Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

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2013-05-02

2013-05-01: Di Domenico/Grimal, Di Domenico/Mo(ve)ments Ensemble, Hintanoi, Sedayeh Del, The Sweet Vandals


Journal d'écoute / Listening Diary
2013-05-01

GIOVANNI DI DOMENICO & ALEXANDRA GRIMAL / Ghibli (Sans Bruit)
Je reprends et termine aujourd’hui mon exploration du catalogue du pianiste/claviériste Giovanni Di Domenico. Ce duo avec la saxophoniste Alexandra Grimal (au soprano) est paru en 2010 chez Sans Bruit. On se rappellera que le disque Andromeda de Grimal s’est classé dans le Top 30 des musiques exigeantes 2012 de Délire actuel. Ghibli est un disque délicat présentant une série de compositions de Di Domenico – des compositions strictements acoustiques, dans une veine jazz actuel recherché. La série des “Koans” (il y en a cinq) ets particulièrement intéressante: Di Domenico y développe un art mélodique séduisant, sans facilité.
I will be completing my exploration of pianist/keyboardist Giovanni Di Domenico’s discography today. This duo CD with soprano saxophonist Alexandra Grimal came out in 2010 on Sans Bruit. Some of you may remember Grimal from her gorgeous Ayler CD Andromeda, which was included in Délire actuel’s 2012 Demanding Music Top 30. Ghibli is a delicate record featuring compositions by Di Domenico – strictly acoustic pieces in a sophisticated avant-jazz vein. The “Koan” tracks (there are five of them) are particularly good: Di Domenico develops in them a seductive art of the melody.

GIOVANNI DI DOMENICO & MO(VE)MENTS ENSEMBLE / Terra Che Cammina (Spocus Records)
Sur celui-ci Di Domenico développe une esthétique plus près de la musique de chambre contemporaine. “Interludico” ouvre l’album sur un solo de piano étonamment tonal, voire classique. L’apparition des autres instruments (clarinette, violon, violoncelle, contrebasse) introduit une dimension cinématique et des jeux de texture, mais l’élément tonal demeure tout au long de l’album. C’est un côté de Di Domenico que je ne connaissais pas, très éloigné de son travail dans des groupes comme Going ou Mulabanda.
On this CD, Di Domenico develops aesthetics that get much closer to contemporary chamber music. “Interludico” opens the album on a surprisingly tonal, even classical piano solo. The introduction of the other instruments (clarinet, violin, cello, doublebass) add textural plays and a cinematic feel to the music, but the tonal element remains strong throughout the album. This is a side of Di Domenico I wasn’t aware of, quite remote from his work in groups like Going and Mulabanda.

HINTANOI / Siyaha (Twisted Tree Line)
Hintanoi est un pseudo de Giovanni Di Domenico, son projet d’électronique expérimentale ambiante. Siyaha, un CDr publié en 2012, est un mini-album composé d’une seule pièce de 22 minutes. L’œuvre traverse plusieurs états, passant d’un bruitisme glitch délicat à des envolées spatiales, en passant par des textures bruitistes plus dures, pour finir avec un discret piano électrique fortement manipulé. Nous sommes ici à l’opposé de Terra Che Cammina et ce disque complète très bien le spectre des intérêts de ce musicien, un spectre qui s’étend donc du piano acoustique à l’électronique expérimentale, en passant par le jazz actuel, l’improvisation libre et l’avant-rock. Un artiste fascinant.
Hintanoi is Giovanni Di Domenico’s experimental ambient alias. Siyaha, a CDr released in 2012, is an EP consisting of a single 22 minutes. This work goes through several stages, from delicate glitch noise to spatial flights, then on to harsher noise build-ups, onyl to conclude with quiet deeply-transformed electric piano. This is the extreme opposite of Terra Che Cammina. This record completes Di Domenico’s portrait and, as we can see, his interests extend from acoustic piano to experimental electronica, by way of avant-jazz, free improvisation, and avant-rock. A fascinating artist.

ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / Sedayeh Del: Funk, Psychedelia and Pop from the Iranian Pre-Revolution Generation (Pharaway Sounds - merci à/thanks to Forced Exposure)
Il s’agit de la quatrième compilation du genre publiée chez Pharaway Sounds (un subsidiaire de Guerssen), mais j’ai manqué les trois premières. Avant la révolution islamiste de 1978, l’Iran s’intéressait beaucoup à la musique populaire occidentale. Ce disque témoigne de fusions fort intéressantes. À signaler: “Helelyos” de Zia, digne des chansons les plus psychédéliques d’Adip Akbayram; “Del” de Shohreh, une très belle voix; et “Sedayeh Del” de Sattar. Tout n’est pas génial, avec certains trucs nettement plus kitsch que funk ou psychédéliques, mais la moyenne est bonne et la qualité sonore supérieure à plusieurs compilations du genre chez Sublime Frequencies.  [Ci-dessous: “Helelyos” de Zia.]
This is the fourth V.A. album covering this material to be released by Pharaway Sounds (an imprint of Guerssen), but I have missed the first three. Before the Islamic revolution of 1978, Iran was strongly interested in Western pop music. This record shows some pretty interesting fusions. Highlights include Zia’s “Helelyos”, worthy of Adip Akbayram’s most psychedelic sides; “Del” by the honey voice of Shohreh; and Sattar’s infectious “Sedayeh Del.” It’s not all good, with some tracks clearly closer to kitsch (or Bollywood) than to anything funky or psychedelic, but this CD has a good average, and sound quality is better than what can be heard on most of Sublime Frequencies’ compilations.  [Below: Zia’s “Helelyos”.]

THE SWEET VANDALS / After All (Sweet Records - merci à/thanks to Forced Exposure)
Look rétro, voix d’or, chansons accrocheuses, les Sweet Vandals semblent jouer le jeu de la soul depuis un bout de temps. After All est leur quatrième disque, le premier qu’ils publient eux-mêmes. Ce groupe espagnol fait dans la soul pop métissée de funk – un peu de funk. Textes pas trop nunuches, mélodies agréables, c’est bien. Mais ça manque de créativité dans les arrangements et d’un certain “oumph”.
Retro look, golden voice, catchy songs – The Sweet Vandals have been adept at the game of soul music for a while. After All is their fourth album, and the first one they self-release. This Spanish group plays soul pop with a hint of funk. Their lyrics are not too predictable, they have enjoyable melodies, it’s good stuff. But it lacks some creativity in the arrangements, and a certain degree of “oomph.”

2013-05-01

2013-04-30: Perelman/Shipp/Parker/Cleaver, Perelman/Shipp/Bisio/Dickey


Journal d'écoute / Listening Diary 
2013-04-30

IVO PERELMAN, MATTHEW SHIPP, WILLIAM PARKER & GERALD CLEAVER / Serendipity (Leo Records)
Les trois disques parus simultanément ce mois-ci portent à 24 le nombre d’albums d’Ivo Perelman publiés par Leo Records. Cette session studio devait être un trio, mais par le hasard des choses elle s’est transformée en quartet, d’où ce titre de Serendipity. Une pièce, 43 minutes, du free jazz parfait, Perelman au sommet de sa forme, quatre musiciens ayant beaucoup de vécu ensemble, une conversation aisée dès le début, un élan impeccable. Je vous dis: ce disque est parfait.
The three CDs simulaneously released this month push the number of Ivo Perelman albums available on Leo Records to 24. This studio session was scheduled to be a trio, but the vagaries of life turned it into an impromptu quartet, hence the title Serendipity. One piece, 43 minutes, perfect free jazz. Perelman in top shape, four musicians with lots of shared experiences, easy conversation from the start, impeccable drive. I’m telling you: this record is perfect.

IVO PERELMAN, MATTHEW SHIPP, MICHAEL BISIO & WHIT DICKEY / The Edge (Leo Records)
Parmi les parutions récentes d’Ivo Perelman chez Leo Records, on compte des trios auxquels participent Shipp, Bisio et Dickey. Cette session studio en quartet n’est donc pas une surprise. The Edge varie les ambiances au cours de neuf improvisations courtes ou très courtes (monis de deux minutes dans trois cas). Belle synergie, et splendide solo du contrebassiste Michael Bisio en ouverture de “Clarinblasen”, mais ce n’est pas la magie de Serendipity, ni la connivence de The Art of the Duet (avec Shipp). Un bon disque, mais si vous avez à choisir parmi les trois...
Among Ivo Perelman’s recent releases on Leo Records, there are trios featuring Shipp, Bisio and Dickey. So this quartet studio session doesn’t come as a surprise. The Edge varies the moods in the course of nine short and very short improvisations (three of them are under two minutes long). Fine synergy, and a gorgeous opening solo from bassist Michael Bisio in “Clarinblasen,” but this one doesn’t have the magic of Serendipity nor the “mind-meld” quality of The Art of the Duet (with Shipp). It’s a good record, but if you have to choose between these three CDs...

2013-04-30

2013-04-29: Rothkamm, Candlesnuffer/Simonis, Pegelia Gold, Chelsea Light Moving


Journal d'écoute / Listening Diary 
2013-04-29

ROTHKAMM / K5 (Flux Records)
Dans Frank comme dans Rothkamm, le K occupe la 5e position. Et K5 est le nom d’un synthétiseur fabriqué par Kawai en 1987. Cet album, Rothkamm l’a produit entièrement sur le K5. D’une durée de 33 minutes, il propose cinq œuvres composées en 2004, plus quatre intercalaires miniatures. Les pièces de 2004 se rapprochent beaucoup du matériel qui compose la trilogie FB (2005-2007), soit une musique électronique microtonale faites de glissandos et de rapports harmoniques déstabilisants, une musique qui évoque celle des pionniers de l’électronique abstraite, de Brün à Xenakis.
In Frank as in Rothkamm, the fifth letter is K. And K5 is the name of a Kawai synthesizer from 1987. Rothkamm produced this album solely on the K5 synthesizer. It consists in five works written in 2004, plus four ultra-short interludes, for a total of 33 minutes. The 2004 pieces are very close in sound and style to the material found in the FB trilogy (2005-2007), i.e. microtal electronic music made of glissandi and destabilizing harmonic structures. This music evokes the pioneers of abstract electronic music, from Brün to Xenakis.

CANDLESNUFFER & LUKAS SIMONIS / Nature Stands Aside (HellosQuare Recordings / Z6 Records)
Une série de duos entre les guitaristes Candlesnuffer (l’Australien Dave Brown) et Lukas Simonis, enregistrés en studio en 2007-2008 et parus en 2010. Approches extrêmes de la guitare électrique, avec préparations et manipulations numériques en direct. Une écoute exigeante, où rien n’est évident, mais truffée d’humour et de créativité débridée.
A series of duets between guitarists Candlesnuffer (the Australian Dave Brown) and Lukas Simonin, recorded in the studio in 2007-2008 and released in 2010. Extreme approaches of the electric guitar, with preparations and real-time digital manipulations. A demanding listen where nothing is obvious, but there’s a hefty dose of humour and unbridled creativity.

PEGELIA GOLD & ARTZENTRAL / Polaris (Unit Records)
L’étiquette suisse Unit Records, à travers son flot ininterrompu de jazz européen, pond parfois un œuf en or comme celui-ci. Polaris est l’œuvre de la chanteuse Pegelia Gold, qui s’allie ici à l’ensemble Art Zentral. Ce cycle de chansons est unique en son genre. Ces huit pièces parfois expansives (plus une chanson boni) nous transportent dans des univers sonores qui élicitent une kyrielle de comparaisons imparfaites: Loreena McKennit pour l’ambiance, Lisa Gerrard pour la voix (et les chœurs à quatre voix), News from Babel pour les arrangements (particulièrement dans la pièce titre). Gold a réussi cet équilibre difficile entre cohésion de l’ensemble et personnalités distinctes pour chaque pièce. Les arrangements regorgement de surprises, de trouvailles. Je suis sous le choc; je suis comblé. [Ci-dessous: “Polaris”.]
The Swiss label Unit Records, through its unstoppable flow of European jazz releases, occasionally lays a golden egg like this one. Polaris is the work of singer Pegelia Gold, here pairing up with performers Art Zentral. This song cycle is unique: eight (occasionally) expansive pieces – plus one bonus track – taking us through soundworlds that elicit a myriad imperfect comparisons: Loreena McKennit for the moods early on; Lisa Gerrard for the voice (and the four-voice choir passages); News from Babel for the arrangements (especially in the title track); etc. Gold has struck a perfect balance between cohesion of the whole and specific character for each piece. The arrangements are full of surprises and finds. I am in shock. I am overwhelmed.  [Below: “Polaris.”]

CHELSEA LIGHT MOVING / Chelsea Light Moving (Matador)
Premier album du nouveau groupe rock de Thurston Moore. Chelsea Light Moving remplacera-t-il Sonic Youth? Fort probablement que non, mais cet opus est solide et voit Moore revenir au rock ‘n’ roll – alternatif, bruitiste, mais rock ‘n’ roll tout de même. Avec de solides dérapes guitaristiques (“Alighted” est particulièrement réussie). Je n’ai jamais été un fan de Sonic Youth et ce n’est pas vraiment mon genre de rock, mais j’avoue avoir hâte de voir et d’entendre ce groupe sur scène au FIMAV 2013.
Debut album from Thurston Moore’s new rock band. Will Chelsea Light Moving replace Sonic Youth? Most problably not, but this is a strong opus where Moore comes back to rock’n’roll – alt rock, noise rock, but rock’n’roll just the same. And there are a few glorious guitaristic freak outs (“Alighted” is especially notable). I’ve never been a fan of Sonic Youth, and this is not really my kind of rock music, but I look forward to hearing and watching this band in action at FIMAV 2013.

2013-04-29

2013-04-25/26: Koji Asano, Perelman/Shipp, Bomata, Athanor, Quarkspace


Journal d'écoute / Listening Diary 
2013-04-25/26

KOJI ASANO / August is Fall (Solstice)
Suivre Koji Asano, c’est être constamment appelé à s’interroger. Quand, au début de mon émission radio Délire actuel, j’explique que les musiques exigeantes exigent qu’on porte attention et qu’on revoit notre définition de ce qu’est et de ce que n’est pas la musique, je pense à Asano. Systématiquement. August is Fall est une œuvre d’une heure, en trois mouvements. C’est à peine si on remarque les passages d’un mouvement à l’autre, puisque les arrêts-reprises sont nombreux. Et comment décrire les sons offerts entre ces arrêts? Une pâte à la fois complexe et indistincte, très filtrée – j’ai parfois l’impression d’écouter via une radio à ondes courtes. Y a-t-il une logique à la fréquence des arrêts-reprises? Faudrait écouter chrono en main. Finalement, qu’est-ce? Une plage de temps sans début ni fin.
Following Koji Asano means being constantly called to question one’s self. When, at the beginning of my radio show Délire actuel, I explain that demanding music is music that demands that you focus on it, think about it, and eventually review your definition of what music is and isn’t, I’m always thinking of Asano. August is Fall is a one-hour work in three movements – but you barely notice the switch from one movement to the next, since there are a large number of stop/go moments in the piece. And how could I describe the sounds? A complex yet undistinctive sonic paste, highly filtered – at times, it feels like I’m listening to this on a shortwave radio. And is there a structure, a system to these stop-go’s? Maybe I should listen with a stopwatch. In the end, what is this? A slice of time without a beginning or an ending.

IVO PERELMAN & MATTHEW SHIPP / The Art of the Duet, Volume One (Leo Records)
Après avoir publié simultanément trois disques du saxo Ivo Perelman il y a quelques mois, voici que Leo Records remet ça! Et le pianist Matthew Shipp est présent sur les trois! The Art of the Duet (notez la mention “volume 1”) est un enregistrement studio de septembre 2012. Douze duos courts (rien au-dessus de cinq minutes) entre deux musiciens qui ont beaucoup en commun. De la verve, oui, mais aussi un langage mélodique qui, aussi “instantané” soit-il dans ce contexte, est le résultat d’une longue pratique. Le “Duet #06” touche à la splendeur.
After releasing simultaneously three CDs by sax player Ivo Perelman a few months ago, Leo Records does another hat trick! And pianist Matthew Shipp is on all three too! The Art of the Duet (please notice that “Volume 1”) is a studio session from September 2012. Twelve short duets (nothing over five minutes) between two musicians who have a lot in common. Verve, of course, but also a melodic language that results from years and years of development, however “instantaneous” it may seem. “Duet #06” touches on pure splendour.

BOMATA / Arômes d’ailleurs (Malasartes)
Bomata est le second trio du contrebassiste montréalais Jean-Félix Mailloux (l’autre étant Cordâme, un trio à cordes). Et Arômes d’ailleurs est le second disque de ce trio où on retrouve aussi le clarinettiste Guillaume Bourque (Sagapool) et le percussionniste Patrick Graham. La musique de Mailloux continue de se raffiner, empruntant des éléments indiens, arabes et asiatiques pour nourrir un goût de la mélodie sans évidence. Graham, un maître du tambour sur cadre, rend ces emprunts fort crédibles (notons aussi que Ziya Tabassian lui prête main forte dans quatre morceaux). Ce disque démontre que la ligne est mince entre Cordâme et Bomata – une question d’instrumentation, sans plus, puisque l’élan créatif et la qualité des arrangement sont les mêmes.
Bomata is Montreal-based doublebassist Jean-Félix Mailloux’s second trio (the first one being the string trio Cordâme). And Arômes d’ailleurs (“Scents from Abroad”) is the second album, just out, by this trio also featuring clarinettist Guillaume Bourque (of Sagapool) and percussionist Patrick Graham. Mailloux’s music keeps gaining in sophistication, borrowing elements from India, Asia, and Northern Africa to feed his taste for non-obvious melodies. Graham, a master of the frame drum, anchors these borrowed elements in credibility (he is also helped in that regard by Ziya Tabassian on four tracks). This album shows how thin the line has grown between Cordâme and Bomata – it’s just a matter of instrumentation, since the creative drive and quality of the arrangements are one and the same.

ATHANOR / Vos cités sont des tombeaux (Le Chêne creux)
Du rock progressif qui combine de nombreuses influences – King Crimson, Magma, Henry Cow, Univers Zero, Decibel – en une impressionnante suite d’une heure en 19 mouvements. Et c’est essentiellement l’œuvre d’un seul homme, le batteur Cédric Marcucci, bien entouré tout de même de 14 autres musiciens. Les influences sont portées à fleur de peau, avec des références très directes (“Marche vers...” évoque le “Devil’s Triangle” de King Crimson; “La terre n’attend pas” est un pastiche de Magma époque “Kontarkosz”), mais l’ensemble se tient, solidement même. Disons que dans l’ensemble, nous sommes à mi-chemin des univers de Henry Cow et d’Univers Zero (ou plutôt, tour à tour dans ces univers). Je réécouterai certainement et je diffuserai allègrement: c’est une découverte. [Ci-dessous: “Mr Drinkenness”.]
Progressive rock combining many influences – King Crimson, Magma, Henry Cow, Univers Zero, Decibel – into an impressive hour-long suite in 19 movements. And it is basically the work of a single man, drummer Cédric Marcucci, supported by 14 other musicians. He wears his influences on his sleeve, and the music contains some very direct references (“Marche vers...” strongly evokes King Crimson’s “The Devil’s Triangle” as if it had been performed by Henry Cow); “La terre n’attend pas” is a pastiche of Univers Zero; etc.), but the whole thing holds very well together. Overall, the main universes conjured up are Henry Cow’s and Univers Zero’s. I will definitely listen to this one again, and I will be broadcasting excerpts galore: this is a discovery.  [Below: “Mr. Drinkenness.”]

QUARKSPACE / Spacefolds 12 (Eternity’s Jest)
Le groupe Quarkspace vient de publier le douzième volume de sa série Spacefolds. Celui-ci (comme le précédent) est disponible uniquement par téléchargement. Ces dix improvisations space rock font plus de place à la batterie naturelle. Un peu moins d’électroniques, un feeling plus rock, moins kosmische musik que Spacefolds 11. “Return of the Son of Quarkallak,” “South Pass” et “Jeptha’s Sleepy Waltz” ressortent du lot. Or, je crois percevoir un certain essouflement... Disons qu’on pourrait sélectionner les meilleurs extraits des volumes 11 et 12 pour constituer un disque pas mal plus consistant que ces deux-là séparément.
Quarkspace just released their 12th volume of Spacefolds. This one (like the previous volume) is available only as a download. These ten space rock improvisations make more use of natural drums. There’s also less electronics, more of a rock feel than a kosmische musik feel (as on Spacefolds 11). “Return of the Son of Quarkallak,” “South Pass” and “Jeptha’s Sleepy Waltz” stand out. However, the inspiration here is not always at its best. Let’s say that the highlights of 11 and 12 would make a much more consistent record.

2013-04-25

2013-04-24: Seewald/Grébil, Lucien Dubuis Trio, Fischermanns Orchestra, Di Domenico/Henriksen/Yamamoto, Mr. Bird


Journal d'écoute / Listening Diary 
2013-04-24

ZAHAVA SEEWALD & MICHAËL GRÉBIL / From My Mother’s House (Sub Rosa)
Deuxième collaboration entre Zahava Seewald et Michaël Grébil (la première est parue chez Tzadik; je ne l’ai pas entendue). From My Mother’s House est, essentiellement, un hörspiel sur les camps de la mort de la Deuxième Guerre mondiale – un thème abordé à travers les réminiscences et les écrits d’une brochette d’auteurs, lus et entendus en allemand, en français et en anglais. Or, nous sommes très loin du reportage: ceci est une œuvre d’art sonore, un mélange de voix spatialisées, de textures électroniques et de fragments mélodiques assemblés en un tout qui parle, sans nécessairement nous parler. J’ai trouvé From My Mother’s House intéressant mais long, et je m’interroge sur certains choix au niveau du mixage. [Ci-dessous: Cette page du site de Sub Rosa offre trois extraits en écoute.]
Second collaboration between Zahava Seewald and Michaël Grébil (the first one came out on Tzadik; I haven’t heard it). From My Mother’s House is, basically, a hörspiel about the World War II death camps – seen through the reminiscences and writings of a number of poets read and heard in German, French, and English. This is not journalism, but a work of sound art, a blend of spatialized voices, electronic textures, and melodic fragments, all assembled into a whole that speaks, although it doesn’t always speaks to me. Truth is, I found From My Mother’s House interesting but long, and certain choices in the mix puzzle me.  [Below: Listen to three excerpts on this page from Sub Rosa’s website.]

LUCIEN DUBUIS TRIO / Future Rock (Unit Records)
Ne vous laissez pas berner par le titre de ce disque: le “rock futuriste” de Lucien Dubuis est en fait un jazz actuel vif, métissé de rock(-in-opposition, même). Dubuis est clarinettiste, accompagné de Roman Nowka à la basse (et guitare) et de Lionel Friedli à la batterie. Future Rock est un disque fort amusant, qui rappelle le groupe Volapuk, en moins déjanté. Tout est dans l’utilisation que fait Dubuis des clarinettes basse et contrebasse, souvent rêches, mordantes comme une guitare électrique. Deux morceaux mettent en vedette le rappeur Miro Galtagirone, à bon escient, surtout dans “En descendant de la montagne” (chantée en anglais malgré son titre). Les onze autre pièces sont instrumentales. Un disque qui a de la gueule, de la personnalité, avec une pointe d’humour.
Don’t let the title fool you: Lucien Dubuis’ idea of “future rock” is actually a lively take on avant-jazz, with elements of rock(-in-opposition, even). Dubuis plays clarinet and is backed by Roman Nowka on bass (and guitar) and Lionel Friedli on drums. Future Rock is quite enjoyable. It reminds me of Volapuk, though less RIO-sounding. This parallel is justified by Dubuis’ use of bass and contrabass clarinets – he makes these instruments sound rough, growling like electric guitars. Two tracks feature rapper Miro Galtagirone to good effect, especially in “En descendant de la montage” (sung in English). The other eleven pieces are instrumentals. This record has character, a dash of humour, and more bite than I was expecting.

FISCHERMANNS ORCHESTRA / Wildfang (Unit Records)
Deuxième album du big band actuel du clarinettiste Philipp Z’Rotz, et ce disque est plus fort, constant et emballant que le précédent. On y a droit à une intro de kalimbas, à un solo de dobro enlevant, à un passage de theremin, à des rythmes latino, mais surtout à une très belle énergie et à un jeu d’ensemble fort respectable. Ça groove, ça s’écoute facilement, ça fait souvent penser à une version big band de l’Orkestre des pas perdus.
Second album from clarinettist Philipp Z’Rotz’s avant-big band, and this one is stronger, more consistent and thrilling than their debut. Among its treats are, an intro on kalimbas, a wild dobro solo, a theremin passage, Latin rhythms, plus very fine energy and highly respectable ensemble playing. The music grooves and is easy to listen to. It’s a big band take on L’Orkestre des pas perdus.

GIOVANNI DI DOMENICO, ARVE HENRIKSEN & TATSUHISA YAMAMOTO / Distare Sonanti (either/OAR)
Je poursuis mon exploration du catalogue du claviériste Giovanni Di Domenico avec ce très bel album en trio paru l’année dernière. Di Domenico y joue du piano, mais aussi du Rhodes, du synthé et des électroniques. Il est accompagné d’Arve Henriksen (Supersilent) à la trompette (et électroniques) et du batteur Tatsuhisa Yamamoto. Stylistiquement, nous sommes à mi-chemin entre la délicatesse de Sounds Good (avec Oriol Roca) et le côté avant-rock du groupe Going. Cinq des six pièces sont des compositions collectives (aussi bien dire des improvisations), et l’album se termine avec “Sensire” de Di Domenico. Du bonbon pour le fan de Supersilent que je suis. Beaucoup de finesse de la part des trois musiciens.
My continuing exploration of keyboardist Giovanni Di Domenico’s catalogue brings me to this gorgeous trio session released last year. Di Domenico plays piano (mostly), but also Rhodes, synth, and electronics. Arve Henriksen (Supersilent) on trumpet & electronics; Tatsuhisa Yamamoto on drums. Stylistically speaking, Distare Sonanti is halfway between the delicateness of Sounds Good (a duo session with Oriol Roca) and the avant-rock feel of the group Going. Five tracks out of six are collective improvisations, while the final piece, “Sensire,” is a Di Domenico composition. This CD is candy for the Supersilent fan that I am. Loads of finesse from all three musicians.

 MR. BIRD / Bird Bird Bird (Psychonavigation - merci à/thanks to John Bourke P.R.)
Bird Bird Bird est le troisième album de Mr. (Steve) Bird. Une électro ensoleillée, funky, qui met l’accent sur l’équilibre du mix plutôt que sur l’agression du rythme. Super musique d’été. Paru chez un nouveau subsidiaire de Psychonavigation, une étiquette à laquelle je commence à prendre sérieusement goût.  [Ci-dessous: “Funky Albatross”. Et sa page soundcloud offre beaucoup de matériel.]
Bird Bird Bird is Mr. (Steve) Bird’s third record. Sunny, funky electronica with a focus on the balance of the mix instead of the aggression of the beat. Great summer music. Released on a brand new sublabel of Psychonavigation, a label I’m growing fonder and fonder of.  [Below: “Funky Albatross.” There’s a lot more on his soundcloud page.]

2013-04-24

2013-04-23: Chris Abrahams, Betacicadae, Serph, Di Domenico/Roca


Journal d'écoute / Listening Diary 
2013-04-23

CHRIS ABRAHAMS / Memory Night (Room40 - merci à/thanks to Dense Promotion)
Le pianiste du groupe The Necks propose, avec Memory Night, son album solo le plus déroutant et accompli à ce jour. Le piano en est le centre... décentré. Au fil des quatre pièces, l’instrument est attaqué de l’intérieur, utilisé comme source de bruit. Plus tard, on reconnaît des notes, des motifs, mais ceux-ci sont dématérialisés – découpés, transformés. Memory Night est une œuvre oscillant entre l’électroacoustique et l’électronica post-glitch. Abrahams y dévoile un art combinatoire que je ne lui connaissais pas et qui rend ce disque plus enthousiasmant que ces albums solos précédents (beaucoup plus “ambiants”).  [Ci-dessous: “Stabilise Ruin”.]
With Memory Night, The Necks’ pianist delivers his most surprising AND accomplished solo album to date. The piano is at its centre... but it’s off-centre. Through the course of four pieces, the instrument gets attacked from within and used as a noise source. Later, notes and motifs are recognizable, but they are dematerialized – sampled, chopped-up, transformed. Memory Night is somewhere between electroacoustics and post-glitch electronica. Abrahams unveils here unsuspected combinatory skills, and these make this album more thrilling than his previous solo efforts (which were much more “ambient”). [Below: “Stabilise Ruin.”]

BETACICADAE / Mouna (Elegua Records - merci à/thanks to Dense Promotion)
Mouna est le premier album de Betacicadae, soit Kevin Scott Davis, qui fait tout ici. Sa musique consiste en musique ambiante avec cordes, vents, percussions, enregistrements de terrain et électroniques. Ces éléments sont assemblés avec délicatesse, et certains passages combinent élégamment sons de la nature et composition, mais l’ensemble manque de personnalité et se fond dans le courant de l’électronique expérimentale ambiante.
Mouna is the debut album from Betacicadae, aka one Kevin Scott Davis. His ambient music is made with strings, winds, percussion, field recordings and electronics. These elements are carefully assembled, and some passages elegantly combined nature sounds with electronic composition, but the album as a whole lacks character in a highly populated genre (experimental ambient).

SERPH / El Esperanka (Noble - merci à/thanks to Dense Promotion)
Quatrième album de Serph (sans compter le mini-album Winter Alchemy). El Esperanka poursuit sur la même lancée: musique électronique étrangère, un peu bancale au niveau des boucles et de la percussion, enfantine dans ses mélodies - version musicale d’une poupée Frankenstein “cute”. La recette de Serph varie peu, et les pièces sont interchangeables, mais c’est joli et audacieux à sa manière.
Serph’s fourth album (leaving out the Winter Alchemy EP). El Esperanka doesn’t depart from previous releases: slightly strange electronica, a bit amateurish in terms of loops and percussion, childlike melodies – like a musical take on a cute Frankenstein doll. Serph never wanders off from his recipe, to the point where tracks become interchangeable, but it’s pretty music and bold on its own terms.

GIOVANNI DI DOMENICO & ORIOL ROCA / Sounds Good (Spocus Records)
Un court disque de jazz actuel piano-batterie entre Giovanni di Domenico (Going, Mulabanda) et Oriol Roca. Di Domenico est ici en mode purement acoustique – Roca aussi, d’ailleurs. Improvisation ou composition? Certainement un peu des deux – certains arrêts/départs sont trop bien coordonnés pour qu’il s’agisse uniquement d’improvisation libre. Les pièces sont courtes, délicates, souvent mélancoliques, sans s’apitoyer. Roca limite souvent son choix de percussions à quelques instruments simples dont il tire beaucoup de nuances. Sounds Good est un disque sans prétention, une rencontre fort convaincante.
A short record of piano/percussion avant-jazz between Giovanni di Domenico (Going, Mulabanda) and Oriol Roca. Di Domenico is here in acoustic mode – and so is Roca. Improvisation or composition? Surely a little of both – some stop/go moments are simply too well coordinated to be freely improvised. Pieces are short, delicate, often melancholic without getting sappy. Roca often restricts himself to a few percussion instruments and get the most nuances out of them. Sounds Good is an unpretentious and quite convincing meeting.

2013-04-23

Délire actuel, 2013-04-23


DÉLIRE ACTUEL

Réécoutez (streaming ou téléchargement) la dernière édition de Délire actuel ICI (cherchez Délire actuel dans la liste).
You can listen (stream or download) to the latest Délire Actuel broadcast HERE (look for Délire Actuel on the list of shows).

Édition du 23 avril 2013
Broadcast of April 23, 2013

DESCRIPTION
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Rock d’avant-garde: Nouveautés reliées aux franges expérimentales du rock.
Avant-Rock: New releases from the experimental fringes of rock music.

(8:00 pm)




*TUPOLEV
Its
Towers of Sparks
03:27

ORCHESTRA OF THE UPPER ATMOSPHERE
Rainforest Tension
Orchestra of the Upper Atmosphere
09:51

GOING
Iri
I
07:52


(8:30 pm)





MULABANDA
A
Lift Your Toes
18:35

DEAD COUNTRY feat. ALFRED 23 HARTH
Lady Deathstrike's Healing Factor
Gestalt et Death
06:24

*APERIODIC
Voided [extrait/excerpt]
Future Feedback
01:49
Phratry

(9:00 pm)





JACK DUPON
Raymond
Jésus l'aventurier
15:39

VIOLENCE AND THE SACRED
Chris Gehman
Failure Parade
08:17

(9:30 pm)





**KEIJI HAINO, JIM O'ROURKE & OREN AMBARCHI
A new radiance springing forth from inside the light
Now while it's still warm let us pour in all the mystery
09:12

*SUM OF R
Alarming
Ride Out the Waves
05:41

*MARTEAU ROUGE
Noir
Noir
10:15


merci à/thanks to:

COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

GOING
Court extrait en concert.
Short live piece.