Journal d'écoute / Listening Diary
2013-05-08
V. GUYVORONSKY, N. AHSAN
& D. KUCHEROV / Around Silence (Leo
Records)
Parfois, les
détails tuent. Par exemple, nulle part
sur la pochette de ce disque précise-t-on les prénoms des trois
musiciens en présence. Heureusement, la musique d’Around Silence est
sublime, ce qui fait rapidement oublier ce détail irritant. Le trompettiste
Vyacheslav Guyrovonsky (lui, ça va, il n’en est pas à sa première parution chez
Leo Records) s’allie ici à deux musiciens de formation indienne: le
percussionniste Kucherov, surtout aux tablas, et le chanteur Ahsan. Ahsan a une
superbe voix et il est rompu aux subtilités du chant traditionnel indien. Il
atteint parfois une force mystique comparable à Nusrat Fateh Ali Kahn (culture
différente, esprit similaire). Around Silence propose quatre
ragas de 10 à 26 minutes, où la complicité entre trompette et voix est
fascinante. Guyvoronsky, essentiellement un jazzman, est parfaitement à l’aise
à naviguer et renouveler ce genre hautement codifié. Ce ne sont probablement
pas des ragas dans le sens strict du terme, mais le résultat est plus que
satisfaisant. Une belle surprise. [Ci-dessous:
Un court extrait de l’album.]
Some details
can kill. For instance, nowhere on this album’s cover, tray card or booklet are
the first names of these musicians mentioned. Luckilly, the music on Around
Silence is so sublime, it will make you forget this frustrating detail.
Trumpet player Vyacheslav Guyvoronsky (well, he has several other releases on
Leo Records, so I do know his first name) pairs up with two Indian tradition
musicians: percussionist Kucherov, mostly on tablas, and singer Ahsan. Ahsan is
gifted with a gorgeous voice and masters the subtleties of traditional Indian
singing. At times, he conveys a mystical force comparable to Nusrat Fateh Ali
Kahn (different culture, same spirit). Around Silence
consists of four ragas, 10 to 26 minutes long, where trumpet and voice
intertwine in fascinating ways. Guyvoronsky, basically a jazzman, is totally at
ease navigating and renewing this highly codified genre. These are probably not
pure ragas, but the results are very, very starisfying. This CD is a nice
surprise. [Below: A short excerpt from the album.]
KATSURA MOURI & TIM
OLIVE / Various Histories (845 Audio)
Amateurs
d’improvisation libre microsonique et de bruitisme, notez la référence de ce
disque. Various Histoires, c’est cinq duos de durée très
véariable (mais totalisant 34 minutes) entre Katsura Mouri aux tourne-disque et
au mixage et Tim Olive aux pickups et aux métaux. De l’improvisation à écoute
profonde, composée d’événements sonores mystérieux, bruyants sans être
agressants, et dont l’assemblage tisse une tension narrative palpable. Ça
rappelle parfois les meilleurs moments de la collaboration entre Martin
Tétreault et Otomo Yoshihide. Du grand art abstrait.
Fans of
microsnic free improvisation and noise art, take note. Various
Histories consists of five duos of highly variable duration (total time: 34
minutes) between Katsura Mouri on turntables and mix, and Tim Olive on pickups
and metals. Deep listening free improvisation made of mysterious sound events
that are noisy without getting aggressive, and whose assemblage weaves a very
real narrative tension. This reminds me of the finer moments of the
collaboration between Martin Tétreault and Otomo Yoshihide. Marvelous abstract
music.
COLLA PARTE / A Cast of
Shadows (ind.)
Deuxième album du
trio Colla Parte (Daniel Barbiero, contrebasse; Perry Conticchio, anches et
flûtes; Rich O’Meara, vibraphone et percussions). Improvisation libre
s’inspirant de la musique de chambre et de l’improvisation européenne. J’ai
beaucoup aimé les trois premières pièces, qui forment une suite, mais j’ai
trouvé le temps long dans la pièce titre (36 minutes), où le discours musical
manque de... je ne sais trop. De cohérence? D’écoute?
Second album
from Colla Parte (Daniel Barbiero, doublebass; Perry Conticchio, reeds and
flutes; Rich O’Meara, vibes and percussion). Free improvisation drawing from
chamber music and European free improvisation. I thoroughly enjoyed the first
three tracks, which form a suite, but I grew bored during the 36-minute title
track, where the musical conversation lacked... I’m not sure what –
Consistency? Listening?
PETER LANDIS &
GABRIELA FRIEDLI / Urgenta (Unit Records)
Duo saxo-piano
dirigé par le saxophoniste Peter Landis (soprano, ténor, basse) qui signe
toutes les musiques de ce disque. Motifs simples mais bien développés qui
évoquent Steve Lacy, avec des moments fougueux qui mettent en valeur la
synergie entre les deux musiciens. “No Sorrow Tomorrow”, à ce titre, ressort du
lot. Un jazz actuel intelligent et vivant.
Sax/piano duet
led by sax player Peter Landis (sopeano, tenor, bass), who wrote all the music.
Simple well-developed motifs reminiscent of Steve Lacy, with fierce passages
that showcase the synergy between the players. “No Sorrow Tomorrow”, in that
regard, is a highlight. Intelligent, moving avant-jazz.
Je n’avais pas
entendu Otto Von Schirach depuis l’excellent Chopped Zombie Fungus, et
c’est un plaisir de constater 1) qu’il roule toujours (j’ai manqué une poignée
d’albums dans l’intervalle) et 2) qu’il a conservé sa verve et son sens tordu
de l’humour. Otto fait dans la techno dérangée: sa musique danse et dérape,
légère puis soudain acide, jamais sérieuse... sérieusement. Sur Supermeng paru
l’année dernière, il se moque de tout (et particulièrement du dubstep et de la
science-fiction), à coups de paroles imbéciles, de pastiches efficaces et de
questions sans réponse. “Mind Power” prend le 8-bit à rebours; ailleurs, il
“emprunte” des effets de Fairlight à Art of Noise; “Quasar” est un hymne
dubstep; “When Dinosaurs Rule the Earth” est tout bonnement ridicule. Bref, il
y a de quoi s’amuser! [Ci-dessous:
“Salpica”, où OVS se moque de la jeunesse cubaine de Miami.]
I hadn’t heard
Otto Von Schirach since his excellent Chopped Zombie
Fungus album, and I’m happy to see that 1) he’s still going (seems I missed
a handful of albums), and 2) he’s kept his talkativeness and his twisted sense
of humour. Otto makes deranged techno: his music dances and skids; it’s light
and sweet than suddenly turns acrid; it’s never serious, and is very serious
about it. On Supermeng released last year, he is making fun of
everything (and particularly of dubstep and sci-fi), and uses stupid lyrics,
to-the-point pastiches, and answerless questions to do it. “Mind Power” takes
8-bit music sideways; elsewhere, he “borrows” Fairlight effects from Art of
Noise; “Quasar” is an hymn to dubstep; “When Dinosaurs Rule the Earth” is just plain
silly. In short: there’s plenty here to entertain me... and possibly you too! [Below: “Salpica,” where OVS is
moking Miami-based Cuban culture and stereotypes.]
MELVINS / Everybody Loves
Sausage (Ipecac)
Les Melvins se
fendent d’un album de reprises. Fort divertissant... et une sélection un
tantinet troublante, ce qui est attendre de ce groupe qui fait rarement ce
qu’on attend de lui. Au menu, les Fugs, Roxy Music, Leadbelly, Queen, et même
David Bowie, dont le “Station to Station” est étrangement respecté. Quelques
chanteurs viennent prêter main forte à King Buzzo et compagnie, dont JG
Thirlwell et Caleb Benjamin. Ce n’est pas l’album de l’année, mais c’est
sympathique et surprenant et, au risque de me répéter, ce “Station to Station”
m’a scié.
Melvins just
released an album of covers. Quite entertaining... and a weird selection, as you’d
expect from a band never quite does what you expect them to do. On the menu:
The Fugs, Roxy Music, Leadbelly, Queen, and even David Bowie, whose “Station to
Station” is surprisingly respected. A few guest singers help King Buzzo and
co., among them JG Thirlwell and Caleb Benjamin. Everybody Loves
Sausage will not be the album of the year, but it’s a fun record, and a
surprising one too. And that “Station to Station”? Wow.