Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

Home of François Couture's music journalism and activism.

2009-07-24

2009-07-24: Jean-Luc GUionnet, FUnky Fräuleins, Mindexpanders 2

Journal d'écoute / Listening Diary

2009-07-24

JEAN-LUC GUIONNET / Non-Organic Bias (Herbal International)

Jean-Luc Guionnet est un artiste fascinant à suivre: saxophoniste free, organiste, électroacousticien, son art est difficile à saisir ou réduire. Non-Organic Bias est un disque double regroupant trois œuvres pour orgue datant de 1995 à 2005. Tout, ici, est lent, posé, minimal. “Estuaire” pourrait passer pour une étude sur la privation sensorielle: elle grommelle pendant 54 minutes et c’est tout. Où l’est-ce? Les oreilles se repositionnent, l’esprit passe en mode contemplatif et, soudain, les microvariations apparaissent, les battements, l’organicité de cet être vivant qu’est l’orgue, dépouillé de sa chape culturelle, dépuillé des notes qui masquent sa respiration. “Espace bas” (50 minutes) commence de la même manière mais prend de l’expansion, pour atteindre une tonitruance qui laisse pantois. Cela dit, ce n’est pas l’album le plus facile ou le plus saisissant de Guionnet, et il faut être patient.

Jean-Luc Guionnet is a fascinating artist to follow: free saxophonist, organist, electroacoustician – his art is hard to pinpoint or even grasp. Non-Organic Bias is a double CD culling three works for organ from 1995 to 2005. Everything here is slow-paced, serious, and minimal. “Estuaire” could moonlight as a study on sensory deprivation: it growls subvocally for 54 minutes, and that’s it. Or is it? Once your ears reset and your mind switches into contemplative mode, suddenly the microvariations spring to view, along with the flappings and the organicness of this living being that is the organ, stripped from the heavy cultural mantle of notes that covers its breathing. “Espace bas” (50 minutes) starts the same way but expands to reach a deafening level of resonance. This is not Guionnet’s most listener-friendly or striking record, and you better be patient.

Et maintenant, puisque c’est vendredi après-midi, allégeons l’atmosphère...

Now, since it’s Friday afternoon, let’s lighten things up…

ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / Funky Fräuleins (Bureau B - merci à/thanks to Forced Exposure)

Le sous titre: “Female Beat, Groove, Disco, Funk in Germany 1968-1978. C’est en quelque sorte une suite non officielle à la série The In-Kraut de l’étiquette Marina, soit une compilation gaga de kitsch d’époque. Funky Fräuleins brosse large, allant vraiment de la beat pop (si ce n’était des paroles en allemand, on jurerait des chansons d’époque de Françoise Hardy ou de France Gall) au disco. Un bon nombre de chansons sont truffées d’orgue à gogo très divertissant, de grooves chauds et, évidemment, de voix féminines sirupeuses. À souligner: “Berlin” de Heidi Brühl, ainsi que la chanson de Su Kramer. Malheureusement, les deux ou trois chansons disco sont mauvaises, sans oublier la ridicule “Kikilala Hawaii” d’Evelyn Künnecke, trop kitsch même pour moi!

The subtitle is “Female Beat, Groove, Disco, Funk in Germany 1968-1978. It can be seen as a unofficial follow-up to the Marina label’s The In-Kraut series, i.e. a ga-ga collection of period kitsch music. Funky Fräuleins covers a wide range of music, from beat pop (if it weren’t for the German lyrics, some of this stuff could be pased as golden-era François Hardy or France Gall) all the down to disco. Most of the songs are stuffed with wacky parlour organ, hot grooves, and, of course, sultry female vocals. Heidi Brühl’s “Berlin” is a highlight, along with Su Kramer’s track. Sadly, the two or three disco songs included are really bad, and then there’s Evelyn Künnecke’s ridiculous “Kikilala Hawaii,” too kitsch even for me!

ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / Mind Expanders, Volume 2 (Past & Present - merci à/thanks to Forced Exposure)

Le sous-titre? “In search of the exstatic kinetic bombastic multi-freaked up outer spacial groove” – tout un programme! L’objectif ici est de trouver les pièces groovées (instrumentales) les plus étranges de l’époque ou le col-au-corps léopard était hip. Au menu: gros grooves assortis de sitar, d’électroniques étranges, d’orgue fou, de voix suggestives et hahannantes, et même de steel drum (faudrait pas s’priver!). C’est kétaine ET déstabilisant! Malheureusement, cette réédition CD intervertit les faces A et B du vinyle, sans l’annoncer dans la liste des pièces. Une chance que les descriptions du livret permettent de s’y retrouver (avec un peu de travail)!

The subtitle? “In search of the exstatic kinetic bombastic multi-freaked up outer spacial groove” – a tall order! The goal here was to find the strangest groovy instrumentals of the era when leopard-print spandex one-piece suits were hip. On the menu: big grooves with sitar, strange electronics, crazy organ, panting suggestive voices, and even steel drums. It’s kitsch AND disturbing! Sadly, this CD reissue swapped sides A and B of the original LP without mentioning it on the tracklist. At least the liner notes contain decent-enough descriptions of the tunes to let you work it all out after a fashion.

2009-07-23

2009-07-23: Midas, Eclat, Tó Trips, Susanna and the Magical Orchestra

Journal d'écoute / Listening Diary

2009-07-23

Puisqu’une nouvelle fournée Musea est arrivée récemment, allons-y d’un peu de rock progressif...

Since a new batch of Musea CDs came in lately, let”s start with a couple of prog rock albums...


MIDAS / 25th Anniversary Concert & Early Rare Tracks (Musea/Poseidon)

Un groupe de l’époque dorée du rock progressif japonais (années 80 - on aime ou pas), que je ne connaissais pas, et qui avait publié un disque dans le temps, avant de revenir fin 90. La première partie du disque est enregistrée en concert en 2008: un prog un peu néo, un peu fusion (le chanteur joue aussi du violon). La voix est mal assurée, mais certaines parties sont intéressantes. Ce n’est ni une prestation géniale, ni un enregistrement génial. La seconde partie consiste en quatre pièces inédites enregistrées (démos) entre 1983 et 1987. Le matériel est plus solide, même si le son est parfois mince. On repassera pour l’adaptation de la Toccata de Bach, cliché avant d’avoir joué la première note. Par contre, “Views of My Childhood” est dotée d’une mélodie hantante, digne des grands classiques du néo-prog.

A band from the golden era of Japanese prog rock (the ‘80s - love it or hate it). Didn’t know them before today, but they released one album back then, and reformed in the late ‘90s. The first half of the CD was recorded live in 2008: prog rock that is slightly Neo, slightly Fusion (the lead singer plays violin). Shaky vocals, but some parts are pretty interesting. It’s not a fantastic performance, nor a fantastic recording. The second half features four previously unreleased demos recorded 1983-1987. Stronger material, although sound quality is trying at times. Forget the prog rock setting of Bach’s “Toccata” – it’s a cliche even before a single note gets played. However, “Views of My Childhood” features a haunting melody on par with Neo Prog’s classic tracks.


ÉCLAT / Live au Roucas (Musea)

En 20 ans, le groupe marseillais Éclat est passé du rock progressif chanté en français au jazz-rock progressif instrumental. Ce disque en concert propose des arrangements différents de quelques classiques (“Circus”, “Toujours courir”, “La Machine”) et des pièces plus récentes, toutes dans un moule qui fait un peu penser à Maneige ou à la période Jet Lag de PFM, quoiqu’en plus symphonique, et avec une composante zappaesque mise en évidence dans l’hommage “Mr Z”, qui unifie quelques thèmes guitaristiques bien connus en une nouvelle composition qui tient bien la route. Très agréable, somme toute.

In 20 years, Marseille-based band Eclat went from progressive rock with French lyrics to instrumental progressive jazz-rock. This live album features new arrangements of some classic Eclat tracks (“Circus”, “Toujours courir”, “La Machine”) and more recent compositions, presented with a group sound reminiscent of Maneige and Jet Lag-era PFM – although more symphonic, and with a strong Zappa-esque element, specifically highlighted in the tribute track “Mr Z,” which brings together a handful of well-known guitar themes in a strong new composition. A very nice listen overall.


Et puisque le facteur vient d’apporter un nouveau colis de Forced Exposure, plongeons!

And since the mailman has just brought in a new packaged from Forced Exposure, let’s dig in!


TÓ TRIPS / Guitarra 66 (Mbari - merci à/thanks to Forced Exposure)

On le dit “guitariste portugais légendaire” mais je ne me rappelle pas l’avoir croisé. Il a travaillé avec Sonic Youth et Rhys Chatham, entre autres, ce qui donne une idée de ses inclinations – plus que ce premier disque solo, qui s’avère exclusivement de la guitare classique! Un très beau disque au demeurant, constitué de compositions originales qui marient l’élégance de Rodrigo et la folie de Marc Ribot.

He is introduced as a “legendary Portuguese guitarist” but I don’t remember crossing his name before. He has worked with Sonic Youth and Rhys Chatham, which gives you an idea of where he stands – or not, since this solo debut is all about the classical guitar! A beautiful CD of original compositions that blend in the elegance of Rodrigo with the subdued madness of Marc Ribot.


SUSANNA AND THE MAGICAL ORCHESTRA / 3 (Rune Grammofon - merci à/thanks to Forced Exposure)

Plus le temps et les albums passent, plus Susanna Wallumrød gagne en assurance, avec ou sans son comparse Morten Qvenild. 3 marque un pas supplémentaire vers une approche plus mainstream, mais si toute la pop mainstream était de cette qualité... j’écouterais la radio!!! À l’écoute, de ce disque, je pense surtout à Jane Siberry, autant pour le timbre de voix que le type de mélodies et la dimension électronique des arrangements. Ce disque m’accroche instantanément et je SAIS qu’il tournera beaucoup, à la maison et sur Délire musical. En passant, il recèle une surprise de taille: une reprise de “Subdivisions” de Rush, en mode feutré. Il faut l’entendre pour le croire! Sortie prévue fin août. [Ci-dessous: Vidéo officielle du premier extrait, “Palpatine’s Dream”.]

As time and albums go by, Susanna Wallumrød is gaining more and more assurance, with or without her music partner Morten Qvenild. 3 makes one more step toward a more mainstream approach, although, if mainstream pop always achieved that level of quality… I’d actually listen to the radio!!! Listening to this, I’m thinking of Jane Siberry, for the voice, the way the melodies are chiseled, and the electronic component of the arrangements. I’m instantly hooked, and I just KNOW this CD will spin a lot, at home and on Delire Musical. Oh, and there’s one big surprise here: a cover of Rush’s “Subdivisions”, all velvelty and tender! To be released in late August. [Below: Official video for the single “Palpatine’s Dream”]


AMG reviews / critiques: 2009-07-23

Kreng: L'Autopsie phénoménale de Dieu

2009-07-22

2009-07-21: La Casa/Peyronnet, Textile Orchestra, Corky Laing

Journal d'écoute / Listening Diary

2009-07-22

ERIC LA CASA & CÉDRIC PEYRONNET / La Creuse (Herbal International)

Une étude “géophonique” de la région de la Creuse (centre de la France). Les deux artistes ont réalisé des prises de son sur le terrain, séparément, puis l’un “interprétait” un endroit, qu’il remettait à l’autre pour que celui-ci y ajoute son “point de vue”. Du fait, chacune des pièces est une collaboration où B a ajouté à A. Résultat: des pièces qui ouvrent de grands espaces à nos oreilles, tout en altérant la perception de ces espaces “vus” par quatre oreilles (six même, si je compte les miennes). Une méthodologie simple mais rigoureuse, qui laisse la musique du réel s’épanouir dans l’espace – plus virtuel qu’on le pense – entre nos deux oreilles.

A “geophonic” study of the Creuse region (central France). Both artists made field recordings separately, then one “interpreted” a location and then handed out i=his interpretation so that the other coposer could add his own perception to it. As a result, the pieces open wide spaces for our ears, allthewhile changing the perception of these spaces as “seen” through four ears (six if you count the listener’s). A simple yet rigorous method that lets the music of the real world develop in the space found between our ears (a space more virtual than one might think).

TEXTILE ORCHESTRA / For the Boss (Beta-lactam Ring Records - merci à/thanks to Massive Music)

Enregistré en concert en 2004 mais tout frais paru dans un gros digipak à quatre panneaux (Beta-lactam Ring ne fait pas dans la discrétion). Depuis quand cette étiquette propose-t-elle de l’improvisation libre? C’est un cas particulier, dû à la présence du percussionniste Aaron Moore de Volcano the Bear (qui endisque pour cette étiquette). Les autres musiciens: Dan Warburton au violon, Arnaud Rivière au pupitre de mixage et à l’électrophone, Alexandre Bellanger aux tourne-disque. Le tourne-disque est la voix dominante: musiques d’avant-garde en tout genre (Phil Minton à un moment!) peuplent l’espace sonore. Une session dense, cohérente et plus d’une fois surprenante.

Recorded live in 2004 but freshly released in a bulky four-panel digipak (Beta-lactam Ring is not the discreet type). Since when does that label release free improvisation? You’re right to be puzzled, but this is a special case, explained by the presence of percussionist Aaron Moore (of Volcano the Bear, a band recording for BlR). The other musicians are Dan Warburton (violin), Arnaud Rivière (mixing board, electrophone), and Alexandre Bellanger (turntables). The turntable is the main voice, spinning avant-garde records of all kinds (I’ve heard some Phil Minton in there!). A dense session, coherent, and surprising... more than once!

CORKY LAING / Stick It! (Voiceprint)

Corky, entre autres choses, était le batteur du groupe Mountain. Il a vécu la grande vie du sex, drugs and rock’n’roll. En 2002 il publiait ses mémoires, ici remaniées sous forme de livre-disque. Il s’agit en fait de deux CD sur lesquels Corky raconte (lit, mais sur un ton décontracté) quelques chapitres du livre, illustrations musicales à l’appui. Anecdotes rigolotes sur la vie “on the road”, mais aussi réflexions sur la drogue, la création, les amis qui disparaissent. Les amateurs de rock y trouveront leur compte, qu’ils aiment Mountain ou pas.

Among other things, Corky was Moutain’s drummer. He lived the high life of sex, drugs & rock’n’roll. In 2002 he published his memoirs, here reformated as an audiobook. This is a 2-CD set featuring Corky telling (reading in a relaxed tone) several slices of the book, with musical illustrations. Funny anecdotes about “life on the road”, but also deeper thoughts on drugs, creativity, and bygone friends. Rock fans will dig, whether they like Mountain or not.

Délire actuel, 2009-07-21

DÉLIRE ACTUEL

Émission du 21 juillet 2009

Broadcast Date: 21 July 2009

SUJET

TOPIC

Électronique et électroacoustique: Un programme entièrement sous le signe de nouveautés en électronique et électroacoustique – art sonore, musiques abstraites ou cinématiques, expérimentations d’instruments insolites, drones en tout genre.

Electronics & Electroacoustics: A program consisting entirely of new releases in electronic and electroacoustic music – sound art, abstract music, cinematic music, experiments with unusual instruments, drones of all trades.

LISTE DE DIFFUSION

PLAYLIST

NED BOUHALASSA / Impulse (13:59) - Gratte-cité (empreintes DIGITALes)

*SCANNER / A Clearing Between Earth and Air (8:04) - Rockets, Unto the Edges of Edges (BineMusic)

*ROBERT HAMPSON / Ahead - Only the Stars (13:11) - Vectors (Touch)

**TARAB / Take all the ships from the harbour, and sail them straight into hell (extrait/excerpt: 12:51) - Take all the ships from the harbour, and sail them straight into hell (23Five)

MAMA BÄR / Lichtblicke (6:41) - Asylum Lunaticum (Intransitive Recordings)

***TROUM / Elation (7:09) - Eald-Ge_Streon (Beta-lactam Ring Records)

JIM HAYNES / ::: (9:36) - Sever (Intransitive Recordings)

ASMUS TIETCHENS / FmF3 (3:47) - Flächen mit Figuren (Non-visual Objects)

DARIO SANFILIPPO / [2] (7:11) - Premio Malattia (Creative Sources)

DAVID BEREZAN / Cyclo (10:41) - La face cachée (empreintes DIGITALes)

merci à/thanks to:

*Forced Exposure

**Dense Promotion

***Massive Music

COMPLÉMENTS / SUPPLEMENTS:

Rien cette semaine – désolé!

Nothing this week – sorry!

Délire musical, 2009-07-21

DÉLIRE MUSICAL

Émission du 21 juillet 2009

Broadcast Date: 21 July 2009

LISTE DE DIFFUSION

PLAYLIST

*Thème/Theme: LIU FANG & MICHAEL O’TOOLE / Twisted Illusion - Changes (Philmultic)

SAINT DIRT ELEMENTARY SCHOOL / Ice Cream Man Dreams (3 :10) - Ice Cream Man Dreams (Barnyard Records)

DON SIMON, KLIMPEREI + TELEFUNKEN / Sideburns and Fried Ears (1 :35) - 25 Songs Looking for Ears (Acidsoxx Musicks)

*JONO EL GRANDE / Big Ben Dover (3 :04) - Neo Dada (Rune Grammofon)

FRANK ZAPPA / Andy (5:56) - The Best Band You Never Heard in Your Life (Rykodisc)

CIRCULUS / Micheal’s Garden (3 :11) - Thought Becomes Reality (Mythical Cake)

THE PETALS / Living Room (4 :45) - Butterfly Mountain (Camera Obscura)

*TREMBLING BELLS / Garlands of Stars (5 :09) - Carbeth (Honest Jons)

MALICORNE / À Paris la grande ville (3 :55) - L’extraordinaire tour de France d’Adélard Rousseau (Griffe)

BANCO DEL MUTUO SOCCORSO / Cento Mani e Cento Occhi (5 :22) - Darwin ! (Dischi/BMG)

THE HEALING ROAD / Tales from the Dam, Part 2 (extrait/excerpt : 4 :07) - Tales from the Dam (Musea)

merci à/thanks to:

*Forced Exposure

COMPLÉMENTS / SUPPLEMENTS:

Vidéo amateure de Circulus en concert, interprétant une autre chanson du même disque

Amateur live footage of Circulus performing another song from the same album

2009-07-21

2009-07-21: Tippetts/Archer, Balmorhea

Journal d'écoute / Listening Diary

2009-07-21


JULIE TIPPETS & MARTIN ARCHER / Ghosts of Gold (Discus)

Ce n’est pas leur première collaboration, mais c’est leur premier disque complètement en duo. La voix de Julie Tippetts a très bien vieilli: qu’elle récite ou qu’elle improvise, elle subjugue. Quant à Martin Archer, c’est un original dans le sens le plus noble et excitant du terme. Tout ce qu’il fait est minimalement digne d’intérêt et souvent captivant. Il a une manière bien à lui de triturer les électroniques en y ajoutant saxo, clarinette et violon, qu’il combine et arrange en quelque chose qui rappelle l’improvisation libre britannique sans en être totalement, qui puise dans l’acousmatique et qui s’inspire en même temps de Soft Machine! Ce disque est plus tranquille que In Stereo Gravity (son dernier disque solo) et clairement construit autour de la voix et des poèmes de Julie. Je chante les louanges d’Archer depuis des années – écoutez au moins In Stereo Gravity (avec Tippetts, d’ailleurs) ou Winter Pilgrims Arriving, mais ne manquez pas ce bijou de Ghosts of Gold. [CI-dessous: Deux extraits de l’album, “The Bear That Walks at Night” et “Rainsong”, trouvés sur le site de Discus.]

This is not their first collaboration, but it is their first complete record as a duo. Julie Tippetts’ voice has aged pretty well: reciting or improvising, she is rapturing. As for Martin Archer, he’s an original in the noblest and most exciting meaning of the word. Everything he does is at least worth a listen, and often fascinating. He has a unique way of fiddling with electronics, adding sax, clarinet and violin to it, combining and arranging it all into something that recalls European free improvisation, delves into acousmatics, and draws inspiration from Soft Machine, all in one! This album is quieter than In Stereo Gravity (his latest solo release) and clearly constructed around Tippetts’ voice and poems. I’ve been singing Archer’s praise for years – at the very least, listen to In Stereo Gravity (also featuring Tippetts) or Winter Pilgrim Arriving, but don’t miss on Ghosts of Gold, it’s...gold! [Below: Two excerpts from the album – “The Bear That Walks at Night” and “Rainsong”, found on Discus’ website.]

http://www.discus-music.co.uk/bearwalks.mp3

http://www.discus-music.co.uk/rainsong.mp3


BALMORHEA / All is Wild, All is Silent Remixes (Western Vinyl)

Au début de l’année, Balmorhea publiait le superbe disque All is Wild, All is Silent, un disque de post-rock très émouvant. Voici un album double (vinyle seulement) de remixages signés Bexar Bexar, Helios, Xela, Machinefabriek et Eluvium, entre autres. C’est beaucoup et en même temps trop peu: beaucoup, parce que longuet et plusieurs pièces de l’album original sont remixées plus d’une fois; trop peu, parce qu’aucun remix n’arrive à offrir plus que l’original. Certaines réinterprétations sont intéressantes, mais aucune n’arrive à déployer la charge émotive contenue dans l’original – à une exception près, peut-être: le “November 1, 1832” signé Peter Broderick (encore lui! Je commence à faire une fixation...).

Earlier this year, Balmorhea released a gorgeous record entitled All is Wild, All is Silent, a very moving post-rock record. Here comes a double LP of remixes by the likes of Bexar Bexar, Helios, Xela, Machinefabriek, and Eluvium, to name a few. It’s both a lot and too little: a lot, because it drags on and several tracks are remixed more than once; too little because none of these remixes actually offers more than the original. Some rereadings are interesting, but none manages to pack the emotional charge found on the original recordings – perhaps save one: the “November 1, 1832” remix signed Peter Broderick (him again! I’m developing a crush...).


Plus toutes sortes de choses déjà écoutées et chroniquées (Circulus, Liu Fang et Michael O’Toole, Saint Dirt Elementary School, Black Feather), pour me préparer au Délire musical de ce soir!

Plus a bunch of stuff previously listened to and commented on (Circulus, Liu Fang + Michael O’Toole, Saint Dirt Elementary School, Black Feather), in preparation for tonight’s Délire Musical!

2009-07-20: Nicola Ratti, Nurse with Wound, John R Carlson, ME Raabenstein, Lisa O Piu, Vile Vinyl I

Journal d'écoute / Listening Diary

2009-07-20

NICOLA RATTI / Ode (Preservation - merci à/thanks to Dense Promotion)

Un travail délicat, aux confluents de l’électronique ambiante texturale et du post-rock. Forte consonance Tortoise, mais aussi un côté mélancolique, aux mélodies brumeuses, qu’on trouve chez Mark Templeton. Une belle démarche d’écriture qui produit un disque qui se tient tout d’une pièce, même s’il n’est pas terriblement original.

Delicate work, at the crossroads of textural ambient electronica and post-rock. Strong Tortoise influence, but also a melancholy side generating the kind of foggy melodies found in Mark Templeton’s work. A nice compositional process that produces a highly-coherent album. It’s not particularly original though...


NURSE WITH WOUND / The Surveillance Lounge (Dirter Promotions - merci à/thanks to Forced Exposure)

Je ne suis pas un fin connaisseur de Nurse with Wound, mais je sais ce que j’aime et n’aime pas chez ce groupe. Et ce nouveau disque, je l’aime! Développé d’abord comme une trame sonore pour le film Der Brennende Acker de Murnau, puis retravaillé, extensivement semble-t-il, c’est un disque très atmosphérique et sombre, aux ambiances tordues, qui vont de chuchotements sur fond d’électroniques à une accélération endiablée (par vari-speed) d’un jam. Une musique angoissante et très bien contrôlée. David Tibet vocifère, plusieurs autres invités font des voix (parlées et chuchotées), pour le reste la musique est l’oeuvre de Steven Stapleton et Andrew Liles, possiblement le meilleur alignement de NWW (du moins à mon goût).

I am not that well versed in Nurse With Wound, but I have heard enough to know what I like and don’t like with this group. And this new opus I definitely like! First developed as a soundtrack to Murnau’s film Der Brennende Acker, then extensively reworked I believe, this album is atmospheric and dark, full of twisted moods that run from whispers over electronic background to the frantic speed-up of a jam. Anguishing music, very well controlled. David Tibet growls, a host of other guests do spoken/whispered voices, and everything else is handled by Steven Stapleton and Andrew Liles, possibly the best NWW line-up (at least to my liking).


JOHN R CARLSON / Foresight ([parvoart] recordings - merci à/thanks to Dense Promotion)

Un duo piano/batterie (Oliver Sonntag à la batterie), deux pièces de 10 minutes chacune, statiques et répétitives, plutôt mélodiques quoique minimales. Fait penser aux Necks, sans l’élément d’accumulation qui rend la chose ecitante. Ici, plutôt plat. Une parution sur mini-CDR.

A piano/drums duo (Oliver Sonntag on drums); two 10-minute pieces, both static and repetitive, rather melodic but minimal. I’m thinking of The Necks without the accretion element that makes them so exciting. It falls rather flat. A 3” CDR.


ME RAABENSTEIN / raabenstein_esk (Nonine Recordings - merci à/thanks to Dense Promotion)

J’ai reçu une copie promo sur CDR, sans pochette, de cet album disponible uniquement en format téléchargement. J’ai donc très peu d’info. De l’électro plutôt chill-out, avec un côté dub pas désagréable du tout (un peu Laswell dans la facture, même si le tout sonne résolument berlinois). Thomas Dwyler à la batterie sur une chanson. Ça se présente comme de l’électro expérimentale, mais en fait c’est plutôt convenu dans le genre. Cela dit, ME Raabenstein maîtrise son approche. L’album est tout de même un peu clinique.

I got a promo CDR of this album, no cover, little info on the press release. This is a digital-only release. Chill-out electro with a strong dub leaning, rather enjoyable (Laswell-ian to an extent, although it sounds resolutely Berliner). Thomas Dwyler on drums for one track. The album is presented as experimental electro, but it is rather dubified techno. ME Raabenstein masters his approach, even that approach is not that experimental or novel. And the album is a bit cold-sounding.


LISA O PIU / When This Was the Future (Subliminal Sounds - merci à/thanks to Forced Exposure)

Lisa, c’est la Suédoise Lisa Isaksson, et Piu est son groupe. When This Was the Future est leur premier disque, étonnamment achevé. De la folk sucrée-amère qui évoque fortement Linda Perhacs, un peu Turid, Sandy Denny aussi, avec une trace de Joanna Newsom dans certaines chansons. La voix est irrésistible, les chansons simples mais pas simplistes, avec une certaine recherche aussi. Produit par Matthias Gustavsson (de Life on Earth! et Dungen), qui fait ici preuve de beaucoup de retenue dans la facture sonore. [Ci-dessous: La vidéo officielle accompagnant la chanson “The Party”.]

Lisa is Swedish singer-songwriter Lisa Isaksson, and Piu is her band. When This Was the Future is their debut release, and a surprisingly mature one. Sweet-and-sour folk strongly reminiscent of Linda Perhacs, also a bit of Turid, Sandy Denny too, with a pinch of Joanna Newsom in a couple of songs. Irresistible voice, simple songs that aren’t simplistic, and a certain level of sophistication. Produced by Matthias Gustavsson (Life on Earth!, Dungen), who displays commanding restraint in the overall sound of the album. [Below: Official video for the song “The Party.”]


ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / Vile Vinyl Vol. I (Past & Present - merci à/thanks to Forced Exposure)

Encore une fois, tout est dans le sous-titre: “rare, wild, primitive mid-sixties garage.” 26 faces (de 45 tours) de rock garage à l’état brut, dont plusieurs pourraient être qualifiés de proto-punk. Malheureusement, la qualité sonore n’est pas au rendez-vous – elle est rarement géniale chez Past & Present, qui travaille presque exclusivement à partir de vinyle, sans bandes maîtresses, mais cette fois le son est mince et métallique, ce qui devient agressant. Et la sélection est trop garage, pas assez psychédélique à mon goût.

Once again with Past & Present comps, the real info’s in the subtitle: “Rare, wild, primitive mid-sixties garage.” 26 45rpm sides of raw garage rock, some of them qualifying for proto-punk status. Sadly, sound quality is lacking – it’s never great with this label, which usually works from actual vinyl instead of master tapes, but this time the sounds is thin and metallic, and it gets on my nerves. And the selection is too garage and not enough psych for my oersonal taste.