2014-02-27
Certains d’entre vous se rappeleront peut-être
d’Arturo Parra, guitariste classique virtuose qui a collaboré avec quatre
compositeurs québécois d’électroacoustique le temps d’un disque et d’un concert
intitulé Parr(a)cousmatique. J’y
retourne encore avec grand plaisir, à ce disque. Voilà qu’il a publié un
nouveau CD. Je vous averti, c’est un tout autre monde: Terra Incognita consiste en sept pièces pour guitare solo. Pas
d’électroniques ni de traitements, peu de techniques étendues (elles sont
subtiles), pas d’improvisation. L’écriture de Parra est méthodique, avec des
thèmes mélodiques ravissants et des développements soignés. Et son jeu est
chaud, riche, touchant. Les textes de présentation (en français, anglais et
espagnol) sont d’une grande beauté. “Torrent de vie” m’a fait penser à Paco De
Lucia par moments, mais c’est peut-être tout simplement parce que ce dernier
vient de nous quitter.
Some of you may
remember Arturo Parra, the virtuoso classical guitarist who worked with four
Québécois electroacoustic composers on a record and a concert entitled Parr(a)cousmatique – I still go back to this CD with much
pleasure. Well, Parra just released a new CD, and it has nothing to do with Parr(a)cousmatique. Terra Incognita features seven compositions for solo guitar. No electronics or
treatments, very few (and subtle) extended techniques, no improvisation.
Parra’s writing is methodical, with beautiful melodies and sophisticated
developments. And he has a warm, rich, moving sound. The booklet contains
beautifully-written notes about each piece, in French, English, and Spanish.
“Torrent de vie” reminds me at times of Paco De Lucia, but that may be only due
to the fact that De Lucia just passed away.
Le pianiste français Gaël Mevel vient de partir sa
propre étiquette, Label Rives, dont les disques compacts sont livrés entre deux
carrés de caoutchouc magnétique peints à la main.Original et élégant. La
première parution est une session enregistrée en novembre 2012 avec Mevel, son
compatriote le batteur Thierry Waziniak et les New-Yorkais Michael Attias (saxo
alto) et John Hebert (contrebasse). Ce quatuor improvise sur des thèmes
composés par Mevel. Jazz doux, tendre et créatif, rien de mièvre. Mevel a
toujours eu le don d’une beauté immédiate mais recherchée, et cette fois cela
s’applique autant au contenu de ce disque qu’à son contenant. J’attendrai les
parutions suivantes avec impatience – deux autres titres sont déjà à paraître. [Ci-dessous:
“De loin”.]
French pianist
Gaël Mevel has started his own label, Label Rives, whose CDs are housed between
two hand-painted sheets of magnetic rubber. Original and elegant. The first
release is a session recorded in November 2012 with Mevel, fellow Frenchman
Thierry Waziniak on drums, and New Yorkers Michael Attias (alto sax) and John
Herbert (doublebass). This quartet improvises on themes composed by Mevel.
Quiet, tender, creative jazz – no schmaltz. Mevel always had a gift for
immediate yet sophisticated beauty, and this time it applies to both content
and container. There are already two other titles scheduled for release – I’ll
await them eagerly. [Below: “De loin.”]
Pour leur deuxième session studio en tant que Machine
Mass, le guitariste Michel Delville et le batteur Tony Bianco (tous deux dans
Doubt) ont invité le saxophoniste Dave Liebman à se joindre à eux. À ce trio
s’ajoutent les boucles rythmiques programmées par Bianco, de longues boucles
complexes qui fonctionnent comme une quatrième voix d’importance presque égale
aux autres. L’ensemble donne un jazz-rock actuel, souvent sinueux, qui emprunte
au drum‘n’bass sans s’y conformer. La chanson “The Secret Place” (interprétée
par Saba Tewelde) détonne et n’est pas à sa place sur ce disque, alors que la
reprise de “In a Silent Way” et la longue improvisation collective “Elisabeth”,
elles, lui donne tout son sens, fixant les bornes extrêmes du son du trio, qui
se trouve en plein milieu.
For their second
studio session as Machine Mass, guitarist Michel Delville and drummer Tony
Bianco (both in Doubt) invited sax player Dave Liebman to join them. To this
line-up must be added the rhythm loops programmed by Bianco, long and complex
loops that act like a fourth player of almost equal importance. The result is a
creative, often sinuous form of jazz-rock that borrows a bit from drum’n’bass
without conforming to that style’s rules. The song “The Secret Place”
(performed by Saba Tewelde) sticks out, not quite at home on this record, while
the cover of “In a Silent Way” and the long collective improvisation
“Elisabeth” are right at home, setting the boundaries withing which the band’s
trio can be defined.