Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

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2013-02-15

2013-02-14: Andrew McPherson, Jeri-Mae G. Astolfi, Kamikaze, Salim Ghazi Saeedi


Journal d'écoute / Listening Diary 
2013-02-14

ANDREW MCPHERSON / Secrets of Antikythera (Innova)
Innova consacre un disque au jeune compositeur Andrew McPherson. C’est un programme qui impressionne par la gamme d’émotions exprimées (dans un mode presque néo-romantique) et l’originalité de l’écriture. De plus, deux des trois œuvres au programme font appel au piano à résonateurs magnétiques (dont c’est ici la première documentation sur disque), un piano à queue muni de 88 électroaimants reliés à un ordinateur. Ces aimants jouent sur la résonance des cordes pour éliciter de nouvelles harmoniques – nous sommes quelque part entre le principe de la corde sympathique et les harmoniques des soundscapes de Robert Fripp. Dans “d’Amore”, l’altiste Nadia Sirota dialogue avec un piano sans pianiste qui résonne au gré de ses interventions. Dans “Secrets of Antikythera” (38 minutes, la pièce maîtresse de ce disque), le pianiste Ryan MacEvoy McCullough joue de ce piano, ainsi que d’un clavier MIDI servant à moduler l’action des électroaimants. Cette dernière pièce est très volubile, rappelant parfois les sonates d’Andrew Violette, tout en réussissant à laisser de l’espace aux résonances incroyablement riches de l’instrument. Je suis charmé.  [Ci-dessous: Un extrait de la suite titre.]
Innova devotes a whole CD to young composer Andrew McPherson. It’s an impressive program, with a wide range of emotions expressed (almost in a neo-Romantic mode) and an original touch. Also, two of the three works use a magnetic resonator piano – and this is the premiere recording of it – a grand piano retrofitted with 88 electromagnets connected to a laptop. These magnets set the strings on new resonating paths – the result is somewhere between the concept of resonating strings and the harmonics of Robert Fripp’s soundscapes. In “d’Amore,” violist Nadia Sirota duets with a pianistless piano that resonates with her every move. In “Secrets of Antikythera” (the magnum opus here at 38 minutes), pianist Ryan MacEvoy McCullough plays that piano plus a MIDI keyboard used to modulate the magnets’ actions. This piece is quite loaded, talkative, like an Andrew Violette sonata, yet it leaves enough room to the instrument’s incredibly rich harmonics. I love it.  [Below: A movement from the title suite.]

JERI-MAE G. ASTOLFI / Here (and there) (Innova)
Beaucoup moins impressionné par ce disque consacré à la pianiste Jeri-Mae G. Astolfi qui propose un répertoire d’œuvres pour piano et bande. “Confetti Variations” de Tom Lopez, qui cherche délibérément à réconcilier Brahms et Morton Feldman, est à tout le moins intéressante, mais le reste m’a déçu, et souvent en raison du peu d’impact de la partie bande. Même la pièce de Jim Fox, un compositeur que j’apprécie, ne mérite pas d’éloges.
I’m a lot less impressed with this CD devoted to pianist Jeri-Mae G. Astolfi, here performing a program of new works for piano and fixed media. Tom Lopez’s “Confetti Variations” is deliberately (and interestingly) attempting to reconcile Brahms and Morton Feldman. The rest is disappointing, especially in terms of the fixed media parts. Even the piece by Jim Fox, a composer I usually like, doesn’t deserve praise.

 KAMIKAZE / Alpha (Unit Records)
Un trio suisse, guitare-basse-batterie, qui a plusieurs cordes à son arc. Alpha va de la ballade indie rock (avec la voix de Claire Huguenin) au riff brutal prog, en passant par quelques états MM&W. Ça a de la gueule, du cran et de la tenue. Au titre, j’imagine que c’est un premier album, alors ça promet pour la suite. [Ci-dessous: Six extraits de l’album. Ça devrait vous donner une bonne idée de sa palette.]
A Swiss trio, guitar/bass/drums, with lots of tricks in its bag. Alpha runs the gamut from indie rock ballad (featuring the voice of Claire Huguenin) to brutal prog riff, through a few states of MM&W. This music has both balls and mojo. Given the title, I’m guessing this is their first album, so it’s quite a promise of things to come. [Below: Six tracks from the album. This should give you a good idea of their scope.]

SALIM GHAZI SAEEDI / namoWoman (Salim Ghazi Saeedi)
Il est clair que le guitariste et multi-instrumentiste Salim Ghazi Saeedi met beaucoup de sérieux dans sa démarche artistique. Or, namoWoman (“woman” écrit à l’envers et à l’endroit), comme son disque précédent, n’arrive pas à me toucher. Pourtant, son rock instrumental aux teintes psychédélisées, aux tendances progressives et aux influences arabes (il est iranien) est bien écrit, et c’est un guitariste doué. Mais la production souffre du syndrome du one-man-band (combinaison de vision unliatérale et de rigidité dans les arrangements - programmation, son synthétique).
Clearly, guitarist and multi-instrumentalist Salim Ghazi Saeedi puts a lot of thought in his artistic process. However, namoWoman (“woman” written backward and forward), like his previous record, fails to move me. And yet, his psychedelized instrumental rock with prog tendencies and Arabic influences (he is from Iran) is rather well written, and he is a gifted guitarist. But the production suffers from the one-man-band syndrome: part unilateral vision, part rigid arrangements (programming, stiff synthetic sound). 

2013-02-14

2013-02-13: Dao De Noize, Webster/Holub/Anorak, Takamovsky


Journal d'écoute / Listening Diary 
2013-02-13

DAO DE NOIZE / Kalam (Psychonavigation - merci à/thanks to John Bourke P.R.)
Dao De Noize, c’est Artem Pismenetskii, un Ukrainien. Kalam serait son 20e album. On y trouve du dub, des chants et des percussions arabes et parfois une couche de bruitisme assez insistante. Bref, ça ressemble beaucoup à Muslimgauze, et ça s’assume comme un hommage. Cela dit, la production est moins extrême que Muslimgauze – les VU ne sont pas dans le rouge de A à Z. Pismenetskii fait preuve de finesse dans l’utilisation et le mixage de ses sources sonores. Une fois la première pièce passée, le bruitisme s’atténue et l’essentiel de l’album se déroule dans un jeu de profondeurs entre chants, tablas et électroniques.
Dao De Noize is Artem Pismenetskii from Ukraine. Kalam is said to be his 20th album. There’s dub, Arab singing and percussives, and an occasional layer of noise. In other words, it sounds like Muslimgauze, and it is presented as an homage to him. That being said, the production is less extreme than your typical Muslimgauze track – VU needles are not constantly in the red. Pismenetskii shows finesse in his use and mix of sound sources. Once the first track is over, the noise aspect tones down, and the album mostly stands on depth variations between vocals, tablas, and electronics.

COLIN WEBSTER, MARK HOLUB & SHEIK ANORAK / Languages Live at Vortex (Gaffer Records - merci à/thanks to Dense Promotion)
Improvisation libre de type véhémente, avec de l’esprit, de l’humour. Enregistrement en concert, temps morts entre les pièces compris, 35 minutes en tout. Pas marquant, mais sympa.
Free improvisation of the vehement kind, with spirit and humour. A live recording, in-between-tunes banter (or in this case, non-banter) included. 35 minutes in all. Not an important release, but fun enough.

TAKAMOVSKY / In Streams (Etymtone - merci à/thanks to Dense Promotion)
Étrange, étrange, étrange. In Streams mélange spoken word et electronica, Burroughs et Zappa (“The Central Speechscrambler”? C’est clair!), chansons et ambiances, en un album concept sur le mal de communiquer à l’ère numérique. Le plus étrange, c’est que derrière ce projet d’électronica bâtardisée (du banjo, vraiment?) se cache un des membres du Vegetable Orchestra, Jürgen Berlakovich. Un album étonnant et minutieux. Est-ce que j’ai aimé? Pas sûr, mais j’aime le fait que je sois contraint de me poser la question.  [Ci-dessous: “Paranoid King”.]
Odd, odd, odd... In Streams blends spoken word and electronica, Burroughs and Zappa (“The Central Speechscrambler”? An obvious nod!), songs and sonic constructions, in a concept album on communications in the digital era. The strangest thing is that behind this bastardized electronica project (banjo? really?) hides a member of The Vegetable Orchestra, Jürgen Berlakovich. A surprising album. Did I like it? Not sure, but I like the fact that I’m forced to ask myself that question.  [Below: “Paranoid King.”]

2013-02-13

2013-02-12: Simon Whetham, Marteau Rouge, Ielasi/Jaeger, Tomahawk


Journal d'écoute / Listening Diary 
2013-02-12

SIMON WHETHAM / Never So Alone (Crónica - merci à/thanks to Dense Promotion)
Album de musique électroacoustique très délicate, sur fond d’enregistrements de terrain souvent ténus. Certaines ambiances sont bien réussies, et la recherche sonore de Whetham pousse l’oreille à chercher de nouveaux types de liens entre les sons, mais à 77 minutes, Never So Alone pèche par excès.
An album of very delicate electroacoustic music, based on field recordings that are occasionally very thin. Some ambiences are successful, and Simon Whetham’s research urgs your ear to search for new kinds of relationships between sounds. However, the album’s duration (77 minutes) is not quite justified.

MARTEAU ROUGE / Noir (Gaffer Records - merci à/thanks to Dense Promotion)
Marteau rouge, c’est Jean-Marc Foussat au synthé VCS 3, Jean-François Pauvros à la guitare électrique et Makoto Sato à la batterie. Noir, un vinyle, est une puissante galette d’improvisation libre bruyante. On a souvent comparé Pauvros à Thurston Moore, avec raison: il affectionne les gestes violents, les sons perçants et les envolées bruitistes. Sato est un pur batteur de free, capable de fournir un barrage percussif incessant et de prendre une pause si nécessaire. Foussat, lui, utilise les vastes ressources de son instrument pour générer des textures inquiétantes, des raz-de-marée, des constellations de points sonores. La pièce titre, “Noir”, touche à tout ça en y ajoutant une finale mélodique toute délicate.
Marteau rouge (“red hammer”) are Jean-Marc Foussat on VCS 3 synth, Jean-François Pauvros on electric guitar, and Makoto Sato on drums. Noir, an LP, is a powerful slab of noisy free improvisation. Pauvros is often compared to Thurston Moore, and it’s understandable: he’s fond of violent gestures, piercing tones, and noisy flights. Sato is a pure free jazz drummer, capable of producing an unrelenting barrage of percussion or to take a break when necessary. Foussat uses the vast resources of his instrument to generate disquieting textures, tidal waves, and constellations of sonic dots. The title track does all that AND adds a delicate, melodious finale.

GIUSEPPE IELASI & KASSEL JAEGER / Parallel/Grayscale (editions Mego - merci à/thanks to Forced Exposure)
Première collaboration entre Giuseppe Ielasi et Kassel Jaeger – le premier est guitariste et électronicien issu de l’improvisation réductionniste; le second est électroacousticien et membre du GRM. Ce vinyle propose deux pièces de 18 minutes, toutes deux obtenues par assemblages d’éléments issus de deux séances d’enregistrement, l’une plutôt analogique, l’autre plutôt numérique. Les deux pièces comptent parmi les travaux les plus accomplis de Ielasi: ambiantes (surtout “Grayscale”), riches, pleines d’énigmes quant aux sources sonores utilisées, sérieuses sans être formalistes, organiques sans devenir faciles ou prévisibles. [Je n’ai pas vu le vinyle; je n’ai eu droit qu’à des mp3.]
First collaboration between Giuseppe Ielasi and Kassel Jaeger – the first one is a guitarist and electronician with a background in reductionist free improvisation; the second is an electroacoustician and a member of the GRM. This LP features two side-long tracks, both obtained from assemblages of elements taken from two separate sessions, one with an analog focus, the other laptop-based. Both tracks rate high in Ielasi’s scale of accomplishments: ambient (especially “Grayscale”), rich, full of mysteries as to the sound sources used, serious with getting formal, organic without getting predictable. [I haven’t seen the LP, just heard mp3 files.]

TOMAHAWK / Oddfellows (Ipecac)
J’avais beau “savoir” (que ce disque marquait le retour de Mike Patton au rock), ma première écoute d’Oddfellows m’a déstabilisé. Oui, au fil des 13 courtes chansons (rien au-dessus de 4:01), j’ai entendu beaucoup d’éléments rappelant Faith No More, Mr. Bungle aussi. Mais j’ai aussi entendu des relents des Melvins et même de Motorpsycho (et Patton n’a jamais joué dans ou avec le dernier). Les chansons passent très vites, au point qu’elles se distinguent peu les unes des autres, à l’exception du 7/4 de “Oddfellows” et de l’ambiance inquiétante de “I Can Almost See Them.” À réécouter pour dépasser l’état de choc et voir ce que ce disque a dans le ventre. [Ci-dessous: Vidéomusique officielle pour “Stone Letter.”]
I “knew” (that this album marks Mike Patton’s return to rock), yet my first listen of Oddfellows still manage to destabilize me. Yes, in the course of these 13 short songs (nothing over 4:01), I have heard lots of elements reminiscent of Faith No More, and of Mr. Bungle too. But I also heard whiffs of Melvins and even Motorpsycho (and Patton never played in or with the latter). Songs go by quickly, to the point where I had a hard time telling them apart, except for the 7/4 beat in “Oddfellows” and the eery mood of “I Can Almost See Them.” I’ll have to give it a couple more spins, to break through the shock and see what this album really has to offer.  [Below: Official music video for “Stone Letter.”]

2013-02-12

Délire musical, 2013-02-12


DÉLIRE MUSICAL
Réécoutez (streaming ou téléchargement) la dernière édition de Délire musical ICI (cherchez Délire Musical dans la liste).
You can listen (stream or download) to the latest Délire musical broadcast HERE (look for Délire Musical on the list of shows).

Édition du 12 février 2013
Broadcast Date: February 12, 2013

LISTE DE DIFFUSION
PLAYLIST

Thème/Theme: CURTIS MAYFIELD / Junkie Chase - Superfly (Rhino)

(7:00 pm)




RENÉ LUSSIER
Cet air là
Toucher une âme
5:06
ANDREW BIRD
Three White Horses
Hands of Glory
3:12
Mom+Pop
*ERGO PHIZMIZ
Lafcadio
Eleven Songs
5:03
WIRES UNDER TENSION
Shoot Between Heartbeats
Replicant
4:36
VLOOPER AKA NRV LOOPA
Honey Rosted
Snowloops
2:04
ind.

(7:30 pm)




In Terms of Ease and Speed
Mr. Vast
2:59
Kosuk
Elektro Shaman
5:12
Loplop
AGITATION FREE
Ala Tul
Malesch
4:54
Revisited
AHLEUCHATISTAS
Elegant Proof
Even in the Midst...
3:16
INCREDIBLE BONGO BAND
Wipeout
Bongo Rock
4:32
Mr. Bongo

merci à/thanks to:


COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

RENÉ LUSSIER
La pièce titre du nouveau disque, “Toucher une âme”, devant public, en nature.
The title track of the new album, “Toucher une âme”, performed live at an outdoor concert.

2013-02-11: Mary Ellen Childs, David Fenech, Brokeback, Dürig/Müller/Heierli/Weber, Marc Lardon


Journal d'écoute / Listening Diary 
2013-02-11

Une œuvre en 18 parties, pour clarinette, violon, deux violoncelles et percussions, commandée à la compositrice américaine Mary Ellen Childs par Black Label Movement, une compagnie de danse. L’œuvre rappelle les tensions qui habitaient Dream House: mélodies torturées par leur contexte (un huis clos dans le dernier compartiment étanche d’un navire qui a coulé), jeux rythmiques s’approchant parfois de la musique populaire ou électronique, travail en profondeur sur des situations émotivement extrêmes. Le côté fragmentaire de cette suite (18 mouvements en 54 minutes) me laisse un peu sur ma faim, certaines idées ayant mérité un plus long développement (“Chant”, “Touching”), mais pour le reste, c’est une œuvre poignante et inventive.  [Ci-dessous: La pièce d’ouverture, “Anat”.]
An 18-part work for clarinet, violin, two cellos and percussion, commissioned from US composer Mary Ellen Childs by the dance company Black Label Movement. The work recalls the tensions that inhabited Childs’ Dream House: melodies tortured by their environment (here: the last watertight compartment of a sunk boat), rhythmic plays getting at times close to pop music or electronica, in-depth work on emotionally extreme situations. The fragmented nature of the suite (18 movements in 54 minutes) leaves me a bit wanting, for some ideas deserved a longer development (“Chant,” “Touching”). Otherwise, Wreck is a poignant piece of creative chamber music.  [Below: The opening track “Anat.”]

DAVID FENECH / Grand Huit (Gagarin Records - merci à/thanks to Dense Promotion)
Gagarin Records publie une version remasterisée et légèrement et revue d’un album de l’auteur-compositeur-interprète David Fenech, paru à l’origine en 2000. L’univers de Fenech rappelle celui de Ghédalia Tazartes: collages de fragments de chansons (souvent dans une langue inventée), de dialogues fantaisistes, d’enregistrements de terrain, avec maints revirements de situation. Grand Huit adopte une forte tangeante psychédélique, tout en demeurant profondément inclassable et éminemment français dans son humour et sa fantaisie.
Gagarin Records is releasing a remastered and slightly revised version of a 2000 album by singer-songwriter-composer David Fenech. Fenech’s universe recalls Ghédalia Tazartes’s: collages of fragments of songs (often sung in a made-up language), strange dialogues, field recordings, with lots of unexpected twists and non sequiturs. Grand Huit has a strong psychedelic flavour, but it remains deeply unclassifiable yet eminently French through its humour and fancy.

BROKEBACK / Brokeback and the Black Rock (Thrill Jockey - merci à/thanks to Dense Promotion)
Douglas McCoombs, le bassiste de Tortoise, est de retour avec un nouvel album de son projet Brokeback, le premier en plus de dix ans. Rock instrumental cinématique, pièces parfois longues, à développement lent et aérien, sans les guitares texturales du post-rock. Il y a même parfois un petit côté twang à cette musique (“Who is Bozo Texino?”). Agréable, mais ça manque de substance.
Tortoise bassist Douglas McCoombs is back at the helm of his side project Brokeback, with a new album, the first in over a decade. Cinematic instrumental rock, occasionally long tracks, slow developing, aerial music, minus post-rock’s textural guitars. This album sounds clean-shaven, with an occasional twist of twang (“Who is Bozo Texino?”). Enjoyable, but a little in substance.

REGINA DÜRIG, CHRISTIAN MÜLLER, FRANK HEIERLI & BENI WEBER / Inventuren (Deszpot)
Une nouvelle étiquette suisse, Deszpot, a publié ses deux premières parutions. Celle-ci est un projet poético-musical: la poétesse Regina Dürig récite ses textes (en allemand), accompagnée d’improvisations signées Christian Müller (clarinette contrebasse, électronics), Frank Heierli (violoncelle) et Beni Weber (percussions et électroniques). 24 poèmes courts, suivant tous une même forme: “[x] existe”. Les images sont riches, la réflexion profonde, mais la forme est hautement répétitive (je comprends peu de choses de l’allemand, mais on m’a fourni une traduction anglaise de quelques textes). La musique subit un processus de déconstruction au fil des 24 courtes pièces, allant d’une improvisation acoustique, presque mélodique, à un travail de plus en plus fragmenté, hachuré, pollué par les électroniques. La barrière linguistique est importante, mais le projet se tient.
A new Swiss label, Deszpot, just released their first two albums. This one is a poem/music hybrid. Poet Regina Dürig reads her poems (in German), backed by improvisations by Christian Müller (contrabass clarinet, electronics), Frank Heierli (cello) and Beni Weber (percussion, electronics). 24 poems, all cast in the same mold: “[x] exists.” Rich imagery, interesting ideas, but the form and the delivery are repetitive (I understand very little German, but I was provided with English translations of a few poems). The music goes through a deconstruction process in the course of these 24 short tracks, from acoustic and near melodic improvisation to increasinly fragmented, chopped works polluted by electronics. The language barrier is high, but the project is sound.
  
MARC LARDON / Mörder in der Pulvermühle (Deszpot)
Et voici l’autre de ces deux premières parutions pour Deszpot. Marc Lardon à la clarinette basse, clarinette contrebasse et aux électroniques. Pièces solos avec électroniques en temps réel et un peu de mise en boucle. Lardon a trouvé des environnements sonores simples mais originaux. De même, ses pièces demeurent souvent simples mais exploitent intelligemment ces environnements. À comparer avec le récent disque d’Alexandre St-Onge, qui soumet son signal de basse électrique au même genre de manipulations, avec un résultat nettement plus maniéré.  [Ci-dessous: La pièce “Traum” en concert.]
And here’s the other inaugural release for Deszpot. Marc Lardon on bass clarinet, contrabass clarinet, and electronics. Solo pieces with live electronics and some looping. Lardon has found simple yet original sonic environments. And his pieces are often simple yet they brilliantly draw the most out of these environments. Worth comparing to Alexandre St-Onge’s recent solo album of bass guitar and signal processing – same kind of approach, with much more affected and unnatural-sounding results.  [Below: A live performance of “Traum.”]

2013-02-11

2013-02-08: $100 Guitar Project, Barry Altschul, Pere Ubu


Journal d'écoute / Listening Diary 
2013-02-08

ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / $100 Guitar Project (Bridge Records)
Oh boy, ça c’est du gros projet. Nick Didkovsky (Doctor Nerve) et Charles O’Meara (Forever Einstein) ont acheté ensemble une guitare usagée à 100$ sur Internet, dans le but de la faire circuler parmi leurs amis. Un appel à tous a été lancé et, pendant deux ans, la guitare a passé de mains en mains, ne passant jamais plus d’une semaine à la même adresse. Au final, 65 guitaristes ont contribué au projet, qui s’étale sur deux disques bien remplis. La palette de styles représentés est gigantesque: rock, jazz, surf, country et de nombreuses approches expérimentales. Certains jouent l’instrument, tout simplement. D’autres en font un instrument dans un ensemble. D’autres enfin s’en servent comme source sonore dans un travail électroacoustique. L’attrait de ce disque double réside dans la conjugaison qualité-diversité. Très peu de contributions déçoivent. Quelques noms de participants: Ron Anderson, Biota, Nels Cline, Thomas DiMuzio, Janet Feder, Fred Frith, Mike Keneally, et Marco Oppedisano qui m’a adressé un exemplaire (merci!).
Oh boy, this is one big project. Nick Didkovsky (Doctor Nerve) and Charles O’Meara (Forever Einstein) bought a used guitar online for $100, with the idea of passing it around among their guitarist friends. For two years, the guitar changed hands, never spending more than a week at the same address. In the end, 65 guitarists contributed to the project, which fills up two CDs. The palette of styles represented here is huge: rock, jazz, surf, country, and lots of experimental approaches. Some musicians simply play the guitar, others use it as one instrument in a group, others use it as a sound source for an electroacoustic composition. The interest of this 2-CD set resides in how it pairs quality and diversity. Very few contributions disappoint. Among the participants are: Ron Anderson, Biota, Nels Cline, Thomas Dimuzio, Janet Feder, Fred Frith, Mike Keneally, and Marco Oppedisano who kindly sent me a copy (thanks!).

 BARRY ALTSCHUL / The 3dom Factor (TUM Records - merci à/thanks to Braithwaite & Katz)
Très bonne session studio dirigée par le batteur Barry Altschul, 70 ans, flanqué du contrebassiste Joe Fonda et du jeune saxo ténor Jon Irabagon (Mostly Other People Do the Killing). Des compos courtes, souples, souvent entraînantes. Chapeau à Irabagon pour avoir trouver sa place si aisément entre ces deux grands du free jazz américain, d’autant plus qu’ils forment une splendide section rythmique depuis longtemps.
A very fine studio session led by drummer Barry Altschul, age 70, with bassist Joe Fonda and young tenor sax player Jon Irabagon (of Mostly Other People Do the Killing). Short, supple compositions, often energizing. Hats off to Irabagon woh succeeds in finding his place alongside these two American free jazz giants, especially since they form a splendid rhythm section and have so for a long time.

PERE UBU / Lady from Shanghai (Fire Records)
Aucune comparaison possible entre Lady from Shanghai, frais paru, et le précédent disque studio de Pere Ubu, Why I Hate Women. Pas plus qu’on pouvait comparer l’exécrable Story of My Life au fabuleux Raygun Suitcase au milieu des années 90. Lady from Shanghai offre tout ce que j’aime de Pere Ubu: des moments de pure folie expérimentale (“The Carpenter Sun”), des chansons déjantées (“The Road Trip of Bipasha Ahmed”) et des mélodies étranges (“Thank You”, hommage très tordu). Un retour en forme qui fait plaisir.
No comparison possible between Lady from Shanghai, fresh out, and Pere Ubu’s previous studio effort Why I Hate Women. No more than one could have compared the atrocious Story of My Life to the fabulous Raygun Suitcase back in the mid-‘90s. Lady from Shanghai has everything I love about Pere Ubu: moments of pure experimental madness (“The Carpenter Sun”), off-kilter songs (“The Road Trip of Bipasha Ahmed”), and deeply strange melodies (“Thank You,” a really twisted homage). This back-in-shape release is a treat.