / Face aux éléments déchaînés (Gazul/Musea)

Le dernier disque d’Etron Fou Leloublan, paru en 1985, et le dernier réédité par Gazul Records (un subsidiaire de Musea). Un disque superbe, à mon goût le meilleur des trois avec Jo Thirion. Des chansons folles, aux rythmiques complexes et aux textes joyeusement échevelés, mais livrées avec un air pince-sans-rire saisissant. Ce disque fait TRÈS années 80 et porte la marque de la réalisation de Fred Frith - un son très RecRec: clinique, mécanique, dépouillé, ce qui jure avec la nature foisonnante des chansons. Cette tension se traduit par de merveilleux moments. Moins accessible que Les Poumons gonflés et moins outrageusement délirant que Batelages ou Les 3 fous perdégagnent… Somme toute, un excellent point d’orgue à l’histoire de ce groupe mythique, fier représentant français du mouvement Rock-in-Opposition et la créature rock la plus incongrue qu’ait produite l’Hexagone.

Etron Fou Leloublan’s final opus, released in 1985, and the last reference in Gazul’s EFL reissue program. A splendid record - the best of the three records with Jo Thirion, in my opinion. Cazy songs with complex rhythms and very odd lyrics delivered in striking no-nonsense fashion. This records bears the mark of the ‘80s… and Fred Frith’s production: a typical RecRec sound: clinical, mechanical, stripped-down, which contrasts heavily with the luxuriousness of the songs. This tension leads to fabulous moments. Less accessible than Les Poumons gonflés, less outrageously mad than Batelages or Les 3 fous perdégagnent… All in all, an excellent finale for this mythical group, proud representative of France in the Rock-in-Opposition movement, and the most unclassifiable rock creature ever to come out of France.


PORCUPINE TREE / Metanoia (Snapper Music)

Pas un essentiel de Porcupine Tree, mais un disque néanmoins intéressant. Cet album est constitué d’improvisations en studio et de matériel préparatoire à l’album Signify (qui lui même s’est vu bonifié d’un disque complet d’outtakes, il y a quelques années). Un disque instrumental donc, axé sur le jam, avec beaucoup de bons solos de Steven Wilson. Sympathique. Recommandé pour ceux qui, comme moi, aiment Voyage 34. Les autres peuvent passer leur tour, à moins d’être complétistes.

This is not an essential Porcupine Tree album, but it definitely has its moments. Metanoia consists of studio improvisation and preparatory material for the Signify album (of which there is already a disc worth of outtakes). So it’s all instrumental, jam-focused, with lots of guitar solos from Steven Wilson. Fun. Recommended to folks who, like me, enjoy Voyage 34. The others can skip this one, unless they’re completists.


KING CRIMSON / In the Court of the Crimson King [40th Anniversary Edition] (DGM)

La transformation sonore de ce disque est moins impressionnante que Lizard ou même Red. Le mix 5.1 de Steven Wilson est encore étonnant de justesse, mais les versions stéréo antérieures de cet album étaient déjà très satisfaisantes. Tout de même, soulignons le jeu d’haut-parleurs créatif sur “21st Century Schizoid Man” et la spatialisation soignée de “Moonchild.” D’ailleurs, cette dernière pièce ne devait pas être raccourcie? La version 5.1 est pourtant intégrale (celle du CD est tronquée de trois minutes). Beaucoup de pièces boni, toutes des versions différentes (à divers stades d’enregistrement) des mêmes cinq chansons de l’album. D’un certain intérêt, mais pas tant que ça. Achetez pour le nouveau mix 5.1 ou même le nouveau mix stéréo si vous n’aviez pas l’édition “définitive” de 2004.

The sonic transformation on this record is less impressive than on Lizard or even Red. Steven Wilson’s 5.1 mix is once again dead on, but the previously available stereo versions of this album were already quite satisfying. Still, I must point out the creative loudspeaker plays in “21st Century Schizoid Man@ and the delicate spatialization on “Moonchild.” Incidentally, wasn’t the latter supposed to be edited? The 5.1 version is complete (the one on the CD is three minutes shorter). Lots of bonus tracks, all alternate versions (at various stages of recording) of the same five album tracks. Of some interest, though not that much. Buy it for the new 5.1 mix or even the new stereo mix if you don’t have the “definitive” 2004 edition.

2010-01-20

2010-01-20: Éric La Casa, Mike Cooper, Hession/Wilkinson/Fell/Morris, Fehlfarben, Yellow Swans, King Crimson

Journal d'écoute/Listening Diary

2010-01-20

ÉRIC LA CASA / Zone sensible 2/Dundee 2 (Room40)

J’aime beaucoup le travail d’Éric La Casa, un artiste de field recording sensible et créatif. Ce disque propose deux œuvres mises côte à côte, deux projets in situ pour espaces publics. “Zone sensible 2” tourne autour des ruches d’un certain Olivier Darné, en banlieue de Paris, une œuvre étourdissante, fascinante dans ses agencements et traitements de bourdonnements. Beaucoup de vie dans cette pièce. “Dundee 2” s’intéresse à la ville de Dundee (Écosse), à travers l’agencement de regards scrutateurs sur ses éléments constituants (lieux, objets, machines, habitants). La Casa ne tombe jamais dans le narratif, laissant les sons parler d’eux-mêmes plutôt que leur imposer une structure linéaire et unidirectionnelle. Superbe travail.

I am very fond of Éric La Casa’s work. He is a sensity and creative field recordist. This CD features two works put side by side, two site-specific projects for public spaces. “Zone sensible 2” revolves around the bee hives of one Olivier Darné, near Paris. It’s a dizzying piece with fascinating layerings of sounds and buzz treatments. Lots of life in this one. “Dundee 2” focuses on the two of Dundee (Scotland), through arrangements of scrutinizing looks at its constituents (places, objects, machines, and people). La Casa never falls for the narrative, letting the sounds speak for themselves instead of imposing a linear, unidirectional structure to them. Splendid work.

MIKE COOPER / Rayon Hula (Room40)

Room40 publie des disques physiques (celui de La Casa, par exemple), mais aussi des albums offerts uniquement en téléchargement, comme cette réédition remasterisée de Rayon Hula, L’œuvre avant-exotica qui a valu à Mike Cooper un prix Ars Electronica en 2005. À partir des disques de jazzman exotica hawaïen Arthur Lyman et en s’inspirant des motifs de sa collection des chemises hawaïennes (je n’invente rien!), Cooper a composé un disque hybride qui intègre parfaitement électronique ambiante et exotica. Disons, pour donner une idée, qu’il s’agit d’une version hawaïenne d’Endless Summer, l’ode rétro-surf de Fennesz. Mais il n’y a pas d’imitation ici (et Fennesz ne travaillait pas à partir d’échantillonnages). Très heureux de découvrir ce disque, même cinq ans en retard.

Room40 releases physical CDs (like the La Casa title above), but also download-only albums, like this remastered reissue of Rayon Hula, the avant-exotica opus that brought a Prix Ars Electronica to Mike Cooper’s lap back in 2005. From records by Hawaiian exotica jazzman Arthur Lyman and drawing inspiration from the patterns on his Hawaiian shirts (I am not kidding), Cooper has composed a hybrid work of perfectly integrated ambient eletronica and exotica. To give you an idea, imagine an Hawaiian version of Fennesz’ retro-surf anthem Endless Summer. But Rayon Hula is no imitation (and Fennesz wasn’t proceeding from sampling). I’m very happy to discover this record, even five years after the fact.

HESSION/WILKINSON/FELL + MORRIS / Registered Firm (Incus)

C’est un vieil enregistrement (1996) qui manquait à ma collection, ramassé au vol lors d’une vente de feu. Une très belle session qui paire un trio britannique bien établi (Alan Wilkinson au saxo, Simon H. Fell à la contrebasse et Paul Hession à la batterie) et le guitariste américain Joe Morris. De l’improvisation libre attentive mais énergique, cérébrale mais sexy – oui, sexy! C’est aussi le point de départ de la collaboration entre Fell et Morris qui a mené, 12 ans plus tard, au trio Morris/Ward/Fell présenté au 25e FIMAV.

It’s an old release (1996) that was missing from my collection. I grabbed on the fly in a sale. A very fine session that brings together a long-standing British trio (Alan Wilkinson on sax, Simon H. Fell on bass, Paul Hession on drums) and US guitarist Joe Morris. Acute-listening yet energetic free improv, cerebral yet sexy - yes, sexy! This was also the starting point of the collaboration between Fell and Morris, which has led, 12 years later, to the Morris/Ward/Fell trio performance at the 25th FIMAV.

FEHLFARBEN / Glücksmaschinen (Tapete - merci à/thanks to Forced Exposure)

Un gros bof. Fehlfarben, selon le communiqué de presse, est un vieux supergroupe allemand de new-wave/punk. Ce que j’entend sur Glücksmanschinen, c’est un groupe de rock indie au son vintage, le genre qui pourrait placer une chanson dans une pub d’iPod. Pas mauvais, mais cliché, prévisible et facile à oublier. À ignorer aussi.

Blah. Fehlfarben, says the press release, is an old German new-wave/punk supergroup. What I’m hearing on this new album, Glücksmanschinen, is a vintage-sounding indie rock band, the kind that could land a song in an iPod advert. Not bad but cliché, predictable, and forgottable. Easy to ignore.

YELLOW SWANS / Going Places (Type - merci à/thanks to Forced Exposure)

Le duo Yellow Swans n’est plus, mais Peter Swanson et Gabriel Mindel ont pris le temps de peaufiner un dernier disque avant de tirer leur révérence. La différence est frappante. On entend tout de suite qu’ils ont consacré plus de temps à Going Places. Il est moins garroché et nettement plus élégant. Élégant? Pour du noise? Oui, tout à fait. En fait, c’est de loin le meilleur Yellow Swans que j’aie entendu et un des très bons disques de noise qui ont croisé mes oreilles. Du noise ambiant immersif, sensuel, un tantinet triste, puissant d’une révolte assumée et non d’une rage destructrice. Très solide et hautement recommandable aux amateurs du genre.

Yellow Swans have called it quits, but Peter Swanson and Gabriel Mindel have taken the time to spit-shine one final CD before taking a last bow. The difference is striking. You can hear right frm the start how much more time they spent on Going Places. It doesn’t sound hastily thrown together like most of their other records. It sounds a lot more elegant too. Elegant? Noise music, elegant? Yes, absolutely. In fact, this is by far the best Yellow Swans I’ve heard, and one of the very good noise CDs to have crossed my path. Immersive ambient noise, sensual, a tad bit sad, empowered by a feeling of assumed revolt, not destructive rage. Very strong and highly recommended to fans of the genre.

KING CRIMSON / Lizard [40th Anniversary Edition] (DGM)

Enfin. Dès l’annonce que Robert Fripp avait mandaté Steven Wilson de Porcupine Tree pour remixer le catalogue de King Crimson en 5.1, j’attendais impatiemment d’attendre ce qui adviendrait de Lizard. C’est que, dans l’univers crimsonien, on aime ou on n’aime pas Lizard, disque ovni, résultat de l’intérêt de plus en plus poussé que portait Fripp à la scène free jazz britannique, et tout particulièrement au travail du pianiste Keith Tippett. Ce disque incroyablement touffu (arrangements free, force instruments d’orchestre classique et de jazz, nombreux traitements vocaux) a toujours sonné tronqué, réduit, contraint, sur vinyle ou sur CD. Et voilà que Wilson exauce toutes mes prières: chaque instrument séparé, des arrangements qui dansent littéralement, et le jeu de Keith Tippett, éblouissant d’un bout à l’autre, ancré bien au centre, vedette d’un disque qu’on dirait conçu pour le mettre en valeur. C’est officiel, Lizard est maintenant mon disque préféré du King Crimson pré-1972, et peut-être même…

Finally. From the moment it was announced that Robert Fripp had mandated Porcupine Tree’s Steven Wilson to remix King Crimson’s catalog in 5.1 sound, I was eagerly waiting to hear what would become of Lizard. In KC’s universe, you either love or hate Lizard, a UFO of a record, the result of Fripp’s growing interest in the British free jazz scene in general and the work of pianist Keith Tippett in particular. This incredibly dense record (free arrangements, tons of orchestral and jazz instruments, a plethora of vocal treatments) has always sounded truncated, reduced, constricted, on LP and on CD. And here comes Wilson, answering all my prayers: each instrument carefully separated, arrangements that literally dance around the room, and Keith Tippett’s playing set squarely in the middle, under the spotlight, as if the whole album had been designed to highlight him. It’s official, Lizard is my favorite pre-1972 KC album, and it might even…

2010-01-19

Délire actuel, 2010-01-19

DÉLIRE ACTUEL

Édition du 19 janvier 2010
Show aired on 19 January 2010

DESCRIPTION
DESCRIPTION


Ponts et électrons: Une émission en deux temps. Première heure: musique contemporaine. Deuxième heure: électronique. À la jonction des deux, une pièce électroacoustique mixte (bande et instrument) tirée du disque "Bridge" de Lori Freedman.
Bridges & Electrons: A two-part show. First hour: contemporary music. Second hour: electronic music. At the junction, a mixed piece (electroacoustic tape & instrument) from Lori Freedman's "Bridge" CD. A bridge indeed.

CHRISTOPHER ROBERTS / Remote Stories (4:08) - Last Cicada Singing (Cold Blue Music)
NEIL ROLNICK / The Economic Engine (22:22) - The Economic Engine (Innova Recordings)

*LENE GRENAGER / Attitude (8:16) - Affinis Suite (+3dB Records)

**LORI FREEDMAN / Low Memory #3 [comp.: Monique Jean] (11:46) - Bridge (Collection QB)
==
NICO MUHLY / In C with Canons & Bees (7:41) - In C Remixed (Innova Recordings)

GLENN KOTCHE / Smooth (6:39) - In C Remixed (Innova Recordings)
MARINA ROSENFELD / In F (7:24) - Plastic Materials (Room40)

***ELEH / Slow Fade for Hard Sync (22:00) - Observations & Momentum (Touch)

***BJ NILSEN / Into the Coloured Rays (6:09) - The Invisible City (Touch)



Merci à/Thanks to:
*Dense Promotion
**DAME
***Forced Exposure


COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

NEIL ROLNICK
Vidéo accompagnant le premier mouvement de The Economic Engine.
Video used in live performances of The Economic Engine.


IN C REMIXED
Bande-annonce du disque. Pour des mp3 gratuits, visitez www.in-c-remixed.com.
Official CD trailer. Find free mp3s at www.in-c-remixed.com.

Délire musical, 2010-01-19

DÉLIRE MUSICAL

Édition du 19 janvier 2010
Broadcast Date: 19 January 2010

LISTE DE DIFFUSION
PLAYLIST


Thème/Theme: *FIELD ROTATION / Regenzeit II - Imaginary Friends (Ultimae Records)

MITCH & IGOR KRUTOGOLOV & MITCH / Tarakanruluch III: The Empire (4:55) - Love for Three Cockroaches (Auris Media)
*SATANIQUE SAMBA TRIO / Estilo Ricky Ramirez (1:44) - Sangrou (Amplitude)
PAK / Heatwave (3:21) - Motel (Ra Sounds)
**BERNARD FALAISE & FRANK MARTEL / La tarentule attend (2:36) - À l'école du ara (Monsieur Fauteux m'entendez-vous?)

A HAWK AND A HACKSAW / Turkiye (5:02) - Délivrance (The Leaf Label)
BRATKO BIBIC & THE MADLEYS / Ableitung - Odvod, Part 1 (2:20) - Live at Alpentöne (Bergtöne)
STEKPANNA / (Stek)-Paranoid (3:49) - Starlight Barking (Slam Productions)

UNIVERS ZERO / Les Kobolds (4:15) - Clivages (Cuneiform)
KTU / Quiver (3:14) - Quiver (7d Media)
PINK FLOYD / One of These Days (5:57) - Meddle (EMI)

NIKASAYA / Siroi Ohisama (3:26) - One Summerheim (Someone Good)

merci à/thanks to:
*John Bourke P.R.
**DAME


COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

MITCH & IGOR KRUTOGOLOV & MITCH
La même chanson, en spectacle (vidéo amateure).
The same song, performed live (amateur footage).


BRATKO BIBIC & THE MADLEYS
Un extrait du concert immortalisé sur le disque Live at Alpentöne.
A song from the very concert immortalized on Live at Alpentöne.


2010-01-19: Albert Landolt, Mitch/Krutogolob/Mitch, Rökstenen

Journal d'écoute/Listening Diary

2010-01-19

ALBERT LANDOLT / The Outernational Three (Unit Records)

Un bon disque de jazz actuel. The Outernational Three est un trio dirigé par le saxophoniste-flûtiste Albert Landolt, qui signe la plupart des pièces présentées ici. Il est accompagné d’une section rythmique souple et mobile: le batteur Bill Elgart et le contrebassiste Furio di Castri. Les pièces de Landolt sont amusantes et pleines de vie. “Neue Mollbluesgeschichte”, qui ouvre l’album, a un côté faux-blues sublime, on dirait Rahsaan Roland Kirk en mode coqun. “Ana Toll” offre aussi un thème folichon qui me plaît beaucoup. Même les moments plus tendres sont bien dosés et non exempts d’humour. Du jazz moderne bien fait, sans complaisance, et avec vivacité.

A good modern jazz record. The Outernational Three is a trio led by sax/flute player Albert Landolt, who also writes most of the band’s material. He is backed by a supple and mobile rhythm section consisting of drummer Bill Elgart and bassist Furio di Castri. Landolt’s tunes are fun and lively. “Neue Mollbluesgeschichte”, the album opener, has a great faux-blues feel, almos like Rahsaan Roland Kirk in quirky mode. “Ana Toll” is another whimsical theme I found very likeable. Even the softer moments are well-balanced and not devoid of humor. Well done modern jazz, non-complacent, vivacious.

MITCH & IGOR KRUTOGOLOV & MITCH / Love for Three Cockroaches (Auris Media)

Superbe! Merveilleux! Ridicule! Sérieusement! Love for Three Cockroaches est en fait la rencontre entre le splendide gorupe klezmer-punk israélien Kruzenshtern i Parohod et un groupe que je ne connaissais pas, Mitch & Mitch. Cet ensemble interprète ici les compositions de Zelig Rabitchnyak, un compositeur israélien du début du 20e siècle qui, émigré au Nouveau-Mexique, rêvait de combiner klezmer et bluegrass. C’est, du moins, ce que raconte le livret. Ce disque serait une interprétation très personnelle d’un opéra de Rabitchnyak. Que cela soit vrai ou non, ça fait une lecture intéressante et ça sonne de toute manière comme du Kruzenshtern i Parohod, en plus fou! Tout au long du disque, Igor Krutogolov (de KiP) chante des airs sans parole de sa voix gutturale et digne d’un dessin animé (pas métal, plus comme un artiste de cabaret comme Friendly Rich). L’instrumentation qui l’entoure est touffue: quantité de claviers et de guitares, mais aussi cuivres, clarinette, vibraphone, et la batterie de Rev. James Boned Mitch (un des nombreux “Mitch” listés). La musique fait fortement penser à Mr. Bungle, à Ping aussi, avec une forte dimension avant-cabaret et un élément klezmer très fort. De l’avant-prog/avant-rock/RIO comique complètement déjanté, mais entraînant et éminemment contagieux. Un must! [Ci-dessous: Un extrait de l’album en concert.]

Splendid! Marvelous! Ridiculous! Seriously! Love for Three Cockroaches is actually a collaboration between stupendous Israeli klezmer-punk group Kruzenshtern i Parohod and Mitch & Mitch, an outfit I knew nothing about. This band here performs the compositions of one Zelig Rabitchnyak, an early 20th-century Israeli composed expatriated to New Mexico, where he dreamt of blending klezmer with bluegrass. At least, that’s the story the liner notes tell. So this CD would be a highly personal interpretation of an opera by Rabitchnyak. May that be true or not, it makes a fun read and it sounds like genuine Kruzenshtern i Parohod... squared! Throughout the album, KiP’s Igor Krutogolov sings wordless melodies in a cartoonish grunt (not metal-derived, more in an avant-cabaret style, ike Friendly Rich). The instrumentation around him is dense: lots of keys and guitars, horns, clarinet, vibes, and drums by one Rev. James Boned Mitch (one of many “Mitches” credited). The music is strongly reminiscent of Mr. Bungle and Ping, with a strong avant-cabaret facet and solid klezmer roots. Off-the-wall avant-prog/avant-rock/comedy-RIO, extremely entertaining and infectious. I love it! A must! [Below: A track from the album performed live.]

ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / Rökstenen: A Tribute to Swedish Progressive Rock of the 70’s (Musea)

Oui, un autre projet Colossus et Musea. Celui-ci, un coffret de 3 disques, fait suite aux deux volumes de Tuonen Tytär consacrée au rock progressif finlandais. Personnellement, je préfère le corpus suédois et j’ai sérieusement pris mon pied avec ce coffret qui totalise près de quatre heures de musique. Trente-huit artistes de toute la planète prog réinterprètent à leur façon des pièces plus ou moins connues des grands groupes du prog suédois des années 70. Les version intéressantes abondent, les découvertes aussi. Parmi les artistes “refaits”, on compte Blakulla (trois chansons), Kaipa (quatre), Atlas, Bo Hansson, Trettioariga Kriget, Ragnarok, Dice, Flasket Brinner, Algarnas Tradgard (grosse surprise, ça) et les Samla Mammas Manna. Parmi les “refaiseurs”, plusieurs noms hors des alignements habituels des projets Colossus/Musea. À souligner particulièrement: le Blakulla de Jinetes Negros, le Made in Sweden de Beardfish (puissant), le Dice de Karmic Juggernaut, l’Atlas de Vanilla Project (complexe et torché), le Life de Pseudosun et le Pugh Rogenfeldt du Divine Baze Orchestra.

Yep, another Colossus/Musea project. This one is a 3-CD set following up on the two volumes of Tuonen Tytär devoted to Finnish prog rock. I personally prefer the Swedish repertoire, and I thoroughly enjoyed this set, which totals nearly 4 hours of music. 38 artists from all over the progosphere covering in their own way more and less known tracks by the major Swedish prog groups of the ‘70s. Interesting covers about, discoveries too. Among the covered artists are Blakulla (three songs), Kaipa (four), Atlas, Bo Hansson, Trettioariga Kriget, Ragnarok, Dice, Flasket Brinner, Algarnas Tradgard (that one was a surprise) and Samla Mammas Manna. Among the “coverers”, lors of names falling outside the usual Colossus/Musea line-ups. Worth a special mention: Jinetes Negro’s Blakulla, Beardfish’s Made in Sweden (powerful), Karmic Juggernaut’s Dice, Vanilla Project’s Atlas (complex and ballsy), Pseudosun’s Life, and Divine Baze Orchestra’s Pugh Rogenfeldt.

2010-01-18

2010-01-18: Decoy, Lull

Journal d'écoute/Listening Diary

2010-01-18


DECOY / Vol.1: Spirit (Bo’Weavil Recordings - merci à/thanks to Forced Exposure)

Decoy est un trio formé d’Alexander Hawkins (orgue Hammond C3), John Edwards (contrebasse) et Steve Noble (batterie). Ces deux derniers constituent une section rythmique free jazz en demande. Je ne connaissais pas Hawkins. Une trio solide, un peu old-school (où me laissai-je berner par le son de l’orgue?). Six pièces, certaines courtes, qui mettent en évidence l’adresse et le sens de la nuance de Hawkins. Et non, ça ne ressemble pas à Medeski, Martin & Wood. [CI-dessous: “Outside In”, introït du disque. D’autres extraits sur le site de Bo’Weavil.]

Decoy is a trio consisting of Alexander Hawkins (Hammond C3 organ), John Edwards (doublebass), and Steve Noble (drums). The latter two form a much in-demand free jazz rhythm section. I did not know Hawkins prior to this album. It’s a solid trio, a little old school (though I might be fooled by the organ sound). Six tracks, some of them short, highlighting Hawkins’s skill and sense of nuance. And no, it doesn’t sound like Medeski, Martin & Wood. [Below: “Outside In,” the lead-in track. More clips on Bo’Weavil’s website.]

http://www.boweavilrecordings.com/mp3s/outsidein.mp3


LULL / The Zipper (Leo Records)

Ce quatuor autrichien d’improvisation libre reprend du service après un hiatus de quatre ans. Un disque enregistré en studio, avec une prise de son plutôt ambiante. La saxophoniste Tanja Feichtmair est la voix qui se distingue - je ne me rappelle pas l’avoir entendue avant: une approche déconstruite, un son qui vacille entre la beauté pure et le jeu d’intentions (un jeu de cache-cache même, du genre coucou-je-suis-ici-non-je-suis-là). Josef Novotny partage son temps entre le piano et les électroniques. Le violoncelle d’Uli Winter se perd un peu dans l’univers sonore du groupe, mais la percussion de Fredi Pröll est bien présente (pas trop). De l’improvisation à l’européenne, aérée mais dense, exigente et peu rétributrice, malgré des moments de belle complicité.

This Austrian free improvisation quartet is back at work after a four-year hiatus. This is a studio session recorded with a rather ambiant sound capture. Saxophonist Tanja Feichtmair is the stand-out voice in this posse - I don’t remember hearing her before, but she has an interesting deconstructivist approach, with a sound hovering between pure beauty and a play of intentions (or sonic hide-and-seek). Josef Novotny splits his time between the piano and electronics. Uli Winter’s cello often gets lost in the group’s soundworld, but Fredi Pröll’s percussion work is (not too) strongly present and assertive. Fair European free improv, spacy yet dense, demanding though not very rewarding, despite moments of fine interplay.