Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

Home of François Couture's music journalism and activism.

2011-04-09

2011-04-08: Martel/Tétreault/Lauzier, Fennesz/Daniell/Buck, The Magic I.D., Gagarin, Historical Recordings, Technical Drawings, Osanna

Journal d'écoute / Listening Diary 
2011-04-08

PIERRE-YVES MARTEL, MARTIN TÉTREAULT & PHILIPPE LAUZIER / La formule x y z (&records)
Philippe Lauzier et Pierre-Yves Martel, le nouveau “tag team” montréalais de l’improvisation. On dirait qu’ils sont partout ces temps-ci, et c’est tant mieux: ils sont excellents. Cette fois, ils appliquent leur approche de l’improvisation électroacoustique (saxo capté par micro très rapproché, effets de larsen pour Lauzier; larsen et statique pour Martel) à l’univers du platiniste Martin Tétreault. Des pièces surtout dans les cinq minutes, qui explorent des textures rêches, acidulées, qui grugent doucement les tympans. Beaucoup d’inventivité déployée avec des moyens limités utliisés de manière non orthodoxe. À mettre en parallèle avec le projet Palétuvier, le quintette Denley/Lauzier/Martel/Myhr/Normand et le splendide duo Lauzier/Martel Sainct-Laurens paru chez &records. Avis à mes lecteurs outre-Québec: si vous ne connaissez pas encore cette paire, plongez. Ils sont “the real deal” en improvisation libre.
Philippe Lauzier and Pierre-Yves Martel, Montreal’s new free improvisation tag team. They seem to be everywhere these days, and that’s great: they’re excellent. This time, they apply their their approach to electroacoustic improvisation (close-miked sax and feedback for Lauzier; feedback and static for Martel) to the soundworld of turntablist Martin Tétreault. Tracks are in the five-minute range and explore gritty, acidic textures that will delicately gnaw at your eardrums. Lots of invention deployed using minimal means in unorthodox ways. Worth comparing to the Palétuvier project, the Denley/Lauzier/Martel/Myhr/Normand quartet and the splendid Lauzier/Martel duo Sainct Laurens released on &records.

CHRISTIAN FENNESZ, DAVID DANIELL & TONY BUCK / Knoxville (Thrill Jockey)
Un disque n’a pas besoin d’être long pour être parfait. Trente minutes de perfection me suffisent, et c’est le cas ici. Knoxville (du nom de la ville ou ce concert fut enregistré) documente la première collaboration entre le grand électronicien Christian Fennesz, le guitariste folk expérimental David Daniell (dans le sillage de Loren Connors) et le batteaur Tony Buck (The Necks). Un set continu divisé en quatre parties, aux textures expérimentales typiques de Fennesz, avec des accords flottants de guitare distortionnée et une courbe de développement qui rappelle fortement The Necks. Cette musique attrape votre cœur et le transporte doucement à travers des hauts et des bas élégiaques. De toute beauté. [Ci-dessous: Le début de l'album.]
A record doesn’t have to be long to be perfect. Thirty minutes of perfection is just fine by me, and this is such a case. Knoxville (from the city where this concert was recorded) documents the premiere collaboration between famous electronician Christian Fennesz, experimental folk guitarist David Daniell (think in the lines of Loren Connors), and drummer Tony Buck (The Necks). One continuous set split into four parts, with Fennesz’s typical experimental melody-laced textures, floating chords of distorted guitar, and a development arc strongly reminiscent of The Necks. This music grabs hold of your heart and gently carries it through elegiac highs and low. Wonderful. [Below: The first few minutes of the album.]


THE MAGIC I.D. / I’m So Awake/Sleepless I Feel (Staubgold - merci à/thanks to Forced Exposure)
Deuxième album pour ce groupe d’improvisateurs expérimentaux s’adonnant à la chanson. Le premier The Magic I.D. m’avait laissé peu convaincu. Celui-ci est plus long, plus consistant et meilleur. Le filet de voix de Margareth Kammerer n’est pas particuièrement agréable, mais celui de Christof Kurzmann évoque parfois Robert Wyatt (“Eric Kicks”, “Mambo”). Et l’instrumentation (guitare minimale, clarinettes souvent texturales, électroniques discrètes) suggère une version plus dépouillée de l’univers de Wyatt. L’expression “squelettes de chansons” vient à l’esprit, mais ce sont plus que des squelettes - disons des chansons émaciées, chuchotées de peur de déchirer les instruments tout doux qui les habillent à peine.
A second album for this group of experimental improvisers turned songsters. The Magic I.D.’s debut had left me lukewarm. This one’s longer, more consistent, and better. Margareth Kammerer’ thin voice is not particularly enjoyable, but Christof Kurzmann’s thin voice can be reminiscent of Robert Wyatt’s (“Eric Kicks”, “Mambo”). And the instrumentation (minimal guitar, often textural clarinets, discrete electronics) suggest a more stripped-down take on Wyatt’s soundworld. The expression “skeletons of songs” comes to mind, but these are more than skeletons - let’s say they’re emaciated songs, whispered for fear of tearing up the oh-so-quiet instruments they are barely dressed in.

GAGARIN / 3KA-3 b/w KEDR (Geo Records - merci à/thanks to Dense Promotion)
Pour célébrer le 50e anniversaire du premier vol spatial habité - celui de Youri Gagarin – le projet techno Gagarin publie un “CD single” en édition limitée et en téléchargement. Deux pièces de techno glitch un peu sale, dont l’une (“KEDR”) laisse filtrer en fond sonore les échanges de Gagarin avec son commandement. Rétrofuturiste sans tomber dans le kitsch, et de la bonne techno glitch peu importe l’occasion.
To celebrate the 50th anniversary of the first manned space flight – Yuri Gagarin’s – techno project Gagarin is released a limited edition CD single (also available as a download). Two slightly dirty glitch techno tracks, one (“KEDR”) letting filter in the background Gagarin’s communications with ground control. Retrofuturistic without getting kitsch, and some good glitch techno no matter the occasion.

ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / Historische Aufnahmen/Historical Recordings, Volume 1 (Gagarin Records - merci à/thanks to Dense Promotion)
Du groupe Gagarin, passons maintenant à l’étiquette Gagarin, celle de Felix Kubin. Hmm... Felix propose ici un florilège d’enregistrements anciens et étranges. Rouleaux de cire, 78 tours et bandes magnétiques documentant des œuvres avant-gardistes (David Tudor, Hans Henny Jahnn), des enregistrements de terrain flous (“Marmara sea plankton”, “Machinery recording”) et des expériences inusitées (“Mechanical-automatic speech apparatus”) . Un cabinet de curiosités qui étonne, ce qui, à l’ère d’Internet, n’est pas rien. Paru strictement sur vinyle. Pour les chercheurs d’enregistrements ultra-obscurs.
From Gagarin the project, we know move to Gagarin the record label – Felix Kubin’s label. Hmm... Here, Felix offers a collection of old and strange recordings. Wax rolls, 78 rpms and tapes documenting avant-garde works (David Tudor, Hans Henny Jahnn), blurry field recordings (“Marmara sea plankton”, “Machinery recording”) and unusual experiments (“Mechanical-automatic speech apparatus”). A cabinet of curios, surprising, even in this Internet age. Strictly available as an LP. And recommended only to serious ultra-obscure recordings-seekers.

TECHNICAL DRAWINGS / The Ruined Map (Gagarin Records - merci à/thanks to Dense Promotion)
Intéressant: Melissa St. Pierre joue du piano électrique préparé (oui, comme Eric Glick Rieman) traité en temps réel; Jesse Stiles compose des musiques électroacoustiques à partir du travail de St. Pierre. Résultat: un vinyle aux rythmes clinquants s’inspirant parfois du dub, parfois de la techno glitch. Quelque part entre l’univers de Glick Rieman, celui de Hauschka, celui de Dub Taylor et enfin le gamelan. L’idée est originale sur papier, mais elle se traduit en huit pièces offrant une palette assez limitée, où on a l’impression de faire rapidement le tour de l’idée de départ.
Interesting: Melissa St. Pierre plays prepared electric piano (yes, like Eric Glick Rieman), treated in real time; Jesse Stiles composes electroacoustic music out of St. Pierre’s work. The result is an LP featuring clanking beats drawing inspiration from dub and occasionally glitch techno. Somewhere between Glick Rieman’s world, Hauschka’s, Dub Taylor’s, and gamelan. It’s an original idea on paper, but it translates into a relatively limited sound palette. Over eight tracks, I got the impression that the starting idea was quickly covered.

OSANNA / Palepoli (Warner Front)
L’avouerais-je? Ceci est la toute première fois qu’Osanna franchit mes oreilles. N’ayez crainte: chaque seconde qui passe me fait regretter d’avoir attendu si longtemps pour faire le saut. Palepoli est le troisième disque de ce groupe italien de rock progressif. Paru en 1972, il propose deux longues pièces (et une plus courte, à peine un intermède). On dit de ce disque qu’il est leur plus audacieux; je le crois. Palepoli pousse le rock progressif italien dans des retranchements avant-gardistes qui vont même plus loin qu’Area (à l’exception du chant). Deux pièces très complexes qui prennent l’héritage de King Crimson (jusqu’à Lizard inclusivement) et anticipent celui de Henry Cow. Très étonnant.
Should I admit this? This is the very first time the music of Osanna has reached my ears. But don’t worry, every second this record has played has made me regret waiting so long. Palepoli is this Italian progressive rock band’s third album. Released in 1972, it features two side-long tracks (and one very short interlude). It is said that this is their most daring recording, and I believe that. Palepoli pushes back the boundaries of Italian prog rock to avant-garde trenches that are set even farther than Area (vocals excepted). Two very complex pieces that show the heritage of King Crimson (up to and including Lizard) and anticipated the heritage of Henry Cow. Very surprising.

2011-04-07: Klaus Schulze


Journal d'écoute / Listening Diary 
2011-04-07

KLAUS SCHULZE / La vie électronique 8 (MIG)
Volume huit dans cette série qui reprend le matériel paru à l’origine dans le coffret Ultimate Edition (épuisé depuis longtemps). Ce huitième album triple (quatre heures de musique) propose des enregistrements couvrant les années 1979 à 1982. Période charnière allant de la fin de l’âge analogique de Schulze, soit de la tournée avec le récitant-chanteur-poète Arthur Brown (les albums Live et Dune) aux premières expériences en musique numérique (Dig It, Trancefer et vers Audentity). Certains trouvent cette période plus froide et détachée. Soit, mais elle recèle aussi des surprises et des moments très forts. Le premier disque propose un concert complet avec Arthur Brown, très solide, digne d’inclusion sur Live. Le disque 2 est différent, avec, entre autres, une pièce studio demeurée inédite pendant longtemps, “Hitchcok Suite”, où Schulze explore un univers rappelant l’abstraction d’Irrlicht. Enfin, le 3e disque offre une pièce totalement inédite (“Zugabe Timbales”, 12 minutes) et une pièce en concert vraiment détonnante, “The Martial Law”, où le mini-moog prend BEAUCOUP de place par-dessus des boucles préprogrammées.
Volume eight in this series that reissues all the material from the long-deleted mega-boxset Ultimate Edition.This eighth triple CD set (four hours of music) features recordings from 1979 to 1982, a pivotal period in Schulze’s career, extending from the tour with poet/singer Arthur Brown (the albums Live and Dune) to his first experiments with digital music (Dig It, Trancefer and toward Audacity). Some people find this period to be colder and more disembodied. Fine, but it also produced surprises and very strong highlights. Disc 1 features a complete concert from the tour with Brown, quite strong, worthy of inclusion on Live. Disc 2 is different, with, among other things, a studio piece that remained unreleased for a long time, “Hitchcock Suite”, where Schulze explores a more abstract universe that almost harks back in spirit to Irrlicht. Finally, disc 3 presents a piece unreleased until now (“Zugabe Timbales”, 12 minutes) and a VERY different concert piece , “The Martial Law”, where the mini-moog takes a LOT of room over preprogrammed loops.

2011-04-07

2011-04-06: English/Vitiello, @c, Cristian Vogel, Museo Rosenbach, Anthony Phillips


Journal d'écoute / Listening Diary 
2011-04-06

LAWRENCE ENGLISH & STEPHEN VITIELLO / Acute Inbetweens (Crónica - merci à/thanks to Dense Promotion)
Cette collaboration entre les électroniciens Lawrence English et Stephen Vitiello livre exactement la marchandise attendue, comme l’avait fait celle entre English et le groupe japonais Minamo. Acute inbetweens existe entre le drone et la musique électroacoustique. Cinq pièces lentes, douces et délicates, toutes en subtiles textures, mises en boucle et traitements numériques. La rencontre de deux grands sculpteurs sonores qui m’ont rarement déçu au fil des ans. Recommandé.
This collaboration between electronicians Lawrence English and Stephen Vitiello delivers exactly what was expected, as did the collaboration between English and Japanese band Minamo. Acute Inbetweens sits betweet drone and electroacoustic music. Five slow, quiet, delicate pieces, all made of subtle textures, loops and digital treatments. A meeting between two great sound sculptors that have very rarely disappointed me in the past. Recommended.

@C / Homem Fantasma (Crónica - merci à/thanks to Dense Promotion)
Le duo de Miguel Carvalhais et Pedro Tudela propose un long disque disponible gratuitement, dans la série “Unlimited” de Crónica. Trois pièces de 35 à 40 minutes chacune, toutes trois très poignantes, avec un feeling “en concert”. De l’excellente musique électronique ambiante expérimentale, avec des transformations de textures et de sources qui fascinent. Je préfère cet album à Music for Empty Spaces paru l’an dernier. Il est plus vivant, moins minimaliste. À ce prix là (rien!), c’est une écoute essentielle et une excellente (bien que longue) porte d’entrée dans l’univers d’@c.  [Ci-dessous: La page où vous pourrez télécharger l’album gratuitement et légalement, en format mp3 ou Apple Lossless.]
The duo of Miguel Carvalhais and Pedro Tudela has released a free album in Crónica’s “Unlimited” series. Three tracks of 35 to 40 minutes each, all three quite taking, with a live feeling. Excellent experimental ambient electronic music, with fascinating transformations of textures and sources. I prefer this album over Music for Empty Spaces released last year. This one’s livelier and less minimalistic. And at this price (nothing!), it’s an essential listen and a perfect (though long) entry point to @c’s universe.  [Below: The page where you can get this free download, legally, in mp3 or Apple Lossless format.]

CRISTIAN VOGEL / Black Swan (Sub Rosa)
Électronicien d’origine chilienne mais basé à Barcelone, Cristian Vogel a composé Black Swan (une œuvre en trois mouvements) pour le chorégraphe Gilles Jobin. Le tout fait 50 minutes et tisse un univers sonore sombre, aux facettes multiples, quelque part entre l’inquiétude que tisse Svarte Greiner et les environnements plus formels de l’art acousmatique. Peu connu hors du circuit de l’électronica expérimentale, Vogel est un nom à retenir. Black Swan est le premier titre paru dans la série “Framework” de Sub Rosa.
A Chilean-born electronician now living in Barcelona, Cristian Vogel wrote Black Swan (a work in three movements) for choreographer Gilles Jobin. 50 minutes of electroacoustic music weaving a dark multifaceted soundworld lying somewhere between the disquiet of Svarte Greiner and the more formal environments of acousmatic art. Little known outside the experimental electronica community, Vogel is definitely an artist any fan of demanding music should keep an ear on. Black Swan is the first title released in Sub Rosa’s “Framework” series.

MUSEO ROSENBACH / Zarathustra (Sony Music)
Simplement dit: un grand classique du rock progressif italien des années 70. Aussi essentiel que Darwin! De Banco del Mutuo Soccorso, Per un Amico de Premiata Forneria Marconi ou Felona e Serona de Le Orme. Es-sen-tiel. Du grand art progressif, encore vivant, palpitant et audacieux pour l’époque - et ça a bien vieilli, malgré la qualité de l’enregistrement qui limite toutes les bonnes volontés remasterisantes qui soient.  [Ci-dessous: les deux premières parties de la suite-titre.]
Simply put, this is a great classic album of 70’s prog rock Italy. As essential as Banco del Mutuo Soccorso’s Darwin!, Premiata Forneria Marconi’s Per un Amico or Le Orme’s Felona e Serona. Es-sen-tial. High progressive art, alive, breathing, still bold for 1973 - and it has aged well, despite a sound quality that limits any remastering velleities.  [Below: The first two parts of the title suite.]

ANTHONY PHILLIPS / Private Parts & Pieces III: Antiques (Voiceprint)
Une collaboration avec Enrique Berro Garcia, parue en 1982. Un disque tout en guitares acoustiques - un oasis acoustique entre deux des disques les plus “artificiels” de Phillips, soit 1984 et Invisible Men. Une splendide collection de pièces tendres, à la virtuosité subtile - plus délicate que Twelve, plus agréable à l’écoute que le très chargé Field Day.
A collaboration with Enrique Berro Garcia, released in 1982. A record of acoustic guitars - an acoustic oasis released in between two of Phillips’ most artificial-sounding records: 1984 and Invisible Men. A superb collection of tender tracks of astounding musicianship delivered with subtle virtuosity. More delicate than Twelve, and a gentler listen than the veyr loaded Field Day.

2011-04-06

2011-04-05: Anthony Braxton, Sheriffs of Nothingness, Jack Dupon, Beardfish


Journal d'écoute / Listening Diary 
2011-04-05

ANTHONY BRAXTON / Three orchestras (GTM) 1998 - Parts I & II (New Braxton House)
Voici l’album offert en avril aux abonnées de la Tricentric Foundation (disponible aussi à la carte). Une pièce de deux heures, offerte en album double. Un méga-projet mettant en vedette trois orchestres qui se déplacent dirigés par Chris Jonas, James Fei et Jackson Moore et six solistes dont les noms ne sont pas divulgués. Une composition double aussi: No. 219 + No. 221. La prise de son ambiante est très satisfaisante et laisse les musiciens se déplacer graduellement, les solistes étant toujours placés plus près des micros. L’œuvre appartient au premier stade de développement de la Ghost Trance Music, où la pulsation est encore omniprésente, une croche aussi obsédante que le do du piano dans le “In C” de Terry Riley tel qu’interprété par L’Infonie sur Vol. 33: Mantra. Un peu comme Trillium R, l’œuvre fait appel à des triades conceptuelles (cercles concentriques, cercles trivalents, structures triangulaires) et des niveaux d’interprétation musicale multiples. C’est à la fois dense, mouvant et macroscopiquement statique. Musicalement, ce disque appartient à une période où Braxton bouillonnait au niveau conceptuel, mais où ses idées avaient encore du chemin à faire avant de coalescer en la forme musicale subjugante qu’est devenue la GTM à partir de 2005.
This is the album offered in April to subscribers of the Tricentric Foundation (also available à la carte). A two-hour piece delivered as a two-CD set. A mega-project featuring three shifting (in space, really) orchestras conducted by Chris Jonas, James Fei and Jackson Moore, and six soloists whose names are not specified. And a double composition: No. 219 + No. 221. The ambient sound capture is quite satisfactory, as it lets the musicians move around gradually, soloists always staying close to the microphones. This work belongs to the first stage of development of Ghost Trance Music, when the pulse was still omnipresent, an eighth note as obsessive as the piano C note in L’Infonie’s take on Terry Riley’s “In C” (on Vol. 33: Mantra). A little like Trillium R, the work calls on conceptual triads (concentric circles, trivalent circles, triangular structures) and multiple levels of musical interpretation. It is simultaneously dense, moving and macroscopically static. Musically, this record belongs to a period when Braxton was thriving in concepts but his ideas still had some ground to cover before they would coalesce into the stunning music form that became the GTM starting in 2005.

SHERIFFS OF NOTHINGNESS / A Summer’s Night at the Crooked Forest (Sofa)
Un duo formé de Kari Rønnekleiv (violon) et Ole Henrik Moe (alto), ce dernier ayant un étonnant disque à son actif sous étiquette Rune Grammofon. Onze improvisations relativement courtes, très minimalistes dans la gestuelle, le registre et la dynamique. Pas inintéressant - certaines pièces font même preuve d’un certain humour. Mais ce n’est pas une écoute facile, et les cordes sont frottée d’une manière qui pourrait sérieusement vous irriter. Une proposition audacieuse mais peut-être pas heureuse.
A duo consisting of Kari Rønnekleiv (violin) and Ole Henrik Moe (viola) – the latter has a surprising record out on Rune Grammofon. Eleven relatively short improvisations, very minimal in gestures, range and dynamics. Not uninteresting - some tracks even show some humour. But it’s not an easy listen, and the strings are stroke in a way that can become grating. A bold though not quite enjoyable proposition.

JACK DUPON / Démon hardi (Musea)
Un nouveau Jack Dupon! Leur premier m’avait beaucoup plus, et celui-ci plus encore - moins adolescent, en quelque sorte. Un rock avant-prog baveux inspiré d’Etron Fou Leloublan et de La Société des Timides à la Parade des Oiseaux. Avec une pincée de Zu. Les textes sont dada au possible. Très bon bassiste. “Le Labyrinthe” et “Marmite” sont les hauts faits de cette galette. Instrumentation basique, arrangements simples, mais beaucoup de changements, des compositions en patchwork, et de la gueule, beaucoup de gueule. Bravo.  [Ci-dessous: “Le château de l’éléphant”.]
A new CD from Jack Dupon! I really liked this French group’s debut, and this one’s better yet - less teenage-like, somehow. Balls avant-prog rock drawing inspiration from Etron Fou Leloublan and La Société des Timides à la Parade des Oiseaux. With a dash of Zu. Lyrics are incredibly Dada - no need to feer the language barrier. Very good bassist. “Le Labyrinthe” and “Marmite” are the highlights from this platter. Basic instrumentation, simple arrangements, but lots of changes, patchwork-like compositions, and a lot of attitude. Bravo.  [Below: “Le château de l’éléphant.”]


BEARDFISH / Mammoth (Superball Music)
Beardfish vient de publier son sixième album. Et c’est une splendeur, quoi que pas aussi fabuleux que Sleeping in Traffic: Part Two. Mais tout de même. Un disque un tantinet plus musclé dans les guitares, encore fort en mélodies (“Tightrope”, “The Platform”), en chansons complexes typiquement rock progressif (“Without Saying Anything”, “”And the Stone Said ‘If I Could Speak’” - cette dernière a un goût de Motorpsycho), en un judicieux mélange d’émotion, d’intelligence et de virtuosité. J’ai écouté avec un grand sourire au visage. Sachez que ce nouvel album inclut aussi un DVD  à la fois “making of” et spectacle - que je regarderai plus tard.  [Ci-dessous: Un extrait du DVD et une nouvelle chanson tirée de Mammoth: “Green Waves”.]
Beardfish just released their 6th record. And it’s a beauty, although not as stunning as Sleeping in Traffic: Part Two. Still. Slightly more muscled in the guitar department, still strong on melodies (“Tightrope,” “The Platform”), on prog rock complexity (“Without Saying Anythingh,” “And the Stone Said ‘If I Could Speak’” - the latter has a Motorpsycho feel to it), a careful blend of feeling, intelligence and chops. I have listened with a huge smile on my face. Note that this CD comes with a bonus making of/live performance DVD, which I shall watch at a later time.  [Below: An excerpt from the DVD and a new song included on Mammoth: “Green Waves”.]

2011-04-05

Délire actuel, 2011-04-05


DÉLIRE ACTUEL

Réécoutez (streaming ou téléchargement) la dernière édition de Délire actuel ICI (cherchez Délire actuel dans la liste).
You can listen (stream or download) to the latest Délire Actuel broadcast HERE (look for Délire Actuel on the list of shows).

Édition du 5 avril 2011
Broadcast of April 5, 2011

DESCRIPTION
DESCRIPTION
On se reprend / Ignaz Schick / Creative Sources 2010-2011: les solos: 3 sujets ce soir. 1: On se reprend pour le merveilleux disque de Peter Hannan, après le lecteur CD fautif du 21 mars. 2: Trois parutions récentes de l’artiste bruitiste Ignaz Schick. 3: Un regard aux albums solos récemment parus chez Creative Sources (la semaine prochaine: les groupes).
Let’s Try This Again / Ignaz Schick / Creative Sources 2010-2011: The Solos: 3 topics tonight. 1: Let’s try presenting Peter Hannan’s splendid record again, after serious CD player mishaps on March 21. 2: Three recent releases from noise artist Ignaz Schick. 3: A survey of Creative Sources’ recent solo releases (next week: the group releases).

PETER HANNAN / Rethink Forever (19:16) - Rethink Forever (Artifact)


IGNAZ SCHICK & DAWID SZCZESNY / Movement 1 (11:14) - Live in Geneva (Zarek)
ANDREA BELFI & IGNAZ SCHICK / Myth 1 (11:12) - The Myth of Persistence of Vision Revisited (Zarek)

IGNAZ SCHICK & MARTIN TÉTREAULT / cave12part3 (4:55) - Live • 33 • 45 • 78 (Ambiances Magnétiques)


FRANCO DEGRASSI / La rabbia del giallo (18:59) - Rage (Creative Sources)
YUKO OSHIMA / Signs: 6 (4:03) - Kéfukéfu-Signs (Creative Sources)

JOHN BERNDT / A Slow Spiral Descent into the Flower (3:39) + All the Forgotten Conversations (3:01) - New Logic for Old Saxophones (Creative Sources)
MARKUS EICHENBERGER / Halbzeit Part Four (3:43) - Halbzeit (Creative Sources)
ALEXANDER FRANGENHEIM / Birds for Z (5:20) - The Knife Again (Creative Sources)

YANNICK DÉLEZ / Boréales (5:32) + Solar (3:26) - Boréales (Unit Records)


COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

IGNAZ SCHICK & DAWID SZCZESNY
Extrait en concert, 2010, vidéo professionnelle.
Professional footage from a 2010 live performance.

JOHN BERNDT
Solo de saxophone alto, 2009.
Live alto sax solo, 2009.

2011-04-04: Francisco López, Israel Martinez, Vultures Quartet/Petit, Yes


Journal d'écoute/Listening Diary
2011-04-04

FRANCISCO LÓPEZ / Untitled #244 (Sub Rosa - merci à/thanks to Forced Exposure)
Le plus bel album de López que j’aie entendu ces dernières années. Mais très difficile de dire pourquoi. Il s’agit d’enregistrements sous-marins et sur-marins, traités au point de devenir méconnaissables, en couches sonores très subtiles, parfois presque indétectables, ailleurs très denses. Bref, l’approche habituelle de Francisco López. Mais l’œuvre progresse par étapes successives, entrecoupées de (pas trop) longs silences. Cela lui confère une certaine variété et une poésie quelque peu différente. Au-delà de l’énigme sonore - le terrain de jeu de López - Untitled #244 transmet quelque chose d’éminemment humain. Et c’est ce qui me touche ici. Paru dans la série limitée “Framework“ de Sub Rosa.  [Ci-dessous: Écoutez un extrait de l’album sur cette page.]
The finest López record I’ve heard in the last few years. But it’s hard to say what singles it out. It consists of underwater and overwater recordings treated to become near-unidentifiable, arranged in very subtle layers, at a volume undetectable at places, dense to the point of deafening at others. In other words, Francisco López’s usual m.o. However, the work progresses in successive steps interspersed with (not too) long silences. This brings a certain level of diversity and a slightly different kin of poetry to the piece. Beyond the aural enigma - López’s playground - Untitled #244 conveys something eminently human. And that’s what moves me here. Released in Sub Rosa’s limited-edition series “Framework”.  [Below: Listen to an excerpt from the album on this page.]

ISRAEL MARTINEZ / El hombre que se sofoca (Sub Rosa - merci à/thanks to Forced Exposure)
Un très beau disque d’un électroacousticien mexicain. Composé comme une suite ininterrompue, symphonie de sons traités, de drones, d’éléments humains se mêlant à des textures urbaines parfois oppressantes. “Weekend” (20 minutes) et “El Hombre Que Se Sofoca” (15 minutes) en sont les points forts - très forts. Encore dans la série “Framework”, qui s’avère un must dans son ensemble.
A very fine record by a Mexican electroacoustician. Consisting of an uninterrupted suite, a symphony of treated sounds, drones, human elements blended in with occasionally oppressive urban textures. “Weekend” (20 minutes) and “El Hombre Que Se Sofoca” (15 minutes) are the highlights - strong highlights. This one is also in the “Framework” series, which proves to be a must as a whole.

VULTURES QUARTET & PHILIPPE PETIT / Tourbillon d’obscurité (Sub Rosa - merci à/thanks to Forced Exposure)
Un autre disque solide pour Philippe Petit, cette une fois une collaboration avec le quatuor londonnien d’improvisation électroacoustique Vultures Quartet (Daniel Beattle, Matt Chilton, Will Connor, Anthony Donovan). Moins cinématique que certains autres projets de Petit, très immersif - une collaboration qui nourrit très bien son style (et probablement que l’inverse est vrai aussi, mais c’est ma première rencontre avec Vultures Quartet). À la lumière des deux disques précédents ce matin, celui-ci fait un peu léger, mais demeure une bonne écoute.
Another strong record for Philippe Petit, this time a collaboration with London-based electroacoustic improv quartet Vultures Quartet (Daniel Beattle, Matt Chilton, Will Connor, Anthony Donovan). Less cinematic than some of his other releases, very immersive - a collaboration that feeds his personal style well (and it’s probably also true of VQ, but it’s my first encounter with them). In the light of this morning previous two discs, this one comes off as a bit “light”, but it’s still a fine listen.

YES / Union Live (Gonzo Multimedia)
Une des nombreuses pommes de discorde parmi les fans de Yes: l’album et la tournée Union, qui a réuni le quatuor dit progressif d’Anderson/Bruford/Wakeman/Howe et le Yes dit pop ou commercial de Squire/Rabin/Kaye/White. Pour le meilleur et pour le pire, mais pour pas longtemps. Union Live est un album double enregistré en concert, date non précisée. Il s’agit de la bande son d’une vidéoconcert également publiée chez Gonzo. La qualité sonore est moyenne - manque cruel de hautes fréquences, son creux d’aréna. Cela dit, le concert propose quelques solides chansons, dont “Awaken” qui était peu jouée à l’époque et une version joliment décoiffante de “Yours is No Disgrace”. On y trouve aussi une litanie de solos, dont le “Whitefish/Amazing Grace” (où “Tempus Fugit” est également citée) de Squire et White (bon, oui, c’est donc un duo) est le meilleur. Pour ceux que Union effraie, sachez que de cet album seule “Saving My Heart” est interprétée, ainsi que “Rhythm of Love” de Big Generator et l’incontournable “Owner of a Lonely Heart”. On aurait aimé avoir une date d’enregistrement, ainsi qu’une idée des allées et venues des musiciens (certaines pièces sont interprétées par un ou l’autre des quatuors, très peu par les huit musiciens).
One of the (numerous) items for disagreement among Yes fans: Union, the album and the tour, which reunited on stage the prog rock quartet of Anderson/Bruford/Wakeman/Howe and Squire/Rabin/Kaye/White’s pop/commercial incarnation of Yes. For the better and the worst, and for a very short time. Union Live is a double CD set recorded live - date undisclosed - and is actually the soundtrack to a concert video simultaneously released on Gonzo. Sound quality is average to poor - cruel lack of treble frequencies, hollow arena sound. That said, the set list features some strong songs, among which “Awaken” (reawaken for that tour) and a wonderful hard-driving take on “Yours is No Disgrace”. There’s also an endless string of solo features, out of which Squire and White’s (okay, so it’s a duo) “Whitefish/Amazing Grace” (also quoting “Tempus Fugit”) stands out. For those afraid by Union, please know that only “Saving My Heart” from that album gets an airing, plus Big Generator’s “Rhythm of Love” and the unavoidable “Owner of a Lonely Heart.” A recording date would have been nice, and details on the revolving cast of musicians for each song even nicer (some songs are performed by one or the other quartet, very few actually feature all eight members).