Journal d'écoute / Listening Diary
2010-10-21
PATRICIA BOSSHARD & SIMON GRAB / MRI (Everest Records - merci à/thanks to Dense Promotion)
À la suite d’accidents, Patricia Bosshard et Simon Grab ont eu à subir une résonance magnétique. Impressionnés par l’univers sonore de ces appareils, ils proposent maintenant MRI, une suite de 10 compositions électroniques autour de cet univers. On pourrait réduire le projet à une version adaptée de A Chance to Cut is a Chance to Cure de Matmos, mais la démarche de Bosshard et Grab est plus expérimentale et le résultat plus fascinant et inquiétant. J’ai bien aimé le côté cru de ces assemblages. En prime, après les 10 pièces, on a droit à une banque de 80 échantillons sonores.
After suffering accidents, Patricia Bosshard and Simon Grab had to have an MRI. The sounds they heard insired them an album’s worth of experiments with that particular soundworld. MRI is a cycle of 10 electronic compositions using MRI-related samples. I guess one could pin this project as an adaptation of Matmos’ A Chance to Cut is a Chance to Cure, but Bosshard and Grab’s artistic process is somewhat more experimental and the results are more fascinating and disquieting. I liked the raw feel of their sonic assemblies. As a bonus, you get a soundbank of 80 samples.
TREVOR WISHART / Disingenuity b/w Disingenuousness (Pan - merci à/thanks to Dense Promotion)
Trevor Wishart compte parmi les cinq ou six meilleurs compositeurs de musique électroacoustique au monde. Fanfare & Contrapunctus/Imago est un nouveau vinyle paru chez Pan et qui met en regard deux courtes pièces de “jeunesse” (1976) et une longue pièce mature (2002). Les premières sont un peu plus chaotiques, bien que sympas. “Imago” suit la forme la plus murie des œuvres de Wishart, soit la transmutation successive d’un son très simple (le clinquement de deux verres à whisky) en choses improbables, à travers des transformations et des fondus-enchaînés magistraux. À se procurer pour “Imago”, une pièce digne des meilleures œuvres de Wishart, comme “Red Bird” et “Tongues of Fire.”
Trevor Wishart is one of the world’s two five or six best electroacoustic music composers. Fanfare & Contrapunctus/Imago is a new LP out on Pan, and it brings together two short early works (1976) and one long mature piece (2002). The early works are a little chaotic though enjoyable. “Imago” follows Wishart’s established modus operandi: the successive transmutation of a very simple sound (the clink of two whisky glasses) into improbable things through fabulous transformations and cross fades. Get it for “Imago”, a work worthy of Wishart’s best pieces, like “Red Bird” and “Tongues of Fire.”
KARST / Toujours traîner des formes étranges (Insubordinations)
L’étiquette Insubordinations commet un premier CD physique, après cinq ans d’activités comme “netlabel”. Et quel CD! Karst est un quatuor constitué de trois improvisateurs bien connus de l’étiquette, soit Cyril Bondi, d’incise et Luc Muller, tous aux percussions et objets, et du poète abstral compost. C’est tout. Un poète au verbe incisif et provocant, trois tapocheurs qui font tout un boucan (objets qui s’entrechoquent, métal, grincements, et quelques coups de tambour). Les textes (en français) portent l’œuvre, mais ils sont très solidement appuyés par les percussions. Un disque coup de poing, un coup de cœur immédiat. Mais PAS une écoute facile. [Ci-dessous: Insubordinations vend un CD physique, mais offre tout de même de télécharger l’album intégral gratuitement à ce lien.]
The Insubordinations label releases its first physical CD, after five years as a netlabel. And what CD! Karst is a quartet consisting of three improvisers that are well known to the label: Cyril Bondi, d’Incise, and Luc Muller, all playing percussion and objects, plus poet Abstral Compost. That’s all. A French poet with acidic and provocative words, and three can-hitters making a lot of noise (objects clashes, metal, a drum being hit occasionally). The texts are what carries this work, but they are brilliantly supported by the percussion. Sadly, French-deaf listeners are doomed to miss on a large part of this album’s appeal. For the others, this is a hard-hitting album that immediately won me over. But it is NOT an easy listen. [Below: Insubordinations sells a physical CD, but still offers a free download of the whole album at this link.]
SAND SNOWMAN / Nostalgia Ever After (Beta-lactam Ring Records)
En fait, il y a peu de nostalgie sur Nostalgia Ever After. Bon, oui, Sand Snowman s’inspire de la folk psychédélique un peu sautée de l’Incredible String Band, et oui, ses harmonies vocales démultipliées font penser à Linda Perhacs. Mais la comparaison s’arrête là. Pour le reste (l’écriture, la conception sonore, le chant désincarné), Sand Snowman se rapproche surtout de Grouper et de ce genre de folktronica voilée et inquiétante. C’est un univers prenant à défaut d’être poignant, mystifiant aussi. Agréable mais déstabilisant. J’y reviendrai certainement.
Actually, there is little nostalgia on Nostalgia Ever After. Yes, of course, Sand Snowman draws inspiration from the off-kiler psychedelic folk of The Incredible String Band, and yes, her overdubbed vocal harmonies are reminiscent of Linda Perhacs. But the comparisons end there. For the rest (the songwriting, the sound design, the discorporated vocals), Sand Snowman sounds closer to Grouper and this genre of veiled and mysterious folktronica. This soundworld may not be poignant, but it’s gripping nonetheless. Enjoyable but destabilizing. I’ll be coming back to this one.
TARA FUKI / Sens (Indies Scope)
Difficile de prendre Tara Fuki en défaut. Ce duo féminin polono-tchèque publie bijou sur bijou. Sens est le quatrième disque des deux violoncellistes-chanteuses. Il marque un retour vers une instrumentation plus épurée. Pas une seule des chansons ne déçoit, et le moment fort de l’album consiste en une improvisation de sept minutes pour voix et percussions tout à fait subjugante. Déjà parmi mes disques préférés de 2010, après une seule écoute. [Ci-dessous: Une chanson offerte gratuitement par Indies: “Zwierciadl’o”.]
Can Tara Fuki make a bad album? This female Polish-Czech duo releases one gem after another. Sens is the fourth CD by these two singing cellists. It signals a return to a more stripped-down instrumentation. Not a single song disappoints, and yet the highlight of the album comes in the form of a seven-minute improvisation for percussion and voice. This one is already among my favorite albums of 2010 after only one listen. [Below: The song “Zwierciadl’o” offeredby Indies as a free download.]
http://dld.indies.eu/download-media/420/tara-fuki-zwierciado.mp3