Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

Home of François Couture's music journalism and activism.

2013-04-25

2013-04-24: Seewald/Grébil, Lucien Dubuis Trio, Fischermanns Orchestra, Di Domenico/Henriksen/Yamamoto, Mr. Bird


Journal d'écoute / Listening Diary 
2013-04-24

ZAHAVA SEEWALD & MICHAËL GRÉBIL / From My Mother’s House (Sub Rosa)
Deuxième collaboration entre Zahava Seewald et Michaël Grébil (la première est parue chez Tzadik; je ne l’ai pas entendue). From My Mother’s House est, essentiellement, un hörspiel sur les camps de la mort de la Deuxième Guerre mondiale – un thème abordé à travers les réminiscences et les écrits d’une brochette d’auteurs, lus et entendus en allemand, en français et en anglais. Or, nous sommes très loin du reportage: ceci est une œuvre d’art sonore, un mélange de voix spatialisées, de textures électroniques et de fragments mélodiques assemblés en un tout qui parle, sans nécessairement nous parler. J’ai trouvé From My Mother’s House intéressant mais long, et je m’interroge sur certains choix au niveau du mixage. [Ci-dessous: Cette page du site de Sub Rosa offre trois extraits en écoute.]
Second collaboration between Zahava Seewald and Michaël Grébil (the first one came out on Tzadik; I haven’t heard it). From My Mother’s House is, basically, a hörspiel about the World War II death camps – seen through the reminiscences and writings of a number of poets read and heard in German, French, and English. This is not journalism, but a work of sound art, a blend of spatialized voices, electronic textures, and melodic fragments, all assembled into a whole that speaks, although it doesn’t always speaks to me. Truth is, I found From My Mother’s House interesting but long, and certain choices in the mix puzzle me.  [Below: Listen to three excerpts on this page from Sub Rosa’s website.]

LUCIEN DUBUIS TRIO / Future Rock (Unit Records)
Ne vous laissez pas berner par le titre de ce disque: le “rock futuriste” de Lucien Dubuis est en fait un jazz actuel vif, métissé de rock(-in-opposition, même). Dubuis est clarinettiste, accompagné de Roman Nowka à la basse (et guitare) et de Lionel Friedli à la batterie. Future Rock est un disque fort amusant, qui rappelle le groupe Volapuk, en moins déjanté. Tout est dans l’utilisation que fait Dubuis des clarinettes basse et contrebasse, souvent rêches, mordantes comme une guitare électrique. Deux morceaux mettent en vedette le rappeur Miro Galtagirone, à bon escient, surtout dans “En descendant de la montagne” (chantée en anglais malgré son titre). Les onze autre pièces sont instrumentales. Un disque qui a de la gueule, de la personnalité, avec une pointe d’humour.
Don’t let the title fool you: Lucien Dubuis’ idea of “future rock” is actually a lively take on avant-jazz, with elements of rock(-in-opposition, even). Dubuis plays clarinet and is backed by Roman Nowka on bass (and guitar) and Lionel Friedli on drums. Future Rock is quite enjoyable. It reminds me of Volapuk, though less RIO-sounding. This parallel is justified by Dubuis’ use of bass and contrabass clarinets – he makes these instruments sound rough, growling like electric guitars. Two tracks feature rapper Miro Galtagirone to good effect, especially in “En descendant de la montage” (sung in English). The other eleven pieces are instrumentals. This record has character, a dash of humour, and more bite than I was expecting.

FISCHERMANNS ORCHESTRA / Wildfang (Unit Records)
Deuxième album du big band actuel du clarinettiste Philipp Z’Rotz, et ce disque est plus fort, constant et emballant que le précédent. On y a droit à une intro de kalimbas, à un solo de dobro enlevant, à un passage de theremin, à des rythmes latino, mais surtout à une très belle énergie et à un jeu d’ensemble fort respectable. Ça groove, ça s’écoute facilement, ça fait souvent penser à une version big band de l’Orkestre des pas perdus.
Second album from clarinettist Philipp Z’Rotz’s avant-big band, and this one is stronger, more consistent and thrilling than their debut. Among its treats are, an intro on kalimbas, a wild dobro solo, a theremin passage, Latin rhythms, plus very fine energy and highly respectable ensemble playing. The music grooves and is easy to listen to. It’s a big band take on L’Orkestre des pas perdus.

GIOVANNI DI DOMENICO, ARVE HENRIKSEN & TATSUHISA YAMAMOTO / Distare Sonanti (either/OAR)
Je poursuis mon exploration du catalogue du claviériste Giovanni Di Domenico avec ce très bel album en trio paru l’année dernière. Di Domenico y joue du piano, mais aussi du Rhodes, du synthé et des électroniques. Il est accompagné d’Arve Henriksen (Supersilent) à la trompette (et électroniques) et du batteur Tatsuhisa Yamamoto. Stylistiquement, nous sommes à mi-chemin entre la délicatesse de Sounds Good (avec Oriol Roca) et le côté avant-rock du groupe Going. Cinq des six pièces sont des compositions collectives (aussi bien dire des improvisations), et l’album se termine avec “Sensire” de Di Domenico. Du bonbon pour le fan de Supersilent que je suis. Beaucoup de finesse de la part des trois musiciens.
My continuing exploration of keyboardist Giovanni Di Domenico’s catalogue brings me to this gorgeous trio session released last year. Di Domenico plays piano (mostly), but also Rhodes, synth, and electronics. Arve Henriksen (Supersilent) on trumpet & electronics; Tatsuhisa Yamamoto on drums. Stylistically speaking, Distare Sonanti is halfway between the delicateness of Sounds Good (a duo session with Oriol Roca) and the avant-rock feel of the group Going. Five tracks out of six are collective improvisations, while the final piece, “Sensire,” is a Di Domenico composition. This CD is candy for the Supersilent fan that I am. Loads of finesse from all three musicians.

 MR. BIRD / Bird Bird Bird (Psychonavigation - merci à/thanks to John Bourke P.R.)
Bird Bird Bird est le troisième album de Mr. (Steve) Bird. Une électro ensoleillée, funky, qui met l’accent sur l’équilibre du mix plutôt que sur l’agression du rythme. Super musique d’été. Paru chez un nouveau subsidiaire de Psychonavigation, une étiquette à laquelle je commence à prendre sérieusement goût.  [Ci-dessous: “Funky Albatross”. Et sa page soundcloud offre beaucoup de matériel.]
Bird Bird Bird is Mr. (Steve) Bird’s third record. Sunny, funky electronica with a focus on the balance of the mix instead of the aggression of the beat. Great summer music. Released on a brand new sublabel of Psychonavigation, a label I’m growing fonder and fonder of.  [Below: “Funky Albatross.” There’s a lot more on his soundcloud page.]

2013-04-24

2013-04-23: Chris Abrahams, Betacicadae, Serph, Di Domenico/Roca


Journal d'écoute / Listening Diary 
2013-04-23

CHRIS ABRAHAMS / Memory Night (Room40 - merci à/thanks to Dense Promotion)
Le pianiste du groupe The Necks propose, avec Memory Night, son album solo le plus déroutant et accompli à ce jour. Le piano en est le centre... décentré. Au fil des quatre pièces, l’instrument est attaqué de l’intérieur, utilisé comme source de bruit. Plus tard, on reconnaît des notes, des motifs, mais ceux-ci sont dématérialisés – découpés, transformés. Memory Night est une œuvre oscillant entre l’électroacoustique et l’électronica post-glitch. Abrahams y dévoile un art combinatoire que je ne lui connaissais pas et qui rend ce disque plus enthousiasmant que ces albums solos précédents (beaucoup plus “ambiants”).  [Ci-dessous: “Stabilise Ruin”.]
With Memory Night, The Necks’ pianist delivers his most surprising AND accomplished solo album to date. The piano is at its centre... but it’s off-centre. Through the course of four pieces, the instrument gets attacked from within and used as a noise source. Later, notes and motifs are recognizable, but they are dematerialized – sampled, chopped-up, transformed. Memory Night is somewhere between electroacoustics and post-glitch electronica. Abrahams unveils here unsuspected combinatory skills, and these make this album more thrilling than his previous solo efforts (which were much more “ambient”). [Below: “Stabilise Ruin.”]

BETACICADAE / Mouna (Elegua Records - merci à/thanks to Dense Promotion)
Mouna est le premier album de Betacicadae, soit Kevin Scott Davis, qui fait tout ici. Sa musique consiste en musique ambiante avec cordes, vents, percussions, enregistrements de terrain et électroniques. Ces éléments sont assemblés avec délicatesse, et certains passages combinent élégamment sons de la nature et composition, mais l’ensemble manque de personnalité et se fond dans le courant de l’électronique expérimentale ambiante.
Mouna is the debut album from Betacicadae, aka one Kevin Scott Davis. His ambient music is made with strings, winds, percussion, field recordings and electronics. These elements are carefully assembled, and some passages elegantly combined nature sounds with electronic composition, but the album as a whole lacks character in a highly populated genre (experimental ambient).

SERPH / El Esperanka (Noble - merci à/thanks to Dense Promotion)
Quatrième album de Serph (sans compter le mini-album Winter Alchemy). El Esperanka poursuit sur la même lancée: musique électronique étrangère, un peu bancale au niveau des boucles et de la percussion, enfantine dans ses mélodies - version musicale d’une poupée Frankenstein “cute”. La recette de Serph varie peu, et les pièces sont interchangeables, mais c’est joli et audacieux à sa manière.
Serph’s fourth album (leaving out the Winter Alchemy EP). El Esperanka doesn’t depart from previous releases: slightly strange electronica, a bit amateurish in terms of loops and percussion, childlike melodies – like a musical take on a cute Frankenstein doll. Serph never wanders off from his recipe, to the point where tracks become interchangeable, but it’s pretty music and bold on its own terms.

GIOVANNI DI DOMENICO & ORIOL ROCA / Sounds Good (Spocus Records)
Un court disque de jazz actuel piano-batterie entre Giovanni di Domenico (Going, Mulabanda) et Oriol Roca. Di Domenico est ici en mode purement acoustique – Roca aussi, d’ailleurs. Improvisation ou composition? Certainement un peu des deux – certains arrêts/départs sont trop bien coordonnés pour qu’il s’agisse uniquement d’improvisation libre. Les pièces sont courtes, délicates, souvent mélancoliques, sans s’apitoyer. Roca limite souvent son choix de percussions à quelques instruments simples dont il tire beaucoup de nuances. Sounds Good est un disque sans prétention, une rencontre fort convaincante.
A short record of piano/percussion avant-jazz between Giovanni di Domenico (Going, Mulabanda) and Oriol Roca. Di Domenico is here in acoustic mode – and so is Roca. Improvisation or composition? Surely a little of both – some stop/go moments are simply too well coordinated to be freely improvised. Pieces are short, delicate, often melancholic without getting sappy. Roca often restricts himself to a few percussion instruments and get the most nuances out of them. Sounds Good is an unpretentious and quite convincing meeting.

2013-04-23

Délire actuel, 2013-04-23


DÉLIRE ACTUEL

Réécoutez (streaming ou téléchargement) la dernière édition de Délire actuel ICI (cherchez Délire actuel dans la liste).
You can listen (stream or download) to the latest Délire Actuel broadcast HERE (look for Délire Actuel on the list of shows).

Édition du 23 avril 2013
Broadcast of April 23, 2013

DESCRIPTION
DESCRIPTION
Rock d’avant-garde: Nouveautés reliées aux franges expérimentales du rock.
Avant-Rock: New releases from the experimental fringes of rock music.

(8:00 pm)




*TUPOLEV
Its
Towers of Sparks
03:27

ORCHESTRA OF THE UPPER ATMOSPHERE
Rainforest Tension
Orchestra of the Upper Atmosphere
09:51

GOING
Iri
I
07:52


(8:30 pm)





MULABANDA
A
Lift Your Toes
18:35

DEAD COUNTRY feat. ALFRED 23 HARTH
Lady Deathstrike's Healing Factor
Gestalt et Death
06:24

*APERIODIC
Voided [extrait/excerpt]
Future Feedback
01:49
Phratry

(9:00 pm)





JACK DUPON
Raymond
Jésus l'aventurier
15:39

VIOLENCE AND THE SACRED
Chris Gehman
Failure Parade
08:17

(9:30 pm)





**KEIJI HAINO, JIM O'ROURKE & OREN AMBARCHI
A new radiance springing forth from inside the light
Now while it's still warm let us pour in all the mystery
09:12

*SUM OF R
Alarming
Ride Out the Waves
05:41

*MARTEAU ROUGE
Noir
Noir
10:15


merci à/thanks to:

COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

GOING
Court extrait en concert.
Short live piece.

2013-04-22: To Live and Shave in L.A., Beat 4


Journal d'écoute / Listening Diary 
2013-04-22

TO LIVE AND SHAVE IN L.A. / The Grief That Shrieked to Multiply (Monotype - merci à/thanks to Dense Promotion)
The Grief That Shrieked to Multiply est essentiellement un projet de remixes autour de To Live and Shave in L.A. Sauf que... On a fourni aux remixeurs des improvisations captées pendant l’enregistrement de l’album Noon and Eternity, ainsi que des pistes isolées tirées de The Cortège et Épuration, plus des archives non publiées. Ces dernières ont été préparé par le fondateur de TLASILA, Tom Smith, qui a aussi assemblé et mixé les remixes. Cet album est donc plus l’œuvre de Smith que celle des remixeurs. D’ailleurs, note personnelle: j’ai approché cet album triple en pur néophyte – je ne connais pas du tout ce groupe – et après cette écoute (aussi divertissante et stimulante soit-elle) – je n’ai pas une image précise de ce groupe, puisque l’ensemble va dans tous les sens. Au menu, donc, trois disques contenant chacun une pièce de 78 minutes consistant en un mix de remixes (20 à 22 par pièce). Monotype offre aussi une quatrième pièce de 80 minutes en téléchargement. Chaque pièce est un univers en soi où se conjuguent bruitisme, rock garage, punk expérimental, électro déjantée et art sonore. Parmi les remixeurs, on compte Blevin Blectum, Aaron Dilloway, Otto Von Schirach, Philippe Petit, Sudden Infant, RWL, C Spencer Yeh et Kevin Drumm – pour vous donner une idée de la palette. La pièce du premier disque, “My Finger Was Hooked”, est stupéfiante, un feu roulant de propositions coordonnées avec un solide sens du risque. Les deux autres disques sont un peu moins réussis (longueurs, décrochages), mais fort dignes d’intérêt. [Ci-dessous: Voici un extrait du premier disque.]
The Grief That Shriked to Multiply is essentially a remix project around To Live and Shave in L.A. Except that... Remixers were given improvisations taped at the sessions for the Noon and Eternity album, tracks isolated from The Cortège and Épuration, and archival material prepared by TLASILA founder Ton Smith. Smith also assembled the remixes into four long tracks. Therefore, this album is more Smith’s work than the remixers’. On a personal note, I have approached the album as a complete neophyte, and after this highly entertaining and stimulating listen, I’m not sure I have a precise image of what the band is about – the music covers a LOT of ground. This album consists of three CDs, each one consisting of a single 78-minute piece made of 20 to 22 remixes. Monotype also offers a bonus 80-minute piece as a download. Each piece is a whole universe in itself, with noise, garage rock, experimental punk, wacked-out electronica and sound art being covered. The list of remixers is quite long and includes, just to give you a feel of the scope: Blevin Blectum, Aaron Dilloway, Otto Von Schirach, Philippe Petit, Sudden Infant, RWL, C Spencer Yeh, Kevin Drumm. The first disc, “My Finger Was Hooked” is astonishing, a rollercoaster of wild propositions assembled with a strong sense of risk. The other two discs are a tad bit weaker (lengthy bits, questionable choices), but still of high interest.  [Below: An excerpt from disc 1.]

BEAT 4 / Había una vez... (Shadoks - merci à/thanks to Forced Exposure)
Deuxième album (Shadoks prépare la réédition du premier) d’un groupe chilien qui s’inspirait fortement des Beatles période psychédélique. Había una vez... (1968) est très court – 23 minutes – mais tout à fait divertissant. “Obertura en sol mayor” a des airs de “Sargent Pepper’s Lonely Hearts Club Band”, il y a un côté fanfaron qui évoque le Bonzo Dog Band (“El Leon de la M-G-M”) ou Los Flippers (”Habia una vez...”). Et on y trouve même une version de “Cry for You” des Rolling Stones (qui devient “Llorar por ti”). Inspiré et sympathique.  [Ci-dessous: Bande annonce pour la sortie du disque. La chanson utilisée est “Obertura en sol mayor”.]
Second album (Shadoks is preparing to reissue their first one too) of a Chilean group who drew a lot from the psychedelic era of the Beatles. Había una vez... (1968) is very short – 23 minutes – but very entertaining. “Obertura en sol mayor” has a “Sargeant Pepper’s...” feel to it. There’s an oddball side to this band that recalls the Bonzo Dog Band (“El Leon de la M-G-M”) or Los Flippers (the title track). And there’s even a remake of the Rolling Stones’ “Cry for You” (which becomes “Llorar por ti”). Inspired and a lot of fun.  [Below: Album release trailer – the song used is “Obertura en sol mayor.”]