Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

Home of François Couture's music journalism and activism.

2011-07-08

2011-07-07: sm4, Machinist, Splice, Dikolson


Journal d'écoute / Listening Diary 
2011-07-07

ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / SM 4 (Spezialmaterial - merci à/thanks to Dense Promotion)
Une compilation double de l’étiquette suisse Spezialmaterial, sa quatrième mais la première à entrer dans mes oreilles. Spezialmaterial fait principalement dans l’électro (techno ambiant, dub), avec des incartades dans l’électro-pop, la folktronica, des trucs plus divertissants et d’autres assez poussés côté expérimentation, le tout en mode DIY. La qualité varie beaucoup sur ces deux CD, mais au départ j’ai eu le plaisir de découvrir Macuso Vikovsky, dont la chanson “Back from Central Asia” est étrange et accrocheuse.
A double compilation album from Swiss label Spezialmaterial, their fourth but the first one I get to hear. Spezialmaterial specializes in electronica (techno ambient, dub), with forays in electro pop, folktronica, entertaining stuff and more experimental stuff, all under the sign of bedroom production and DIY. Quality level varies greatly across the two CDs, but right at track 1 I had the pleasure of discovery Macuso Vikovsky, whose song “Back from Central Asia” is strange and catchy.

MACHINIST / Of What Once Was (Moving Furniture Records - merci à/thanks to Dense Promotion)
Deux longs drones signés Zeno van den Broek, qui en est à son quatrième album sous le nom de Machinist. Le guitariste d’Amsterdam propose d’abord une pièce conceptuelle inspirée de la “Symphonie monotone” d’Yves Klein: “Mono Tone in D” est un drone de guitare utilisant uniquement la note ré. Au-delà de l’idée, la réalisation est impeccable et pas monotone du tout. “Of What Once Was” est plus abstraite et texturale, bruitiste même et, en cela, moins distinctive.
Two long drones by Zeno van den Broek who, with this CD, releases his fourth full-length as Machinist. This guitarist from Amsterdam delivers first a conceptual piece inspired by Yves Klein’s “Monotone Symphony”: “Mono Tone in D” is a guitar drone constructed using only one note. Beyond the idea itself, the execution is flawless and the track doesn’t sound monotonous at all. “Of What Once Was” is more abstract and textural, noise-based, and as such is less distinctive.

SPLICE / Lab (Loop Records - merci à/thanks to Dense Promotion)
Très rock, plutôt sludge, en partie improvisée, la musique de Splice décape avec goût et vrombit avec corps. Ce quatuor québéco-britannique se compose d’Alex Bonney (trompette/électroniques), Robin Fincker (saxo ténor/clarinette), Pierre-Alexandre Tremblay (basse électrique/électroniques) et Dave Smith (batterie). Le même PA Tremblay qui publie des musiques acousmatiques chez empreintes DIGITALes? Je crois bien que oui. Le parallèle avec le trio montréalais La Part maudite est fort, mais l’approche de Splice est moins in-your-face, plus nuancée et, au final, plus substantielle.
Very rock, rather sludge, partly improvised, Splice’s music tastefully peels the paint and rumbles in style. This Quebecois/British quartet consists of Alex Bonney (trumpet/electronics), Robin Fincker (tenor sax/clarinet), Pierre-Alexandre Tremblay (electric bass/electronics), and Dave Smith (drums). The same PA Tremblay who releases acousmatic music on empreintes DIGITALes? Yes, I’m pretty sure. The parallel with Montreal-based trio La Part maudite is strong, but Splice’s music is less in-your-face, more nuanced and, in the end, more substantial.

DIKOLSON / The Bear is Sleeping Now (Minority Records - merci à/thanks to Dense Promotion)
Une pop électronique complexe et multitexturée, à l’apport vocal restreint, plutôt amateur, mais bien intégré, et des instrumentales accrocheuses. Le projet est l’œuvre de Filip Misek entouré d’une kyrielle d’invités. Publié sur vinyle et en téléchargement par la praguoise Minority Records.
A complex and multitextural brand of electronic pop, with limited vocal presence - and rather amateur vocals, but well integrated - and catchy instrumentals. The project is Filip Misek’s, surrounded by a slew of guests. Released on LP and as download by the Prague-based Minority Records.

2011-07-06

2011-07-05: Yannick Dauby, Reinhold Friedl, Max Goldt

Journal d'écoute / Listening Diary
2011-07-05

YANNICK DAUBY / Listen to the Atayal in Taoshan (Kalerne)
Un très beau projet de l’artiste sonore Yannick Dauby. Nous sommes à Taïwan, où les cultures indigènes se perdent. À travers une collaboration avec une école primaire, Dauby et Wan-Shuen Tsai ont rapproché aînés et enfants pour une expérience de partage culturel pendant six mois. Enregistrements dans les maisons, l’école et en nature, présentant des chansons, des contes, des scènes du quotidien. Le tout appuyé par un généreux livret où sont traduits en anglais les contes et paroles de chansons, et qui donnent aussi des renseignements supplémentaires sur le contexte culturel, la fabrication des instruments, et de nombreuses photos. Un objet splendide, un projet de cœur et de superbes prises de son.  [Ci-dessous: Une présentation de l’objet disque, question de vous faire saliver un peu.]
A beautiful project from sound artist Yannick Dauby. We are in Taoshan, Taiwan, where indigenous cultures are waning. Through a collaboration with an elementary school, Dauby and Wan-Shuen Tsai spent six months in the area for a cultural sharing experience between elders and children. Recordings in locations (houses, school) and in nature, featuring traditional songs and tales and scenes from the daily life. All this supported by a generous booklet with English translations of all tales and lyrics, plus information on the cultural context, instrument-making, and many photographs. A gorgeous object, a labour of love, and splendid field recordings.  [Below: A preview of the physical release, to give you a taste of this ear-and-eye candy.]

REINHOLD FRIEDL / Inside Piano (Zeitkratzer Records - merci à/thanks to Dense Promotion)
Le pianiste de l’ensemble Zeitkratzer a publié un album double de ses compositions pour intérieur de piano (et non piano d’intérieur). Depuis les expériences de Henry Cowell et de John Cage avec le piano préparé, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, et Friedl, interprète chevronné de la musique moderne pour piano, est acclimaté à ces flots. Au fil de neuf pièces allant de quatre minutes à près de 40 minutes, Friedl expose de nombreuses techniques permettant de jouer le piano sans les touches, d’utiliser sa masse et son volume comme corps résonant. Certaines pièces sont très minimalistes, mais dans quelques-unes le son prend une ampleur insoupçonnée, alors que Friedl joue à la pieuvre, frottant et frappant partout à la fois. Un album long, à prendre presque une piste à la fois.
Zeitkratzer’s pianist has released a 2-CD set of his compositions for inside piano. Since Henry Cowell and John Cage’s early experiments with prepared piano, a lot of water has run under that bridge, and Friedl, a seasoned performer of modern music for piano, is well accustomed to their flow. Through nine pieces ranging from four to close to forty minutes, Friedl showcases his wide array of techniques of playing the piano without using its keys, of using the instrument’s mass and volume as a resonant body. Some compositions turn out to be very minimalistic, while others get surprisingly noisy and large, as Friedl turns into an octopus, striking and hitting everywhere at once. A long album, better approached one or two tracks at a time.

MAX GOLDT / L’Église des crocodiles (Gagarin Records - merci à/thanks to Dense Promotion)
Deuxième réédition du fantaisiste Max Goldt chez Gagarin, sur vinyle. Il s’agit cette fois des six pistes d’un EP paru en 1983, plus six pièces inédites réalisées à la même époque. Des miniatures électro-pop étranges (beaucoup de percussions et d’effets) sur des textes absurdes qui rappellent Daniil Charms. Une musique quelque part entre Klimperei et le Faust de Jean-Hervé Perron. Les textes sont allemands, mais la jaquette du disque propose des traductions.
Second LP reissue of material from oddball Max Goldt on Gagarin Records. This time around it’s the six tracks from an EP first released un 1983, plus six previouly unavailable pieces from the same period. Strange electro-pop miniatures (lots of percussive elements and effects) over absurd lyrics reminiscent of Daniil Charms. The music is somewhere between Klimperei and Jean-Hervé Perron’s Faust. German lyrics with English translations on the LP cover.

2011-07-05

Délire actuel, 2011-07-05


DÉLIRE ACTUEL

Réécoutez (streaming ou téléchargement) la dernière édition de Délire actuel ICI (cherchez Délire actuel dans la liste).
You can listen (stream or download) to the latest Délire Actuel broadcast HERE (look for Délire Actuel on the list of shows).

Édition du 5 juillet 2011
Broadcast of July 5, 2011

DESCRIPTION
DESCRIPTION
Monk et Lacy / Solos: Thelonious Monk a eu une grande influence sur Steve Lacy et sur de nombreux jazzmen créatifs d’hier et d’aujourd’hui. Lacy a eu le même impact. Et les interprétations qu’a faites Lacy de Monk aussi. Faites le décompte, mais je crois qu’il y a aujourd’hui plus de saxophonistes reprenant Monk que de pianistes. En 2e heure: trois solistes qui déconstruisent et rebâtissent leur instrument.
Monk & Lacy / Solos: Thelonious Monk has had a huge influence on Steve Lacy and many other creative jazzmen of yesterday and today. Lacy has had a similar impact. And Lacy’s interpretations of Monk too. Truth is, I think there are more saxophonistes playing Monk tunes nowadays than pianists. 2nd hour: Three soloists who are deconstructing and rebuilding their intruments anew.

THELONIOUS MONK QUINTET / Evidence (6:30) - School Days (Emanem)
STEVE LACY / Skippy (6:15) - School Days (Emanem)
ÉVIDENCE / Well You Needn’t (8:22) - Musique de Thelonious Monk (Ambiances Magnétiques)

ASA TRIO / Criss Cross (5:12) - Plays the Music of Thelonious Monk (Sunny Sky Records)
THE MICROSCOPIC SEPTET / Brilliant Corners (5:09) - Friday the 13th (Cuneiform)
THE RENT / Prospectus (4:11) - Musique de Steve Lacy (Ambiances Magnétiques)

STEVE LACY / No Baby (4:25) - In Berlin (FMP)
IDEAL BREAD / Flakes (extrait/excerpt: ) - Transmit (Cuneiform)


OLIVIER BENOIT / 3 (22:06) - Serendipity (Circum-Disc/Helix)

XAVIER CHARLES / Rouge (14:12) - Invisible (Sofa)

BERTRAND DENZLER / Airtube (11:49) - Tenor (Potlatch)


COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

THELONIOUS MONK
Le maître à l’œuvre: “Epistrophy”.
The master at work: “Epistrophy.”

STEVE LACY
Ici, Lacy et Roswell Rudd donne un vernis dixie à “Nutty” de Monk.
Here, Lacy and Roswell Rudd give Monk’s “Nutty” a dixie spin.

XAVIER CHARLES
Solo en concert, je ne sais trop quand.
Live solo, not sure when exactly.

2011-07-04: Les Mystères de l'Ouest, Archetti/Heisch, Violence and the Sacred,


Journal d'écoute / Listening Diary
2011-07-04

LES MYSTÈRES DE L’OUEST / Les Mystères de l’Ouest (Unit Records)
Un trio piano (Florence Melnotte), trombone (Jean-Jacques Pedretti) et batterie (Nelson Schaer). Du jazz suisse aux compositions fines et complexes qui rappellent un peu Satoko Fujii (surtout dans “King Kong”). Une belle synergie entre le piano et le trombone. Une musique à cheval entre un jazz moderne accessible et une démarche plus audacieuse – encore une fois, la comparaison avec Fujii, le Satoko Fujii Trio notamment, tient la route.Pas si mystérieux et rien de “western” ici, mais un disque solide de jazz créatif.
A trio of piano (Florence Melnotte), trombone (Jean-Jacques Pedretti) and drums (Nelson Schaer). Swiss jazz featuring sophisticated and complex compositions slightly reminiscent of Satoko Fujii (especially in “King Kong”). Fine synergy between piano and bone. Music halfway between accessible modern jazz and a bolder approach - again, the comparison with Fujii, notably the Satoko Fujii Trio, holds. This music is not that mysterious, and there’s nothing “Western” about it (the band’s name translates to “The Mysteries of the West”), but this is a strong album of creative jazz.

LUIGI ARCHETTI & MICHAEL HEISCH / Frozen Solid (Creative Works Records)
Un disque long mais intrigant qui place la guitare électrique et les électroniques de Luigi Archetti face à face avec le trio à cordes du contrebassiste Michael Heisch. Pour l’essentiel, Frozen Solid (une composition de 65 minutes divisée en six parties) ressemble beaucoup un type d’improvisation pratiquée par Ernesto et Guilherme Rodrigues - cordes texturales aux gestes ultramesurés, guitare aux interventions subtiles et jouant sur une ambivalence acoustique/électronique. Seuls deux passages quittent cette forme pour s’engager dans quelque chose de plus bruitiste - et heureusement, autrement ce disque serait très monotone.
A long but intriguing record putting Luigi Archetti’s electric guitar and electronics face to face with doublebassist Michael Heisch’s string trio. For the most part, Frozen Solid (a 65-minute composition split into 6 parts) is very similar to the kind of free improvisation practiced by Ernesto and Guilherme Rodrigues: textural strings played with ultra-restrainted festures, subtle guitar interventions playing on an acoustic/electornic ambivalence. Only two passages stray away from this m.o. to engage into something much noisier - and that’s a good thing, for without that this record would get tedious.

VIOLENCE AND THE SACRED / Teddy Bear Stinks Real Bad Now (VioSac)
Volume 3 dans la série des archives du groupe torontois Violence and the Sacred. Teddy bear Stinks Real Bad Now était paru sur cassette en 1987. Enregistré en concert. L’attaque au violoncelle électrique dans “June 8th” place déjà l’ambiance dans un entre-deux qui évolura en entre-douze: acoustique et électronique, performance et préenregistrement, sérieux et ridicule, satire et hommage. St. Deborah est moins présente sur cet enregistrement, mais les voix préenregistrées abondent (disques didactiques, livres-disques pour enfants, etc.). Collages sonores étranges aux connotations absurdes (“Wee Willie Winkie” atteignant une extrême). Les sept pièces constituent une prestation continue dont l’homogénéité inspire le respect. À découvrir. [Ci-dessous: Écoutez tout l’album Teddy Bear Stinks Real Bad Now. Et téléchargez tous les albums sur Bandcamp pour une bouchée de pain.]
Volume 3 in Toronto’s Violence and the Sacred’s archive series. Teddy Bear Stinks Real Bad Now first came out on cassette in 1987. It is a live recording. The electric cello opening of “June 8th” sets the mood: a world of multiple in-betweens – acoustic and electronic, performance and prerecordings, seriousness and ridiculousness, satire and homage. St. Deborah is less present on this recording, but there’s alot of prerecorded voices (from didactic records, children’s books-on-record, etc.). Strange sound collages with absurdist leanings (“Wee Willie Winkie” being an extreme highlight). Seven tracks flowing as one continuous performance whose cohesion begs respect. Worth discovering. [Below: Listen to the whole album Teddy Bear Stinks Real Bad Now. And download all the albums on Bandcamp for next to nothing.]


VIOLENCE AND THE SACRED / Arkinoid (VioSac)
Numéro 4 dans la série d’archives de VioSac. Paru à l’origine sur cassette en 1987, augmenté ici d’une longue pièce bonus parue à l’origine sur une compilation. Encore beaucoup de sons trouvés, mais cette fois une plus forte présence d’instruments. On a même droit à une solide improvisation entre guitare électrique (au style très Frith), synthétiseur et ruban magnétique (passé manuellement sous la tête de lecture, utilisé comme un instrument). Et St. Deborah lit des textes de Beckett, Jarry et Nietzsche qui collent à la fois à l’absurde des sons trouvés (il y en a vraiment des rigolos) et au nihilisme de l’approche improvisationnelle (bruitiste et déconstructiviste). “Sunny Italy” termine en queue de poisson - une finale vraiment manquée, dommage. Point fort: “The Cattle of My Life” et “Liverwurst”.
Number 4 in VioSac’s archive series. First released on cassette in 1987, here augmented with a long bonus track first issued on a compilation. Again a lot of found sounds, but also a stronger instrumental presence. We’re even treated to a strong improvisation between electric guitar (very Frith-like), synthesizer and magnetic tape (treaded manually under the reading head, and used as an instrument). And St. Deborah reads excerpts from Beckett, Jarry and Nietzsche, a selection that fits both the absurdity of the found sound sources (some of them are creepy funny) and the nihilistic approach to improvisation (noisy and deconstructive). The false ending of “Sunny Italy” is a sour note, but highlights like “Cattle of My Life” and “Liverwurst” compensate.