Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

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2010-11-12

2010-11-11: Amy Briggs, Concorde, Column One, Bruford/Levin


Journal d'écoute / Listening Diary 
2010-11-11

AMY BRIGGS / Tangos for Piano (Ravello Records)
Une belle idée: un programme complet de courts tangos pour piano, certains composés spécialement pour Amy Briggs, d’autres puisés dans le répertoire contemporain du genre. On passe donc de Stravinsky à Yu-Hui Chang, en passant par Astor Piazzolla (obligatoire), Frederic Rzewski, Lou Harrison, Conlon Nancarrow et Beth Wiemann. Vingt-deux compositeurs. Le “Tango Clandestino” de Jason Eckardt est le plus déconstruit du lot, celui qui s’éloigne le plus de l’esprit du tango, mais toutes les autres pièces s’amusent avec l’idée même du tango. Très agréable. Et Briggs interprète le tout avec verve.
A good idea: a complete program of short tangos for solo piano, some written especially for Amy Briggs, others taken from the contemporary repertoire of the genre. We go from Stravinsky to Yu-Hui Chang, by way of Astor Piazzolla (mandatory), Frederic Rzewski, Lou Harrison, Conlon Nancarrow, and Beth Wiemann. Twenty-two composers. Jason Eckardt’s “Tango Clandestino” is the most deconstructed exercise, the one that strays furthest away from the spirit of tango, although each track toys around or reinvents tango in its own way. Quite enjoyable. And Briggs performs it all with gusto.

CONCORDE / Reflections (Navona Records)
Concorde en un ensemble irlandais de musique contemporaine. Instrumentation quelque peu inhabituelle: flûte, clarinette, accordéon, violon, violoncelle, percussion. Navona Records lui consacre un disque, Reflections, qui propose des compositions récentes (2002-2009) de cinq compositeurs originaires d’un peu partout. À signaler: l’intense “Ángulos” d’Alejandro Castaños, très fébrile, ainsi que “The Magic Fiddle in the Desert” de Si-Hyun Yi, aux harmonies inusitées.
Concorde is an Irish contemporary music chamber ensemble with a slightly unusual instrumentation: flute, clarinet, accordion, violin, cello, percussion. Navona Records devotes a full disc to this ensemble, featuring recent compositions (2002-2009) by five composers from around the world. Worthwhile are Alejandro Castaños’ intense “Ángulos”, nervous, and the unusual harmonies of “The Magic Fiddle in the Desert” by Si-Hyun Yi.

COLUMN ONE / Präsident der Sonne (Moloko Plus - merci à/thanks to Dense Promotion)
Un disque de collages sonores énigmatiques, entre le dadaïsme, la musique concrète et le happening-performance sonore. Livret expansif mais uniquement en allemand (le communiqué de presse aussi), alors j’ai peu à dire. Une écoute confuse mais pas désagréable. Certains trucs sont sciemment ridicules, d’autres sciemment insensés.
An album of enigmatic sound collages, somewhere between Dada, musique concrète and sound happening. Expansive booklet, all in German (so is the press release), so I have little to say. A perplexing listen, though not unenjoyable. Some things are ridiculous, others pointless, and it’s all deliberate.

BRUFORD LEVIN UPPER EXTREMITIES / B.L.U.E. Nights (Gonzo Media Group)
Réédition de l’album double en concert de l’éphémère mais très intéressant quatuor de Bill Bruford et Tony Levin à la fin des années 90. B.L.U.E. Nights est assemblé à partir de nombreux concerts, ce qui casse un peu l’impression de continuité. Par contre, le quatuor (qui compte aussi le guitariste David Torn et le trompettiste Chris Botti) joue splendidement - et cette musique n’est pas facile. Elle laisse beaucoup de place à l’improvisation, parfois libre même, hautement texturale (Levin joue beaucoup de conterbasse électrique avec archet dans ce groupe), expérimentale à l’occasion sous l’impulsion de Torn et de sa guitare MIDI. Le livret reproduit de nombreux extraits du journal de tournée de Levin.
Reissue of the live double CD by Bill Bruford and Tony Levin’s short-lived but very interesting late-‘90s quartet. B.L.U.E. Nights was assembled from several concerts, which kinds of impairs its continuity. However, the quartet (which also included guitarist David Torn and trumpeter Chris Botti) plays splendidly, and the music is not really easy. It leaves a lot of room for improvisation - free improvisation even, and it is highly textural (Levin plays a lot of arco electric doublebass in this band), and occasionally experimental, thanks to Torn and his MIDI guitar. The booklet reprints large excerpts from Levin’s online tour diary.

2010-11-11

2010-11-10: Michael Vorfeld, Z'eV/Kahn, Mekanik Kommando, James Falzone


Journal d'écoute / Listening Diary 
2010-11-10

L’Allemand Michael Vorfeld frotte, gratte et flatte peaux et cymbales depuis longtemps maintenant, et je me lasse rarement de l’entendre développer ses pièces texturales, souvent spartiates, et pourtant riches et habitées d’une virtuosité toute subtile. Flugangst est un disque solo merveilleusement ciselé, qui proposent sept illustrations des techniques, soit, mais surtout de l’art de ce percussionniste inusité, dont la recherche se poursuit inlassablement.
German percussionist Michael Vorfeld has been stroking, scratching and polishing skins and cymbals for a long time now, but I rarely grow tired of listening to him develop his textural pieces, often stark yet so rich and displaying such subdued virtuosity. Flugangst is a marvelously assembled solo record featuring seven illustrations of his techniques but mostly his unusual artistry. The man keeps searching for new sounds.

Z’EV & JASON KAHN / Intervals (Monotype Records)
On reste dans la percussion, avec deux autres expérimentateurs chevronnés. Deux longues pièces, très ambiantes et bourdonnantes, aux textures qui se transforment lentement, beaucoup de richesse dans les aïgus et beaucoup plus de fréquences basses que dans le Vorfeld. Prenant, envoûtant et un juste un tantinet désagréable (Z’eV aime bien pousser l’enveloppe vers le bruitisme plus “harsh”).  [Ci-dessous: Un extrait de la seconde pièce.]
Still in the realm of percussion with two other seasoned experimentalists. Two long. Ambient, droning tracks with slowly-evolving textures, lots of richness in the high frequencies and a lot more bass frequencies than on the Vorfeld CD. Bewitching music that is just a tad bit annoying – but that’s a good thing (Z’eV likes to push the envelope toward a harsher shade of noise).  [Below: An excerpt from track 2.]

MEKANIK KOMMANDO / Shado of a Rose (Cat | Sun)
Oubliez toute de suite toute référence à Magma - rien à voir. Mekanik Kommando est un trio formé de Miriam V. Hout, Simon V. Vliet et Peter V. Vliet. De la pop presque jouet, sur petits instruments  - mandoline, mélodica, petit synthé, etc. Très joli, pas enfantin du tout, bien qu’il y ait une forte dose de naïveté. J’aime et, avec des écoutes répétées, je sais que je vais aimer encore plus.
Forget any reference to Magma - this has nothing to do with it. Mekanik Kommando is a trio consisting of Miriam V. Hout, Simon V. Vliet and Peter V. Vliet. Near-toy pop mostly on small instruments (mandolin, melodica, small synths, etc.). Pretty, not childish at all despite a large helping of innocence. I like and I’m sure I’ll like even more with repeated listens.

 JAMES FALZONE’S ALLOS MUSICA / Lamentations (Allos Documents - merci à/thanks to Improvised Communications)
Une autre réussite pour le clarinettiste James Falzone. Lamentations le présente dans un trio métissant jazz, musique de chambre et musique du monde, avec Ronnie Malley au oud (et au chant) et Tim Mulvenna aux tambours sur cadre (principalement). Au menu, trios composés, chanson traditionnelle, et improvisations pour clarinette et tambour. L’écriture de Falzone est éminemment sensible sans être délicate. Ce disque tisse une anbiance touchante et tendre, où la créativité s’exprime en douceur.  [CI-dessous: Écoutez deux extraits de l’album sur cette page (section “Recent Discography”).]
Another hit in my book for clarinetist James Falzone. Lamentations features him in a trio mixing jazz with chamber music and world music. With Ronnie Malley on oud (and some vocals) and Tim Muvenna on hand drums (mostly). Composed trios, a traditional song, and improvisations for clarinet and drum. Falzone’s writing is very sensitive without getting over-delicate. This CD weaves a moving atmosphere where creativity is expressed quietly.  [Below: Listen to two excerpts on this page (under “Recent Discography”).]

2010-11-10

2010-11-09: Todd/Coombes/Beresford/Russell/Solomon, Coxhill/Turner, Stefan Orins Trio, Bruford/Levin, Jade Warrior

Journal d'écoute / Listening Diary 
2010-11-09

GARRY TODD - NIGEL COOMBES - STEVE BERESFORD - JOHN RUSSELL - DAVE SOLOMON / Teatime (Emanem)
Réédition (plus une pièce de sept minutes) d’un album d’abord paru en 1975 chez Incus. Un disque d’improvisation libre iconoclaste, très divertissant. Son côté provocateur s’est amoindri avec l’âge, mais il demeure stimulant. Les musiciens en présence s’amusent grandement à tromper nos attentes, et réussissent - Solomon et Beresford tout particulièrement. Les fins abruptes des pièces - montage à coups de lame de rasoir - sont déstabilisantes. Une bonne qualité d’enregistrement. Ça fait penser à ce que deviendra le groupe Alterations. J’ai pris mon pied.
A reissue (plus one seven-minute bonus track) of an album first released by Incus in 1975. An iconoclastic free improvisation record, highly entertaining. Its provocative stance has dulled with age, but it remains a stimulating listen. The musicians are having a lot of fun playing tricks on our expectations, successfully – Solomon and Beresford especially. The abrupt track endings - brutal razor-blade editing – are destabilizing. Good recording quality. Makes me think of Alterations, still a few years away at the time. I had a ball listening to this.

LOL COXHILL & ROGER TURNER / Success With Your Dog (Emanem)
J’adore ces deux improvisateurs et ce disque en duo ne déçoit pas une seconde: le lyrisme pince-sans-rire de Coxhill, la folie contrôlée par une touche ultra-subtile de Turner. Un disque constitué de deux prestations: l’une en mai 2003, l’autre en août 2010. Pas de préférence: tout bon, tout fascinant, tout tenant de la haute voltige. Un must pour 2010.  [Ci-dessous: Coxhill et Turner en concert, janvier 2010, film professionnel d’Helen Petts.]
I love these two improvisers, and this duo outing didn’t disappoint for a second: the tongue-in-cheek lyricism of Coxhill, Turner’s craziness dampered by an ultra-light touch. Two live performances, one from May 2003, the other from August 2010. I have no preferences: it’s all good, all fascinating, all high-flying European free improv. A must for 2010.  [Below: Coxhill and Turner live in January 2010, professional footage by Helen Petts.]

STEFAN ORINS TRIO / Stöt (Circum-Disc)
Un agréable disque de jazz moderne signé Stéfan Orins, pianiste, accompagné de Christophe Haché à la contrebasse et Peter Orins à la batterie. Une écriture très conforme à l’esthétique de Circum-Disc (voir Quartet Base ou Arsis): mélodisme discret mais lyrique, rythmiques un tantinet carrées et, dans le cas d’Orins, une petite dose de Lennie Tristano dans l’articulation. Sympa. N’ayant pas entendu les deux premiers disques de ce trio pour Circum, je ne peux pas comparer.
An enjoyable modern jazz CD by Stefan Orins, pianist, backed by bassist Christophe Haché and Peter Orins on drums. Orins’s writing fits Circum-Disc’s aesthetics perfectly (see Quartet Base or Arsis): discreet yet lyrical melodicism, rhythms just a tad squared, and in Orins’ case, a dose of Lennie Tristano in the articulations. Nice. Not having heard this trio’s previous two releases on Circum, I can’t compare.

BILL BRUFORD & TONY LEVIN / Bruford Levin Upper Extremities (Gonzo Media Group)
Il semble que Voiceprint est fermé boutique pour réouvrir sous le nom de Gonzo Media Group. Cette étiquette vient de rééditer les deux albums du quartet de Bill Bruford et Tony Levin de la fin des années 90, Bruford Levin Upper Extremities, soit le studio et le double en concert. Le studio tient encore très bien la route, grâce à la synergie entre ses deux compères de longue date (leur collaboration remonte au King Crimson du début des années 80), démlutiplié par la présence du guitariste David Torn, dont j’aime beaucoup la recherche texturale et timbrale. Le trompettiste Chris Botti est chargé de l’élément mélodique dans ce jazz-rock hybridé de son ECM et d’attitude prog. Pas aussi flamboyant qu’on le croirait, mais réussi.
It seems that Voiceprint has closed shop and reopened under a new name: Gonzo Media Group. This label has just reissued the two albums by Bill Bruford and Tony Levin’s late-‘90s quartet Bruford Levin Upper Extremities (one studio and one live). The studio CD still holds well, thanks to the level of synergy between the two longtime King Crimson compadres, demultiplied by the presence of guitarist David Torn, whose textural playing and timbral experiments I really like. Trumpeter Chris Botti contributes the melodic element in this jazz rock-meets-ECM hybrid with a prog attitude. Not as flamboyant as one might expect, but artistically successful.

JADE WARRIOR / Jade Warrior (Akarma)
Le premier Jade Warrior - très solide. Les chansons sont une surprise (ce que je connaissais de ce groupe était entièrement instrumental). Plus ramassé que Waves, moins ésotérique que Kites, moins exotique que Floating World, et surtout plus psychédélique. Ce disque précède l’arrivée du vrai “son” de Jade Warrior - ce qui en fait un disque à chérir ou à honnir, selon votre avis sur le “son” en question. Différent.
The first Jade Warrior album - very strong. The songs are a surprise (what I have heard before was entirely instrumental). More focused than Waves, less esoteric than Kites, less exotic than Floating World, and most of all more psychedelic. This record predates the establishment of the Jade Warrior “sound” - which makes it a disc to cherish or bannish, depending on your take on said “sound”. It’s different alright, and I dig it.

2010-11-09

Délire actuel, 2010-11-09


DÉLIRE ACTUEL

Réécoutez (streaming ou téléchargement) la dernière édition de Délire actuel ICI (cherchez Délire actuel dans la liste).
You can listen (stream or download) to the latest Délire Actuel broadcast HERE (look for Délire Actuel on the list of shows).

Édition du 9 novembre 2010
Show aired on November 9, 2010

DESCRIPTION
DESCRIPTION

Une orgie de rock d’avant-garde : Deux heures de nouveautés rock qui repoussent les limites ou tout simplement qui s’amusent à métisser les genres ou à tracer leur propre voie. Avant-prog, avant-métal, avant-psychédélique, avant-mettez-en!
An Orgy of Avant-Rock: Two hours of new rock releases that push back boundaries or simply play around with genre-bending, or even pave their own way. Avant-prog, avant-metal, avant-psychedelia, avant-whatever!

*SUN CITY GIRLS / Ben’s Radio (3:04) + Black Orchid (3:05) - Funeral Mariachi (Abduction)
UŻ JSME DOMA / Fascination (5:24) + Ceilings (4:31) - Caves (Cuneiform)

RATIONAL DIET / Human Life in the Wind (4:14) - On Phenomena and Existence (altrOck)
ARANIS / Roque (5:54) - Roqueforte (altrOck)
YÜGEN / Serial(ist) Killer (5:44) - Iridule (altrOck)

HUGH HOPPER / The Gift of Purpose (15:00) - The Gift of Purpose (Cuneiform)

*HEAVY WINGED / Breathe Life (19:33) - Sunspotted (Type Records)

JOHN ZORN / The Book of Los (8:21) - Ipsissimus (Tzadik)
SEVEN THAT SPELLS / Olympos (8:42) - Future Retro Spasm (Beta-lactam Ring Records)

FOND OF TIGERS / Continent & Western (9:46) - Continent & Western (Drip Audio)



merci à/thanks to:
COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

RATIONAL DIET
Extrait de concert, 2008.
Live excerpt, 2008.

SEVEN THAT SPELLS
La même pièce, en concert. Une énergie incroyable.
The same track, performed live. Incredible energy.

Délire musical, 2010-11-09

DÉLIRE MUSICAL
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Édition du 9 novembre 2010   (rediffusion le 15 novembre)
Broadcast Date: Nov. 9, 2010  (rebroadcasted on Nov. 15)

LISTE DE DIFFUSION
PLAYLIST

Thème/Theme: EDWARD ARTEMIEV / Fire - Mood Pictures (Electroshock)

SAND SNOWMAN / One Summer (5:38) - Nostalgia Ever After (Beta-lactam Ring Records)
*PASCAL PINON / Árstí∂ir (3:26) - Pascal Pinon (Morr Music)
MÚM / The Last Shapes of Never (2:26) - Sing Along to Songs You Don’t Know (Euphono Records)
SUFJAN STEVENS / Get Real Get Right (5:12) - The Age of Adz (Asthmatic Kitten)

MATT ELLIOTT / What the Fuck Am I Doing on This Battlefield (5:16) - Drinking Songs (Ici d’ailleurs)
*GIARDINI DI MIRÓ / La Vampa XX (4:13) - Il Fuoco (City Centre Offices)

LE ORME / Una dolcezza nuova (5:28) - Uomo di pezza (Universal Music Italia)
CICCADA / Epirus - A Mountain Song (4:58) - A Child in the Mirror (Fading Records)
CARLA KIHLSTEDT - MATTHIAS BOSSI - SHAHZAM ISMAILY / Hills Made of Wool (4:22) - Causing a Tiger (Disques Victo)

VICTOR / The Big Dance (4:14) - Victor (Anthem Records)


merci à/thanks to:


COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

PASCAL PINON
La relève de la folk-pop islandaise!
The new generation of Icelandic folk-poppers!


 

2010-11-08: Andrew Rindfleisch, Kitty Brazelton, Markus Eichenberger


Journal d'écoute / Listening Diary 
2010-11-08

ANDREW RINDFLEISCH / Night Singing (Innova)
Ce disque est une collaboration entre le compositeur américain Andrew Rindfleisch et le quatuor de musique de chambre Zeitgeist (clarinette, piano, deux percussionnistes). L’œuvre clé en est “Night Singing”, une suite de 25 minutes composée pour Zeitgeist. Un beau travail qui tire bien parti des forces de cet ensemble (mises en évidence sur le récent In Bone-Colored Light). Mais j’ai préféré “Improvisation Situation”, une improvisation de 14 minutes entre l’ensemble et le compositeur, celui-ci y allant d’un texte narré-chanté (oui à la Harry Partch) à la fois rigolo et troublant. Un joli coup de génie et d’audace qui mérite un coup de chapeau.
This CD is a collaboration between US composer Andrew Rindfleisch and chamber music quartet Zeitgeist (clarinet, piano, two percussions). The key work here is “Night Singing,” a 25-minute suite written for Zeitgeist. A nice work that makes good use of the ensemble’s strenghts (displayed on their recent Innova CD In Bone-Colored Light). But I prefer “Improvisation Situation”, a 14-minute improvisation between the group and the composer, the latter speech-singing (yes, a la Harry Partch) a funny yet disturbing text – a stroke of genius and audacity worth two thumbs up.

KITTY BRAZELTON / Ecclesiastes: A Modern Oratorio (Innova)
Vraiment impressionné par cette œuvre de Kitty Brazelton, une chanteuse et électronicienne expérimentale qui propose ici rien de moins qu’un oratorio, thème religieux inclus. Celui-ci est interprété par The Time Remaining Band, un ensemble ad hoc de quatre chanteurs masculins, de contreténor à basse (dont le contreténor David Bryon qui joue aussi de la mandoline), un violoncelliste et un percussionniste. Brazelton produit des bourdons et ambiances par ordinateur, en plus de chanter et de diriger l’ensemble. La musique est splendidement multistylistique, intégrant des éléments de plain-chant, de l’oratorio classique, de musique contemporaine post-Ligeti et même de rock-in-opposition (certains passages m’ont fait carrément penser à This Heat, allez savoir). Les mélodies sont poignantes et le projet très bien mûri dans l’ensemble. Chaudement recommandé.
Truly impressed with this work by Kitty Brazelton, an experimental singer/electronician who delivers here nothing less than an oratorio - religious topic included. This oratorio is performed by The Time Remaining Band, an ad hoc ensemble of four male singers – from countertenor to bass (including countertenor David Bryon who also plays mandolin) – a cellist, and a percussionist. Brazelton makes drones and ambiences on her laptop, in addition to singing and conducting. The music is gloriously pluristylistic, drawing elements from plainsong, classical oratorio, post-Ligeti contemporary music, and even rock-in-opposition (to me, some tracks clearly evoke This Heat for some reason). Melodies are moving, and the project as a well shows a high level of maturity. Highly recommended.

MARKUS EICHENBERGER / Halbzeit: Clarinet Solo 2008 (Creative Sources)
Le clarinettiste suisse Markus Eichenberger propose un album de solos de clarinette... qui détonne un peu dans la production de l’étiquette Creative Sources. C’est qu’ici, son approche est très mélodique, bien qu’elle intègre plusieurs techniques étendues. Le fait est que ces neuf mi-temps (la traduction de l’allemand “halbzeit”) sont autant de pauses dans le corpus généralement plus abstrait et cérébral de cette étiquette. Eichenberger n’hésite même pas à emprunter occasionnellement un fragment mélodique archiconnu (“Petite Fleur”, par exemple). Très joli sans être si facile. Et présenté en toute simplicité. Ça mérite le respect.
Swiss clarinetist Markus Eichenberger arrives with an album of clarinet solos…but it’s a little bit on a sidetrack from what Creative Sources usually releases. On this album, his approach is very melody-based, despite the use of several extended techniques. The fact is that these nine half-times (the meaning of the German word “halbzeit”) are interludes in the generally more abstract and cerebral corpus this record label. Eichenberger even dares borrow an occasional well-known melody fragment (“Petite Fleur” is one example). Very pretty, though not in the least easy ilstening. And simply presented. This CD deserves respect.

2010-11-08

2010-11-05: Michael Francis Duch, Tilbury/Duch/Davies, Lemur, The Remote Viewers, Sufjan Stevens


Journal d'écoute / Listening Diary 
2010-11-05

MICHAEL FRANCIS DUCH / Edges (+3dB - merci à/thanks to Dense Promotion)
L’étiquette +3dB lance une nouvelle collection de récitals intitulée “Music for ONE”. Premier titre: Edges du contrebassiste norvégien Michael Francis Duch qui propose un programme de musique avant-gardiste du siècle dernier: Wolff, Brown, Cardew, Feldman et Skempton. Un programme court (40 minutes) mais convaincant, bien enregistré, avec des moments puissants (“Octet ‘61” de Cornelius Cardew) et d’autres de pure recherche sonore (“Edges” de Christian Wolff, qui joue avec les techniques d’archet).
The +3dB label launched a new series of solo CDs entitled “Music for ONE”. First title is Edges by Norwegian bassist Michael Francis Duch who proposes a programme of avant-garde music from the last century: Wolff, Brown, Cardew, Feldman, and Skempton. A short (40 minutes) though convincing programme, well recorded, with powerful moments (“Octet ‘61” by Cornelius Cardew) and tracks of pure sound research (“Edges” by Christian Wolff, which calls for unusual bowing techniques).

JOHN TILBURY - MICHAEL FRANCIS DUCH - RHODRI DAVIES / Cornelius Cardew: Works 1960-70 (+3dB - merci à/thanks to Dense Promotion)
Même étiquette, même contrebassiste, cette fois avec le pianiste John Tilbury et le harpiste Rhodri Davies, dans un programme entièrement consacré à Cornelius Cardew. Un disque plutôt austère (un extrait de 20 minutes de l’épique œuvre graphique “Treatise” - plus ennuyeux dans sa réalisation que tout ce que j’ai entendu de cette pièce auparavant), mais avec ses bons moments, dont “Autumn 60” et l’étonnant “Solo with accompaniment.” Rappelons que Tilbury, deux générations plus âgé que les deux autres musiciens, a joué avec Cardew et a rédigé sur lui une biographie qui a fait école.
Same label, same bassist, this time with pianist John Tilbury and harpist Rhodri Davies, in a programme solely devoted to Cornelius Cardew. A rather austere record (the 20-minute excerpt from the epic graphic score “Treatise” is the most boring take on this piece I have heard), but also a few highlights, like “Autumn 60” and the surprising “Solo with accompaniment.” A reminder: Tilbury, two generations younger than the other musicians, has played with Cardew and is the author of an authoritative Cardew biography.

LEMUR / Aigéan (+3dB - merci à/thanks to Dense Promotion)
Deuxième album de Lemur, un quatuor norvégien en quête d’une nouvelle musique contemporaine (musique de chambre) improvisée. Oui, on y trouve encore le contrebassiste Michael Francis Duch, mais surtout deux membres de Spunk: Hild Sofie Tafjord au cor français et la violoncelliste Lene Grenager. Le flûtiste Bjornar Habbestad est le quatrième membre. Une musique de recherche, riche en textures, avec un usage judicieux (et parfois confondant) du silence. Faudra que je réécoute pour m’y plonger à fond, mais le premier contact est positif, quoi qu’un peu aride.
Second album by Lemur, a Norwegian quartet in search of a new form of improvised contemporary (chamber) music. Yes, it also features Duch, but also two members of Spunk: Hild Sofie Tafjord on French horn and cellist Lene Grenager. Flutist Bjornar Habbestad rounds up the line-up. Searching music, texture-rich, with a tasteful (and occasionally puzzling) use of silence. I’ll have to relisten and really dig into it, but first contact is positive, albeit a tad dry.

THE REMOTE VIEWERS / To The North (The Remote Viewers)
Après une longue mais fructueuse période de transition, voilà que le groupe britannique The Remote Viewers a officiellement complété sa transformation et stabilisé son effectif. Depuis le départ de la chanteuse Louise Petts, le groupe avait connu diverses incarnations, au gré de l’écriture de David Petts. Les choses prenaient déjà corps sur Sinister Heights, mais voilà qu’avec To The North The Remote Viewers se reconstitue en groupe, avec un répertoire qu’il pourra interpréter sur scène. Autour du saxophoniste David Petts qui signe toutes les compositions, on trouve les saxos Adrian Northover, Sue Lynch et Caroline Kraabel, appuyés par le contrebassiste John Edwards, le batteur Mark Sanders et la marimbiste Rosa Lynch-Northover. To The North est un disque ramassé, à la direction artistique unifiée, dominé par les contrepoints de saxo - la grande force de Petts - et une rythmique complexe qui, après quelques balbutiements sur les disques précédents, commence réellement à tirer parti d’une section rythmique réelle (fini l’époque des boîtes à rythmes). À l’écoute de ce disque, le neuvième album des Remote Viewers, je constate avoir complété ma transition de fan également. To The North, c’est du solide, un univers prenant, encore glauque, toujours unique en son genre.
After a long and fruitful transition, UK band The Remote Viewers have officially completed their transformation and stabilized their line-up. Since the departure of singer Louise Petts, the group has gone through several incarnations, following the fancy of David Petts’ writing. Things were already shaping up by Sinister Heights, but now with To The North The Remote Viewers have reformed as a live band. Surrounding saxophonist/composer David Petts are the saxes of Andrian Northover, Sue Lunch and Caroline Kraabel, back by John Edwards on doublebass, Mark Sanders on drums, and Rosa Lynch-Northover on marimba. To The North is a focused opus with a clearly defined artistic direction dominated by countrapuntal sax lines - Petts’ greatest compositional strenght – and complex rhythmics (gone are the beatboxes - Petts is now truly tapping the creative power of his human rhythm section). Listening to this album, The Remote Viewers’ ninth, I realize that I, as a fan, have also completed my transitional phase. To The North is a solid work on its own terms, a gripping universe, as gloomy, unique, and one of a kind as the early albums, yet different.

SUFJAN STEVENS / The Age of Adz (Asthmatic Kitty Records)
Hmm..., un disque plus électronique pour Sufjan Stevens. Peu importe, ça n’altère pas la qualité de son écriture. Des chansons pop un peu moins simples, néanmoins. Et bien tournées. “Get Real Get Right” et “I Walked” sont très jolies. “Age of Adz”, à huit minutes, réussit à convaincre. Par contre, ce n’est pas le cas de “Impossible Soul” qui, en 25 minutes, se répète vraiment beaucoup - sans parler d’un bout carrément honteux au vocoder - aïe aïe aïe! Pour le reste, j’aime. Peut-être même plus qu’Illinoise.
Hmmm…, Sufjan Stevens is back with an electronic-sounding record. Hey, it doesn’t alter the quality of his songwriting. Pop songs, a little less simple than usual. And well designed. “Get Real Get Right” and “I Walked” are very pretty. “Age of Adz”, 8 minutes, is convincing. However, the 25-minute “Impossible Soul” is not - too much repetition, and a shameful vocoder passage - tsk, tsk, tsk. The rest of it I like a lot. Maybe even more than Illinoise.