Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

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2012-03-30

2012-03-29: Jeff Aug, Michalowski/Matos/Skebo, The New Songs, Hildegard Lernt Fliegen

Journal d'écoute / Listening Diary
2012-03-29
JEFF AUG / Wedding Song (Net Music Zone)
Jeff Aug détient toujours le record du nombre de pays dans lesquels un artiste a donné un concert en 24 heures - il a même amélioré son record pour le lancement de Wedding Song, un album de guitare instrumentale solo. L’écriture bluesée avec fond de folk de Jeff Aug rappelle parfois celle de Richard Leo Johnson. Technique guitaristique irréprochable, dynamiques variées, mais l’écriture est linéaire par contre, chose plus évidente dans les pièces plus longues, comme “Ten Steps to the River’s Edge” qui devient répétitive. 
Jeff Aug holds the record for most countries in which an artist has performed in a 24-hour period – he even bested his own record on the release tour of Wedding Song, an album of instrumental solo guitar. Aug’s bluesy-folky songwriting is at times reminiscent of Richard Leo Johnson. Guitar mastery beyond reproach, varied dynamics, however his songwriting is a bit linear, something that becomes more obvious on longer tracks, like the repetitive “Ten Steps to the River’s Edge.”

PIOTR MICHALOWSKI, JAIME ROGRÍGUEZ MATOS & CHRISTOPHER M. SKEBO / Dyads (abzu)
Trois pièces en studio, une pièce en concert, toutes des improvisations libres entre Piotr Michalowski (saxo, flûte, clarinette basse), Jaime Rodríguez Matos (guitare électrique sans distortion) et Christopher M. Skebo (basse, trompette, objets). “Dyad One” démontre une belle écoute et du dynamisme. Ça s’essoufle un peu ensuite, mais “Dyad Four” (la pièce en concert) amène de nouvelles idées et petit côté cabotin agréable.
Three studio tracks, one live track, all free improvisations between Piotr Michalowski (sax, flute, bass clarinet), Jaime Rodríguez Matos (clean electric guitar), and Christopher M. Skebo (upright bass, trumpet, objects). “Dyad One” features a fine level of listening and energetic playing. Things boil down afterwards, but “Dyad Four” (the live track) introduces fresh ideas and an enjoyable whimsy.

THE NEW SONGS / A Nest at the Junction of Paths (Umlaut Records)
Une autre parution chez l’étiquette Umlaut (une nouveauté toute fraîche cette fois) et un autre projet de la pianiste-chanteuse Eve Risser (de Donkey Monkey). The New Songs est un quatuor co-dirigé Risser et la chanteuse Sofia Jernberg, appuyées par deux guitaristes, soit David Stackenäs et Kim Myhr. Tous deux ont une approche très texturale et aérienne de leur instrument, ce qui convient parfaitement aux préparations pianistiques de Risser, ainsi qu’aux textes disjoints et aux douces envolées vocales de Risser et Jernberg. The New Songs réussissent là où j’ai toujours trouvé que The Magic I.D. échouait: à faire de la chanson actuelle s’inspirant de l’improvisation microsonore. Du bonbon.
Another release from Umlaut Records (a brand new release this time), and another project from pianist/singer Eve Risser (of Donkey Monkey). The new Songs is a quartet co-led by Risser and singer Sofia Jernberg, backed by two guitarists: David Stackenäs and Kim Myhr. Both play their instrument in textural and aerial ways, which fits perfectly with Risser’s piano preparations, and the disjointed lyrics and quiet vocal flights of Risser and Jernberg. The New Songs succeed where I always felt The Magic I.D. had failed: making genuine avant-songs inspired by microsonic free improvisation. Ear candy to me.

HILDEGARD LERNT FLIEGEN / Hlidegard Lernt Fliegen (Unit Records)
La parution, récemment du coffret en concert Cinéma Hildegard, m’a poussé à me procurer le premier disque de Hildegard Lernt Fliegen, qui manquait à ma collection. Étonnant de voir à quel point tous les éléments sont déjà en place sur ce premier opus: la folie du chanteur Andreas Schaerer (qui passe de l’opéra au scat au beatboxing sans coup férir), le côté forain, le côté déjanté, le côté improvisation. Tous les textes sont en anglais et, règle générale, la voix et les paroles tiennent un rôle plus grand sur ce disque que sur le second. Un bon point de départ, un peu plus accessible.
The recent release of the live boxset Cinéma Hildegard prompted me to get Hildegard Lernt Fliegen’s debut CD. It’s surprising to see how well all the elements were already in place on this first opus: the zaniness of singer Andreas Schaerer (who switches from opera to scat to beatboxing on a dime), the festive/fair-like side, the wacky side, the improvisation aspect. All lyrics are in English on this one, and lyrics and vocals have more important role on this album than on their second studio release. A good starting point, slightly more accessible.

2012-03-29

2012-03-28: Erb/Lonberg-Holm/Roebke/Rosaly, Claudio Scolari, Hey Mother Death, John Zorn


Journal d'écoute / Listening Diary 
2012-03-28

CHRISTOPH ERB, FRED LONBERG-HOLM, JASON ROEBKE & FRANK ROSALY / SACK (Veto Records)
Le troisième titre dans la collection Exchange de l’étiquette suisse Veto met le clarinettiste Christoph Erb (centre d’intérêt de cette série) en présence d’une belle équipe de Chicago: le violoncelliste Fred Lonberg-Holm, le contrebassiste Jason Roebke et Frank Rosaly à la batterie. SACK a été enregistré en studio. Quatre compositions très ouvertes d’Erb, dans une veine free jazz où l’approche Chicago et l’approche européenne s’entremêlent. La longue “Kadhananlo” déménage à souhait. Une écoute stimulante.
The third release in Swiss label Veto’s Exchange series devoted to clarinettist Christoph Erb puts said Erb in a fine Chicago-based line-up: cellist Fred Lonberg-Holm, bassist Jason Roebke, and drummer Frank Rosaly. SACK is a studio session, four Erb compositions with lots of free improvising room, in a free jazz vein that blends the Chicago sound with an European approach. The 20-minute “Kadhananlo” is quite eventful. A stimulating listen.

CLAUDIO SCOLARI / Colors of Red Island (Principal Records)
Pour faire court, disons que Colors of Red Island tourne autour d’un duo de percussionnistes. En même, c’est plus que ça, puisque Claudio Scolari joue aussi de la flûte, du piano et des synthétiseurs. Et son acolyte Daniele Cavalca (avec qui il a coécrit la plupart des pièces) est fort au vibraphone et joue aussi de la basse. Simone Scolari ajoute occasionnellement de la trompette. Colors of Red Island nous transporte dans une musique du monde aux influences multiples et complexes, mais la musique qui en sort est elle-même simple d’approche, souvent atmosphérique (jazz feutré, impressionisme délicat, etc.). L’album est long (79 minutes) et devient répétitif, mais divisé en deux ou trois séances, il charme et laisse percer, paradoxalement, le sens de la mesure de Scolari.  [Ci-dessous: une vidéo sur l’enregistrement de l’album, avec extraits.]
In a nutshell, Colors of Red Island revolves around a duo of percussionists. However, it’s more than that, since Claudio Scolari also plays flute, piano, and synthesizers. And his partner Daniele Cavalca (who co-wrote most of the tracks) is often heard on vibes and also plays bass. Simone Scolari occasionally adds a trumpet line. Colors of Red Island delivers World Beat music with complex multiple influences, however the music itself is accessible, easy-going, and often atmospheric (velvety jazz, delicate impressionism, etc.). It’s a long and long-winded album (79 minutes), but listen to it in two or three sittings, and you fall under its spell and, paradoxically, you will feel how much Scolari has a good sense of restraint.  [Below: A video on the making of the album.]

HEY MOTHER DEATH / Hey Mother Death EP (ind.)
Un mini-album paru sur cassette. Hey Mother Death est un duo de Halifax, Laurence Strelka et Denma Peisinger. Laurence est poète-claviériste. Elle dit ses textes en français (deux pièces sur trois) et en anglais (avec un fort accent français). Son murmure sobre est appuyé/habillé par des guitares parfois planantes, parfois morbides, mais toujours lentes, de l’orgue minimaliste et une boîte à rythmes occasionnelle. “You Left Me” a une rythmique plus appuyée, un 6/8 plutôt dub qui fait office de “hit single”. “Black Monday” est une longue pièce expérimentale, tandis que “Desert of Trees and Water” fait penser au doom metal de Nadja. Un premier effort convaincant, j’aime.  [Ci-dessous: Écoutez avant d’acheter sur bandcamp.]
This EP is available on cassette. Hey Mother Death are a duo from Halifax, Laurence Strelka and Denma Peisinger. Laurence is a poet-keyboardist. She says her texts in French (two songs out of three) and in English (with a thick French accent). Her sober murmuring is backed by guitars that are at times atmospheric at times morbid but always slow-paced, minimalist organ, and occasional beat box. “You Left Me”, with its dubbish 6/8 beat is the EP’s hit single. “Black Monday” is a long experimental piece, while “Desert of Trees and Water” is akin to Nadja’s brand of doom metal. A convincing debut. I like it.  [Below: Listen before you buy, on bandcamp.]

JOHN ZORN / The Gnostic Preludes: Music of Splendors (Tzadik)
Il fut une époque où le mysticisme inspirait à John Zorn des musiques de chambre complexes et arcanes. Aujourd’hui, son exploration du même sujet nous vaut des musiques légères, d’une grande beauté, en succession rapide. The Gnostic Preludes est le plus récent volet d’une série dont les racines musicales remontent à Bar Kokhba et The Gift, une série qui, dernièrement, a cessé d’évoluer en soi pour se démultiplier en plusieurs variations d’instrumentations. Dans cette série, The Gnostic Preludes est remarquable par son instrumentation et ses interprètes: la harpiste Carol Emanuel, le guitariste Bill Frisell et le percussionniste Kenny Wollesen (au vibraphone et aux cloches d’orchestre). Une musique qui respire le bien-être, la réflexion, avec une fondation juive et des envolées célestes.
There was a time when mysticism inspired John Zorn complex and arcane chamber music. Nowadays, his exploration of the same field yileds light, beautiful music in rapid succession. The Gnostic Preludes is the latest installment in a series whose musical roots go back to Bar Kokhba and The Gift, a series that has lately stopped evolving to demultiply into several line-up variations. The Gnostic Preludes stands out for its instrumentation and performers: harpist Carol Emanuel, guitarist Bill Frisell, and percussionist Kenny Wollesen (on vibes and bells). This music irradiates well-being and thoughtfulness, with a Jewish foundation and celestial updrafts.

2012-03-28

2012-03-27: Rosen für Alle, Franck Vigroux, Yves Daoust, John Zorn


Journal d'écoute / Listening Diary 
2012-03-27

ROSEN FÜR ALLE / Live in Zurich (Unit Records)
Ce trio free jazz est composé du saxo Christoph Gallio (Day & Taxi), du contrebassiste Jan Roder et du batteur Oliver Steidle. Live in Zurich propose une pièce continue de 50 minutes, une performance musclée sans être brouillonne – du musclé propre, typiquement suisse.
This free jazz trio consists of saxman Christoph Gallio (of Day & Taxi), doublebassist Jan Roder, and drummer Oliver Steidle. Live in Zurich features a single 50-minute piece, a muscular performance that never boils over into the noisy or disjointed realm – clean muscular music, typically Swiss, right?

FRANCK VIGROUX / We (nous autres) (d’autres cordes)
We (nous autres) est un album déroutant de musique électronique, électroacoustique et bruitiste. Chaque pièce adopte une approche différente, d’un doom métal planant qui rappelle Kreng à une techno bruitiste évoquant Ø, en passant par le bruitisme à tout crin. Dix pièces en 42 minutes, mais la dernière en fait 14, et elle s’avère plus ocnséquente, malgré sa progression en tableaux. On y trouve le résumé probant d’un disque audacieux.
We (nous autres) is a confounding album of electronic, electroacoustic, and noise music. Each track features a different approach, from a trippy form of doom metal reminiscent of Kreng to noise techno that brings to mind Ø, by way of all-out noise art. Ten tracks in 42 minutes, but the final track lasts 14 minutes, and it proves to be more consequential, despite it unfolding in various tableaux. In that last track I hear the summary of a bold record.

YVES DAOUST / Voix (empreintes DIGITALes)
J’aime habituellement les travaux d’Yves Daoust, sans être un fan. Par contre, je suis prêt à hisser Voix haut dans le panthéon des produits d’empreintes DIGITALes. À travers ce disque souffle un vent historique, un sentiment de retour sur soi et sur le passé de la musique et de la musique concrète. Voix n’explore pas de nouveaux territoires, il n’est pas révolutionnaire, mais il démontre avec brio la maîtrise et le talent de compositeur de Daoust. Quatre pièces: un autoportrait où Daoust revient à la bande magnétique de ses débuts; une pièce de sons concrets du quotidien (de la musique concrète première manière); un hommage à un vieil ami décédé; enfin, une relecture des chorals de Bach. Cette dernière pièce, “Chorals ornés” (42 minutes) est un tour de force: Daoust a habillé de vêtements électroacoustiques et poétiques 14 chorals de Bach interprétés à l’orgue par Régis Rousseau. Ces ornements soulignent des émotions déjà présentes chez Bach ou font contraste ou apportent une interprétation personnelle. Du grand art.  [Ci-dessous: Ce lien ouvrira le lecteur média d’electrocd.com, où vous pourrez écouter plusieurs extraits de cet album.]
I usually like, not love, Yves Daoust’s works. However, this DVD-A release, Voix, is worth slipping into an empreintes DIGITALes top 10 list. Throughout this record, Daoust is looking back - at himself, at electroacoustic music, at music in general. Voix breaks no new ground, it’s not a revolutionary record, but it showcases the mastery and talent of Daoust as a composer. Four pieces: a self-portrait where Daoust comes back to the Revox tape recorder of his youth; a piece made with daily concrete sounds (in an early musique concrète style); a tribute to an old friend who has passed away; and a rereading of Bach’s chorals. The latter piece, “Chorals ornés” (42 minutes) is a tour de force: Daoust has put electroacoustic and poetic garments over 14 chorals by Bach, performed at the church organ by Régis Rousseau. These ornaments highlight the emotions already contained in Bach’s music, or create constrats or bring in a personal interpretation. A great work of art.  [Below: This link will open electrocd.com’s media player; it contains a handful of soundclips from the album.]

JOHN ZORN / The Goddess (Tzadik)
Plus j’entends d’albums appartenant à la récente veine mélodique/jazz de John Zorn, plus j’apprécie cette veine, tout en ayant de la difficulté à départager ces disques. The Goddess appartient à l’axe In Search of the Miraculous / At the Gates of Paradise / The Dreamers. Il s’inspire des femmes magiciennes, sorcières et divinatrices. Cette série de sept compositions est confiée à un sextuor: Rob Burger (au piano), Kenny Wollesen (au vibraphone), la harpiste Carol Emanuel, Marc Ribot, Trevor Dunn et Ben Perowsky. “Beyond the Infinite” est la pièce de résistance de ce cycle – vive, complexe, enlevante – alors que “Ode to Delphi” et “Heptameron” sont très très très près de l’univers des Dreamers. Cela dit, c’est vraiment beau.
The more I hear albums belonging to Zorn’s recent melodic/jazz vein, the more I appreciate this stream of projects, while having a hard time distinguishing among these discs. The Goddess belongs to the In Search of the Miraculous / At the Gates of paradise / The Dreamers axis. It was inspired by female magicians, witches and prophets. This series of seven compositions are entrusted to a sextet: Rob Burger (at the piano), Kenny Wollesen (on vibes), harpist Carol Emanuel, Marc Ribot, Trevor Dubb, and Ben Perowsky. “Beyond the Infinite” is the pièce de résistance of this cycle – lively, complex, thrilling – while “Ode to Delphi” and “Heptameron” are very, very, very aking to The Dreamers’ repertoire. That being said, it’s a gorgeous disc.

2012-03-27

Délire actuel, 2012-03-27


DÉLIRE ACTUEL

Réécoutez (streaming ou téléchargement) la dernière édition de Délire actuel ICI (cherchez Délire actuel dans la liste).
You can listen (stream or download) to the latest Délire Actuel broadcast HERE (look for Délire Actuel on the list of shows).

Édition du 27 mars 2012
Broadcast of March 27, 2012

DESCRIPTION
DESCRIPTION
Jazz actuel / Portrait musical: Erdem Helvacioglu: 1re heure: Quelques nouveautés en jazz actuel. 2e heure: Portrait du compositeur électroacoustique turc Erdem Helvacioglu.
Avant-Jazz / Musical Profile: Erdem Helvacioglu: 1st hour: New releases in the field of avant-jazz. 2nd hour: Turkish electroacoustic composer Erdem Helvacioglu.

(8:00 pm)




Rezitae Furje Furje
Cinéma Hildegard
10:05

Elemental Determination
Crossroads Unseen
10:19
Euonymous Records


(8:30 pm)





*HYBRID 10TET
Three Grazing Arches
On the Move
07:28

HASSE POULSEN
Opener
Progressive Patriots
04:42

JOËLLE LÉANDRE & PHILLIP GREENLIEF
1st variation for Clarinet and Contrabass
That Overt Object of Desire
02:50

UNDIVIDED
Hoping the Morning Say
Moves between clouds: Live in Warsaw
10:32







 (9:00 pm)





ERDEM HELVACIOGLU
Shadow My Dovetail
Altered Realities
08:49
New Albion

ERDEM HELVACIOGLU & SIRIN PANCAROGLU
Part 1
Resonating Universes
07:26
Sargasso

ERDEM HELVACIOGLU & ROS BANDT
Falconer's Knot
Black Falcon
05:56
Pozitif


(9:30 pm)





ERDEM HELVACIOGLU & ROS BANDT
Returning Home
Black Falcon
08:40
Pozitif

ERDEM HELVACIOGLU
Lead Crystal Marbles
Wounded Breath
17:11
Aucourant Records


merci à/thanks to:

HYBRID 10TET
En concert, avril 2011.
Live, April 2011.


ERDEM HELVACIOGLU
Son site Internet.
His official website.

En concert en 2007.
Live solo performance from 2007.

2012-03-25/26: Theo Bleckmann, Gareth Dickson, Peters/Roden, I Treni Inerti, John Zorn


Journal d'écoute / Listening Diary 
2012-03-25/26

THEO BLECKMANN / Hello Earth!: The Music of Kate Bush (Winter & Winter)
J’adore Kate Bush. J’aime beaucoup Theo Bleckmann, à la voix incomparable. Bleckmann adore Kate Bush aussi et, au jugé des chansons qu’il a sélectionnées pour ce projet hommage, lui et moi jetons notre dévolu sur les mêmes albums clés: The Dreaming, Hounds of Love et The Sensual World – ces trois disques portent dix des quatorze chansons réarrangées par Bleckmann. Il est entouré d’un ensemble de haut calibre comprenant Henry Hey, Caleb Burhans, Skuli Sverrisson et John Hollenbeck. La touche Bleckmann est partout sur ce disque, une touche au bagout jazzé, à la fibre baroque, au souffle contemporain, toujours dans le respect de la mélodie et, surtout, des textes splendides de Kate Bush. Et Bleckmann tape dans le mille plusieurs fois: le plaidoyer de tendresse qu’est “Running Up That Hill,” une “Suspended in Gaffa” d’abord méconnaissable,” une “Violin” presque heavy metal, “Cloudbusting” d’un optimisme qui brasse toujours en moi des émotions vives, délicate “All the Love”, et encore et encore. Seul bémol: Bleckmann pèche par mollesse à quelques reprises, particulièrement dans “And Dream of Sheep”, inconsistente, et dans “Hello Earth” qui aurait mérité plus de fougue. Détails mineurs. En passant, très belle pochette dans la série cartonnée de Winter & Winter.  [Ci-dessous: “All the Love” en concert.]
I love Kate Bush. And I really like Theo Bleckmann, he with the unique voice. Bleckmann loves Kate Bush too and, judging from the track list, he and I both favour the same key albums: The Dreaming, Hounds of Love, and The Dreaming – these three account for ten of the fourteen songs rearranged herein. Bleckmann is backed by a top band consisting of Henry Hey, Caleb Burhans, Skuli Sverrisson, and John Hollenbeck. His touch is felt and heard all over the album: jazzy stance, Early Music vibe, contemporary soul, all with the utmost respect for Bush’s melodies and, most of all, exquiste lyrics. And Bleckmann hits the bull’s eye several times: the plea of “Running Up That Hill,” a reading of “Suspended in Gaffa” that starts off unrecognizable, a heavy-metal take on “Violin,” “Cloudbusting” infused with an optimism that always shakes me to the core, a delicate “All the Love,” and more and more. My only quabble is that Bleckmann’s approach gets too soft a few times, especially in “And Dream of Sheep” (inconsistent version) and “Hello Earth,” who deserved a more passionate reading. Minor quabbles, mind you. Released with a beautiful cover in Winter & Winter’s hardcover series. [Below: Live performance of “All the Love.”]


2012-03-26

GARETH DICKSON / Quite a Way Away (12k - merci à/thanks to Dense Promotion)
Voilà: la transformation de l’étiquette 12k, de la techno minimaliste à la chanson, est maintenant complétée. Le glissement heureux de l’électronique vers l’électroacoustique et l’acoustique, puis de l’instrumental vers la parole, trouve un point d’aboutissement dans ce beau disque de chansons acoustiques signé Gareth Dickson. Il a une voix de beau ténébreux, des textes où la souffrance et le cheminement sont universalisés pour permettre à l’auditeur d’y insérer ses propres expériences. Un disque simple mais d’une grande élégance.
Here we are: the 12k label’s transformation from minimal techno to songwriting is complete. The welcome slide from to electronica to electroacoustic to acoustic music, and then from instrumental music to lyric-based songs finds its culmination in this beautiful CD of acoustic songs by Gareth Dickson. He has the voice of a dark and handsome character, and lyrics were suffering and personal growth are universalized to let the listener insert his or her own personal experience between the words. A simple and very elegant record.

 STEVE PETERS & STEVE RODEN / Not a Leaf Remains as It Was  (12k - merci à/thanks to Dense Promotion)
Ces deux Steve-là représentent bien le courant microsonore des musiques expérimentales d’aujourd’hui. Et dans toute l’œuvre de Steve Roden, je préfère les projets où il chante, ou du moins où il utilise sa voix, frêle et timide. Not a Leaf Remains as It Was est un projet fondé sur la voix, le texte, la chanson, approchée par la lorgnette microsonore. Au menu: quatre pièces de sept à onze où les deux Steve chantent, dans un exercice d’autoeffacement extrême, des mots pigés dans un recueil de poèmes japonais - l’objectif étant d’avoir un matériau phonétique sans réel signifiant ou signifié. Un harmonium, un mélodica, quelques objets suffisent à habiller - d’un rien - ces airs immatériels. À écouter très attentivement.  [Ci-dessous: Un avant-goût de l’album.]
These two Steves are key artists in the microsonic movement. And among Steve Roden’s works I prefer those where he sings - or at least where he makes use of his fragile, shy voice. Not a Leaf Remains as It Was is a project based on voice, text, and song, as seen through a microsonic lens. Four pieces, seven to eleven minutes in duration, where Steve and Steve, in an extreme self-effacing exercise, sing words picked out of a Japanese poetry book – phonetic material used with any real signifier or signified. A pump organ, a melodica, a few objects are enough to - barely - dress up these immaterial melodies. Listen carefully. [Below: A preview of the album.]

I TRENI INERTI / luz azul (Flexion)
I Treni Inerti est un duo formé de Ruth Barberán à la trompette et d’Alfredo Costa Monteiro à l’accordéon. Tous deux utilisent aussi des objets et des préparations. Tous deux ont une approche radicalement silencieuse et bruitiste (non, ce n’est pas contradictoire) de leur instrument. Luz Azul est une improvisation continue de 48 minutes enregistrée en plein air, en pleine nuit, entre deux voies ferrées. Deux trains passent pendant la pièce et ils sont, de loin, les intervenants les plus bruyants dans ce tableau quasi statique mais étonnamment organique.
I Treni Inerti is a duo between Ruth Barberán (trumpet) and Alfredo Costa Monteiro (accordion). Both are also using objects and preparations. And both have a radically silent and noise-based approach to their instrument. Luz Azul is a continuous 48-minute improvisation recorded outdoor, at night, between two railroads. Two trains pass by during the piece, and they are by far the loudest actors in this play. A near-static yet surprisingly organic play.

JOHN ZORN / Mount Analogue (Tzadik)
Je poursuis mon rattrapage de la discographie de Zorn avec une deuxième salve de cinq disques, (il y a eu une première salve le mois dernier) à commencer par Mount Analogue, une parution toute récente. Il s’agit d’une œuvre en un seul mouvement de 38 minutes, constitué d’une soixantaine de moments brefs, tous composés. Pour cette pièce, Zorn s’est plongé dans l’univers mystique de G.I. Gurdjieff (directement et à travers le prisme de René Daumal). Je ne suis pas familier avec ce corpus, mais, comme toutes les compositions à fiches de Zorn, nul besoin de l’être. Mount Analogue est une œuvre foisonante dans laquelle on s’égare facilement mais de bon cœur, entre des fragments musicaux très mélodiques, dans l’axe In Search of the Miraculous, portés par Cyro Baptista, Kenny Wollesen, Tim Keiper (ça fait trois percussionnistes), Shanir Ezra Blumenkranz (oud et basse) et Brian Marsella (claviers). Agréable mais un peu confus à la première écoute, mais je suis sûr que les écoutes ultérieures révéleront de grandes choses.
I’m back on catching up with Zorn’s discography, with a second run of five records (there was a first run last month), and I’m starting with a very recent release called Mount Analogue. A 38-minute one-movement piece made of 60 short through-composed moments. For this work, Zorn has immersed himself in the works of G.I. Gurdjeff (directly and through René Daumal’s prism). I am not familiar with this corpus, but, like all of Zorn’s file card compositions, you don’t need to be to appreciate the music. Mount Analogue is a rich piece in which you easily and lightheartedly get lost, between highly melodic musical fragments (think In Search of the Miraculous). The project is performed by Cyro Baptista, Kenny Wollesen, Tim Keiper (that’s one, two, three percussionists), Shanir Ezra Blumenkranz (oud and bass), and Brian Marsella (keys). Enjoyable but a bit unruly on first listen, although I’m sure future listens will reveal greater, deeper things.

2012-03-26

2012-03-23: So Percussion, Stuttgarter Strasse, VVV, I Treni All'alba

Journal d'écoute / Listening Diary 
2012-03-23

SO PERCUSSION / Cage 100: Bootleg Series (Cantaloupe Music - merci à/thanks to dotdotdotmusic)
John Cage aurait eu 100 ans en 2012 et, pour souligner l’occasion, le quatuor de percussions So Percussion propose un projet d’envergure, à commencer par une longue tournée dont le programme consiste en œuvres de Cage (“Credo in US”, “Imaginary Landscape #1”, “Third Construction”, etc.) et inspirées par lui (“Bottles” de Dan Deacon, “Needles” de Matmos, etc.). Cage 100: Bootleg Series est un “coffret” physique/virtuel très particulier qui comprend: 1 vinyle 12” vierge avec pochette fait-main, une compilation CD d’extraits de la tournée (compilé à l’aide du I Ching) et une carte portant un code d’accès qui permet de télécharger une tonne d’enregistrements issus des concerts de la tournée (cette liste continue de s’allonger, d’ailleurs). Les enregistrements sont réellement de qualité “bootleg”, très écoutables au demeurant. Évidemment, les œuvres se répètent d’un concert à l’autre mais se ressemblent peu, vu le rôle que jouent le hasard et le choix dans l’univers cageien. Édition limitée à 300 exemplaires. Sortie officielle le 27 mars 2012.  [Ci-dessous: Matmos et So Percussion interprétant "Needles" en studio.]
John Cage would have turned 100 years old in 2012 and, to celebrate, percussion quartet So Percussion has put together a grand project, starting with a long tour with a program of Cage works (“Credo in US,” “Imaginary Landscape #1,” “Third Construction,” etc.) and Cage-inspired works (Dan Deacon’s “Bottles,” Matmos’ “Needles” and other collaborations with So Percussion). Cage 100: Bootleg Series is a very original physical/virtual “box set” including: a blank LP with hand-made jacket; a tour sampler CD (compiled using the I Ching); and a card with an access code to download tons of recordings from the tour (the list of recordings is still growing). Recordings are bootleg-quality indeed, but quite listenable. Obviously, works are featured more than once, but count on Cage’s reliance on chance operations and performer choices to make sure that no two performances are quite alike. Edition limited to 300 copies. Street date: March 27, 2012.  [Below: Matmos & So Percussion performing "Needles" in the studio.]


STUTTGARTER STRASSE / Ansichtkarten Aus Wales EP (Discrient Hearing/AWAL Records - merci à/thanks to John Bourke PR)
Ce disque (dont le titre se traduit par “Cartes postales du Pays de Galles”) est un hommage à Kraftwerk signé Justin Toland. Quatre chansons électroniques minimalistes à la voix robotisée portant sur l’ère post-industrielle. L’ambiance Kraftwerk est facile à reconnaître, mais l’approche de Toland est encore plus dépouillée et répétitive que ce que faisait le groupe allemand. Rapidement lassant.
This EP (whose title transltes to “Postcards from Wales”) is a tribute to Kraftwerk by one Justin Toland. Four minimal electronic songs about the post-industrial era, capped by a robotic voice. The Kraftwerk atmosphere rings true, but Toland’s music is even more stripped-down and repetitive than the German band’s. And it quickly grows tiresome.

VVV / Across the Sea (Fortified Audio Records - merci à/thanks to John Bourke PR)
Shawhin Izaddoost, alias VVV, fait dans la techno pulsante, dansante, mais réfléchie. Sur Across the Sea, il fait preuve d’un certain flair pour monter des bribes de chant et faire valser ses rythmes vers des univers plus dub. Cela dit, ça demeure assez simple, trop à mon goût.
Shawhim Izaddoost, aka VVV, plays pulsing, dancing, thoughtful techno music. On Across the Sea, he displays a certain talent for assembling bits of singing into melodies and pushing his beats into dub pastures. Still, it all remains pretty simple - too simple and predictable for my liking.

I TRENI ALL’ALBA / 2011 A.D. (Inri)
Groupe italien de rock progressif instrumental, I Treni All’Alba fait dans les guitares mordantes. Pas vraiment prog metal, mais 2011 A.D. déménage pas mal. Un peu linéaire dans l’écriture, mais les arrangements ont du chien. Sympa.
An Italian instrumental progressive rock band, I Treni All’Alba are a crunchy guitar-led combo. Not quite prog metal, though 2011 A.D. sure rocks hard. Slightly linear in the composition department, but the arrangements are racy. A fun album.