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2014-10-23

2014-10-22: Michael Jon Fink, Newman/Cox, Day & Taxi, The Group, Coax Orchestra

Journal d'écoute / Listening Diary 
2014-10-22

MICHAEL JON FINK / From a Folio (Cold Blue Music)
Un mini-album de 18 minutes qui consiste en un cycle de 7 courtes compositions pour violoncelle et piano de Michael Jon Fink, interprétées par Fink et le violoncelliste Derek Stein. Mélancolique, lent, simple. On pense au post-classique, genre Olafúr Arnalds dénué d’électroniques, mais n’oublions pas que l’écurie Cold Blue faisant du post-classique avant l’émergence de cette catégorie. Et From a Folio est une œuvre typique de l’écurie Cold Blue: d’une apparente simplicité et belle comme la musique contemporaine n’a pas le droit de l’être.
An 18-minute EP consisting in a 7-piece cycle of compositions for cello and piano by Michael Jon Fink, performed by Fink and cellist Derek Stein. Melancholy, slow, simple. Post-classical comes to mind, like Olafúr Arnalds stripped of his electronic shades, but let’s not forget that the Cold Blue crew were doing post-classical before the term post-classical was coined. And From a Folio is a work as typically Cold Blue as they come: misleadingly simple, and gorgeous like contemporary music has no business to be.

THOMAS NEWMAN & RICK COX / 35 Whirpools Below Sound (Cold Blue Music)
Une proposition étrange et pas tout à fait réussie. Thomas Newman à divers instruments (accordéon jouet, violon, etc.), Rick Cox à la guitare préparée (surtout), plus Jeff Elmassian à la clarinette, le tout agrémenté d’enregistrements de terrain. Dix-neuf courtes pièces formant trois suites. Le tout demeure très doux et se fond dans mon décor sonore, au point où j’oublie sa présence. Les pistes défilent sans que je m’en rende compte. Bref, sans être désagréable, ça manque de présence.
A strange proposition, not quite successful. Thomas Newman on various instruments (toy accordion, violin, etc.), Rick Cox (mostly) on prepared guitar, plus Jell Elmassian’s clarinet, and the whole thing is peppered with field recordings. Nineteen short tracks arranged in three loose suites. The whole thing remains very calm, subdued, and it blends into my listening environment to the point I forget it’s there. Track go by and I don’t notice them. In other words, I don’t dislike this CD but it clearly lacks presence.

DAY & TAXI / Artists (Percaso)
Le trio Day & Taxi du saxophoniste Christoph Gallio vient de sortir un disque double (deux CD de 45 minutes) où je retrouve la finesse, l’inventivité et le goût de la forme courte auxquels il m’a habitués au fil des ans. Soutenu par une jeune section rythmique (Silvan Jeger et David Meier), Gallio enfile les compositions originales, oscillant entre cette précision toute suisse (ce n’est pas un cliché: le jazz actuel suisse est vraiment très précis) et le côté plus folichon des Italiens, sans oublier l’influence de Steve Lacy, particulièrement frappante dans “Vero Vera?”. Cela dit, panachée, agréable, stimulante qu’elle soit, la musique de Gallio n’est pas du genre à déclencher les passions. Et c’est presque dommage.
Saxophonist Christoph Gallio’s trio Day & Taxi just dropped a double album (90 minutes over two CDs) where I find the finesse, invention, and taste for short forms the man got me used to over the years. Backed by a young rhythm section (Silvan Jeger and David Meier), Gallio runs through original compositions that range from Swiss precision – it’s not a cheap cliché: modern Swiss jazz is very precise – and the wilder side of Italian creative jazz, not to forget a strong influence from Steve Lacy, especially in “Vero Vera?”. Sadly, as sophisticated, enjoyable, and titillating Gallio’s music is, it is not the kind of music people get passionate about.

THE GROUP / The feed-back (Schema Records)
Très belle réédition sur CD, en fac-similé, d’un microsillon paru en 1970. The Group? En fait, il s’agit du troisième album du Gruppo D’Improvvisazione Nuova Consonanza, la réponse italienne à AMM et au Spontaneous Music Ensemble. Et oui, c’est bien Ennio Morricone à la trompette. La surprise avec ce disque, c’est que les trois morceaux, bien qu’issus d’improvisations libres, sont dominés par le rythme: des motifs de batterie souples mais répétitifs. En fait, The feed-back, c’est la synthèse entre AMM et Can. Plus une curiosité qu’un essentiel, mais une écoute intéressante – on se laisse prendre par ces rythmes – et un disque assez unique pour l’époque.
Gorgeous fac simile reissue on CD of an LP first released in 1970. The Group, you say? This is actually the third LP by Gruppo D’Improvvisazione Nuova Consonanza, Italy’s answer to AMM and the Spontanous Music Ensemble. And yes, it’s Ennio Morricone you hear on trumpet. The surprise with this record is that all three tracks, though freely improvised, are driven by rhythms: supple yet repetitive drum beats. In fact, The feed-back sounds exactly like a fusion between AMM and Can. It’s more of a curiosity than an essential item, but it makes an interesting listen – those beats are quite catchy – and it’s a pretty unique record for the time.

COAX ORCHESTRA / Lent et sexuel (Coax Records)
L’ensemble du collectif Coax, dans un programme de 40 minutes de compositions du batteur Yann Joussein. Celui est entouré de sept musiciens appartenant à d’autres ensembles du collectif, comme Radiation 10 et Métal-o-Phone. Les titres sont révélateurs: Le morceau “Lent et sexuel” l’est, tout comme “Discoax” est disco, “Funky” est funky, etc. Mais ces indications sont l’occasion de pastiches qui dérapent, de jeu de codes, de détournements d’attentes. J’ai pris mon pied grave, particulièrement à cause des fortes influences de Doctor Nerve que j’entends dans tout ça – notons la présence de deux solides guitaristes en Julien Desprez et Simon Henocq. Bref, un jazz rock actuel punché, sale, très efficace. Si le Coax Orchestra est une bête sauvage, alors les compositions de Joussein font office de dresseur de fauves! [Ci-dessous: “Discoax”.]
The Coax collective’s ensemble in a 40-minute set of compositions by drummer Yann Joussein, surrounded by seven other musicians, most of whom also play in other Coax-related bands like Radiation 10 and Métal-o-Phone. Track titles are self-explanatory: “Lent et sexuel” is indeed slow and sexual – sleazy if you prefer, just like “Discoax” is disco, and “Funky” is funky. But these indications are pretexts for off-the-wall pastiches, plays on codified genres, and expectation hijacking. I’ve had tremendous fun listening to this CD, mostly because of the strong similarities I hear with Doctor Nerve – and let me point out the presence of two strong guitarists in this orchestra, namely Julien Desprez and Simon Henocq. So, this is punchy, gritty, ultra-efficient avant-jazz-rock, and if Coax Orchetra is a wild beast, then Joussein’s compositions act as the lion’s tamer! [Below: Discoax.”]


2013-09-10

2013-09-09: Stephen Whittington, Jim Fox, Koji Asano, Juxtavoices


Journal d'écoute / Listening Diary 
2013-09-09

STEPHEN WHITTINGTON / Music for Airport Furniture (Cold Blue Music)
L’étiquette Cold Blue Music vient de publier deux mini-albums. Le premier est un quatuor à cordes de Stephen Whittington intitulé “Music for Airport Furniture”. Interprétée par le quatuor Zephyr, cette œuvre de 23 minutes a quelque chose de Mahler, de Ligeti et de Feldman – lenteur du geste, tristesse du propos, lyrisme de la forme. Intéressant, mais un peu long, surtout dans l’avant-dernière partie.
The Cold Blue Music label just released two CD Eps. The first one is a string quasrtet by Stephen Whittington entitled “Music for Airport Furniture.” This 23 minute work, performed by the Zephyr Quartet, has traits of Mahler, Ligeti, and Feldman – slow actions, melancholy topic, lyrical form. Interesting, but a bit long, especially the penultimate section.

JIM FOX / Black Water (Cold Blue Music)
L’autre mini-album est signé Jim Fox. Celui-ci propose une pièce de 18 minutes pour trois pianos (les trois parties sont interprétées par l’excellent Bryan Pezzone). “Black Water” est un remous, une déferlante ininterrompue de variations harmoniques qui rappelle les logorrhés de Lubomyr Melnick. Cette pièce happe rapidement l’attention et la transporte jusqu’à la dernière mesure. On ne s’y noie pas, mais on y perd le nord.
The other EP is by Jim Fox. It consists in an 18-minute piece for three pianos (all parts performed by the great Bryan Pezzone). “Black Water” is a turmoil, a crowning wave of harmonic variations that doesn’t let go. It reminds me of Lubomyr Melnick’s logorrhea. This work drags you away and carries you all the way to the last bar. You won’t drown, but you will get lost.

KOJI ASANO / String Quartet No.1-No.4 (Solstice)
Pour son cinquantième album, Koji Asano revient à la musique de chambre entièrement acoustique. Le quatuor à cordes Avanza Quartet se charge d’interpréter ces quatre quatuors mystérieux. Le premier, “Milano” semble ici tout droit de la période baroque… ou presque. Puis, dès le deuxième, les “pollutions” se multiplent – des dérapes subtiles mais bien présentes, gestes idiosyncratiques de l’œuvre instrumentale d’Asano. Dans l’ensemble, un disque agréable et déstabilisant (et c’est là la grande différence entre la musique de chambre et l’électroacoustique d’Asano: la première est éminemment plus écoutable que la seconde). En téléchargement seulement.
For his fiftieth album, Koji Asano comes back to entirely acoustic chamber music. The Avanza Quartet performs his four mysterious string quartets. The first one, “Milano”, seems to come straight out of the Baroque era… well, almost. By the second string quartet, “pollutions” multiply – subtle but very tangible stylistical slides, pure idiosyncratic gestures from Asano. Overall, this is an enjoyable and destabilizing record – and that is the main difference between Asano’s chamber music and electroacoustic music: the former is a lot more listenable than the latter. Available only as a download.

JUXTAVOICES / Juxanother antichoir from Sheffield (Discus)
La chorale expérimentale Juxtavoices est codirigée par Martin Archer et Alan Halsey. Celle-ci, après une apparition sur l’album de l’Orchestra of the Upper Atmosphere, publie son premier disque. Au programme: des œuvres d’Archer et de Halsey, sur des textes d’eux et de Beckett, Bob Cobbing, Christine Kennedy, Gertrude Stein et Geraldine Monk. La trentaine de chanteurs, dont certains sont des professionnels, ont une bonne maîtrise des techniques étendues de l’expression vocale. Les œuvres sont largement écrites et font souvent appel à d’intéressantes techniques de contrepoint et d’harmonie. Ailleurs, la chorale se comporte comme un récif de corail, ses constituants répondants aux divers courants imprimés par les signaux du chef de chœur. Très fort.  [Ci-dessous: dix minutes d’extraits de l’album.]
The experimental choir Juxtavoices is co-lead by Martin Archer and Alan Halsey. After a guest appearance on the Orchestra of the Upper Atmosphere’s debut album, it releases its first CD. The program contains works by Archer and Halsey on texts by them, plus Beckett, Bob Cobbing, Christine Kennedy, Gertrude Stein, and Geraldine Monk, The thirty-or-so singers, some of them professionals, have a sound mastery of extended vocal techniques. Works are largely written and often use interesting counterpoint and harmony techniques. Elsewhere, the choir behaves like a coral reef, each element responding to the various currents of the conductor’s gestures. Very strong material.  [Below: A 10-minute montage of excerpts of the album.]

2012-10-31

2012-10-30: Cold Blue Two, Roedelius/Chaplin, Steve Moore


Journal d'écoute / Listening Diary 
2012-10-30

ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / Cold Blue Two (Cold Blue Music)
Dans les années 80, une petite étiquette, Cold Blue, lançait une compilation qui allait mettre sur la carte un groupe de compositeurs de la côte ouest américaine. Ces compositeurs partageaient tous une certaine esthétique: musique délicate visant le beau et le simple à travers le prisme de la modernité et de l’avant-garde. Voici que Cold Blue récidive avec Cold Blue Two, compilation d’une heure qui propose des œuvres courtes de (entre autres) Daniel Lentz, Ingram Marshall, John Luther Adams, Chas Smith, Rick Cox, Jim Fox, Michael Jon Fink, Gavin Bryars, et James Tenney. Parmi les interprètes, on compte le quatuor à cordes ETHEL, l’accordéoniste Guy Klucevsek et le clarinettiste Marty Walker. L’ensemble s’écoute d’un trait avec plaisir – c’est dire que la cohésion esthétique autour de Cold Blue perdure, sans pour autant substituer l’homogénéité à la créativité. “Sky with Four Suns” d’Adams est splendide, mais ce n’est qu’une des nombreuses splendeurs sur ce disque.
In the ‘80s, a small independent label called Cold Blue released a compilation that would put a whole group of composers from the US West Coast on the map. Those composers shared a certain style: delicate music that aimed for beauty and simplicity through the lens of modernity and the avant-garde. Thirty years later, Cold Blue delivers another compilation album featuring short works by (among others) Daniel Lentz, Ingram Marshall, John Luther Adams, Chas Smith, Rick Cox, Jim Fox, Michael Jon Fink, Gavin Bryars, and James Tenney. Among the performers are the ETHEL string quartet, accordionist Guy Klucevsek, and clarinettist Marty Walker. The album as a whole goes down very well – the esthetic cohesion around the Cold Blue name carries on, but creativity rules over homogeneity. Adams’ “Sky with Four Suns” is gorgeous, but there’s plenty of other splendors waiting for you on this CD.

HANS JOACHIM ROEDELIUS & CHRISTOPHER CHAPLIN / King of Hearts (Sub Rosa - merci à/thanks to Dense Promotion)
Collaboration entre Roedelius et l’électronicien Christopher Chaplin, qui agit ici à titre de remixeur des bandes fournies par Roedelius. Cette collaboration a pris son envol dans le cadre d’une émission radiophonique de la BBC, avant de se prolonger pour ce disque (qui intègre des extraits de ladite émission). Au final, King of Hearts est un album doux, agréable mais insubstantiel. C’est joli, mais peu conséquent.
A collaboration between Roedelius and electronic artist Christopher Chaplin, here remixing the material provided by Roedelius. This collaboration started on a BBC radio show, before being expanded for this album (which includes material from said show). King of Hearts is a mellow album, enjoyable but forgettable. I didn’t see a reason to hit the stop button, but I don’t find a reason to hit play again.

STEVE MOORE / Light Echoes (Cuneiform)
L’étiquette Cuneiform revient à la musique électronique (on en trouvait beaucoup dans son catalogue à une certaine époque – Piero Milesi, Forrest Fang, etc.) avec un album solo de Steve Moore du duo Zombi. De l’électronique old school à l’allemande – “Ancient Shorelines II”, 28 minutes, évoque nettement le travail de Klaus Schulze (circa Timeline) et de Tangerine Dream (circa Ricochet). Et même si l’approche plus rétro que celle de Roedelius et Chaplin, le résultat est plus satisfaisant. Il y a un certain classicisme dans Light Echoes, une pureté de forme qui me plaît. [Ci-dessous: Téléchargez gratuitement la pièce “Tyken’s Rift”.]
Cuneiform Records is coming back to electronic music (it was releasing a lot of it in a different century – Piero Milesi, Forrest Fang, etc.) with a solo CD by Zombi’s Steve Moore. Old-school German-style electronic music – “Ancient Shorelines II,” 28 minutes, is strongly reminiscent of Klaus Schulze (circa Timeline) and Tangerine Dream (circa Ricochet). And although Moore’s approach is a lot less avant-garde than Roedelius and Chaplin’s, I find the results more satisfactory. There is a certain form of classicism, a purity of form in Light Echoes that I find endearing. [Below: Cuneiform offers the track “Tyken’s Rift” as a free download.]

2011-05-02

2011-04-29: John Luther Adams, Olivier Benoit, Inien


Journal d'écoute / Listening Diary 
2011-04-29

JOHN LUTHER ADAMS / Four Thousand Holes (Cold Blue Music)
Avis de subjectivité: je suis un fan de John Luther Adams. J’Irais même jusqu’à dire que dans l’univers de la musique contemporaine, il est mon compositeur préféré. Ses musiques sont à la fois éminemment contemporaines et hors du temps. Four Thousand Holes propose deux nouvelles œuvres. La pièce-titre (33 minutes) consiste en un univers sonore fait d’accords de piano grandiloquents, de percussion et de conception électronique - le banal, le mondain se voit transformé à travers la durée en un état zen de transformation dans la stabilité. “…and bells remembered…” (10 minutes) compte parmi ses plus belles œuvres: un canevas délicat de cloches et de vibraphones arrangés en cycles imbriqués. Intelligent, sensible, simple, apaisant. Bravo. Son plus beau disque chez Cold Blue depuis The Light That Fills the Void.
Subjectivity notice: I’m a fan of John Luther Adams. I would even go as far as saying that he is my favourite so-called contemporary music composer. Four Thousand Holes features two new works. The 33-minute title track consists in a sounworld of grandiloquent piano chords, percussion and electronics – the trite, the mundane, transformed through durartion into a Zen state of change in stability. “…and bells remembered…” (10 minutes) is one of Adams’ most beautiful pieces: a delicate canvas of bells and vibraphones arranged in embedded cycles. Intelligent, sensitive, simple, appeasing. Bravo. His best Cold Blue record since The Light That Fills the Void,

OLIVIER BENOIT / Serendipity (Circum-Disc / Helix)
Quatrième référence dans la collection Helix de l’étiquette Circum-Disc, ce disque solo du guitariste Olivier Benoit nous ramène à une forme d’expression réifiée, l’instrument servant d’objet producteur de sons, plutôt que de notes. Les trois pièces non titrées explorent une palette sonore très restreinte (manipulation des picks-ups, bourdon d’amplificateur), d’une manière éminemment sérieuse et tendue. Ça me rappelle la période la plus bruitiste de René Lussier (Dur Noyau Dur avec Martin Tétreault) et la scène onkyo. Pas une écoute facile. D’ailleurs, l’auditeur novice pourrait facilement balayer de la main ce genre d’exercice comme du “n’importe quoi”. Mais arriver à un tel dépouillement et y être convaincant demande un niveau de pratique et d’assurance qu’on s’imagine difficilement.
A fourth title in Circum-Disc’s Helix series, this solo record from guitarist Olivier Benoit takes us back to a reified form of expression, the musical instrument being used as a generator of sounds instead of notes. The three untitled pieces exploer a very limited sound palette (pick-up treatments, amplifyier hum), in a very serious and tense way. It reminds me of René Lussier’s noisiest period (Dur Noyau Dur with Martin Tétreault) and the Onkyo scene. Not an easy listen. In fact, beginner listeners may be tempted to brush Serendipity away as inconsequential. However, reaching such a level of starkness and being convincing requires a very high level of practice and assurance.

INIEN / Favoriten (Schraum)
Inien est un duo d’improvisation microscopique formé du contrebassiste Axel Haller et du violoncelliste Johannes Tröndle. On pense difficilement à un duo de cordes au fil de Favoriten, sauf dans l’ultime pièce, “Zajeci”, où les archets font effectivement vibrer les cordes, à la recherche de microtonalités. Pour le reste, tout est chuintements, bruits de caisse, silences lourds de sens, bourdons et grattements énigmatiques. Un disque intense à sa manière, mais aride. Similaire dans l’esprit au récent disque de Philippe Lauzier sous la même étiquette allemande.
Inien is a microscopic improvisation duo formed by doublebassist Axel Haller and cellist Johannes Tröndle. “String duo” rarely comes to mind while listening to Favoriten, except in the final track “Zajeci” where bows actually make strings vibrate, in search of microtonalities. The rest of the album is all about (instrument) body sounds, quiet screeches, pregnant silences, drones, and enigmatic scratchings. Intense in its own way, yet arid. Similar in spirit to the recent Philippe Lauzier CD released by the same German label.

2009-10-22

2009-10-22: Gong Global Family, Christopher Hobbs, Goh Lee Kwang, Joe Morris, ProgFest '97

Journal d'écoute/Listening Diary

2009-10-22


GONG GLOBAL FAMILY / Live in Brazil, 20 November 2007 [DVD] (Voiceprint)

Debout avant l’aube ce matin, j’en ai profité pour regarder ce DVD. À l’automne 2007, Daevid Allen a fait une petite tournée brésilienne (un festival et quelques autres concerts) sous le nom “Gong Global Family” avec un groupe hybride: Josh Pollock et Michael Clare de University of Errors, plus trois membres du Invisible Opera Company of Brazil (les IOC sont un réseau international de groupes hommages à Gong, une banque mondiale d’accopagnateurs pour Allen). À noter l’absence de Gillie Smythe, et donc un programme particulièrement dynamique, expurgé des moments plus calmes. Lorsque la présence de Smythe se ferait trop sentir, Pollock chante dans un mégaphone (et ça marche plutôt bien!). La scène est plutôt nue (un concert de Gong sans “light show”?!?), mais c’est une prestation enjouée et Allen est aussi bon enfant qu’à son habitude. Attention: ce sont les interprétations les plus près des albums originaux que j’aie entendues depuis plusieurs années. Au menu, entre autres: “Radio Gnome Invisible”, “Fohat Digs Holes in Space” (avec sa partie chantée), “Master Builder” et les triplettes “Tropical Fish”, “Selene” et “Dynamite”. Tournage professionnel, bon montage sans trop de flaflas psychédélico-mochetons. [Ci-dessous: Un extrait de “Fohat Digs Holes in Space.”]

Up before sunrise this morning, so I took the opportunity to watch this DVD. In the fall of 2007, Daevid Allen did a short tour of Brazil (one festival and a couple more small-scale shows) under the name Gong Global Family, with a hybrid group: Josh Pollock and Michael Clare from University of Errors, plus three members of Invisible Opera Company of Brazil (IOC is a global network of Gong tribute bands, Allen’s world bank of backing musicians). Gillie Smyth being missing in action, the set list is unusually fast-paced – no spacy tracks. Whenever Gillie’s absence would leave too much of a void, Pollock sings into a megaphone – and it works rather well! The stage is very basic (what, a Gong show without any lightshow?!?), but it’s a cheeky performance, and Allen is as playful as ever. Warning: These are the closest-to-the-original-album performances I’ve heard in a while. On the set list, among others: “Radio Gnome Invisible,” “Fohat Digs Holes in Space” (with the song bit), “Master Builder,” and the triple-shot of “Tropical Fish,” “Selene” and “Dynamite.” Professional filming and editing, with very few psych-gaga effects. [Below: A clip from “Fohat Digs Holes in Space”.]


CHRISTOPHER HOBBS / Sudoku 82 (Cold Blue)

Une idée simple, probablement plus complexe à mettre en œuvre qu’il n’y paraît: laisser un jeu de sudoku composer de la musique. C’est ce que fait Christopher Hobbs avec sa série “Sudoku”. Il décide de l’allure générale de la pièce (palette sonore, durée), mais laisse les chiffres placer notes et silences. Entièrement interprétée par Bryan Pezzone, Sudoku 82 est un doux et tendre octuor de piano de 19 minutes. Un poème tonal mais déconstruit, aux fioritures étranges, à la logique absente, le genre de pièce qui génère sa propre atmosphère et qui pourrait se poursuivre éternellement. Néo-romantisme aléatoire? Non, tout simplement une œuvre posée qui s’inscrit parfaitement dans le canon de l’étiquette Cold Blue. (Publié dans la série de mini-albums à petit prix de cette étiquette.)

A simple idea, probably more complex to realize than it may seem: let a sudoku compose music. That’s what Christopher Hobbs is doing with his “Sudoku” series: he pens down the basic elements of a piece (sounds, duration), then lets the numbers game put the notes and rests in place. Sudoku 82 is a quiet 19-minute piano octet entirely performed by Bryan Pezzone. A deconstructed tone poem full of strange ornamentations, devoid of logic, the kind of piece that generates its own mood and could go on forever. Random neo-romanticism? No, it’s simply a quiet work that fits quarely within the canon of the Cold Blue label. And it’s beautiful. (Released in Cold Blue’s low-priced EP series).


GOH LEE KWANG / Draw Sound/Coins (Künstlerhäuser Worpswede)

L’artiste sonore malaysien Goh Lee Kwang propose ici un mini-CD de huit minutes comprenant 98 événements sonores consistant uniquement en pièces de monnaie frappant ou roulant sur une table. Ce n’est que par l’écoute rapprochée qu’on distingue un traitement numérique (certaines pièces “reviennent” dans la main du lanceur, d’autres oscillent d’une drôle de manière). Une pièce très subtile, accompagnée d’un livret format portefeuille contenant 32 gribouillis à la mine, des élans spontanés de mouvement sans raffinement. Une œuvre intrigante, pour le moins.

Malaysian sound artist Goh Lee Kwang delivers an eight-minute mini-CD (3”) containing 98 sound events consisting solely of coins being dropped on a hard surface. Only when listening up close can you detect some digital treatment (some coins jump back in the thrower’s hand, others spin in odd ways). A very subtle work accompanied by a wallet-sized booklet presenting 32 pencil scribbles, spontaneous, unrefined outbursts of movement. An intriguing work to say the least.


JOE MORRIS QUARTET / Today on Earth (AUM Fidelity - merci à/thanks to improvised communications)

Joe Morris connaît une de ces années à tout casser. Rien ne semble l’arrêter et les parutions sur disque se multiplient. Dernière - et meilleure! - en lice: cette session studio avec son quartet. Il est à la guitare (j’aime moins son jeu de contrebasse), ce sont ses compositions, l’enregistrement est très bon. Avec Jim Hobbs (The Fully Celebrated) au saxo, Timo Shanko à la basse, Luther Gray à la batterie. Un jazz actuel américain vivant, qui transporte la tradition jazz dans le 21e siècle. De bonnes compos, quelques solos d’une grande virtuosité, une synergie exemplaire entre les musiciens. L’un des meilleurs disques de jazz de 2009. [Ci-dessous: Un extrait de “Imaginary Solutions”.]

Joe Morris is having one of them crazy years. Nothing can seem to stop him, as he is releasing one CD after another. The latest – and best! – one is this studio session with his quartet. He is playing guitar (I’m less fond of his doublebass playing), it’s his compositions, and the recording sounds great. With Jim Hobbs (The Fully Celebrated) on sax, Timo Shanko on bass, and Luther Gray on drums. Lively American avant-jazz, the kind that propells the jazz tradition into the 21st century. Good compositions, virtuoso solos, exemplary synergy between the players. One of the best jazz albums of 2009. [Below: An excerpt from “Imaginary Solutions”.]

http://www.aumfidelity.com/Excerpts/58/Solutions-X.mp3


VARIOUS ARTISTS / ProgFest ’97 (Voiceprint)

Oui, c’est une compilation archiconnue des amateurs de rock progressif, l’une des premières (sinon LA première) à documenter la vague des festivals américains de rock progressif. Mais Voiceprint vient de rééditer ce CD double (ainsi que le DVD qui reprend l’essentiel de son contenu). Depuis, ProgFest est mort de sa belle mort, d’autres festivals américains se disent en difficulté année après année, le NEARFest a brillamment survécu à un changement de garde en 2009, et le Festival des musiques progressives de Montréal annonçait son sabordement au début du mois. Dans le genre compilation issue d’un festival, ProgFest ’97 avait placé la barre plutôt haute: excellent son, deux disques généreux, un joyeux mélange de grands noms, une bonne sélection musicale, même si ce festival adoptait une définition assez étroite du rock progressif. Au menu: John Wetton interprétant des chansons de King Crimson et UK, Le Orme (dont un gros extrait de Felona & Serona), Arena (que je n’aimerai jamais), Big Elf, Sinkadus (une redite, puisque le concert complet du groupe à a fait l’objet d’un disque depuis) et les Flower Kings et Spock’s Beard tôt dans leurs carrières. Sympa.

Yes, this comp is very well known by the prog rock crowd. It was one of the first ones (THE first one?) to document the wave of American prog rock festivals. Anyway, Voiceprint just reissued this double CD set (and, separately, the video DVD). Since its original release in 1997, ProgFest has gone under, other American festivals have a hard time going by year after year, except for NearFEST which brilliantly survived a change of the guard in 2009, and the Montreal FMPM festival has announced it was folding earlier this month. ProgFest ’97 had set the bar high for festival-documenting comps: excellent sound, two generous CDs, a nice combination of big names, a good selection of tracks, even though that festival’s definition of prog rock was rather restrictive. On the menu: John Weeton performing songs by King Crimson and UK, Le Orme (including a big chunk of Felone e Serona), Arena (I’ll never like those guys), Big Elf, Sinkadus (unnecessary, since, their whole ProgFest set has been released on CD since), and The Flower Kings and Spock’s Beard captured rather early in their careers. A fun listen.

2009-10-16

2009-10-15: Eric Cordier, Capparos/Marchetti, Cindytalk, Christopher Rovberts, Tresbass

Journal d'écoute/Listening Diary

2009-10-15


ERIC CORDIER / Osorezan: Selected Field Recordings 1993-2006 (Herbal Records)

Paru en 2007 mais frais reçu. Un superbe disque par un grand artiste sonore de terrain. Cordier se limite à saisir les sons sur place, tels qu’ils se présentent. Pour varier le point de vue, il se déplace. D’un intérêt tout particulier, la pièce titre, un triptyque autour d’un volcan japonais dont les émanations de souffre font bouillonner l’eau qui s’y trouve. Aussi, un feu de joie dans la campagne française et des scènes de vie urbaines. Un beau disque où la réalité, captée sur le vif, est transfigurée par les haut-parleurs.

Released in 2007, but it just reached me. A splendid record by a great field recordist. Cordier sticks to capturing sounds on the spot, as they occur. And he moves around to provide us with various vantage points. Of particular note is the title track, a triptych around a Japanese volcano - gas emanations making water boil. There is also a bonfire in the French countryside, and urban scenes. A beautiful CD where reality captured as it happens is transfigured by the loudspeakers.


OLIVIER CAPPAROS & LIONEL MARCHETTI / EQUUS (Grand Véhicule) (Pogus)

Une pièce de musique concrète 33 minutes commandée par l’INA GRM et réalisée en 2001-2002. Ce n’est pas du grand Marchetti, mais c’est du bon Marchetti tout de même. Évidemment, le cheval en est le thème principal, exploré à travers de nombreux signifiés possibles. Une pièce très calme, où le son s’élève rarement (mais efficacement). Ma première écoute, légèrement distraite, est agréable mais peu révélatrice. Je me promets bien de réécouter en lui consacrant toute mon attention plus tard.

A 33-minute musique concrete piece commission by INA GRM and realized in 2001-2002. It’s not a great Marchetti opus, but it’s a fine one just the same. Of course, horses are the main theme, explored through several possible meanings. A very calm piece, where sound levels rarely rise (but do so efficiently). My first, slightly distracted listen was enjoyable but revealed little. I look forward to investing a half-hour of undivided attention in this work.


CINDYTALK / The Crackle of My Soul (editions Mego - merci à/thanks to Dense Promotion)

Ce groupe serait actif de 1982, mais j’avoue ne pas l’avoir connu avant ce disque. Cela dit, The Crackle of Soul serait leur premier album depuis 1995, alors... Un disque étonnamment solide de musique électronique expérimentale, tout à fait en phase avec ce qu’on attend de l’étiquette eMego: audacieux, déroutant et d’une grande qualité sonore. Des musiques abstraites mais charnelles, arythmiques mais mobiles, texturales mais pas uniquement. J’ai l’impression que je vais m’accrocher à ce disque. [Ci-dessous: Extrait d’un concert récent (première de quatre parties)]

This group is active since 1982, it says on the press release, but this is the first time I come across them. The Crackle of Soul is their first album since 1995. A surprisingly strong record of experimental electronic music, exactly what you’d expect from eMego: bold, misdirecting, with superior sound quality. This music is both abstract and organic, arhythmic and mobile, textural though not exclusively so. I feel like I’ll get hook to that one. [Below: A recent live performance by Cindytalk, part 1 of 4.]


CHRISTOPHER ROBERTS / Last Cicada Singing (Cold Blue)

Un court disque (28 minutes) de compositions modernes pour qin solo. Le qin est une guitare traditionnelle chinoise que Christopher Roberts approche un peu comme une lapsteel - une excellente idée et un très beau disque. Des pièces calmes, introspectives, qui se développent lentement. C’est peut-être un tantinet trop propre et gentil, mais pourquoi bouder son plaisir? La pièce titre (11 minutes) pousse un peu plus loin ce son lapsteel. Dans la série de mini-albums à petit prix de l’étiquette Cold Blue.

A short CD (28 minutes) of modern compositions for solo qin. The qin is a Chinese traditional guitar, an instrument Christopher Roberts approaches a little bit like a lapsteel – a great idea and a very nice record. Quiet, introspective, slow-unfolding pieces. It may be a tad bit to clean and gentle, but don’t snob your pleasure! The title track pushes the lapsteel-sound thing further, with great results. Released in Cold Blue’s low-priced EP series.


TRESBASS / Filderen (Unit Records)

Vous aimez les basses? Moi aussi. Tresbass est un trio de jazz suisse qui fait dans le bas registre: Peter Landis au saxo (surtout baryton, basse et contrebasse), Jan Schlegel à la basse électrique et Herbert Kramis à la contrebasse. Leur musique est étonnamment délicate, compte ce qu’une telle instrumentation pourrait produire. En fait, c’est même trop délicat. On souhaiterait qu’ils s’énervent quelque part. Leurs improvisations sont bien exploratoires, mais outre la rareté de ce type de formation, ça demeure trop convivial. Ce qui ne veut pas dire que ce n’est pas bon! Beaucoup de souplesse dans le jeu et de bons jeux territoriaux entre contrebasse et basse électrique.

You like bass? Me too. Tresbass is a Swiss jazz trio devoted to the lower spectrum: Peter Landis on sax (mostly baritone, bass, and contrabass sax, me thinks), Jan Schlegel on electric bass, and Herbert Kramis on doublebass. Their music is surprisingly delicate, considering what this instrumentation could do. Too delicate, actually. While listneing, I often wished things would get wilder. Their improvisations tread experimental grounds, but the whole thing is too listener-friendly for its own good. I’m not saying it’s a bad record, though: lots of sensitivity in the playing, and some nice territorial interplay between doublebass and electric bass.