2014-05-07
ABDELHAÏ BENNANI, ITARU OKI, ALAN SILVA & MAKOTO SATO / New Today,
New Everyday (Improvising Beings)
Deux belles sessions de studio, une de
mai 2009 entre Bennani (saxo ténor), Itaru Oki (trompette, flûte) et Makoto
Sato (batterie), l’autre de juillet 2009 entre les trois mêmes et Alan Silva
(clavier). Sessions présentées en disque double totalisant dans les 95 minutes.
Parties composées (surtout par Bennani), mais un sentiment général
d’improvisation libre, avec de très beaux échanges et un son collectif bien
défini. “Tribes”, où Oki joue de la flûte, est splendide. Et Silva adopte un
rôle plus discret qu’à l’habitude, son “synthétiseur orchestral” s’intégrant
très bien à l’ensemble.
Two fine studio sessions, one
from May 2009 between Bennani (tenor sax), Itaru Oki (trumpet, flutes), and
Makoto Sato (drums), the other from July 2009 with the same trio plus Alan
Silva (keyboard). These sessions are released as a 2-CD set with a total
duration of approx. 95 minutes. There are composed bits (mostly by Bennani),
but the general feeling is one of free improvisation, with some beautiful
exchanges and a well-defined group sound. “Tribes,” where Oki plays flute, is
gorgeous. And Silva takes on a role more discreet than usual, his “orchestral
synthesizer” blending in unusually well with the ensemble.
HERATIUS CORPORATION – ARMAND FRIGICO / Pataphysic Power: The
Underground Retrospective (Fractal
Records)
L’étiquette française Fractal frappe un
grand coup avec ce CD double qui réédite: l’album Gwendolyne
de Heratius Corporation (1976; il figure sur la célèbre liste de Nurse With
Wound), le deuxième album de HC, jamais paru (1979), la cassette L’Après-midi chaud d’Armand Frigico (1985) et deux pièces
inédites. Le lien entre tout ça: le guitariste, compositeur,
multi-instrumentiste et pataphysicien Armand Mirallès. Les deux Heratius Corporation
sont une révélation: musique dadaïste aux racines nombreuses (blues, krautrock,
rock-in-opposition, chanson) qui s’inscrit dans la foulée des Barricade, Fille
qui mousse, Philippe Besombes, Flamen Dialis et autres ovnis français de
l’époque. “Le naufrage de la belle excentrique au large de Dieppe” (18 mnutes,
sur l’album inédit) est un incroyable mélange de hörspiel et de minimalisme
psychédélique. Le disque deux propose deux raretés, dont 12 minutes de
variations sur “It’s a Rainy Day, Sunshine Girl” de Faust, un délire très amusant
avec des résonances Magma-esques, auquel participe Pascal Comelade. L’essentiel
du deuxième disque est occupé par L’Après-midi chaud,
où Mirallès se transforme en one-man-band synthé-pop. Encore pataphysique, mais
froid et synthétique – tout aussi déjanté, mais l’écriture autant que la
qualité sonore sont de moindre qualité. Ce qui n’en fait pas quelque chose
d’inintéressant (Katerine et Les Biberons bâtis pourraient-ils avoir entendu
cette cassette à l’époque?!?). Bravo à Fractal pour cette surprise de taille.
The French label Fractal just
pulled a rabbit out of its hat: a double CD reissuing Heratius Corporation’s Gwendolyne LP (1976,
featured on the famous Nurse With Wound list), HC’s second, never-before
released album (1979), Armand Frigico’s 1985 cassette L’Après-midi
chaud, and a couple of ultra-rare tracks. The common
denominator of the project is guitarist, composer, multi-instrumentalist and
pataphysician Armand Mirallès. The two Heratius Corporation albums are a
revelation: Dada music with complex roots (blues, chanson, rock-in-opposition,
krautrock), in a class all its own but with similarities with other French UFOs
of that era, like Barricade, Fille qui mousse, Philippe Besombes, and Flamen
Dialis. The 18-minute “Le naufrage de la belle excentrique au large de Dieppe”
is an incredible cross between hörspiel and psychedelic minimalism. Disc 2
features two rarities, one of them a 12-minute track of variations on Faust’s
“It’s a Rainy Day, Sunshine Girl,” an entertaining delirium with Magma-esque
overtones featuring... Pascal Comelade! The bulk of disc 2 is occupied by L’Après-midi
chaud, where Mirallès transforms into a synth-pop
one-man-band. Still pataphysical, though now cold and synthetic-sounding – and
still as zany, but the songwriting and sound quality are weaker. Which doesn’t
make this part of the 2-CD set uninteresting (is it possible that Katerine and
Les Biberons bâtis heard this tape back in the day???). Congratulations to
Fractal for such a surprising reissue.
Le guitariste Richard Pinhas et le
batteur Yoshida Tatsuya (Ruins, Koenjihyakkei, Acid Mothers Gong, etc.): un
jumelage rêvé, un disque stupéfiant, une pochette hallucinée. L’album se
compose d’une courte introduction qui pourra faire office d’extrait radio: 4
minutes de rock improvisé puissant, martelé, magistral. Suit une pièce de 63
minutes, une suite en fait, où les deux musiciens travaillent de manière
beaucoup plus graduelle – accrétions de boucles de guitare, développements
rythmiques, pic, puis passage ambiant, ralentissement des choses, réaccelerando,
etc. À la première écoute, je ne me suis pas ennuyé, mais pas du tout. Tatsuya,
intarissable, habille les constructions de Pinhas de couleurs éclatantes. [Ci-dessous:
“Part One: Intro”.]
Guitarist Richard Pinhas and
drummer Yoshida Tatsuya (Ruins, Koenjihyakkei, Acid Mothers Gong, etc.): a wet
dream of a match, an astounding record, and an hallucinated cover artwork. The
album starts with a short introduction that will make a fitting radio single of
sorts: 4 minutes of grand, powerful, beat-driven improvised rock. Follows a
63-minute piece, almost a suite, where both musicians work in much more gradual
ways – accumulating guitar loops, rhythmical developments, a peak followed by
an ambient passage, deceleration, reacceleration, etc. The first listen I found
captivating throughout. Tatsuya, unstoppable (though he does let off here and
there) dresses up Pinhas’s constructions in striking colours. [Below: “Part One: Intro.”]