Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

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2013-05-03

2013-05-02: Brennan/Majdalani/Jencarelli, Schwager/Lambert, Cactus Truck


Journal d'écoute / Listening Diary 
2013-05-02

JOHN WOLF BRENNAN, TONY MAJDALANI & MARCO JENCARELLI / Pilgrims (Leo Records)
Il semble que John Wolf Brennan revienne de plus en plus à la mélodie et au monde tonal. Après le projet TwinKeys (qui partait du rock progressif), voici Pilgrims, une collaboration en studio entre Brennan (essentiellement au piano) et le percussionniste Tony Majdalani. Le guitariste Marco Jencarelli se joint à eux sur quelques pièces. Improvisations méditatives ici, plus dansantes là, axées sur le rythme et la mélodie, et se transformant carrément en “jams” quand Jencarelli s’ajoute. “Bird on a See-Saw” se qualifie presque de jam space rock (si ce n’était du tambour sur cadre). Une écoute fort agréable, qui détend et fait voyager (Majdalani joue du steel pan, du berimbau, du djembe, du bodhrán, etc.). Et plus convaincant que TwinKeys.
It seems that John Wolf Brennan is getting back to melody and tonality. After the TwinKeys project (which stemmed from progressive rock), here is Pilgrims, a studio collaboration between Brennan (mostly at the piano) and percussionist Tony Majdalani. Guitarist Marco Jencarelli joins them on a handful of tracks. Meditative improvisations interspersed with more upbeat numbers, all having a melody and a pulse, and when Jencarelli steps in the music turns into a jam – “Bird on a See-Saw” is almost a space rock jam (if you’d trade in the frame drum for a drum kit). An enjoyable listen that relaxes you and makes you travel (Majdalani plays steel pan, berimbau, djembe, bodhrán, etc.). And more convincing than TwinKeys.

REG SCHWAGER & MICHEL LAMBERT / Trio Improvisations (Jazz from Rant)
Le guitariste torontois Reg Schwager et le batteur montréalais Michel Lambert (Maïkotron Unit, François Carrier), dans une série de trios avec de grosses pointures, soit, tour à tour, le saxophoniste Michael Stuart, le trompettiste Kenny Wheeler et le pianiste Misha Mengelberg. Les trois pièces avec Wheeler sont plutôt décevantes, mais celles avec Stuart donnent lieu à d’enlevants moments de free jazz. Et Mengelberg, fort inspiré et inspirant, donne droit aux meilleures improvisations du disque, particulièrement la graduellement déconstruite “Dysfunctional Harmony.” Je connaissais très peu Schwager avant ce disque: je découvre un guitariste habile et qui s’est se garder d’être trop volubile. Cette retenue dans la virtuosité en fait un partenaire de choix pour Lambert.
Toronto-based guitarist Reg Schwager and Montreal-based drummer Michel Lambert (Maïkotron Unit, François Carrier), in a series of trios with big names: sax man Michael Stuart, trumpeter Kenny Wheeler, and pianist Misha Mengelberg. The three pieces with Wheeler are somewhat disappointing, but Stuart’s are thrilling moments of free jazz. And Mengelberg, highly inspired and (I guess) inspiring, is the source of the CD’s highlights, especially the gradually deconstructed “Dysfunctional Harmony.” I knew very little about Schwager before listening to this album, and I am discovering a crafy guitarist who knows how not to take too much room. This restraint in virtuosity makes him a very good partner for Lambert.

CACTUS TRUCK / Live in USA (eh? - merci à/thanks to Toondist)
Eh?, le subsidiaire CDr de Public Eyesore, se fend d’une production haut-de-gamme (CD et pochette portefeuille haute en couleur) pour cet album enregistré pendant la tournée nord-américaine du trio européen Cactus Truck à l’automne 2012, alors que le groupe surfait la vague de son excellent disque Brand New for China. La pochette sert deux avertissements. À l’extérieur: ce live a été enregistré avec les moyens du bord. À l’intérieur: ce disque est long et comporte trois performances; approchez-le comme si c’était un coffret. Cela dit, la qualité sonore est respectable malgré tout, le conseil de ne pas tout écouter d’un coup tient la route, et la présence d’invités de marque rehausse le tout. Car, oui, Jeb Bishop et Roy Campbell viennent tour à tour croiser le cuivre avec John Dikeman et sa section rythmique. Free jazz hurlant, improvisation maximaliste digne des meilleurs excès de Borbetomagus. Commencez par Brand New for China, mais ne négligez pas celui-ci.  [Ci-dessous: Écoutez tout l’album sur bandcamp.]
Eh?, Public Eyesore’s CDr imprint, has gone all out for this release, with a CD and a gorgeous wallet-sized cover. This is a live album taken from European trio Cactus Truck’s Fall 2012 tour of North America, as they were riding the wave of their debut CD Brand New for China. The cover contains two warnings. On the outside: audio is less than hi-fi. On the inside: this is a long record comprised of three performances; you might want to approach it as a box set. That being said, sound quality is still respectable, and the advice not to listen to the whole thing at once is worth heeding, but the presence of first-rate guests elevates the experience. For, yes, Jeb Bishop and Roy Campbell come in, one at a time, to lock horns with John Dikeman and his maniacal rhythm section. Scorching free jazz, maximalist free improvisation worthy of Borbetomagus’s best excesses. Start with Brand New for China, but please do not skip over this one.  [Below: Listen to the whole thing on bandcamp.]

2013-05-02

2013-05-01: Di Domenico/Grimal, Di Domenico/Mo(ve)ments Ensemble, Hintanoi, Sedayeh Del, The Sweet Vandals


Journal d'écoute / Listening Diary
2013-05-01

GIOVANNI DI DOMENICO & ALEXANDRA GRIMAL / Ghibli (Sans Bruit)
Je reprends et termine aujourd’hui mon exploration du catalogue du pianiste/claviériste Giovanni Di Domenico. Ce duo avec la saxophoniste Alexandra Grimal (au soprano) est paru en 2010 chez Sans Bruit. On se rappellera que le disque Andromeda de Grimal s’est classé dans le Top 30 des musiques exigeantes 2012 de Délire actuel. Ghibli est un disque délicat présentant une série de compositions de Di Domenico – des compositions strictements acoustiques, dans une veine jazz actuel recherché. La série des “Koans” (il y en a cinq) ets particulièrement intéressante: Di Domenico y développe un art mélodique séduisant, sans facilité.
I will be completing my exploration of pianist/keyboardist Giovanni Di Domenico’s discography today. This duo CD with soprano saxophonist Alexandra Grimal came out in 2010 on Sans Bruit. Some of you may remember Grimal from her gorgeous Ayler CD Andromeda, which was included in Délire actuel’s 2012 Demanding Music Top 30. Ghibli is a delicate record featuring compositions by Di Domenico – strictly acoustic pieces in a sophisticated avant-jazz vein. The “Koan” tracks (there are five of them) are particularly good: Di Domenico develops in them a seductive art of the melody.

GIOVANNI DI DOMENICO & MO(VE)MENTS ENSEMBLE / Terra Che Cammina (Spocus Records)
Sur celui-ci Di Domenico développe une esthétique plus près de la musique de chambre contemporaine. “Interludico” ouvre l’album sur un solo de piano étonamment tonal, voire classique. L’apparition des autres instruments (clarinette, violon, violoncelle, contrebasse) introduit une dimension cinématique et des jeux de texture, mais l’élément tonal demeure tout au long de l’album. C’est un côté de Di Domenico que je ne connaissais pas, très éloigné de son travail dans des groupes comme Going ou Mulabanda.
On this CD, Di Domenico develops aesthetics that get much closer to contemporary chamber music. “Interludico” opens the album on a surprisingly tonal, even classical piano solo. The introduction of the other instruments (clarinet, violin, cello, doublebass) add textural plays and a cinematic feel to the music, but the tonal element remains strong throughout the album. This is a side of Di Domenico I wasn’t aware of, quite remote from his work in groups like Going and Mulabanda.

HINTANOI / Siyaha (Twisted Tree Line)
Hintanoi est un pseudo de Giovanni Di Domenico, son projet d’électronique expérimentale ambiante. Siyaha, un CDr publié en 2012, est un mini-album composé d’une seule pièce de 22 minutes. L’œuvre traverse plusieurs états, passant d’un bruitisme glitch délicat à des envolées spatiales, en passant par des textures bruitistes plus dures, pour finir avec un discret piano électrique fortement manipulé. Nous sommes ici à l’opposé de Terra Che Cammina et ce disque complète très bien le spectre des intérêts de ce musicien, un spectre qui s’étend donc du piano acoustique à l’électronique expérimentale, en passant par le jazz actuel, l’improvisation libre et l’avant-rock. Un artiste fascinant.
Hintanoi is Giovanni Di Domenico’s experimental ambient alias. Siyaha, a CDr released in 2012, is an EP consisting of a single 22 minutes. This work goes through several stages, from delicate glitch noise to spatial flights, then on to harsher noise build-ups, onyl to conclude with quiet deeply-transformed electric piano. This is the extreme opposite of Terra Che Cammina. This record completes Di Domenico’s portrait and, as we can see, his interests extend from acoustic piano to experimental electronica, by way of avant-jazz, free improvisation, and avant-rock. A fascinating artist.

ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / Sedayeh Del: Funk, Psychedelia and Pop from the Iranian Pre-Revolution Generation (Pharaway Sounds - merci à/thanks to Forced Exposure)
Il s’agit de la quatrième compilation du genre publiée chez Pharaway Sounds (un subsidiaire de Guerssen), mais j’ai manqué les trois premières. Avant la révolution islamiste de 1978, l’Iran s’intéressait beaucoup à la musique populaire occidentale. Ce disque témoigne de fusions fort intéressantes. À signaler: “Helelyos” de Zia, digne des chansons les plus psychédéliques d’Adip Akbayram; “Del” de Shohreh, une très belle voix; et “Sedayeh Del” de Sattar. Tout n’est pas génial, avec certains trucs nettement plus kitsch que funk ou psychédéliques, mais la moyenne est bonne et la qualité sonore supérieure à plusieurs compilations du genre chez Sublime Frequencies.  [Ci-dessous: “Helelyos” de Zia.]
This is the fourth V.A. album covering this material to be released by Pharaway Sounds (an imprint of Guerssen), but I have missed the first three. Before the Islamic revolution of 1978, Iran was strongly interested in Western pop music. This record shows some pretty interesting fusions. Highlights include Zia’s “Helelyos”, worthy of Adip Akbayram’s most psychedelic sides; “Del” by the honey voice of Shohreh; and Sattar’s infectious “Sedayeh Del.” It’s not all good, with some tracks clearly closer to kitsch (or Bollywood) than to anything funky or psychedelic, but this CD has a good average, and sound quality is better than what can be heard on most of Sublime Frequencies’ compilations.  [Below: Zia’s “Helelyos”.]

THE SWEET VANDALS / After All (Sweet Records - merci à/thanks to Forced Exposure)
Look rétro, voix d’or, chansons accrocheuses, les Sweet Vandals semblent jouer le jeu de la soul depuis un bout de temps. After All est leur quatrième disque, le premier qu’ils publient eux-mêmes. Ce groupe espagnol fait dans la soul pop métissée de funk – un peu de funk. Textes pas trop nunuches, mélodies agréables, c’est bien. Mais ça manque de créativité dans les arrangements et d’un certain “oumph”.
Retro look, golden voice, catchy songs – The Sweet Vandals have been adept at the game of soul music for a while. After All is their fourth album, and the first one they self-release. This Spanish group plays soul pop with a hint of funk. Their lyrics are not too predictable, they have enjoyable melodies, it’s good stuff. But it lacks some creativity in the arrangements, and a certain degree of “oomph.”

2013-05-01

2013-04-30: Perelman/Shipp/Parker/Cleaver, Perelman/Shipp/Bisio/Dickey


Journal d'écoute / Listening Diary 
2013-04-30

IVO PERELMAN, MATTHEW SHIPP, WILLIAM PARKER & GERALD CLEAVER / Serendipity (Leo Records)
Les trois disques parus simultanément ce mois-ci portent à 24 le nombre d’albums d’Ivo Perelman publiés par Leo Records. Cette session studio devait être un trio, mais par le hasard des choses elle s’est transformée en quartet, d’où ce titre de Serendipity. Une pièce, 43 minutes, du free jazz parfait, Perelman au sommet de sa forme, quatre musiciens ayant beaucoup de vécu ensemble, une conversation aisée dès le début, un élan impeccable. Je vous dis: ce disque est parfait.
The three CDs simulaneously released this month push the number of Ivo Perelman albums available on Leo Records to 24. This studio session was scheduled to be a trio, but the vagaries of life turned it into an impromptu quartet, hence the title Serendipity. One piece, 43 minutes, perfect free jazz. Perelman in top shape, four musicians with lots of shared experiences, easy conversation from the start, impeccable drive. I’m telling you: this record is perfect.

IVO PERELMAN, MATTHEW SHIPP, MICHAEL BISIO & WHIT DICKEY / The Edge (Leo Records)
Parmi les parutions récentes d’Ivo Perelman chez Leo Records, on compte des trios auxquels participent Shipp, Bisio et Dickey. Cette session studio en quartet n’est donc pas une surprise. The Edge varie les ambiances au cours de neuf improvisations courtes ou très courtes (monis de deux minutes dans trois cas). Belle synergie, et splendide solo du contrebassiste Michael Bisio en ouverture de “Clarinblasen”, mais ce n’est pas la magie de Serendipity, ni la connivence de The Art of the Duet (avec Shipp). Un bon disque, mais si vous avez à choisir parmi les trois...
Among Ivo Perelman’s recent releases on Leo Records, there are trios featuring Shipp, Bisio and Dickey. So this quartet studio session doesn’t come as a surprise. The Edge varies the moods in the course of nine short and very short improvisations (three of them are under two minutes long). Fine synergy, and a gorgeous opening solo from bassist Michael Bisio in “Clarinblasen,” but this one doesn’t have the magic of Serendipity nor the “mind-meld” quality of The Art of the Duet (with Shipp). It’s a good record, but if you have to choose between these three CDs...

2013-04-30

2013-04-29: Rothkamm, Candlesnuffer/Simonis, Pegelia Gold, Chelsea Light Moving


Journal d'écoute / Listening Diary 
2013-04-29

ROTHKAMM / K5 (Flux Records)
Dans Frank comme dans Rothkamm, le K occupe la 5e position. Et K5 est le nom d’un synthétiseur fabriqué par Kawai en 1987. Cet album, Rothkamm l’a produit entièrement sur le K5. D’une durée de 33 minutes, il propose cinq œuvres composées en 2004, plus quatre intercalaires miniatures. Les pièces de 2004 se rapprochent beaucoup du matériel qui compose la trilogie FB (2005-2007), soit une musique électronique microtonale faites de glissandos et de rapports harmoniques déstabilisants, une musique qui évoque celle des pionniers de l’électronique abstraite, de Brün à Xenakis.
In Frank as in Rothkamm, the fifth letter is K. And K5 is the name of a Kawai synthesizer from 1987. Rothkamm produced this album solely on the K5 synthesizer. It consists in five works written in 2004, plus four ultra-short interludes, for a total of 33 minutes. The 2004 pieces are very close in sound and style to the material found in the FB trilogy (2005-2007), i.e. microtal electronic music made of glissandi and destabilizing harmonic structures. This music evokes the pioneers of abstract electronic music, from Brün to Xenakis.

CANDLESNUFFER & LUKAS SIMONIS / Nature Stands Aside (HellosQuare Recordings / Z6 Records)
Une série de duos entre les guitaristes Candlesnuffer (l’Australien Dave Brown) et Lukas Simonis, enregistrés en studio en 2007-2008 et parus en 2010. Approches extrêmes de la guitare électrique, avec préparations et manipulations numériques en direct. Une écoute exigeante, où rien n’est évident, mais truffée d’humour et de créativité débridée.
A series of duets between guitarists Candlesnuffer (the Australian Dave Brown) and Lukas Simonin, recorded in the studio in 2007-2008 and released in 2010. Extreme approaches of the electric guitar, with preparations and real-time digital manipulations. A demanding listen where nothing is obvious, but there’s a hefty dose of humour and unbridled creativity.

PEGELIA GOLD & ARTZENTRAL / Polaris (Unit Records)
L’étiquette suisse Unit Records, à travers son flot ininterrompu de jazz européen, pond parfois un œuf en or comme celui-ci. Polaris est l’œuvre de la chanteuse Pegelia Gold, qui s’allie ici à l’ensemble Art Zentral. Ce cycle de chansons est unique en son genre. Ces huit pièces parfois expansives (plus une chanson boni) nous transportent dans des univers sonores qui élicitent une kyrielle de comparaisons imparfaites: Loreena McKennit pour l’ambiance, Lisa Gerrard pour la voix (et les chœurs à quatre voix), News from Babel pour les arrangements (particulièrement dans la pièce titre). Gold a réussi cet équilibre difficile entre cohésion de l’ensemble et personnalités distinctes pour chaque pièce. Les arrangements regorgement de surprises, de trouvailles. Je suis sous le choc; je suis comblé. [Ci-dessous: “Polaris”.]
The Swiss label Unit Records, through its unstoppable flow of European jazz releases, occasionally lays a golden egg like this one. Polaris is the work of singer Pegelia Gold, here pairing up with performers Art Zentral. This song cycle is unique: eight (occasionally) expansive pieces – plus one bonus track – taking us through soundworlds that elicit a myriad imperfect comparisons: Loreena McKennit for the moods early on; Lisa Gerrard for the voice (and the four-voice choir passages); News from Babel for the arrangements (especially in the title track); etc. Gold has struck a perfect balance between cohesion of the whole and specific character for each piece. The arrangements are full of surprises and finds. I am in shock. I am overwhelmed.  [Below: “Polaris.”]

CHELSEA LIGHT MOVING / Chelsea Light Moving (Matador)
Premier album du nouveau groupe rock de Thurston Moore. Chelsea Light Moving remplacera-t-il Sonic Youth? Fort probablement que non, mais cet opus est solide et voit Moore revenir au rock ‘n’ roll – alternatif, bruitiste, mais rock ‘n’ roll tout de même. Avec de solides dérapes guitaristiques (“Alighted” est particulièrement réussie). Je n’ai jamais été un fan de Sonic Youth et ce n’est pas vraiment mon genre de rock, mais j’avoue avoir hâte de voir et d’entendre ce groupe sur scène au FIMAV 2013.
Debut album from Thurston Moore’s new rock band. Will Chelsea Light Moving replace Sonic Youth? Most problably not, but this is a strong opus where Moore comes back to rock’n’roll – alt rock, noise rock, but rock’n’roll just the same. And there are a few glorious guitaristic freak outs (“Alighted” is especially notable). I’ve never been a fan of Sonic Youth, and this is not really my kind of rock music, but I look forward to hearing and watching this band in action at FIMAV 2013.

2013-04-29

2013-04-25/26: Koji Asano, Perelman/Shipp, Bomata, Athanor, Quarkspace


Journal d'écoute / Listening Diary 
2013-04-25/26

KOJI ASANO / August is Fall (Solstice)
Suivre Koji Asano, c’est être constamment appelé à s’interroger. Quand, au début de mon émission radio Délire actuel, j’explique que les musiques exigeantes exigent qu’on porte attention et qu’on revoit notre définition de ce qu’est et de ce que n’est pas la musique, je pense à Asano. Systématiquement. August is Fall est une œuvre d’une heure, en trois mouvements. C’est à peine si on remarque les passages d’un mouvement à l’autre, puisque les arrêts-reprises sont nombreux. Et comment décrire les sons offerts entre ces arrêts? Une pâte à la fois complexe et indistincte, très filtrée – j’ai parfois l’impression d’écouter via une radio à ondes courtes. Y a-t-il une logique à la fréquence des arrêts-reprises? Faudrait écouter chrono en main. Finalement, qu’est-ce? Une plage de temps sans début ni fin.
Following Koji Asano means being constantly called to question one’s self. When, at the beginning of my radio show Délire actuel, I explain that demanding music is music that demands that you focus on it, think about it, and eventually review your definition of what music is and isn’t, I’m always thinking of Asano. August is Fall is a one-hour work in three movements – but you barely notice the switch from one movement to the next, since there are a large number of stop/go moments in the piece. And how could I describe the sounds? A complex yet undistinctive sonic paste, highly filtered – at times, it feels like I’m listening to this on a shortwave radio. And is there a structure, a system to these stop-go’s? Maybe I should listen with a stopwatch. In the end, what is this? A slice of time without a beginning or an ending.

IVO PERELMAN & MATTHEW SHIPP / The Art of the Duet, Volume One (Leo Records)
Après avoir publié simultanément trois disques du saxo Ivo Perelman il y a quelques mois, voici que Leo Records remet ça! Et le pianist Matthew Shipp est présent sur les trois! The Art of the Duet (notez la mention “volume 1”) est un enregistrement studio de septembre 2012. Douze duos courts (rien au-dessus de cinq minutes) entre deux musiciens qui ont beaucoup en commun. De la verve, oui, mais aussi un langage mélodique qui, aussi “instantané” soit-il dans ce contexte, est le résultat d’une longue pratique. Le “Duet #06” touche à la splendeur.
After releasing simultaneously three CDs by sax player Ivo Perelman a few months ago, Leo Records does another hat trick! And pianist Matthew Shipp is on all three too! The Art of the Duet (please notice that “Volume 1”) is a studio session from September 2012. Twelve short duets (nothing over five minutes) between two musicians who have a lot in common. Verve, of course, but also a melodic language that results from years and years of development, however “instantaneous” it may seem. “Duet #06” touches on pure splendour.

BOMATA / Arômes d’ailleurs (Malasartes)
Bomata est le second trio du contrebassiste montréalais Jean-Félix Mailloux (l’autre étant Cordâme, un trio à cordes). Et Arômes d’ailleurs est le second disque de ce trio où on retrouve aussi le clarinettiste Guillaume Bourque (Sagapool) et le percussionniste Patrick Graham. La musique de Mailloux continue de se raffiner, empruntant des éléments indiens, arabes et asiatiques pour nourrir un goût de la mélodie sans évidence. Graham, un maître du tambour sur cadre, rend ces emprunts fort crédibles (notons aussi que Ziya Tabassian lui prête main forte dans quatre morceaux). Ce disque démontre que la ligne est mince entre Cordâme et Bomata – une question d’instrumentation, sans plus, puisque l’élan créatif et la qualité des arrangement sont les mêmes.
Bomata is Montreal-based doublebassist Jean-Félix Mailloux’s second trio (the first one being the string trio Cordâme). And Arômes d’ailleurs (“Scents from Abroad”) is the second album, just out, by this trio also featuring clarinettist Guillaume Bourque (of Sagapool) and percussionist Patrick Graham. Mailloux’s music keeps gaining in sophistication, borrowing elements from India, Asia, and Northern Africa to feed his taste for non-obvious melodies. Graham, a master of the frame drum, anchors these borrowed elements in credibility (he is also helped in that regard by Ziya Tabassian on four tracks). This album shows how thin the line has grown between Cordâme and Bomata – it’s just a matter of instrumentation, since the creative drive and quality of the arrangements are one and the same.

ATHANOR / Vos cités sont des tombeaux (Le Chêne creux)
Du rock progressif qui combine de nombreuses influences – King Crimson, Magma, Henry Cow, Univers Zero, Decibel – en une impressionnante suite d’une heure en 19 mouvements. Et c’est essentiellement l’œuvre d’un seul homme, le batteur Cédric Marcucci, bien entouré tout de même de 14 autres musiciens. Les influences sont portées à fleur de peau, avec des références très directes (“Marche vers...” évoque le “Devil’s Triangle” de King Crimson; “La terre n’attend pas” est un pastiche de Magma époque “Kontarkosz”), mais l’ensemble se tient, solidement même. Disons que dans l’ensemble, nous sommes à mi-chemin des univers de Henry Cow et d’Univers Zero (ou plutôt, tour à tour dans ces univers). Je réécouterai certainement et je diffuserai allègrement: c’est une découverte. [Ci-dessous: “Mr Drinkenness”.]
Progressive rock combining many influences – King Crimson, Magma, Henry Cow, Univers Zero, Decibel – into an impressive hour-long suite in 19 movements. And it is basically the work of a single man, drummer Cédric Marcucci, supported by 14 other musicians. He wears his influences on his sleeve, and the music contains some very direct references (“Marche vers...” strongly evokes King Crimson’s “The Devil’s Triangle” as if it had been performed by Henry Cow); “La terre n’attend pas” is a pastiche of Univers Zero; etc.), but the whole thing holds very well together. Overall, the main universes conjured up are Henry Cow’s and Univers Zero’s. I will definitely listen to this one again, and I will be broadcasting excerpts galore: this is a discovery.  [Below: “Mr. Drinkenness.”]

QUARKSPACE / Spacefolds 12 (Eternity’s Jest)
Le groupe Quarkspace vient de publier le douzième volume de sa série Spacefolds. Celui-ci (comme le précédent) est disponible uniquement par téléchargement. Ces dix improvisations space rock font plus de place à la batterie naturelle. Un peu moins d’électroniques, un feeling plus rock, moins kosmische musik que Spacefolds 11. “Return of the Son of Quarkallak,” “South Pass” et “Jeptha’s Sleepy Waltz” ressortent du lot. Or, je crois percevoir un certain essouflement... Disons qu’on pourrait sélectionner les meilleurs extraits des volumes 11 et 12 pour constituer un disque pas mal plus consistant que ces deux-là séparément.
Quarkspace just released their 12th volume of Spacefolds. This one (like the previous volume) is available only as a download. These ten space rock improvisations make more use of natural drums. There’s also less electronics, more of a rock feel than a kosmische musik feel (as on Spacefolds 11). “Return of the Son of Quarkallak,” “South Pass” and “Jeptha’s Sleepy Waltz” stand out. However, the inspiration here is not always at its best. Let’s say that the highlights of 11 and 12 would make a much more consistent record.