2014-11-13/14
ERIC HOFBAUER QUINTET /
Prehistoric Jazz Volume 1: The Rite of Spring + Prehistoric Jazz Volume 2:
Quintet for the End of Time (Creative Nation Music)
Il s’agit de deux CD distincts, vendus séparément,
mais ils ont été conçu en même temps et partagent la même présentation
physique. Le guitariste Eric Hofbauer suit ici une démarche très similaire à
celle de l’ensemble Quartetski de Pierre-Yves Martel, soit celle d’arranger des
œuvres phares de la musique classique du 20e siècle pour un petit groupe de
jazz. Le quintette de Hofbauer consiste en guitare électrique, trompette,
clarinette, violoncelle et batterie. Dans son Rite of Spring (“Le Sacre du printemps” de Stravinski), il prend
plus de libertés avec la partition que Martel, ajoutant des cadences et jazzant
solidement quelques passages. On y perd parfois le fil de l’œuvre, mais on
finit par s’y trouver. Or, étrangement, la lecture de Hofbauer est à la fois
moins littérale et moins audacieuse que celle de Martel. Ça reste une belle
écoute et il est intéressant de comparer les deux disques. Le “Quatuor pour la
fin du temps” de Messiaen est plus réussi, peut-être simplement parce que le
traitement jazz sied mieux à cette œuvre. L’“Abîme des oiseaux” est magnifique
et suivi d’un “Intermède” ultra-dansant qui marche à merveille. [Ci-dessous:
On peut écouter les deux volumes sur bandcamp, mais commencez donc par le
deuxième.]
These are two CDs
sold separately, but they were conceinved as a pair and they share the same
graphic design. Guitarist Eric Hofbauer’s artistic process here runs parallel
to Pierre-Yves Martel’s ensemble Quartetski, i.e. to arrange key 20th
century classical works for a creative jazz group. Hofbauer’s quintet features
electric guitar, trumpet, clarinet, cello, and drums. He takes more liberties
with the Stravinsky’s score (The Rite of Spring) than Martel, adding cadenzas and seriously
jazzing things up in places. I lost track of the original at times, though I
always found my way back. Yet, strangely, Hofbauer’s reading is both less
literal and less bold than Martel’s. It’s still a very fine listen, and
comparing Hofbauer’s and Martel’s recordings is a stimulating exercise.
Messiaen’s “Quartet for the End of Time” is more successful, the jazz treatment
befitting it surprisingly well. “Abîme des oiseaux” is magnificent and followed
by a high-octane, swinging “Intermède” that works out perfectly well. [Below:
Both volumes are up for streaming on bandcamp. But start with Vol. 2.]
NATSUKI TAMURA &
ALEXANDER FRANGENHEIM / NAX (Creative Sources – merci à/thanks to Braithwaite &
Katz)
Session studio d’improvisation libre entre le
trompettiste japonais Natsuki Tamura (Gato Libre, Kaze, Satoko Fujii) et le
contrebassiste allemand Alexander Frangenheim. Dix morceaux dans les trois à
huit minutes, la plupart bien sentis. Ces deux improvisateurs partagent le goût
du jeu avec le silence; on a donc droit à de beaux moments zen, en plus
d’éclats comme “acun10” où Tamura survolte. Pas exceptionnel, mais
satisfaisant.
Free
improvisation session in the studio between Japanese trumpeter Natsuki Tamura
(Gato Libre, Kaze, Satoko Fujii) and German bassist Alexander Frangenheim. Ten
pieces in the three-to-eight-minute range, most of them well assured. These two
share a taste for playing around with silence, which gives way to some fine
moments of peace, in addition to explosions like “acun10” where Tamura goes
into overload mode. Not exceptional, but a satisfying listen.
Un album triple consacré aux œuvres pour piano de
Christian Wolff, interprétées par un spécialiste de la musique contemporaine
pour piano, Philip Thomas. Le CD 1 est consacré aux œuvres des années 1950; le
deuxième à “Long Piano (Peace March 11)”; le troisième aux œuvres des années
2000, dont trois premières sur disque. La musique de Wolff est difficile,
autant pour l’interprète que pour l’auditeur: pour le premier, elle pose
plusieurs problèmes d’interprétation (certains facteurs sont laissés à sa
discrétion) et de cohérence (elle est très fragmentaire); pour le second, elle
se présente comme un casse-tête dont on ne connaît pas le résultat. Les œuvres
des années 1950 vont loin dans l’aléatoire, les contrastes, le silence, mais elles
sont dures, froides et rebutantes. Les compositions plus tardives sont beaucoup
plus agréables – les “Nocturnes 1-6” par exemple, décousues mais très
amusantes, singulières. Et “Long Piano (Peace March 11)” ressort du lot comme
une œuvre pleinement aboutie. Il s’agit d’une série de 95 fragments dont
l’agencement est confié en grande partie à l’interprète. Ici, Thomas arrive à
insuffler beaucoup de sens et de mouvement à l’ensemble, ce qui en fait une
écoute stimulante et pleine de surprises qui m’ont gardé en haleine.
A 3-CD set
devoted to Christian Wolff’s works for solo piano, performed by Philip Thomas,
a specialist of contemporary music for the piano. CD 1 is devoted to works from
the 1950s, disc 2 to “Long Piano (Peace March 11)”, and disc 3 to works from
the years 2000s, including three first recordings. Wolff’s music is difficult
for both the performer and the listener: for the former it presents challenges
in terms of performance (some factors are left to his discretion) and coherence
(it is very fragmentary); for the latter, the music presents itself like a
puzzle for which you don’t have a picture. The ‘50s works go very far into
randomness, contrasts, silence, but they sound harsh, cold, and repulsive.
Later works are much more enjoyable – “Nocturnes 1-6”, for instance, have a
singular way of making unrelated bits coalesce. And “Long Piano (Peace March
11)” stands out as a masterpiece. It consists in 95 fragments whose
organization is left to the performer. Thomas manages to breathe meaning and movement
to the piece, which makes for a stimulating listen full of surprises that kept
me on the edge of my seat.
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