2012-02-16
ESMERINE / If Only a Sweet Surrender to the Nights to Come Be True (Resonant/Madrona)
Le premier album d’Esmerine, paru en 2003. Avant celui-ci, je n’avais entendu que le plus récent, La Lechuza. Disons que If Only a Sweet Surrender to the Nights to Come Be True est une parfaite mise en bouche. Le duo de Becky Foon (violoncelle) et Bruce Cawdron (percussions) se crée un univers évoquant la musique de chambre, le post-rock et la musique de film. L’omniprésence du violoncelle et du vibraphone évoque l’univers de Jorane, croisé avec celui de Godspeed You Black Emperor/Set Fire to Flames. Quelques invités viennent varier le menu. Une belle réussite pour un premier album, avec déjà la grâce et l’intelligence en place, sans encore la charge émotive de La Lechuza.
Esmerine’s debut album, released in 2003. I had only heard their latest, La Lechuza, before this one. If Only a Sweet Surrender to the Nights to Come Be True makes a great hors-d’œuvre. The duo of Becky Foon (cello) and Bruce Cawdron (percussion) build a soundworld reminiscent of chamber music, post-rock, and film music. The omnipresence of cello and vibes bring to mind Jorane’s universe crossed with Godspeed You Black Emperor/Set Fire to Flames. A handful of guests bring variety to the plate. A fine debut that already has the grace and intelligence of La Lechuza, but not yet its emotional charge.
FRANÇOIS CARRIER - MICHEL LAMBERT - ALEXEY LAPIN / In Motion (Leo Records)
Troisième disque chroniquant le voyage russe du saxophoniste François Carrier et du batteur Michel Lambert, deux Québécois, en décembre 2010. In Motion a été enregistré en concert, le lendemain du concert immortalisé sur All Out (frais sorti chez FMR), lui même donné le lendemain d’une session studio parue chez Leo sous le titre Inner Spire. In Motion est évidemment très comparable aux deux disques précédents. Du jazz improvisé vif, parfois extatique, souvent lyrique. Je crois que je recommanderais celui-ci avant les deux autres, mais, honnêtement, pour tirer la chose au clair, il faudrait que je réécoute les trois d’un trait. [Ci-dessous: Un extrait de l’album.]
A third CD chronicling the Russian journey of Quebecois sax player François Carrier and drummer Michel Lambert in December 2010. In Motion was recorded live the day after the concert preserved on All Out (just out on FMR), itself performed the day after a studio session released on Leo as Inner Spire. In Motion is obviously very similar to the previous two albums. Improvised jazz, quite lively, even ecstatic at times, often lyrical. I think I would recommended this one over the other two, although I would have to listen again to all three in a row to sort them out. [Below: A snippet from the album.]
DAN STEARNS / Golden Town (Spectropol Records)
Avec Golden Town, Dan Stearns propose 14 pièces électroacoustiques où s’entrechoquent mélodies instrumentales et textures abstraites, en un cinéma pour l’oreille confus. Quelques belles idées de transformations sonores, certains agencements intéressants, mais le tout devient monotone à force d’empiler les idées. Certains passages rappellent les dérives électroambiantes de Hollydrift et Stylus, alors qu’ailleurs on pense au maximalisme déconstruit-reconstruit de Berger Rond. Au final, c’est un disque très moyen qui risque de fermer plus d’oreilles aux musiques expérimentales qu’il n’en ouvrira.
With Golden Town, Dan Stearns delivers 14 electroacoustic pieces where instrumental melodies and abstract textures collide in a confused form of cinema for the ear. There are some nice sound transformation ideas, and some interesting pairings, but as a whole the accumulation of unrelated ideas grows tiresome fast. Some passages are reminiscent of Hollydrift and Stylus’s ambient electronica drifts, while elsewhere I am reminded of Berger Rond’s deconstructed/reconstructed maximalism. In the end, this is a mediocre record that will probably close more ears to experimental music than it will open.
ÉMILE GOUÉ / L’Œuvre pour piano, volume 2 (Azur Classical)
C’est la première fois que j’entends ou même dont j’entends parler d’Émile Goué, compositeur français, 1904-1946. À l’écoute de ce second volume d’œuvres pour piano, il mérite qu’on s’attarde à lui. Les pièces réunies ici évoquent un mariage entre Satie et les sérialistes. Le “Thème et variations” est puissant, ombrageux. La “Sonate pour piano” présente des harmonies osées pour l’époque et encore efficaces. Partout, on sent des idées claires développées avec soin. Seul reproche: Goué prend trop plaisir à souligner les dissonnances à gros trait, comme si chacune était marquée d’un fortissimo – à moins que ce ne soit un choix de la pianiste Diane Andersen.
This is my first encounter with French composer Émile Goué (1904-1946). Listening to this second volume of solo piano works, I feel the man deserves some attention. The works culled here bring to mind a crossroads between Satie and the Serialists. “Thème et variations” is a powerful, cloudy piece of music. The “Sonate pour piano” features harmonies that were bold back then and are still gripping today. Everywhere, I can sense clear ideas being carefully developed. My only criticism: Goué emphasizes dissonances too much, as if tagged each one with a fortissimo – unless that comes from pianist Diane Andersen’s interpretation.