Journal d'écoute / Listening Diary
2011-05-12
MARCUS FJELLSTRÖM / Library Music 1 (Kafkagarden)
Marcus Fjellström, qui a lancé un solide disque, Schattenspieler, chez Miasmah l’an dernier, vient de publier à compte d’auteur Library Music 1, un disque à la fois très différent et tout à fait dans sa manière. Cet album consiste en 18 vignettes musicales inspirées des disques de “library music”, de styles variés mais toujours fantômatiques dans la facture sonore. À écouter au casque pour percevoir la profondeur des ambiances et le soin apporté à conférer au tout un aspect vétuste. Du grand art pour de courtes pièces. J’aime beaucoup. Chaudement recommandé aux amateurs de musique étrange, toutes tendances confondues. [Ci-dessous: Sur cette page, vous trouverez un lecteur proposant des extraits de chaque piste.]
Marcus Fjellström, who released a strong solo record (Schattenspieler) on Miasmah last year, just self-released Library Music 1. This album is both different and similar to his previous effort. It consists in 18 music vignettes inspired by the library music LPs of yore. The short tracks cover a wide range of styles, but they all sound ghostly. Worth listening to with headphones to dive into the deep ambiences and the extreme care used to give this project an antiquated feel. Heartily recommended to fans of strange music of all persuasions. [Below: On this page you will find a media player loaded with one-minute excerpts of each track.]
PAUL ELWOOD / Stanley Kubrick’s Mountain Home (Innova)
Le banjoiste Paul Elwood (du splendide Hank Williams Project d’Andrew Bishop) propose avec Stanley Kubrick’s Mountain Home un métissage assez incongru entre Americana et musique contemporaine. L’album se compose de trois grandes œuvres dans cette veine et de trois duos banjo et violon ou banjo et violoncelle, des interludes en quelque sorte. La pièce titre est l’œuvre maîtresse, une sorte d’oratorio de 26 minutes mettant en vedette la soprano Ilana Davidson, Elwood, le violoneux Matthew Combs et le Callithumpian Consort dirigé par Stephen Drury. Une œuvre schizophrène, où des airs folks s’envolent sur des fonds sonores troubles et inquiétants - remplacez le grand hôtel du film The Shining par une cabane en bois rond. Aussi au menu, un concerto pour banjo et ensemble de chambre (“In the Zone”), ainsi qu’un superbe trio intitulé “The Golden Road” pour banjo, pipa et piano, où l’accent est mis sur les similitudes de timbre et de technique entre ce luth chinois, représentant de la haute musique classique orientale, et le banjo à cinq cordes, icône des campagnes américaines.
With Stanley Kubrick’s Mountain Home, banjoist Paul Elwood (from Andrew Bishop’s splendid Hank Williams Project) attempts a highly unorthodox blend between Americana and contemporary classical music. The album includes three longer works and three shorter folk tunes (banjo/fiddle or banjo/cello duets) acting as interludes. The title track is the magnum opus of this CD, a 26-minute oratorio of sorts featuring soprano Ilana Davidson, Elwood, fiddler Matthew Combs, and the Callithumpian Consort conducted by Stephen Drury. A schizophrenic work where folk tunes take off over a dark, ominous background of strings – simply replace the grand hotel in Kubrick’s movie The Shining by a log cabin. We are also treated to a concerto for banjo and chamber ensemble (“In the Zone”), and to a beautiful trio entitled “The Golden Road,” for banjo, pipa and piano, where the writing focuses on similarities in tone and technique between the Chinese lute, representing the “high” Oriental music tradition, and the five-string banjo, iconic of the “low” music tradition of the American countryside.
HENRI POUSSEUR / Parabolique d’enfer (Sub Rosa - merci à/thanks to Forced Exposure)
La conclusion d’un arc compositionnel et d’un triptyque sur disque, après 8 Études paraboliques et 4 Parabolic Mixes. Les études paraboliques sont des pièces de musique concrète conçues pour être mixées entre elles - superposées et collagées. En 1992, Pousseur a produit une parabolique à partir des études et de “Leçon d’enfer”, un théâtre musical sur Rimbaud qu’il avait composé et créé peu avant. Parabolique d’enfer propose une aventure sonore, ni plus ni moins, dans une grande richesse de sources et de traitements qui paraîtra citationniste aux auditeurs familiers avec les 8 Études, iconoclaste aux autres. Du solide.
This concludes a compositional arc and a tryptych on record, following 8 Études paraboliques and 4 Parabolic Mixes. Pousseur’s parabolic studies are musique concrète pieces designed to be mixed together (by superimposition, collage, etc.). In 1992, Pousseur produced a parabolic from these studies and “Leçon d’enfer,” a musical theatre piece on Rimbaud he had recently composed and premiered. Parabolique d’enfer offers quite a sonic journey, rich in sources and treatments. It will sound quote-heavy to isteners familiar with 8 Études..., while others will simply see it as iconoclastic. In any case, it’s a potent work.