Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

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2011-11-03

2011-11-02: Cordâme, Vazytouille, Tanya Tagaq, Machine Mass Trio, Ozric Tentacles, King Crimson

Journal d'écoute / Listening Diary 
2011-11-02

CORDÂME / Lieux imaginés (Malasartes Musique)
Le trio à cordes du contrebassiste Jean-Félix Mailloux s’améliore d’un disque à l’autre - en fait, il fait carrément des pas de géants. Migration était déjà très solide, mais Lieux imaginés souilgne une écriture d’une richesse et d’une finesse que dément presque son accessibilité. Treize pièces portant pour titres des noms de villes que Mailloux n’a jamais visité.”Santiago” et “Dans la tête de M. Sakamoto” ressortent du lot. Une influence Bar Kohkba, une influence tango, mais une écriture toute personnelle.  [Ci-dessous: Ce lien ouvrira le lecteur média d’actuellecd.com, où vous pourrez écouter un extrait de “Veracruz” et de trois autres titres.]
Doublebassist Jean-Félix Mailloux’s string trio Cordâme is getting better and better with each album – it is actually making giant leaps. Migration was already very strong, but Lieux imaginés highlights composition skills that are so rich and sophisticated, yet so accessible! Thirteen pieces bearing names of cities Mailloux never visited. “Santiago” and “Dans la tête de M. Sakamoto” stand out. Influences from Bar Kokhba and tango music, but a highly personal style. [Below: This link will open actuellecd.com’s media player, where you can listen to excerpts of “Veracruz” and three other tracks.]

VAZYTOUILLE / Vazytouille (Zoone libre/Circum-Disc)
Un collectif à l’ampleur big band mais aux allures rock créatif, avec une bonne dose de Zappa et d’avant-prog (certains passages me rappellent Miriodor/Papa Boa). Beaucoup de monde dans l’ensemble, et beaucoup qui participent à l’écriture. Soulignons la suite “Masay Christo” du trompettiste protéiforme Christian Pruvost et “Bill” du claviériste Jérémie Ternoy, plutôt épique.
A collective the size of a big band but with a creative rock approach. A healthy dose of Zappa influence and avant-prog (some bits reminded me of Miriodor/Papa Boa). Lots of people involved as musicians and songwriters. I want to point out multistylistic trumpeter Christian Pruvost’s “Masay Christo” suite, and the rather epic “Bill” by keyboardist Jérémie Ternoy.

TANYA TAGAQ / Anuraaqtuq (Disques Victo)
À la sortie de ce concert, en mai 2010, nous savions tous que nous venions de vivre un moment magique, d’une force inouïe. Puis le temps fait son œuvre et on commence à douter; on revoit l’artiste dans des prestations subséquentes, et on doute encore. Arrive enfin Anuraaqtuq et oui, c’était bien vrai, c’était vraiment un moment magique, que ce disque a merveilleusement préservé. Anuraaqtuq est le premier disque documentant le Tanya Tagaq Trio tel qu’il œuvre depuis 2009. Avec le batteur Jean Martin et le violoniste Jesse Zubot, la chanteuse inuit s’éloigne de sa pop métissée pour plonger tête première dans l’improvisation libre ultra-émotive. Elle crie, hurle, jappe et jouit, transmuant les émotions les plus ataviques en un chant sidérant. Et ce soir là, elle a atteint un sommet inégalé de son art, devant un public qui, contrairement à son habitude à elle, buvait tout cela et en redemandait. Une communion comme j’en ai rarement vu et entendu dans ma vie, mais qui, lorsque j’en suis témoin, se produisent au FIMAV et nulle part ailleurs.
Exiting the venue back in May 2010, we all knew we had just witness something incredible, magical. Then, time took its toll, and we started doubting; we caught other shows by the artist, and we doubted again, Finally, this CD arrived and, well, it was real, we DID witness a moment of pure magic, a moment this record faithfully preserves. Anuraaqtuq is the first recording by Tanya Tagaq’s trio in its incarnation since 2009. With drummer Jean Martin and violinist Jesse Zubot, the Inuit singer completely eschews her previous pop records to dive headfirst into ultra-emotional free improvisation. She screams, cries, yelps and orgasms, transmuting the most atavistic human emotions into a spellbinding song. And that particular night, she reached new heights before an audience that, unlike what she was used to, was taking it all in and asking for more. A communion the likes of which I have rarely witnessed – and whenever I did, it was always at FIMAV and nowhere else.

MACHINE MASS TRIO / As Real as Thinking (Moonjune)
Ce trio est une collaboration entre le guitariste fusion Michel Delville (The Wrong Object), le batteur free Tony Bianco et le saxo/flûtiste Jordi Grognard, que je ne connaissais pas. La musique de ce groupe va du jazz-rock angulaire au free (un duo de 18 minutes entre Bianco et Delville, moment fort). Rappelle à l’occasion The Wrong Object. Je ne suis pas super convaincu par les pièces très composées, mais les impros sont bien.
This trio is a collaboration between fusion guitarist Michel Delville (The Wrong Object), free drummer Tony Bianco, and sax/flute player Jordi Grognard, whom I didn’t know before. This group’s music ranges from angular jazz rock to free jazz (a 18-minute duo between Bianco and Delville is a highlight). Reminiscent at times of The Wrong Object. I’m not quite convinced by the through-composed pieces, but the looser material is quite nice.

OZRIC TENTACLES / Paper Monkeys (Madfish)
Le précédent Ozric Tentacles, The Yumyum Tree (2009), marquait pour moi un retour au sommet, après une période de vaches plutôt maigres (Spirals in Hyperspace très moyen, The Floor’s Too Far Away insipide. Paper Monkeys n’est pas aussi probant que son prédécesseur, mais c’est un effort respectable - et plus axé vers la piste de danse. Ça bouge vraiment beaucoup, avec très peu de répit. “Attack of the Vapours” a le bpm au plafond! Pour le reste, c’est un disque sans réelles surprises, mais avec des thèmes aguichants. Bon, les Ozrics n’ont jamais tablé sur le renouvellement, alors, pas de déception de ce côté.
To me, Ozic Tentacles’ previous release The Yumyum Tree (2009) was a come-back album, a return to the summit after a tepid period (mediocre Spirals in Hyperspace, boring The Floor’s Too Far Away). Paper Monkeys is not as convincing as its predecessor, but it’s a respectable effort, with more of a dance-centric nature. It’s high paced overall, with very little in terms of breathers. “Attack of the Vapour” kicks off with a crazy bpm. Besides that, Paper Monkeys holds no surprises but a decent number of catchy hooks. The Ozrics have never been hot on reinventing themselves anyway, so I have no disappointment in that regard.

 KING CRIMSON / Starless and Bible Black (40th Anniversary Series (Inner Knot)
Peut-être le plus exigeant des albums de King Crimson - le plus axé sur l’improvisation libre, celui qui offre le moins de mélodies accrocheuses. Néanmoins, un essentiel. Et le mix 5.1 est glorieux. À plusieurs endroits, Steven Wilson et Robert Fripp ont mis la section rythmique devant, guitare, violon et mellotron derrière, question de mettre l’accent sur la force d’entraînement formée par Bill Bruford et John Wetton. Beaucoup d’extras intéressants, dont un concert d’époque, malheureusement en stéréo seulement (j’espérais, comme dans le cas de Red, qu’on nous offrirait quelques extraits du coffret The Great Deceiver en 5.1). Extra particulièrement intéressant: une vidéo professionnelle en concert pour “Easy Money” et une improvisation particulièrement enlevante. Côté 5.1, Starless and Bible Black passe parfaitement la rampe et annonce de grandes choses pour le 5.1 de Larks’ Tongues in Aspic, toujours à venir.  [Ci-dessous: “Easy Money” (ici tirée d’un bootleg; la bande a subi un petit nettoyage pour la sortie sur DVD).
Perhaps King Crimson’s most demanding album, as it goes further than ever down the free improvisation path and offers less in terms of catchy tunes. Still, an essential release. And the 5.1 mix is glorious. In several tracks, Steven Wilson and Robert Fripp have opted to put the rhythm section in the front speakers and guitar, violin and mellotron in the back, thus insisting on the incredible rhythmic drive of the Bruford/Wetton team. Lots of interesting extras, including live material from 1973-1974, though sadly in stereo only. (I was hoping to get 5.1 mixes of some tracks from The Great Deceiver, like the two that were included with Red). Of particular interest is a professional live video featuring “Easy Money” and a thrilling improvisation. 5.1-wise, Starless and Bible Black is a complete success, and it promises grand things for the upcoming 5.1 version of Larks’ Tongues in Aspic[Below: “Easy Money” (here taken from a bootleg tape; the whole tape has been somewhat restored for the DVD release.]

2011-11-02

2011-11-01: Hume/Cruz, Darius Jones Trio, Asva, Beneath Wind and Waves, Sigur Rós

Journal d'écoute / Listening Diary 
2011-11-01

CAROLYN HUME & KATJA CRUZ / Light and Shade (Leo Records)
Je suis un fan ni de l’une ni de l’autre, mais force est d’admettre que Leo Feigin a eu un éclair de génie: le piano soft-jazz/post-classique de Carolyne Hume se marie à merveille à la voix suave et feutrée de Katja Cruz. Light and Shade a été improvisé entièrement en une journée de studio. C’était la première rencontre en personne des deux dames. Il en est sorti six pièces délicates qui coulent comme de l’eau, sans aspérités aucunes, avec de beaux moments de synergie. C’est tendre, berçant, un peu vague à l’âme. Le plus beau disque dans la discographie de l’une et de l’autre chez Leo.  [Ci-dessous: un extrait, gracieuseté du site de Leo Records.]
I am not a fan of either of them, but I have to admit that Leo Feigin had a brilliant idea: the soft-jazz/post-classical piano of Carolyn Hume is a perfect match for Katja Cruz’s suave and velvety voice. Light and Shade was entirely improvised on a single day in the studio. It was the first in-person meeting between the two ladies. And they got out of it six delicate tracks that flow very smootly, without a rough note, and with lots of beautiful mind-melting moments. Tender, lulling music, with a bit of melancholia seeping in. The best CD among their Leo releases combined.  [Below: An excerpt found on Leo Records’ website.]

 DARIUS JONES TRIO / Big Gurl (Smell My Dream) (AUM Fidelity - merci à/thanks to Improvised Communications)
Enfin, voici le disque qui fait suite à Manish Boy, le superbe premier album de Darius Jones en tant que leader. Avec Big Gurl, il confirme son statut comme le plus grand saxophoniste de jazz américain depuis John Coltrane. Sérieusement. Par son son, son écriture et son goût du risque. Ce disque de jazz est parfait: mélodies mémorables, moments tendres (“I Wish I Had a Choice,” splendide), moments véhéments (“E-Gaz”), moments troublants (“My Special ‘D’”), et clin d’œil à la tradition (“A Train”). Sans oublier l’univers pictural que développe Jones avec le peintre Randal Wilcox pour encadrer sa production musicale. Une écriture fine, créative, personnelle et qui coule de source. LE disque jazz toutes catégories de l’année.  [Ci-dessous: Deux extraits.]
Finally, here comes Darius Jones’ follow-up to Manish Boy, his debut album as a leader. And with Big Gurl, he is securing his status as the greatest American jazz saxophonist since John Coltrane. No kidding. For his tone, his writing, and his risk-taking. This is a perfect jazz record: memorable hooks, moments of tenderness (“I Wish I Had a Choice,” beautiful), moments of haste (“E-Gaz”), troubling moments (“My Special ‘D’”), and a nod to tradition (“A Train”). Plus the continuing development, with painter Randal Wilcox, of a pictural universe that frames his musical production. Sophisticated, creative, personal compositions that flow naturally. THE jazz record of the year across the board.  [Below: Two sound clips.]

ASVA / Presences of Absences (Hunnypot/Important)
Merci à Stéphane Rocheleau pour la recommandation! Très solide disque d’avant-métal/sludge rock. Mon premier contact avec ce groupe qui, pour ce disque, a confié à Toby Driver (de Kayo Dot) un rôle vocal important. Musique lourde et lente, aux arrangements nuancés. J’aime.
Thank you Stéphane Rocheleau for recommending this! A very strong avant-metal/sludge rock record. My first encounter with this band, and for this record they co-opted Kayo Dot’s Toby Driver for some key lead vocals. Heavy and slow music with nuanced arrangements. I definitely like.

BENEATH WIND AND WAVES / Non-être (ind. - merci à/thanks to XO Publicity)
Beneath Wind and Waves est un duo dirigé par l’auteur-compositeur-interprète Shawn Lawson Freeman. Ses chansons douces-amères chantées d’une voix ultra-douce me rappellent beaucoup Barzin (et c’est là tout un compliment), avec un côté plus rythmé à l’occasion, voire même progressif (“Hold on Tight”). Non-être est une autoproduction un peu trop clairement autoproduite, si vous voyez ce que je veux dire, mais c’est un disque prometteur.
Beneath Wind and Waves is a duo led by singer-songwriter Shawn Lawson Freeman. His sweet-and-sour songs sung with a super-quiet voice are strongly reminiscent of Barzin (and that’s quite a compliment, mind you), with more of a beat-driven side at times, and even prog rock elements (“Hold on Tight”). Non-être is self-produced, and it shows a bit too much, but it’s a promising record.

SIGUR RÓS / Með Suð Í Eyrum Við Spilum Endalaust (XL Recordings)
J’apprenais aujourd’hui que Sigur Rós lancera un album “live” le mois prochain. Puisqu’il fait la part du lion au dernier album studio, j’ai décidé de le réécouter. J’avais mes récriminations au lancement de ce disque, en 2008 - trop léger, moins substantiel - mais honnêtement, je ne vois pas ce que je lui trouvais d’imparfait. C’est un excellent album de mélodies planantes et mélancholiques. Oui, deux ou trois pièces sont plus légères, mais tout le reste est typiquement Sigur Rós. Et ne serait-ce que pour “Festival” et “All Alright”, j’attends le nouveau “live” avec impatience.
Today I learned that Sigur Rós will be releasing a live album next month. Since it will be heavily featuring material from the last studio album, I decided to give that one a new spin. I had my recriminations about it when it came out in 2008 – too light, not substantial enough – but honestly, I don’t know what I was thinking then. It’s a brilliant set of aerial melodies. Yes, two or three tracks are lighter and bouncier than usual, but so what? The rest is all typical Sigur Rós. And if only for “Festival” and “All Alright,” I’ll be eagerly awaiting the new live album.

2011-11-01

2011-10-31: Mikko Innanen, FAB Trio, Andrew Cyrille, Olavi Trio, Beirut

Journal d'écoute / Listening Diary 
2011-10-31

MIKKO INNANEN & INNKVISITIO / Clustrophy (TUM Records - merci à/thanks to Braithwaite & Katz)
Les relationnistes de presse jazz Braithwaite & Katz m’ont offert la possibilité de découvrir une étiquette de jazz finlandais, TUM Records. Je vais chroniquer quatre de leurs parutions aujourd’hui. Ce Clustrophy lance le bal merveilleusement bien. Il s’agit d’un quintette dirigé par le saxo Mikko Innanen, avec deux autres saxos, synthétiseur et batterie. Le claviériste Seppo Kantonen met beaucoup de vie (piano électrique distortionné, etc.) dans cet alignement de cuivres. Compositions fiévreuses qui rappellent le jazz actuel de Chicago, avec des éléments fusion. Du solide.
The American jazz relationists Braithwaite & Katz invited me to discover a jazz label from Finland, TUM Records. Today I’ll be listening to four of their releases. And this Clustrophy kicked things off very nicely. It’s a quintet led by saxman Mikko Innanen, with two more saxophonists, a keyboardist and a drummer. Keyboardist Sepo Kantonen breathes a lot of fire in this horn-heavy band (his distorted electric piano is a lot of fun to follow). Feverish compositions reminiscent of Chicago avant-jazz, with elements borrowed from Fusion. Strong stuff.

FAB TRIO / History of Jazz in Reverse (TUM Records - merci à/thanks to Braithwaite & Katz)
En passant, les productions de TUM sont de très beaux objets physiques (digipak à la facture invitante, avec un livret généreux en notes et en photos). C’est particulièrement apprécié pour ce petit trésor: un ultime album studio du FAB Trio, enregistré en 2005, avant le décès du violoniste Billy Bang – qui sonne ici en excellente forme. Ce trio (qui comprend aussi Joe Fonda et Barry Altschul) a commis de grandes choses en free jazz, mais ce disque pourrait bien devenir mon préféré avec le temps. Pour les échanges dans “Implications”, la splendide mélodie spontanée que développe Bang dans “Chan Chan” et l’intelligence de “History of Jazz in Reverse”.
By the way, TUM’s productions are gorgeous physical objects (splendidly-designed digipaks with booklets full of notes and lavish photographs). It’s particularly appreciated for this gem of a record: an ultimate studio album by the FAB Trio recorded in 2005, before violinist Billy Bang passed away. Bang sounds in great shape here. This trio (also including Joe Fonda and Barry Altschul) has done great free jazz things, but this album might become my favorite. For the exchanges in “Implications,” the beautiful spontaneous melody spun by Bang in “Chan Chan,” and the intelligence shining throughout “History of Jazz in Reverse.”

ANDREW CYRILLE & HAITIAN FASCINATION / Route de frères (TUM Records - merci à/thanks to Braithwaite & Katz)
Un très beau projet du batteur américain Andrew Cyrille, qui renoue ici avec ses origines haïtiennes. Dans ce groupe il s’allie deux musiciens de l’île, soit le percussionniste Frisner Augustin et le guitariste acoustique Alix Pascal, ainsi que deux new-yorkais: le saxo baryton Hamiet Bluiett et le contrebassiste Lisle Atkinson. Tout le monde y va de sa plume dans ce projet collectif, et la musique qui en résulte est souvent ensoleillée et dansante, sans perdre le cap de la créativité, même dans les reprises de chansons traditionnelles.  [Ci-dessous: Sur cette page, vous trouverez un extrait à écouter.]
A very nice project by US drummer Andrew Cyrille, here renewing with his Haitian roots. For this band, he enlisted two musicians from the island: percussionist Frisner Augustin and acoustic guitarist Alix Pascal, plus two New-Yorkers: baritone saxman Hamiet Bluiett and doublebassist Lisle Atkinson. Everybody contributes to the repertoire. The resulting music is often sunny and swinging, and consistently creative, even when tackling traditional tunes.  [Below: You’ll find an audio clip on this page.]

OLAVI TRIO & FRIENDS / Triologia (TUM Records - merci à/thanks to Braithwaite & Katz)
À la lumière des trois disques précédents, celui-ci m’apparaît à la fois plus convenu et moins intéressant, dans une forme de jazz improvisé qui se démarque moins. Les trois membres de ce trio partagent le même second prénom (Olavi). Ils sont tromboniste, bassiste et percussionniste. Trompette, saxo ténor et guitare électrique font deux apparitions chacune au fil des 14 pièces. Un jazz actuel un peu plus festif qu’on s’attendrait d’un groupe scandinave, mais sans plus.
In the light of the previous three records, this one sounds to me more predictable and less interesting, in an improvised jazz form that stands out less. The three members of this trio share the same second name (Olavi). They are a trombonist, a bassist, and a percussionist. Trumpet, tenor sax, and electric guitar make two appearances each in the course of 14 tracks. Slightly more festive than what you’d expect from a Scandinavian avant-jazz group, but I’m nonplussed.

BEIRUT / The Rip Tide (Pompeii Records)
Une autre réussite pour Zack Condon qui, s’il ne fait pas vraiment évoluer son univers musical, ne nous sert pas du réchauffé pour autant. Cette courte galette (33 minutes) satisfait l’amateur de chanson alternative métissée d’ambiance foraine – rencontre improbable d’Alasdair Roberts et de Tom Waits, peut-être? “Payne’s Bay” et “Santa Fe” sont particulièrement jolies, mais tout ou presque cartonne (“Goshen” est décevante).
Another artistic success for Zack Condon who, if he doesn’t push his soundworld into new territories, still delivers fresh-sounding songs. This short record (33 minutes) satisfies the fan of fair-inflected alt. folk song – the improbable meeting of Alasdair Roberts and Tom Waits, perhaps? “Payne’s Bay” and “Santa Fe” are particularly fine examples of his highly personal songwriting, but it’s almost all good (only “Goshen” disappoints).

2011-10-31

2011-10-27: Reinhold Friedl, Vega, Pharoah Chromium, Tom Waits, Acid Mothers Temple


Journal d'écoute / Listening Diary 
2011-10-27

REINHOLD FRIEDL / Eight Equidistant Pure Wave Oscillators, While Slipping Very Slowly to a Unison, Textually Spatialised on Eight Speakers, Concret, 60 Minutes (Room40 - merci à/thanks to Dense Promotion)
Le titre de ce nouveau disque du pianiste-compositeur-directeur de Zeitkratzer Reinhold Friedl est tout un programme en soit. La pièce fait effectivement 60 minutes, et il s’agit d’un enregistrement stéréophonique (à l’aide de deux micros placés au centre de la pièce) d’une composition algorithmique pour huit haut-parleurs diffusant des ondes sinusoïdales. À écouter sur haut-parleurs et non sur casque, pour pouvoir se déplacer dans le champ sonore et explorer les effets psychoacoustiques de la pièce. Juste assez de progression dans l’œuvre pour soutenir mon intérêt d’amateur relatif de musique minimaliste (j’ai mes limites). L’idée n’est pas si novatrice qu’elle en a l’air, mais elle est bien exécutée. Parution uniquement sous forme de téléchargement, pas d’objet physique.
The title of this new album by pianist/composer/Zeitkratzer leader Reinhold Friedl says it all. The track does indeed run for exactly 60 minutes, and it is a stereo recording (made by placing two microphones in the center of the room) of an algorithmic composition for eight loudspeakers broadcasting sine waves. Listen to it on loudspeakers, not on headphones, so you can move around in the audio field and experiment with the piece’s psychoacoustics. It has just enough progression to sustain my interest (I do like minimalist music, but I have my limits). It’s not a revolutionary idea (i.e. it’s been done before), but it’s well executed. Released only as a digital download - no physical object.

VEGA / Wormsongs (ARTEkSOUNDS - merci à/thanks to Dense Promotion)
Cycle de chansons d’une heure composé par Henry Vega pour voix, électroniques et visuels en temps réel (dimension manquante sur ce CD). La partie vocale est assurée par Anat Spiegel, une dame au ton aérien. Malgré l’absence de mélodies assumées, on sent un côté sacralisé à ce projet. L’approche électronique procède de la glitch et de la noise, avec un certain degré de formalisme. Un projet froid mais digne d’intérêt.
A one-hour song cycle composed by Henry Vega for voice, electronics and real-time visuals (the latter dimension missing from this CD). The vocal part is performed by Anay Spiegel, a lady with an aerial tone. Despite the lack of clear melodies, one walks away from this project with a sacral feeling. The electronics proceed from glitch and noise aesthetics, with a certain level of formalism. A cold-sounding but worthwhile project.

PHAROAH CHROMIUM / Electric Cremation (Grautag Records - merci à/thanks to Dense Promotion)
Pharoah Chromium est le projet de Ghazi Barakat (Golden Showers, Boy from Brazil). Et ce premier album est un vinyle double ma foi fort confondant - dans le sens positif du terme! Chaque face du vinyle consiste en une suite thématique. Musique bruitiste protéiforme, collagée, bourdonnante, arabisante, électronique – on touche à beaucoup de choses, tout en maintenant une cohésion intéressante. La première suite (“Atomic”) rappelle l’univers de Kreng, alors que “Arabic” fait penser une version persane d’Acid Mothers Temple. “Ghost” est de la kosmiche musik fragmentée et collagée; “Feral” est bruitiste et inquiétante. Une proposition audacieuse à laquelle je reviendrai sûrement. Il y a beaucoup d’originalité dans cette Electric Cremation.
Pharoah Chromium is the project of one Ghazi Barakat (Golden Showers, Boy from Brazil). And this debut album is a very confounding double LP – in a positive way! Each LP side features a themed suite. Noise music, shapeshifting music, collage, drone, Arabic-sounding music, electronic music – there’s a lot of ground covered, yet cohesion is maintained. The first suite (“Atomic”) reminds me of Kreng’s soundworld, while “Arabic” sounds like a Persian take on Acid Mothers Temple. “Ghost” is fragmented and collaged kosmische musik; “Feral” is disquieting noise art. A bold proposition – I’ll be back for a second dip. There’s a lot of originality in this Electric Cremation.

TOM WAITS / Bas as Me (Anti-)
Hmm. Légèrement déçu du nouveau Tom Waits - son premier disque de matériel original depuis 2004. Tous les éléments sont là (la voix graveleuse, les arrangements claudiquants, l’esprit forain, les musiciens créatifs) et pourtant, bien des chansons lèvent pas ou peu. Je verrai bien au fil de l’acclimatation, mais c’est la première fois qu’une première écoute d’un Waits ne m’entousiasme pas...
Hmm. Slightly disappointed in the new Tom Waits CD – his first album of new material since 2004. All the key elements are there (the gravely voice, the limping arrangements, the carny spirit, the creative musicians), and yet many songs seem unnoticeable. We’ll see as I grow more accustomed to it, but this is the first time a Waits album doesn’t get me all excited on the first listen.

 ACID MOTHERS TEMPLE & THE MELTING PARAISO U.F.O. / Pink Lady Lemonade - You’re from Inner Space (alien8 recordings)
Je suis un fan - un fan endurci - d’Acid Mothers Temple. Pourtant, j’avoue en avoir plutôt marre de “Pink Lady Lemonade”, ce thème au tempo lent qui hante le groupe depuis trop longtemps. Cette pièce figure sur quelques albums studio (sous divers titres) et sur une pléthore d’enregistrements en concert. Voilà que AMT pousse l’audace à consacrer un disque complet à cette chanson, présenté en version 66 minutes. Oui, ça fleure le pachouli à plein nez, et oui les solos de guitares sont géants, mais bon, bof, et on passe au prochain.
I’m a fan of Acid Mothers Templs - a serious fan. Yet, even I am pretty tired of “Pink Lady Lemonade,” the slow tempo anthem that’s been haunting the band for way too long. This track appears on more than one studio album and countless live recordings (under various titles). And now AMT devotes a whole release to it – the song is presented here in a 66-minute version. Yes, psychedelic scents abound, and yes the guitar solos are monster, but still, well, done, and when’s the next AMT record coming out?