2014-01-28
JEFF CAREY / [3:30] (Forwind)
[3:30] (qui fait 21:24 en fait) est mon
deuxième album de Jeff Carey, un électronicien bruitiste qui “joue” sa musique
à l’aide de manettes de jeu vidéo. Six pièces de trois-quatre minutes, chacune
un déferlement bien contrôlé de feedback traité et d’emportements sinusoïdaux.
Convaincant. Ce matin, ça réveille mieux que le plus fort des cafés.
[3:30] (which is actually 21:24 long) is my second album by Jeff Carey, a
noisician who “plays” his music using video game controllers. Six
three-to-four-minute pieces, each one a well-controled fury of treated feedback
and sinewave mayhem. Convincing. Wakes you up better than the strongest coffee.
THE
IMPOSSIBLE / Ignition: The Unanswered Question (Ultra High
Frequency)
Directement de Brisbane, Australie,
le premier album du trio de “fire music” The Impossible. Sam O’Brien au saxo
alto, Mitch Green à la contrebasse, Tony Irving à la batterie. Seul ce dernier
a déjà endisqué (et joué avec quelques grosses pointures de l’improvisation).
Deux impros (18 et 14 minutes) très soutenues, véhémentes, enregistrées avec
les moyens du bord.Ça garroche, mais il y a de l’écoute sous-jacente, des
mouvements de groupe, des dissensions aussi à l’occasion. Musique vivante et
qui nous rappelle que nous sommes vivants, nous aussi.
Straight from Brisbane, Australia, the debut album by the fire music
trio The Impossible. Sam O’Brien on alto sax, Mitch Green on doublebass, Tony
Irving on drums. The latter is the only one to have previously been heard on
record (and he has played with some big names of the free improvisation scene).
Two pieces, 18 and 14 minutes, driving, consistent, recorded in low-budget
fashion. It screams and kicks, but there’s serious listening underpinning it
all, collective movements, dissensions too. Living music that reminds you that
you’re alive too.
NHEAP
/ Flying and the Silence (Acustronica)
Calmons le jeu un peu, avant
l’après-midi qui sera très rock. Nheap est le projet d’un seul homme: Massimo
Discepoli. Il fait de la musique instrumentale relaxante qui s’inspire du rock
progressif, du post-rock et d’une certaine forme de nouvel âge. Pour un album
de one-man-band, c’est pas mal du tout. Discepoli s’avère un très bon batteur,
un guitariste compétent et un claviériste tout à fait acceptable. Son écriture
délicate et zen me rappelle Fonya dans ses moments plus tranquilles. À la
longue, Flying and the Silence est un
peu trop doucereux, mais il offre une belle écoute.
Let’s calm things down a bit, before the rock-heavy afternoon I have
planned. Nheap is the project of one man: Massimo Discepoli. He makes quiet,
relaxing instrumental music that draws from prog rock, post-rock, and a certain
form of New Age music. For a one-man-band’s album, this is pretty good.
Discepoli happens to be a very good drummer, a competent guitatrist, and a
quite acceptable keyboardist. His delicate, Zen-like writing reminds me of the
calmer moments of Fonua. Flying and the
Silence gets a bit too new-agey at times,
but it’s a fine listen.
PRESENT / Triskaïdékaphobie (Cuneiform)
Cuneiform vient de rééditer les deux
premiers albums de Présent, en version remastérisée et augmentée. Paru en 1980,
Triskaïdékaphobie a révélé au monde
une vision du rock de chambre encore plus sombre que celle d’Univers Zéro, le
groupe précédent de Roger Trigaux. Grand classique du rock-in-opposition, du
rock de chambre (instrumentation rock, musique instrumentale inspirée par la
musique de chambre contemporaine), du rock belge point à la ligne, Triskaïdékaphobie propose principalement
deux longues suites, dont l’angoissante “Promenade au fond d’un canal”. Le
remastering est d’une grande clarté et les deux pièces bonus valent le détour:
deux morceaux d’Univers Zéro (“Dense” et “Vous le saurez en temps voulu”, 20
minutes en tout), réarrangés et interprétés par Présent en février 1981.
Jubilatoire! [Ci-dessous: un extrait de “Promenade...”, version
remastérisée.]
Cuneiform just reissued Present’s first two albums in remastered and
augmented versions. First issued in 1980, Triskaïdékaphobie unveiled a
vision of chamber rock even darker than Univers Zéro’s (Roger Trigaux’s
previous band). A great classic of the RIO movement, of chamber rock (rock
instrumentation, instrumental music inspired by contemporary chamber music),
and Belgian rock period. Triskaïdékaphobie consists mainly of two long suites, one of them the near-unbearably
anguishing “Promenade au fond d’un canal.” The remastering brings extra clarity
(not volume, clarity), and the two bonus tracks are worth the price of
admission for fans: two Univers Zéro numbers (“Dense” and “Vous le saurez en
temps voulu”, 20 minutes in all) rearranged and performed by Present in
February 1981. Hurray! [Below: An
excerpt of the remasterized “Promenade...”]
PRESENT / Le Poison qui rend fou (Cuneiform)
Le deuxième disque de Présent,
enregistré peu après le premier mais publié uniquement en 1985, alors que le
groupe est déjà dissous (il faudra plus de dix ans avant que Trigaux ne
revienne à la charge). Mon préféré des deux (malgré “Promenade...”): une
écriture plus complexe, un jeu d’ensemble mieux intégré et un certain sens de
l’humour. Les deux parties de la pièce titre forment un autre grand classique
de l’avant-progressif. Ici encore, le remastering est impeccable, et cette fois
on a droit à tout un disque supplémentaire d’extras: 80 minutes d’un concert de
janvier 1982. Le son n’est pas parfait (la bande montre son âge), mais comment
se plaindre? On trouve aussi sur le premier disque trois vidéos mp4, seuls
extraits récupérables d’une bande VHS retrouvée. Bravo et merci à Cuneiform
pour ces rééditions.
Present’s second LP, recorded shortly after their debut, had to wait
until 1985 to be issued posthumously (Trigaux would wait another ten years
before making a come-back). This one is my favourite (despite “Promenade...”):
more complex writing, better integrated band playing, and a dry sense of
humour. The two-part title track is another stone-cold avant-progressive
classic. Again, the remastering job is flawless, and this time we are treated
to a whole second disc of extras: 80 minutes of audio from a live performance
from January 1982. The sound isn’t perfect (the tape shows its age), but who’s
to complain? There are also three mp4 video files, the only bits salvageable
from an unearthed private VHS tape. Bravo and thank you, Cuneiform, for this
reissuing job!