Journal d'écoute / Listening Diary
2010-11-15
ZEITKRATZER / Old School: Alvin Lucier (Zeitkratzer Records - merci à/thanks to Dense Promotion)
Après John Cage et James Tenney, voici que l’ensemble acoustique Zeitkratzer dévoue un disque complet aux œuvres d’Alvin Lucier. Ce minimaliste fantaisiste a composé plusieurs pièces dont la partition consiste simplement en instructions écrites ou en explications de concepts. Par exemple, “Opera with Objects” (11 minutes) exige de chaque musicien qu’il tapote avec des crayons sur un objet, en modifiant graduellement le rythme qu’il se choisit, sans se synchroniser aux autres interprètes. Point. Parfois amusantes, mystifiantes à leur meilleur, souvent lancinantes, voire agaçantes, les œuvres de Lucier pardonnent rarement. Et Zeitkratzer ne fait pas de cadeaux: les cinq pièces retenues pour ce disque sont difficiles à l’écoute mais pertinentes. Une réalisation convaincante.
Aftern John Cage and James Tenney, acoustic ensemble Zeitkratzer devotes a complete album to the works of Alvin Lucier. This fanciful minimalist composer has written pieces whose score consists simply in written instructions and concepts explanations. For instance, “Opera with Objects” (11 minutes) requires that each musician use pencils to tap out a rhythm on an object, gradually changing that rhythm without every synchronizing with the other performers. Period. At times funny, mystifying at their best, often languid, irritating even, Lucier’s works take no prisoners. And Zeitkratzer aren’t sugar-coating it – the five works selected for this release are a difficult though relevant listen. A convincing production.
ZEITKRATZER / Whitehouse (Zeitkratzer Records - merci à/thanks to Dense Promotion)
Après le old school, voici le new school selon Zeitkratzer. L’ensemble de musique de chambre contemporaine entièrement acoustique (mais aux techniques de jeu et d’amplification très étendues) propose un court programme (27 minutes) d’arrangements d’œuvres de William Bennett, l’homme derrière le projet bruitiste Whitehouse. Reinhold Friedl, directeur de Zeitkratzer, semble se plaire parfaitement dans l’univers mathématique un peu sordide de Bennett. Les six pièces proposées ici sont bruitistes, soit, mais étrangement, et la lecture faite est aussi originale que le sont les enregistrements... originaux. Bref, une réinvention plus qu’une recréation, et parmi les nombreux exercices similaires de Zeitkratzer, celui-ci ressort comme étant particulièrement confondant.
After the old schol, here’s the new school according to Zeitkratzer. The all-acoustic (though it uses extended playing and amplification techniques) contemporary chamber music ensemble delivers a short (27-minute) program of arrangements of works by William Bennett, the man behind the noise project Whitehouse. Zeitkratzer director Reinhold Friedl seems completely at ease in Bennett’s sordid mathematical soundworld. The six tracks featured here are noisy of course, but strangely so, and these readings are just as original as the original recordings. Music reinvented, not recreated, and among Zeitkratzer’s many similar exercises, this one stands out as a particularly astounding.
XAVIER CHARLES / Invisible (Sofa)
Xavier Charles propose ici un album de clarinette solo. Ses techniques étendues sur l’instrument sont au centre de cet album, un disque un peu aride mais fascinant. La prise de son très rapproche, le jeu de clés et autres explorations sonores du corps résonant que forme la clarinette rapprochent beaucoup le travail de Charles à celui de John Butcher sur le saxo.
Xavier Charles delivers a solo clarinet album. His extended techniques are the focus of Invisible, a slightly arid record - but a fascinating listen. The close-miking, the key-tapping and other sonic explorations of the clarinet as a resonating body put Charles’ work very close to what John Butcher does with the saxophone.
INGAR ZACH / M.O.S. (Sofa)
Wow. Un solo de percussion (grosse caisse, boîtes sruti, “drone commander” et objets) de 37 minutes, délicat au début, super intense au final, un univers sonore développé méticuleusement, sans exclure une dose d’émotion. Bravo.
Wow. A 37-minute percussion solo (bass drum, sruti boxes, “drone commander” and objects). Starts out delicate, gets super-intense - a soundworld developed meticulously, without ruling out a dose of feeling. Bravo.
Woo-hoo! Un nouvel album studio de The Ex! Le premier depuis Turn en... 2004! Le groupe s’est transformé sérieusement depuis: départ de la contrebassiste, départ du chanteur G.W. Sok, arrivée du nouveau chanteur Arnold de Boer - si vous faites le compte, ça laisse Katerina, Andy et Terrie avec Arnold - sans parler des expériences éthiopiennes du groupe et de cette tournée “Brass Unbound”, début 2010, qui laisse une trace en la présence très remarquée du trompettiste Roy Paci sur deux titres. Catch My Shoe est un disque assez “catchy”, malgré le ton plutôt monocorde de Boer (j’aimais beaucoup Sok, j’aurai besoin de temps pour m’habituer). Pas aussi essentiel que Turn, mais bon, solide même. “Maybe I Was a Pilot”, “Cold Weather is Back” et “Tree Float” méritent toute une place durable dans le répertoire du groupe. Et on a droit à une reprise de Mammoud Ahmed: “Eoleyo”! Par contre, rien sur ce disque n’a la force de frappe d’un “Listen to the Painters”... [Ci-dessous: “Maybe I Was the Pilot”, la version “single”, en téléchargement gratuit sur le site de Pitchfork.]
Woo-hoo! A new studio full-length album from The Ex! The first one since Turn in… 2004! The band has changed considerably since then: the bassist is gone, singer G.W. Sok has left, a new singer in Arnold de Boer has arrived – if you’ve been keeping scores, that leaves Katerina, Andy and Terrie with Arnold. And in the meantime there have been Ethiopian experiences and that early 2010 tour dubbed “Brass Unbound” which can be felt in the highly remarkable presence of trumpeter Roy Paci on two tracks. Catch My Show is a rather catchy record, despite de Boer’s rather monotone vocals (I was very fond of Sok, it will take me some time to get used to the new guy). Not as essential as Turn, but good stuff nonetheless. “Maybe I Was a Pilot,” “Cold Weather is Back” and “Tree Float” deserve regular spots in the band’s setlists. And we are treated to a cover of Mammoud Ahmed’s “Eoleyo”! However, there is nothing on this record as infectuously good as “Listen to the Painters”… [Below: “Maybe I Was the Pilot”, single version, a free download offered by Pitchfork.]
GHÉDALIA TAZARTES / Ante-Mortem (Hinterzimmer Records - merci à/thanks to Dense Promotion)
Ghédalia Tazartes vit dans son propre univers (et Vincent Bergeron vit juste à côté). Cet univers est peuplé de collages sonores étranges, ludiques, voire ridicules mais d’un ridicule dadaïste que je trouve irrésistible. Ante-Mortem pourrait bien être l’album le plus solide que j’aie entendu de lui - le plus fou aussi, jusqu’au débile “Ave Maria” qui lui sert de conclusion. Chansons détournées et musique concrète iconoclaste emballées dans un album insensé et pourtant très cohérent. J’adore! [Ci-dessous: “Huit”, et un cas très clair où une pièce ne peut rendre justice à la diversité de ce disque. Bien que...]
Ghédalia Tazartes lives in his own universe (where Vincent Bergeron may be his next-door neighbour). And that universe is filled with strange, playful, occasionally ridiculous Dada sound collages. I find that irresistible. Ante-Mortem could be his strongest release yet – his craziest too, down to its conclusion, a retarded version of “Ave Maria.” Hijacked songs and iconoclastic musique concrète wrapped up in a demented yet highly consistent album. I’m loving it! [Below: “Huit” - and a clear case of one-track-can’t-give-you-a-representative-idea-of-the-album. Although...]
No comments:
Post a Comment