Journal d'écoute / Listening Diary
2012-08-09/10
Brian John Mitchell (Remora, Small Life Form) vient de
publier un premier album sous son propre nom, et il n’y est pas allé de main
morte. Four and a half est une production numérique qui propose
un drone d’une durée de... quatre heures et demie. Oui, quatre heures et demie
(exactement) d’un assemblage sonore monolithique de pistes de guitare et de
synthétiseurs qui, à force d’accumulation, camoufle ses micro-variations sous
une macro-structure statique à vous rendre dingue. J’apprécie le travail
investi dans cette œuvre, ainsi que la décision de Mitchell de la rendre très
abordable (on la télécharge pour un maigre dollar), mais ça ne réussit pas à en
faire une écoute agréable. Ouf.
Brian John Mitchell (Remora, Small Life Form) has
just released his first album under his own name, and it’s a big project. Four
and a half is an MP3 album featuring a... four-and-a-half-hour drone. Yes,
four and a half hours (exactly) of a monolithic sonic construct of numerous
guitar and synth tracks that hide micro-variations under a static
macro-structure that will make you crazy. I acknowledge the work and the craft
that went into this behemoth, and I appreciate Mitchell’s decision to make the
track available for download for a single dollar, but that doesn’t make it more
enjoyable to listen.
En août, New Braxton House publie l’enregistrement des
deux “sets” de la troisième de quatre soirées de concerts du septet de Braxton
à l’Iridium. Cette série célébrait le lancement du coffret 9 Compositions
(Iridium) 2006 en proposant, chaque soir, une nouvelle composition
(la 362 dans le cas présent) et une plus ancienne (la 259). C’est le volume le
plus intéressant des trois publiés à ce jour. Notez que le premier set est
disponiblement gratuitement pour les abonnés de NBH, et que le second set est
vendu séparément. C’est d’ailleurs dans ce second set qu’ils se passe quelque
chose d’inusité et de magique: alors que l’ensemble se fragmente, des
sous-groupes se formant pour explorer des compositions parallèles, Taylor Ho
Bynum et Carl Tesla tirent de leur manche un bout de dialogue d’une pièce
théâtrale de Braxton. Ça a l’effet d’une bombe, j’adore. La 259 est bien, mais
la 362 a plus de profondeur et le septet (augmenté de Matt Bauder et de Katie
Young pour cette soirée) y atteint des hauteurs rarement égalées.
New Braxton House’s offering in August is a
recording of both sets from Braxton’s septet’s third night out of four at the
Iridium in 2007. This residence celebrated the release of the 9
Compositions (Iridium) 2006 box set, and it featured, each night, a new composition
(No. 362 in this case) and an older piece (259). This is the best volume so
far. Note that set 1 is free to NBH subscribers, while set 2 is sold
separately. And something truly magical happens in that second set: as the
ensemble is fragmenting into sub-groupings exploring parallel compositions,
Taylor Ho Bynum and Carl Tesla take out of their sleeves a fragment of dialogue
from one of Braxton’s theatrical works. Their vivid recitation is a bomb, I
love it. No. 259 is fine, but 362 has more depth, and in it the septet
(augmented with Matt Bauder and Katie Young that night) reaches rarely matched
heights.
NATSUKI TAMURA & SATOKO FUJII / Muku (Libra Records - merci à/thanks to
Braithwaite & Katz)
Couple sur scène et dans la vie, le trompettiste
Natsuki Tamura et la pianiste Satoko Fujii jouent ensemble dans plusieurs
projets (dont Gato Libre), en plus d’entretenir un duo depuis plus de 15 ans. Muku est
leur cinquième album, chacun adoptant une approche différente. Le précédent, Chun
présentait des compositions de Fujii; Muku, lui, a été
entièrement écrit par Tamura, qui a puisé dans le répertoire de Gato Libre, en
cherchant à donner une autre couleur à ses mélodies. Le côté mélancolique de ce
groupe est ici remplacé par une attitude plus vive et viscérale – on passe du
bleu au rouge. Une prestation puissante qui donne un autre ton à des airs
connus, et un complément intéressant à Chun; ensemble, ils
deviennent les deux faces d’une seule médaille.
A couple on stage and in life, trumpeter Natsuki
Tamura and pianist Satoko Fujii play together in several projects (including
Gato Libre), in addition to performing as a duo for over 15 years. Muku
is their fifth album, and each disc has been different. The previous one, Chun,
featured compositions by Fujii, while Muku was
entirely written by Tamura, who selected material from Gato Libre’s playbook.
The piano/trumpet instrumentation replaces the melancholic side of GL with
something more visceral and lively – the music has gone from shades of blue to
shades of red. A powerful performance giving a new twist to known tunes. And Muku
makes an interesting companion to Chun. Both shall now be regarded
as sides of a single coin.
ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / Gravity’s Drop Out: Tracks for
Non-Existing Movies (Alrealon Musique)
Une compilation de musique électronique expérimentale
réalisée par Robert L. Pepper du groupe PAS. Son groupe, d’ailleurs, ouvre le
bal avec une pièce onirique à souhait, qui répond très bien au thème annoncé
par le titre du projet. “Bears Head” de Margitt Holzt est plus revêche, avec
ses boucles cassantes. Herr Penschuck y va de deux pièces mystérieuses, aux
ambiances intrigantes, d’abord seul, puis en duo avec Thorsten Soltau. Les deux
autres artistes au programme sont Ebinger et Nika Son. Plus consistant qu’une
compilation ordinaire.
A compilation of experimental electronic music
curated by PAS’s Robert L. Pepper. And PAS kick things off with a dreamy track
that perfectly illustrates the project’s programmatic title. Margitt Holzt’s
“Bears Head” is a tougher fit, with its sharp-edged loops. Herr Penschuck
delivers two mysterious and intriguing tracks, first solo, later in a duet with
Thorsten Soltau. The other contributors are Ebinger and Nika Son. Gravity’s
Drop Out is more consistent than your average compilation album.
THE CINEMATIC ORCHESTRA / In Motion, Pt. 1 (Ninja Tune)
Ne pas confondre In Motion, Pt. 1, le
plus récent disque du Cinematic Orchestra, et Motion, son
tout premier. In Motion comme dans images en mouvement, comme dans
cinéma. Chaque pièce s’inspire d’un film d’avant-garde bien réel (“Entr’acte”
de René Clair, par exemple) et met en présence des artistes différents (Austin
Peralta, Grey Reverend, Dorian Concept, Tom Chant), sous l’égide de Jason
Swinscoe, tête pensante du Cinematic Orchestra. Ces artistes ont travaillé avec
les membres de l’orchestre et un quatuor à cordes. Le résultat est plus tranquille
qu’un album normal du groupe de Swinscoe, mais il est très cohérent, délicat,
agréable et tout en longueur. La pièce finale, “Manhatta”, allie le mélodisme
simple mais poignant de Johann Johannsson et la sollennité de Philip Glass.
Don’t mix up In Motion, Pt. 1,
The Cinematic Orchestra’s latest effort, and Motion, their
debut CD. In Motion as in pictures in motion: each track was
inspired by an avant-garde film (René Clair’s “Entr’acte”, for instance) and
works as its soundtrack. And each track features different artists (Austic
Peralta, Grey Reverend, Dorian Concept, Tom Chant), under the guidance of TCO’s
driving force Jason Swinscoe. These artists have all worked with the
orchestra’s members and an additional string quartet. In
Motion, Pt. 1 is quieter than a normal TCO record, but it proves to be
highly cohesive, delicate, enjoyable, and long. The final piece, “Manhatta”,
couples the simple yet poignant melodicism of Johann Johannsson with the
solemness of Philip Glass.
ACID MOTHERS TEMPLE & THE MELTING PARAISO U.F.O. / The Ripper at
the Heaven’s Gates of Dark (Riot Season)
Un récent opus d’Acid Mothers Temple, qui ont ralenti
le rythme de leurs parutions depuis quelques temps. Tant mieux: on y gagne en
qualité. À preuve: ce disque dont la qualité rivalise avec Univers zen ou de
zéro à zéro. « Vraiment », me direz-vous? Oui,
vraiment. Parce que The Ripper... propose un
équilibre judicieux (pour une fois) entre envolées brûlantes (la zeppelinesque
“Chinese Flying Saucer”, la furieuse “Electric Death Mantra”) et voyages
psychédéliques (“Chakra 24”, “Shine On You Crazy Dynamite”). Autre parallèle
avec Univers zen...: la voix – celle de Tsuyama Atsushi occupe
plus de place qu’à l’habitude. Un des meilleurs disques d’AMT depuis que le
line-up du Melting Paraiso U.F.O. s’est cristallisé autour de Tsuyama, Higashi,
Shimura et Kawabata. [CI-dessous:
“Chinese Flying Saucer”.]
A recent Acid Mothers Temple opus – the band has
slowed down its output considerably. It’s a good thing: what does come out is stronger.
Case in point: this album, which matches Univers zen ou de
zéro à zéro is quality. “Really?”, you might ask. Well, yes, really. Because
The Ripper... features a delightful balance (for once) between
scorching jams (the Zeppelin-esque “Chinese Flying Saucer,” the furious
“Electric Death Mantra”) and psychedelic trips (“Chakra 24,” “Shine On You
Crazy Dynamite”). Another parallel with Univers zen
would be the stronger presence of vocals – Tsuyama Atsushi in this case. One of
AMT’s best records since the Melting Paraiso U.F.O. line-up has crystallised on
Tsuyama, Higashi, Shimura, and Kawabata.
[Below: “Chinese Flying Saucer.”]