2014-04-24
NIGEL
COOMBES & STEVE BERESFORD / White String’s Attached (Emanem)
Réédition
augmentée sur CD d’un album remontant à 1980 et présentant des enregistrements
en concert de 1979. Nigel Coombes (violon) et Steve Beresford (piano, jouets,
objets) se côtoyaient dans les Four Pullovers, entre autres projets, et ils
avaient des styles fort compatibles: grandiloquence, formation classique, sens
du théâtre et de la dérape. Beaucoup de folie, de passages beethovenesques et
stravinskiens, de luttes cordes contre cordes – c’est de l’improvisation libre
très haute en couleurs. Cette réédition rétablit l’ordre chronologique des
performances, en plus de donner la version complète d’une improvisation
écourtée de quelques minutes sur l’album original et d’ajouter un solo de Coombes
de 12 minutes.
Augmented CD reissue of an album from 1980 featuring live recordings
from 1979. Nigel Coombes (violin) and Steve Beresford (piano, toys, objects)
wre playing together in The Four Pullovers, among other projects, and they had
highly compatible styles: grandiloquence, classical training, a strong sense of
drama and skidding. Lots of craziness, Beethovenesque and Stravinskyan
passages, string-against-string fights – this is some highly colourful free
improvising. The reissue puts the performances in chronological order, restores
one previously-edited improvisation, and adds a 12-minute solo improvisation by
Coombes.
IVO
PERELMAN & MAT MANERI / Two Men Walking (Leo Records)
Session
enregistrée en octobre 2013, quelques mois après la session entre Perelman,
Maneri et Shipp qui a donné lieu au disque A Violent Dose of Anything.
Saxo ténor et violon alto: parité d’expressivité et de tessiture. Perelman et
Maneri: parité d’âme. Une dizaine d’improvisations dans les quatre à six
minutes, des dialogues qui coulent de source. Qui coulent peut-être un peu trop
facilement, en fait, puisqu’ils tendent à ne pas se démarquer.
A session recorded in October 2013, a few months after the session
between Perelman, Maneri and Shipp that yielded the CD A Violent Dose of Anything. Tenor sax
and viola: equality in expressiveness and range. Perelman and Maneri: equality
in soul. Ten free improvisations in the four-to-six-minute range, dialogues
that flow effortlessly... too effortlessly perhaps, since they tend to blend
into one, no single part standing out.
IVO
PERELMAN, MATTHEW SHIPP, MICHAEL BISIO & WHIT DICKEY / The Other Edge (Leo
Records)
Quinze
disques en un peu plus de deux ans, le tout après une période de silence
relatif. C’est ce qui s’appelle une poussée d’inspiration – d’autant plus qu’il
n’y a pas un mauvais disque dans le lot. The Other Edge
est le dernier des trois disques publiés tout récemment par Leo. C’est aussi le
plus fort, un incessant cri d’exaltation, la culmination d’un processus
combinatoire. Saxo ténor, piano, contrebasse et batterie engagés dans des
improvisations collectives dominées par l’émotivité à fleur de peau du grand
Ivo Perelman. Il n’y a que des moments forts sur ce disque, des quelques lignes
solos ouvrant “Desert Flower” jusqu’au free-for-all de la pièce titre, en passant
par le clin d’œil qu’est “Big Bang Swing” ou les deux parties de “Panem Et
Circenses”, excitantes au possible. Vous ne voulez qu’un seul disque? Optez
pour celui-là. [CI-dessous: Un court
extrait de l’album.]
Fifteen records in a little over two years, and all that after a
relatively quiet period. That’s what I call a bout of inspiration – especially
considering that there is not a single clunker among them. The Other Edge is the final disc of the
three CDs just released by Leo Records. It’s also the strongest one, an
unwavering shout of exaltation, the culmination of a combinatory process. Tenor
sax, piano, doublebass, and drum kit engaged in collective free improvisations
dominated by Mr. Perelman’s deeply-felt emotivity. This record is just a string
of highlights, from the opening solo lines of “Desert Flower” to the free for
all of the title track, by way of the equivocal “Big Bang Swing” and both parts
of the thrilling “Panem Et Circenses.” If you want only one of them – of the
whole bunch – go for this one. [Below: A short excerpt of the album.]
BMX /
Rozel Point (Øyvind Jazzforum)
Deuxième
album de BMX, mais je n’ai pas entendu leur premier (2010), ce qui fait que je
ne savais pas à quoi m’attendre et... wow! Jazz actuel, essentiellement
composé, avec des éléments vraiment étonnants. L’album commence avec la pièce
titre, dominée par des lignes de trompette rêveuses signées Per Jørgensen. Or,
dès le morceau suivant, il appert que le Per est muni d’une voix stupéfiante de
muezzin! On va ainsi de surprise en surprise, jusqu’à une tendre et
respectueuse version de “Jesus Maria” de Carla Bley. Avec Njål Ølnes au saxo
ténor, Thomas T. Dahl à la guitare et, encore une fois, le batteur Øyvind
Skarbø (voir Bly de Blyant, 2014-04-22) qui, croyez-moi, mérite votre
attention. Un dernier point : ce disque vient dans une pochette en forme
de disquette cinq pouces! [Ci-dessous: Deux morceaux de l’album.]
Second album by BMX, but I haven’t heard their 2010 debut, so I didn’t
know what to expect, and... wow! Avant-jazz, mostly composed, with some
surprising elements. The album kicks off with the title track dominated by
dreamy trumpet lines from Per Jørgensen. However, track two reveals that said
Per pairs his trumpet playing with a stunning muezzin-like voice! Each track
brings a new marvel, down to the final piece, a tender and respectful reading
of Carla Bley’s “Jesus Maria.” With Njål Ølnes on tenor sax, Thomas T. Dahl on guitar, and once again drummer
Øyvind Skarbø (see Bly de Blyant on 2014-04-22) who, believe me, deserves your
attention. One final word: the CD comes in a floppy disk sleeve! [Below : Listen to two tracks from
the album.]
FRANK
ZAPPA & THE MOTHERS / Roxy By Proxy (Zappa Records)
Voilà.
Après plusieurs années de résistance de principe, j’ai succombé aux charmes du
Zappa Family Trust. Il était temps, non? Et c’est Roxy By
Proxy, frais sorti, qui a eu raison de mes dernières réticences. Ce
disque combine des extraits des deux premiers concerts de la résidence de Zappa
au Roxy en décembre 1973. La qualité sonore est correcte mais pas parfaite. Or,
la musique est phénoménale – Zappa en 1973-1974, c’est le top du top. Une
partie du matériel figure aussi sur le classique Roxy &
Elsewhere paru en 1974 (mais pas les mêmes performances, et sans
overdubs). Par contre, il y a ici beaucoup de matériel qui ne s’y trouve pas.
Comme une version ultra-lounge de “Inca Roads”, “T’Mershi Duween” et “RDNZL”
dans des versions courtes fort satisfaisantes, possiblement la version la plus
enlevante de “Dupree’s Paradise” connue et, en guise de rappel, un medley “King
Kong”/”Chunga’s Revenge”/”Mr. Green Genes” qui vaut le tarif d’admission à lui
seul. Et c’est sans compter sur un bonus incroyablement précieux: un long texte
de la percussionniste Ruth Underwood qui réminisce sur cette série de concerts
et décortique chacun des morceaux au programme. [Ci-dessous: Le rappel.]
Voilà. After years and years of principled resistance, I succombed to
the siren’s song of the Zappa Family Trust. About time, right? The
just-released Roxy By Proxy broke down my last-ditch defenses. This album combines excerpts from
the first two nights of Zappa’s December 1973 residency at The Roxy. The sound
quality is fine but far from prestine, though the music is phenomenal – Zappa
in 1973-1974 is the crux of the biscuit. Part of this material figures on the
classic 1974 album Roxy & Elsewhere (though not
the same performances, and here without overdubs). However, there’s a lot of
material that isn’t there. Like an ultra-lounge take on “Inca Roads,” “T’Mershi
Duween” and “RDNZL” in highly satisfying short versions, possibly the most
exciting version of “Dupree’s Paradise” known to tapers, and, for an encore, a
“King Kong”/”Chunga’s Revenge”/”Mr. Green Genes” medley that’s alone worth the
price of admission. And you also get an incredibly precious bonus: very long
liner notes by Ruth Underwood reminiscing about the shows and dissecting ever
number in the program. [Below: The encore medley.]
FRANK
ZAPPA / Greasy Love Songs (Zappa Records)
J’aime
le doo-wop. Et j’aime particulièrement le doo-wop de Zappa, ce qui fait que je
chéris Cruising with Ruben & The Jets
(1968). Or, la version officielle disponible depuis les années 1980 a été revue
et corrigée par Zappa (les bandes rythmiques, notamment, ont toutes été
refaites). Greasy Love Songs, c’est un transfert de
la bande maîtresse du vinyle original, plus des extras: démos (un “Love of My
Life” de 1962!) des mixes différents (version comlète de 6 minutes de “Stuff Up
the Cracks” avec solo de guitare!) et des extraits d’entrevue. Les extras sont
dignes d’intérêt, mais c’est l’album principal qui est la révélation: ce son
caverneux, ces coups de caisse claire qui claquent et se répercutent,
l’ambiance tellement plus “sleazy”. J’adore.
I like doo-wop. And I’m particularly fond of Zappa’s doo-wop, so Cruising with Ruben & The Jets (1968)
holds a precious place in my heart. Except that, since the mid-‘80s, the
officially available version of this album is the one Zappa doctored (all the
rhythm tracks were redone). Greasy Love Songs is a
transfer of the original LP master plus extras: demos (a “Love of My Life” from
1962!), alternate mixes (the complete 6-minute version of “Stuff Up the Cracks”
with guitar solo!), and interview excerpts. The extras are definitely
worthwhile but the real kick here is to rediscover the album proper: that
cavernous sound, that echoing slap in the snare drum, the so much “sleazier”
ambiance. I love it.
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