Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

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2010-08-28

2010-08-28: The Tree People, Sourdeline, Mixed Up Minds 1

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-08-28


THE TREE PEOPLE / It’s My Story (Guerssen - merci à/thanks to Forced Exposure)

J’ai pleuré de joie en écoutant It’s My Story. Sans blague. La simple existence de ce disque m’émeut. J’ai adoré le deuxième album de The Tree People, une cassette du début des années 80 rééditée par Guerssen l’an dernier. Et voilà que, suite au succès d’estime de la réédition des deux seuls albums du groupe, le trio de l’Oregon s’est reformé. Et ce tout nouveau disque efface nonchalamment 30 ans d’inactivité (du moins sur disque). Stephen Cohen a toujours cette voix innocente d’enfant émerveillé par les banalités de la vie. Les arrangements (souvent guitare acoustique/flûte/contrebasse) sont encore aussi légers, tendres et d’un mélodisme intemporel. C’est beau, c’est rêvé, c’est impossible, et pourtant il est là, ce disque, je l’écoute, il existe, contre toute attente. Encore! Je t’en prie, Stephen, raconte-nous quelques histoires de plus! [Ci-dessous: Un extrait de “More Than Yoko”.]

Damn, I actually cried while listening to It’s My Story. No kidding. The very existence of this record moves me to tears. I love The Tree People’s second album, a cassette form the early ‘80s, reissued last year by Guerssen. And now, due to the critical praise for the reissue of the band’s two albums, the Oregon trio has reconvened. AND this new record effortlessly bridges the 30-year gap. Stephen Cohen still has this wonderfully innocent voice of child in wonderment of life’s simplest things. And the arrangements (usually, acoustic guitar/flute/doublebass) are still as light, tender, and timelessly melodic as ever. It’s beautiful, it’s a dream come true, it’s impossible, and yet it’s here, in my hands, I’m listening to it, it exists against all odds and it’s JUST AS GOOD as the music they were doing three decades ago. More! I want more! Please, Stephen, tell us more of your stories! [Below: A sound clip from “More than Yoko.”]

http://www.honestjons.com/media/The Tree People/It%27s My Story/preview/03.Tree.mp3


SOURDELINE / La Reine blanche (Guerssen - merci à/thanks to Forced Exposure)

Guerssen réédite les deux vinyles de Sourdeline, un groupe français de musique néo-traditionnelle des années 70. Beaucoup moins connu que Malicorne, mais dans une veine similaire (ou encore, similaire au groupe québécois Le Rêve du diable). Belle voix féminine, sélection de chansons qui mélange l’archi-connu (“J’ai vu le loup...”) et l’obscure (“C’est à ville”, “Mon petit frère”), plus quelques compositions instrumentales originales. Instrumentation d’époque (vielle à roue et tout le bataclan), production décente - y a de quoi se demander pourquoi leur carrière n’a pas levé.

Guerssen has reissued two LPs by Sourdeline, a 70’s French neo-trad band. Much less known than Malicorne, though in a similar vein (also similar to Quebec group Le Rêve du diable). Nice female vocals, a selection of well-known songs (“J’ai vu le loup...”) and obscure titles (“C’est à ville”, “Mon petit frère”), plus a few original instrumentals. Period instrumentation (hurdy-gurdy and all), decent production. Makes you wonder why their career didn’t take off.


SOURDELINE / Jeanne d’Aymé (Guerssen - merci à/thanks to Forced Exposure)

Deuxième album de Sourdeline. Celui-ci est meilleur et encore plus près du son Malicorne des deux premiers albums. Jusqu’aux duos de voix homme-femme. Encore une fois, Sourdeline se distingue par l’originalité de son répertoire (pas des compos originales, mais des chansons traditionnelles moins connues). Les amateurs de trad ont intérêt à tendre l’oreille. Sourdeline est très peu connu (et encore moins dans mon Québec), et il y a là une très belle découverte à faire - j’en connais plusieurs qui apprécieront! [Ci-dessous: Un extrait de “Saint Nicolas”.]

Sourdeline’s second album. This one’s better than the first one and comes closer to Malicorne’s first two. Down to the male/female vocals. Once again, Sourdeline stands out for the originality of its repertoire. Fans of French/Quebec French traditional folk music would be well advise to pay attention. Sourdeline is very little known (especially in my homeland of Quebec), so here’s a mighty fine discovery in the waiting. I know a lot of people who will be glad to hear this. [Below: A sound clip from “Saint Nicolas.”]

http://www.guerssen.com/fotos//mostres/Saint_Nicolas.mp3


ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / Mixed Up Minds, Part One (Past & Present - merci à/thanks to Forced Exposure)

Une compilation de chansons pop obscures des îles britanniques, 1970-1973. Un peu psychédélique parfois, plutôt ordinaire, rien de frappant, outre peut-être “Everything’s Moving” de Rich Fever et “Do You Remember Me?” d’Esprit de Corps. Un gros bof pour cette enième compilation signée Past & Present.

A compilation of obscure pop singles from the British Isles, 1970-1973. Occasionally lightly psychedelic, rather mediocre, nothing striking, except perhaps Rich Fever’s “Everybody’s Moving” and Esprit de Corps’s “Do You Remember Me?” Past & Present have tons of better comps in their catalogue.

2010-08-27: Marraffa/Guazzaloca, Trevor-Briscoe/Guazzaloca, Angeli/Drake, Mandibulbe, Abacus

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-08-27

EDOARDO MARRAFFA & NICOLA GUAZZALOCA / Glück Auf (Setola Di Maiale)

Une séance d’improvisation libre très intense entre le saxophoniste Edoardo Marraffa et le pianiste Nicola Guazzaloca. Enregistrée en septembre 2007. Entièrement acoustique mais bruyant, fougueux, avec une tendance vers la confrontation plutôt que le dialogue. J’aime le jeu de Guazzaloca - il est agile et créatif - mais ce disque ne me convainc pas entièrement; je le trouve un peu monocorde. Tout de même de bons moments.

A very intense free improvisation session between saxman Edoardo Marraffa and pianist Nicola Guazzaloca. Recorded in September 2007. Entirely acoustic, but noisy and raucous, with a tendency to confront instead of dialogue. I like Guazzaloca’s playing - he is agile and creative - but this record is not entirely convincing. I find it a bit one-dimensional. Still, some good moments.

TIM TREVOR-BRISCOE & NICOLA GUAZZALOCA / One Hot Afternoon (Leo Records)

Je suis assez grand pour admettre que j’ai tort. Hé bien, lorsque j’ai chroniqué le disque d’un quintette sur Amirani Records dont faisait partie Nicola Guazzaloca, j’ai écrit que c’était la première fois que j’entendais ce pianiste. C’était faux. Nicola m’a envoyé quelques disques (dont celui-ci ci-dessus) et, parmi eux, cette publication de 2007 chez Leo Records que j’avais complètement oublié. Mais ce n’est pas la seule erreur que j’ai faite. Vous voyez, le disque en question, One Hot Afternoon, ne m’avait pas marqué. À le réécouter aujourd’hui, je me demande franchement pourquoi, puisqu’il est excellent. Il s’agit d’un autre duo saxo-piano, mais contrairement au Marraffa/Guazzaloca ci-dessus, ce duo travaille partiellement avec des compositions, et il y a un splendide niveau de connivence et d’échange entre eux. C’est un disque captivant, aux pièces courtes et punchées. Du bonbon.

I am mature enough to admit it when I am wrong. Well, when I reviewed a quintet CD on Amirani Records featuring Nicola Guazzaloca, I wrote that it was the first time I’d heard him. I was wrong. Since then, Nicola sent me a few records (including the one reviewed above) and, among them, was this 2007 Leo Records release, which I had completely forgotten. But that was not my only erring. You see, that record, One Hot Afternnon, hadn’t made an impression on me. Listening to it again today, I’m seriously wondering why, because it’s excellent. This is another sax/piano duo, but un like the Marraffa/Guazzaloca CD above, this duo is working partially with compositions, and there is a splendid level of telephathy and exchange between them. This is a captivating record, with short punchy tracks. Ear candy.

PAOLO ANGELI & HAMID DRAKE / Uotha (Nu Bop)

Un duo paru en 2005. Le dernier disque solo de Paolo Angeli (Tibi, un CD+DVD) m’a ravi et me captive encore. Cet enregistrement en concert est également excellent - une belle magie s’installe entre Angeli (guitare sarde préparée) et Hamid Drake (percussion et chant). Drake chante sur deux ou trois pièces, et une magie toute spéciale opère alors. Un disque facile d’écoute, éminemment humain, chaud et émouvant.

A duo recording released in 2005. Paolo Angeli’s latest album (Tibi, a CD+DVD) has gotten me heads over heels. This live recording is also excellent, with something magical happening between Angeli (prepared Sardinian guitar) and Hamid Drake (percussion, vocals). Drake sings on two or three numbers, and that’s when sparks start flying. An easy listen, a record so human, warm and moving.

MANDIBULBE / Praxis (Musea Parallèle)

Un projet de Guillaume Fenoy, guitariste de 4/3 de Trio. Un projet à deux guitares électriques, basse électrique et batterie, du métal progressif instrumental qui joue sur la superposition de cellules rythmiques et de riffs inégaux, pour former des cycles polyrythmiques. Plutôt bien réussi (me fait penser beaucoup aux Italiens Lento), surtout en début d’album (les deux parties de “Génération addict”). Puis, ça s’effoule. Ou plutôt, ça devient monotone et c’est moi qui m’essoufle.

A project led by 4/3 de Trio guitarist Guillaume Fenoy. Two electric guitars, electric bass, and drums. Instrumental progressive metal vested in overlaying odd rhythm and riff cells to form polyrhythmic chyclical patthers. Rather well done (makes me think of Italian band Lento), especially early in the album (the two-part “Génération addict”). Then, it winds down. Or more accurately, it gets monotonous and I run out of breath.

ABACUS / Destiny (Musea)

Pas mauvais, ce nouveau Abacus (des Néerlandais), mais trop “arena rock” pour moi - ça se veut progressif, mais ça sent trop le Journey ou le Kansas pour moi. Tout de même, “Destiny” avec son preacher et sa chorale est fort sympathique. Et “The Fight” est bien tournée.

Not bad, this new Abacus, but too “arena rock” for me. It wants to be progressive, it sounds too much like Journey or Kansas for me. Still, “Destiny” is pretty nice with its preacher and choir. And “The Fight” is a decent mini-epic track.

2010-08-27

2010-08-26: Sarah Wilson, Mercury Falls, Philippe Petit, Islaja, Detroit Grand Pubahs

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-08-26


SARAH WILSON / Trapeze Project (Brass Tonic Records - merci à/thanks to Brathwaite & Katz)

Un jazz ultra-métissé (post-bop, Nouvelle-Orléans, jazz actuel new-yorkais, côte Ouest), mélodique, fin, sensible et intelligent, à aimer instantanément. La trompettiste-chanteuse Sarah Wilson est entouré d’une équipe du tonnerre: Myra Melford, Ben Goldberg, Jerome Harris et Scott Amendola (oui, le batteur des Nels Cline Singers). Dans l’esprit, Wilson me fait beaucoup penser à Annie Whitehead (et dans certaines instrumentales, on aime à sentir une petite influence de Robert Wyatt). Je commencerai ma prochaine chronique “Jazz Actuel” sur Bleu Jazz avec ce disque.

So many influences in this jazz music (post-bop, dixie, New York avant-garde, West Coast), and so melodious, sensitive, intelligent and sophisticated - an instant like. Trumpeter/singer Sarah Wilson has an all-stars team around her: Myra Melford, Ben Goldberg, Jerome Harris, and Scott Amendola (yes, The Nels Cline Singers’ drummer). In spirit, Wilson’s music reminds me a lot of Annie Whitehead (and some of the instrumentals have a slight Robert Wyatt quality to them). This will be the feature presentation on my next “New Jazz” column on the Bleu Jazz radio show.


MERCURY FALLS / Quadrangle (Porto Franco Records - merci à/thanks to Brathwaite & Katz)

Un jazz moderne feutré, délicat, où la guitare électrique et les électroniques tissent des ambiances qui, à la limite, n’en avaient pas besoin. Beau travail d’écriture, belles nuances pour ce quatuor (guitare, saxo, contrebasse, batterie). Pas marquant mais sympa.

Velvety modern jazz, delicate, where the electric guitar and electronics are weaving moods that might have developed on their own anyway. Nice writing, nice nuances from this quartet (guitar, sax, upright bass, drums). Not striking but well done and enjoyable.


PHILIPPE PETIT / Off to Titan (Karl Records)

2010 sera l’année de Philippe Petit. Une autre nouveauté! Et un projet très particulier, audacieux et qui va demander plusieurs écoutes pour démêler le vrai du faux, le senti du facétieux. Sur Off to Titan, le platiniste réorganise la symphonie “Titan” de Mahler - carrément recombinée - à laquelle il ajoute des textures électroniques. Bon, c’est déroutant, mais on joue un inconnu familier. Le facteur X provient plutôt de Jono Podmore qui ajoute, à des endroits choisis, des envolées de theremin dignes des trames sonores de science-fiction d’il y a un demi-siècle. L’effet est soudain, saisissant et confondant - le sérieux de l’orchestre contre les entourloupettes de ces électroniques éminemment “in your face”. Philippe surprend. C’est pas moi qui vais m’en plaindre!

2010 is the Year of Philippe Petit. Yes, another new release! And this one’s an unusual project, the bold kind that will require a few listens in order to untangle what’s real and what’s not, what’s heartfelt and what’s sarcastic. On Off to Titan, the turntablist is reconstructing Gustav Mahler’s “Titan” symphony, to which he adds electronic textures. Okay. It’s disconcerting, but we’re playing in familiar unfamiliar territory. The X factor comes from Jono Podmore, called in to add, in carefully selected spots along the way, flights of theremin worthy of sci-fi soundtracks from half a century ago. They come in in a striking, unmistakable way, and NOW you’re lost, between the pompousness of the orchestra and the mad choreographies of these in-your-face electronics. Philippe surprises me with this one, and I’m not certainly not complaining!


ISLAJA / Keraaminen Pää (Fonal - merci à/thanks to Forced Exposure)

Je connais Islaja (Merja Kokkonen) par sa participation aux groupes Avarus et Kemialliset Ystävät, mais pas sa carrière solo (au moins quatre disques à son actif). Keraaminen Pää est un très beau disque de pop alternative chantée en finnois (traductions anglaises incluses). La dame a une belle voix, discrète mais captivante, et ses arrangements sont sophistiqués sans devenir précieux. On ne trouve rien ici du caractère brouillon ou chaotique de la folk expérimentale finlandaise (Avarus...). On est plus proche de l’univers de Björk, de Susana and the Magical Orchestra, voire d’Animal Collective (en moins brouillon). Je me plaisais déjà beaucoup avec ce disque, mais l’apparition de Ville Leinonen sur les deux dernières chansons coiffe merveilleusement l’aventure.

I knew Islaja (Merja Kokkonen) from her work in Avarus and Kemialliset Ystävät, but I was unaware of her solo output (at least four albums to this day). Keraaminen Pää is a very good alternative pop CD, sung in Finnish (with English translations in the booklet). The lady has a fine voice - discrete but rapturing - and her arrangements are racy without getting overworked. There’s nothing here of the chaos found in Finland’s underground folk music (Avarus...). This is much closer to, say, Björk’s soundworld, or Susana and the Magical Orchestra, or even a cleaner version of Animal Collective. I was enjoying this album a lot already, but the appearance of Ville Leinonen on the last two songs came as the icing on the cake.


DETROIT GRAND PUBAHS / Madd Circus (Detelefunk - merci à/thanks to Forced Exposure)

J’ai pris mon pied en écoutant le nouveau Detroit Grand Pubahs, big time! Un électro-funk sale mais précis, des textes qui oscillent entre la pointe aiguisée et la subversion - “I used to care but that feeling came and passed, like gas” (“Numb, Deaf & Dumb”). Ça danse, mais pas toujours droit. “Zombies Playing Dead”, “Maybe I Do” et “Autotragik” sont très solides (la dernière me fait penser à Poni Hoax). Et “Breakfast in Bed” a un petit côté Barry White irrésistible. Hé, comme quoi je n’aime pas que les trucs hyper-abstraits ou le rock progressif! [Ci-dessous: Vidéo clip officiel pour “Numb, Deaf & Dumb”, de loin la chanson la plus commerciale de l’album.]

I had a lot of fun listening to the new Detroit Grand Pubahs CD, big time! This electro-funk may be dirty, but it ain’t sloppy, and the lyrics move from spiky jabs to subversive comments - “I used to care but that feeling came and passed, like gas” (“Numb, Deaf & Dumb”). It’s dance-floor oriented, but you might have to dance crooked at times. “Zombies Playing Dead”, “Maybe I Do” and “Autotragik” are the key cuts (the last one reminded me of Pony Hoax). And “Breakfast in Bed” is delightful Barry White-esque. Eh, just so you realize that I don’t ONLY like abstract stuff or prog rock, you know! [Below: The official music video for “Numb, Deaf & Dumb”, by far the most commercial song on the album.]

2010-08-25

2010-08-25: Jon Mueller, Marcus Fjellström, Brzytwa/Guazzaloca/Marraffa/Guerri, Tempano, Awenson, Dunmall/Corsano

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-08-25

JON MUELLER / The Whole (Type Records - merci à/thanks to Forced Exposure)

Court, mais très, très bon. Le percussionniste Jon Mueller (Pele, Collections of Colonies of Bees) propose avec The Whole un disque expérimental mais très accessible, fait de vibrations rotatives (petits moteurs) et de tambours tribaux. “Hearts” et “Hands” sont de longues pièces transcendentales où tambourinage et chant tissent une toile rappellant Terry Riley. Et The Whole est à prendre dans son ensemble, les quatre pièces s’articulant comme des mouvements. 29 minutes d’une belle recherche et d’une solide intensité.

Short, but oh so good. Percussionist Jon Mueller (Pele, Collections of Colonies of Bees) proposes with The Whole an accessible experimental album made of motor-driven vibrations and tribal drumming. “Hearts” and “Hands” are two long transcendental pieces where drumming and chanting weave something reminiscent of Terry Riley. And The Whole should be approached as a... whole, for the four tracks are articulated like mouvements of a single 29-minute work. Fine research and rock-solid intensity.

MARCUS FJELLSTRÖM / Schattenspieler (Miasmah - merci à/thanks to Forced Exposure)

Mon premier contact avec Marcus Fjellström, dont ceci n’est pas le premier disque (mais sa première entrée au catalogue de Miasmah, l’étiquette d’Erik Skolden, mieux connu sous le pseudo Svarte Greiner). Une galette trouble de musique aux ambiances presque gothiques, sombres, granuleuses, avec cordes lancinantes et mélodies famtômatiques. J’y retrouve quelque chose de l’excellent L’Autopsie phénoménale de Dieu de Kreng (aussi paru chez Miasmah), mais en moins envoûtant. Entre l’électronique expérimentale, le doom folk et le drone un peu morbide. Conviendrait parfaitement comme musique pour films expérimentaux mélancoliques.

My first contact with Marcus Fjellstròm, for whom this is not a first outing (though it is his first entry in Miasmah’s catalogue). A troubled disc of music with near-Gothic moods, dark, grainy, with plaintive strings and ghostly melodies. I find here some of the spirit and sound of Kreng’s excellent L’Autopsie phénoménale de Dieu (also released by Miasmah), though in a less entrancing form. Between experimental electronica, doom-folk and slightly morbid drone. Would be perfect for an melancholy experimental film.

MARYCLARE BRZYTWA, NICOLA GUAZZALOCA, EDOARDO MARRAFFA & FRANCESCO GUERRI / From the Tale of Pigling Bland (Setola Di Maiale)

Un disque sur CD-R présentant une séance d’improvisation libre acoustique entre trois Italiens (Gazzaloca au piano, Marraffa au saxo, Guerri au violoncelle) et la New-Yorkaise MaryClare Brzytwa à la flûte et à la voix. Une prise de son ambiante, sans chi-chi, pour une prestation captivante, dominée par la présence de Brzytwa, particulièrement ses cris saisissants. Beau jeu, belle intensité, une musique abstraite dans le geste mais viscérale. [Ci-dessous: Ce quatuor en concert il y a quelques jours seulement.]

An album on CD-R featuring an acoustic free improvisation session between three Italians (Guazzalco on piano, Marraffa on sax, Guerri on cello) and New-Yorker MaryClare Brzytwa on flute and vocals. Ambient sound recording, no bells or whistles, for a captivating performance dominated by Brzytwa’s presence, especially her striking screams. Nice playing, nice intensity, music that is visceral despite its abstract gestures. [Below: That very quartet, live, only a few days ago.]

TEMPANO / Selective Memory (Musea)

Le plus grand (et, historiquement, le premier) groupe de rock progressif vénézuelien, Tempano nous réserve toujours de belles surprises. C’est un groupe sur lequel on peut compter. C’est aussi un groupe dont un grand pan de son histoire (pré-années 90) demeure occulté. Deux projets Musea-Colossus (The Odyssee et The Seven Samurai), parce qu’ils exigeaient des musiques dans le style “d’époque”, ont permis à Tempano de revisiter de vieilles compositions des années 70, réarrangées sous formes de suites et au gré des thèmes proposées par les compilations susmentionnées. Sur Selective Memory, le groupe revient aux formes originales de ces compositions d’antan, entièrement réenregistrées, et additionnées de deux nouvelles compositions et d’une improvisation collective. Résultat: un excellent disque de rock progressif, aux mélodies fortes, à l’écriture complexe, aux surprises mordantes - que ce soit l’impro déjantée “Despair, Shout” ou la nouvelle pièce “El Gran Inquisidor” qui semble s’inspirer fortement du groupe Present! “A Farewell to Seasons”, “Argos” et “Embestida” sont d’autres moments forts. Et si vous possédez les compilations en question, n’ayez surtout pas peur de la redite - ces versions sont fortement revues et corrigées.

The greatest (and, historically, the first) Venezulial progressive rock band, Tempano always has a few surprises in store. You can truly count on this band to deliver. The funny thing is, most of the band’s pre-“90s history remains under wraps. Two Musea/Colossus projects (The Odyssee and The Seven Samurai), since they asked for period-sounding prog rock, provided the band with an opportunity to revisit some of the music they wrote in the ‘70s, which they rearranged into suites according to each project’s theme and specifications. On Selective Memory, Tempano come back to these old compositions’ original forms, entirely rerecorded, with the addition of two new compositions and a group improvisation. The result is a gream album of progressive rock with strong melodies, complex songwriting, and surprising twists - be it the heady improvisation “Despair, Shout” or the new track “El Gran Inquisidor” and its Present-inspired gloomy mood. “A Farewell to Seasons”, “Argos” and “Embestida” are other highlights. And if you own the two aforementioned compilations, don’t worry about hearing the same thing twice - the tunes have been extensively revised.

AWENSON / Wizard (Dreaming)

Deuxième album pour Awenson (le premier était sous le nom d’Awen). Il s’agit de musique électronique fortement inspirée par l’école berlinoise des années 70. Klaus Schulze est fortement référencé. Deux longues pièces (30 et 40 minutes), mélodiques, planantes, mais pas doucereuses. Du beau boulot - c’est engageant sans être dérangeant et ça réussit à saisir le génie d’un Schulze, au-delà de la recette. Bravo.

A second album for Awenson (the first one came out under the name Awen). This electronic music is heavily inspired by the ‘70s Berlin school. Klaus Schulze is an obvious reference. Two long tracks (30 and 40 minutes), both melodic, trippy, though not honeydripping. Some fine work - engaging without getting demanding. And the music manages to capture to genius of Schulze that lays beyond the Schulze recipe. Bravo.

PAUL DUNMALL & CHRIS CORSANO / Identical Sunsets (ESP-Disk)

Un bon disque, pas un grand disque. Paul Dunmall commence à la cornemuse avant de passer au saxo ténor, et Chris Corsano livre une prestation aussi époustouflante qu’à l’habitude. Pourtant... Pourtant, rien ici n’arrive à faire oublier l’intensité émotive du duo Corsano/Paul Flaherty, ni l’excitation extatique du duo Dunmall/Tony Bianco. Tout de même, “Living Proof” vaut le détour.

A good record, not a great record. Paul Dunmall starts off on the Border pipes, before moving on to tenor sax, and Chris Corsano delivers one of his usually stunningly fast performances. And yet... And yet, nothing hear comes close to the emotional intensity of the Corsano/Paul Flaherty duo, nor to the ecstatic exhiliration of the Dunmall/Tony Bianco duo. Still, “Living Proof” is worth enquiring within.

2010-08-24

Délire actuel, 2010-08-24

DÉLIRE ACTUEL

Réécoutez (streaming ou téléchargement) la dernière édition de Délire actuel ICI (cherchez Délire actuel dans la liste).
You can listen (stream or download) to the latest Délire Actuel broadcast HERE (look for Délire Actuel on the list of shows).

Édition du 24 août 2010 (rediffusion le 29 août)
Show aired on August 24, 2010 (repeated on August 29)

DESCRIPTION
DESCRIPTION

Innova Recordings 2010 : Une étiquette de musique contemporaine pas comme les autres. Innova innove (c'est le cas de le dire), élargissant constamment ses horizons. J'en prend à témoin les parutions des derniers mois, plus éclectiques que jamais.
Innova Recordings 2010: Not your run-of-the-mill contemporary classical label. Innova innovates (yeah, I know, but it's true), continuously expanding its horizons. Case in point, the last few months' worth of releases, more eclectic than ever. Hear for yourself.

ANN MILLIKAN / Ballad Nocturne (12:51) - Ballad Nocturne (Innova)
ALEXANDER BERNE / Plumescent (6:38) - Composed and Performed by Alexander Berne
(Innova)

ANTI-SOCIAL MUSIC / String Quartet No. 2 (14:31) - Fracture: The Music of Pat Muchmore
(Innova)

SALO / Sundial Lotus (7:24) - Sundial Lotus
(Innova)
PRESTER JOHN / Marionette Waltz in Four (3:42) - Desire for a Straight Line (Innova)

MICHAEL ELLISON / Invocation-Meditation-Allegro (12:17) - Invocation
(Innova)
PSYCHOANGELO / Dodechophoenix (7:02) - Panauromni (Innova)

ANDREW VIOLETTE / House on the Hill (6:19) - Ultra Violette
(Innova)
SUSAN FANCHER / Penelope's Song (9:07) - In Two Worlds (Innova)

HARLEY GABER
/ I Saw My Mother Ascending Mount Fuji (extrait/excerpt: 10:00) - I Saw My Mother Ascending Mount Fuji
(Innova)


COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

INNOVA RECORDINGS
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PRESTER JOHN
Prestation devant la caméra.
A performance for the camera.

Délire musical, 2010-08-24

DÉLIRE MUSICAL
Réécoutez (streaming ou téléchargement) la dernière édition de Délire musical ICI (cherchez Délire Musical dans la liste).
You can listen (stream or download) to the latest Délire musical broadcast HERE (look for Délire Musical on the list of shows).

Édition du 24 août 2010 (rediffusée le 29 août)
Broadcast Date: August 17, 2010 (repeated August 29)

LISTE DE DIFFUSION

PLAYLIST


Thème/Theme: AVIVA / Mountain King and His Daughter - Peer Gynt in Favour (Musea)


MATT ELLIOTT / Bomb the Stock Exchange (4:23) - Howling Songs (Ici d'ailleurs)
SOPHIE HUTCHINGS / It Remains (4:44) - Becalmed (Preservation)
THE INCREDIBLE STRING BAND / Witches Hat (2:34) - The Hangman's Beautiful Daughter (Fledg'ling)

THE PSYCHEDELIC ENSEMBLE / Sedation (3:27) - The Art of Madness (Musea)
CICCADA / An Endless Sea (5:28) - A Child in the Mirror (Fading Records)
TOMAS BODIN / Picture (extrait/excerpt: 1:00) - Sonic Boulevard (InsideOut)
NI / Verschwindikovski (5:46) - Ni (Zach Records)

ORKA / Livandi Oyda (4:08) - Livandi Oyda (Ici d'ailleurs)
ZEA / Agrarian Daydreams (3:27) - The Beginner (Makkum)
DVA / HáromKérom (2:45) - Fonok (Indies Scope)

HASSLE HOUND / Nevertheless (4:09) - Bornin a Night (Staubgold)


COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

ORKA

Vidéo professionnelle.
Professional video.


2010-08-23

2010-08-23: Dörner/Chamy, Gene Britsker, Dennis Rea, Cani Arrabbiati

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-08-23


AXEL DÖRNER & DIEGO CHAMY / Super Axel Dörner (Absinth Records)

Deux improvisations entre le trompettiste Axel Dörner et Diego Chamy qui joue des percussions (cloches, cymbales, grosse caisse d’orchestre), récite et danse (dimension absente du disque). Deux pièces enregistrées en 2006, l’une en privé, l’autre en public. Deux pièces composées de gestes épurés juxtaposés, plutôt des discours parallèles qu’un réel dialogue, deux visions différentes d’un même événement. La première pièce est audacieuse, provocante, on sent Chamy plus sauvage que le très réservé Dörner. La seconde pièce, plus décousue, traîne en longueur - est-ce l’élément danse qui brouille les cartes, ou tout simplement que les parcours de ces deux artistes s’entrecroisent moins bien dans ce cas-ci? Une édition limitée chez Absinth, CD dans une pochette surdimensionnée de 7 pouces.

Two improvisations by trumpeter Axel Dörner and Diego Chamy who plays percussion (bells, cymbals, orchestral bass drum), recites and dances (an element unavailable on the record). Two pieces recorded in 2006, one in the privacy of Dörner’s house, the other in public. Two pieces made of juxtaposed stripped-down actions like parallele discourses instead of an actual dialogue, two different takes on the same music. The first piece is bold, provocative, and one senses that Chamy is wilder than Dörner. The second piece, less coherent, drags on – is it that the dance element is stacking the deck against my comprehension, or simply that the paths of these two atists intertwine less satisfactorily on this one? A limited edition CD on Absinth, housed in an oversized 7” sleeve.


GENE BRITSKER’S SOUND LIBERATION / Varieties of Religious Experience Suite (Innova)

À l’origine, Varieties of Religious Experience est un opéra. Ici, Gene Britsker en tire une suite instrumentale interprétée par son ensemble Sound Liberation, soit deux guitares électriques (dont la sienne), violoncelle, basse et batterie. Une musique parfois complexe et rappelant Doctor Nerve, ailleurs plus prévisible. Je suis ambivalent - intéressé par certains passages, ennuyé par d’autres, déçu par l’enregistrement, mais pas écouté dans les meilleures conditions. Donc: verdict mitigé, mais à réécouter.

At first, Varieties of Religious Experience is an opera. Here, Gene Britsker pulls out of it an instrumental suite performed by his Sound Libertation ensemble - two electric guitars (including his), cello, bass, and drums. The music is at complex and reminiscent of Doctor Nerve, at others much more predictable. I have mixed feelings - interested by some bits, bored by others, disappointed by the recording, though I wasn’t listening under optimal conditions. I’ll have to give this one another listen.


DENNIS REA / Views from Chicheng Precipice (Moonjune)

Grâce à Moonjune, Dennis Rea a le vent dans les voiles et multiple les projets. Après son groupe Moraine et le groupe free rock Iron Kim Style, voici un album solo de musique de chambre orientale. Appuyé par des musiciens chevronnés (dont le tromboniste Stuart Dempster du Deep Listening Band, la kotoïste Elizabeth Falconer et le percussionniste Paul Kikuchi), Rea propose cinq pièces s’inspirant de la Chine et de sa musique. Il s’agit d’œuvres contemporaines au bagage métissé, riche, à la fois sérieux et rafraîchissant. Tout n’y est pas génial, mais “Three Views from Chicheng Precipice” et la longue “Tangabata” valent le déplacement. Une proposition étonnante mais sérieuse et réussie. [Ci-dessous: Plusieurs extraits de l’album sur cette page.]

Thanks to Moonjune, Dennis Rea’s career is going strong and he keeps on pulling out (and releasing new projects). After his band Moraine and the free rock project Iron Kim Style, here’s a solo album of Eastern chamber music. Supported by seasoned musicians (like Deep Listening Band trombonist Stuart Dempster, koto player Elizabeth Falconer, and percussionist Paul Kikuchi), Rea presents five compositions inspired by China and its music. These are contemporary works with a highly mixed and rich lineage. They are both serious and refreshing. It’s not all great, but “Three Views from Chicheng Precipice” and the long “Tangabata” are definitely worthy of your time. A surprising, serious and artistically successful proposition. [Below: Lots of audio clips on this webpage.

http://www.moonjune.com/MJR034.htm


ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / Cani Arrabbiati: Opening Themes... A Tribute (Musea)

Un autre projet du magazine Colossus (tout de même moins colossal que la trilogie Dante) - retour aux films italiens avec un album double (deux heures et demies) de reprises de musiques de film. Le sujet: l’explosion du film de genre en Italie après la Seconde Guerre mondiale. Au menu: des musiques des grands compositeurs de l’époque, de Morricone à Goblin, en passant par Fabio Frizzi, Luis Bacalov et Enrico Simonetti, entre autres, réinventées par quelques groupes de rock progressif d’aujourd’hui, chacun y allant de trois ou quatre morceaux, soit: The Samurai of Prog, Anima Morte, Kate, Senogul, Aurora Lunare, Marco lo Muscio, Ozone Player, The Conspirators of the Occult, John La Forges, Jaime Rosas et Mist Seasons. Projet sympa, résultats inégaux (mais c’est attendu). À signaler: de nombreuses reprises réussies de Goblin - mention honorable à Lo Muscio et sa version orgue d’église solo de “Profondo Rosso” (rebaptisée “Profondo Gotico”). Excellente lecture ELP-esque de “Il Buono, il Brutto, il Cattivo” signée Jaime Rosas. Beaucoup d’autres bons moments. À l’autre extrémité du spectre, piètre “Apoteosi dei Mistero” par Kate (Morte Macabre avait tellement mieux) et un quatuor de propositions plutôt décevantes pour Mist Seasons.

Another project from Colossus magazine (less colossal than the Dante triptych) - this time we’re back to Italian cinema, with a double CD (two and half hours) of film music covers. The topic: the explosion of genre cinema in post-War Italy. On the menu: music by the great soundtrack music composers of Italy, from Morricone to Goblin, Fabio Frizzi, Luis Bacalov, and Enrico Simonetti, among others, reinvented by a handful of current prog rock bands, each one delivering three or four tracks: The Samurai of Prog, Anima Morte, Kate, Senogul, Aurora Lunare, Marco Lo Muscio, Ozone Player, The Conspirators of the Occult, John La Forges, Jaime Rosas and Mist Seasons. A fun project with uneven results (but that’s expected). Noteworthy: Of all the great Goblin covers included, a special mention goes to Lo Muscio and his pipe organ solo take on “Profondo Rosso” (retitled “Profondo Gotico”). An excellent ELP-esque reading by Jaime Rosas of “Il Buono, Il Brutto, Il Cattivo.” Lots of other fine moments. At the other end of the palatable scale, a poor “Apoteosi dei Mistero” from Kate (Morte Macabre did such a better job 15 years ago), and a disappointing quartet of submissions from Mist Seasons.

2010-08-20: Klaus Schulze

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-08-20

KLAUS SCHULZE / La vie électronique 7 (MIG)

Encore quatre heures de musique de Klaus Schulze. Est-ce que je me lasse? Non, Dieu non! Ce volume réunit surtout des enregistrements en concert de 1978-1979, plus un enregistrement studio de la même époque. Le premier disque est splendide, offrant une excellente pièce solo (40 minutes), puis une autre des excellents duos avec le chanteur Arthur Brown enregistrés pendant la tournée de 1978. À signaler aussi, “Crazy Nietzsche” (43 minutes), une version concert assez remaniée de “Friedrich Nietszche” pièce-phare de l’album X.

Another four hours of music from Klaus Schulze. Am I getting bored? Not the least bit! This volume culls mostly live recordings from 1978-1979, plus a studio recording from the same period. Disc 1 is splendid, featuring an excellent solo set (40 minutes), and another one of those superb duets with singer Arthur Brown that were the highlight of the 1978 tour. Also worth noting is “Crazy Nietszche” (43 minutes), a live performance of “Friedrich Nietszche”, one of the key tracks on X.