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2013-11-06

2013-11-05: Webster/Holub, Dead Neanderthals, Rhys Chatham, Mona Lisa, John Luther Adams

Journal d'écoute / Listening Diary 
2013-11-05

COLIN WEBSTER & MARK HOLUB / The Claw (Raw Tonk Records)
Jolie décharge électrique pour ce mardi matin: le saxo (alto, ténor, baryton) Colin Webster et le batteur Mark Holub, dans une série d’improvisations viscérales jouant entre le défoulement et la complainte. Webster est très expressif, un peu comme Paul Flaherty, bien que son son soit un peu plus sinueux, glissant. Et Holub affiche une large palette de couleurs percussives. “The Long Forgotten” et “We’re Done Here” déballent des changements progressifs d’ambiance étonnants.
That’s a nice electroshock to start the day. Sax man (alto, tenor, baritone) Colin Webster and drummer Mark Holub, in a series of visceral free improvisations that range from all-out release to quiet lament. Webster’s playing is highly expressive, aking to Paul Flaherty’s, though in a more sinuous, slippery way. And Holub displays a wide palette of percussive colours. “The Long Forgotten” and “We’re Done Here” unfold surprising gradual shifts in mood.

Dead Neanderthals est un trio de fire music: deux saxos (Colin Webster et Otto Kokke) et une batterie (Rene Aquarius). Improvisations sulfureuses, crues, qui me rappellent cette fois l’ensemble Little Women de Darius Jones – avec un fond de Borbetomagus. Décapant mais sous contrôle.
Dead Neanderthals is a Fire Music trio: two saxes (Colin Webster and Otto Kokke) and drum kit (Rene Aquarius). Sulfurous, raw improvisations that remind me this time of Darius Jones’ Little Women – with a side of Borbetomagus. Paint-peeling but under control.

RHYS CHATHAM / Harmonie du soir (Northern Spy)
Le gourou du noise rock publie dans quelques jours un nouveau disque chez Northern Spy. Solide galette. “Harmonie du soir”, pour six guitares électriques, basse et batterie, est une petite merveille qui propose trois finales au cours de ses 22 minutes. Musique répétitive évidemment, mais entraînante et très sereine. “The Dream of Rhonabwy” pour harmonie de 70 musiciens, tente le même genre de formule, mais elle est plus lourdaude – en raison de l’instrumentation. Tout de même intéressant. Le CD se termine sur “Drastic Classicism Revisited” en power trio – complètement autre chose, cette pièce efface toutes les lourdeurs de la pièce précédente. (Le vinyle omet cette dernière pièce, tout en l’offrant en téléchargement bonus.) Un peu inégal, donc, mais fort satisfaisant, surtout pour la pièce titre, qui s’avère du grand Chatham.  [Ci-dessous: Un montage d’extraits de l’album.]
The guru of noise rock is releasing in a few days a new album on Northern Spy. A strong record. “Harmonie du soir” for six electric guitars, bass, and drums, is a gem that goes through three finales over its 22-minute course. It’s repetitive music, of course, but it’s also driving and surprisingly serene. “The Dream of Rhonabwy” for 70-piece brass band attempts the same formula, with heavier, sloppier results – due to the instrumentation. Still interesting. The CD concludes with “Drastic Classicism Revisited” in power trio mode – something else, entirely, this track obliterates any memory of the dragginess that permeated the previous track. (The vinyl edition omits this final piece, while offering it as downloadable bonus track.) Slightly uneven, Harmonie du soir is still a very satisfying listen, with the title track being a major Chatham opus.  [Below: Excerpts of each piece edited together.]

MONA LISA / Grimaces (Musea)
Le deuxième album du groupe français de rock progressif Mona Lisa, paru en 1975. Il précède Le Petit Violon de Monsieur Grégoire, qui lui est en tous points supérieur (écriture, interprétation, réalisation). À première écoute, Grimaces m’a fait grimacé: j’y entends tous les excès du rock progressif français – la grandiloquence, la théâtralité outrancière, les références scabreuses. Dominique LeGuennec n’a pas la voix de Christian Décamps (d’Ange), et il tente de nous le faire oublier en haranguant, en criant, en surjouant ses personnages (à ce chapitre, “Accroche-toi et suis-moi” est particulièrement pénible). Tout cela, on le trouve aussi sur Le Petit Violon…, mais mieux dosé et avec des arrangements plus éloquents. Cela dit, “Au pays des grimaces” est amusante et “Manèges et chevaux de bois” a de l’audace.
French progressive rock band Mona Lisa’s second LP, released in 1975. It precedes Le Petit Violon de Monsieur Grégoire, which bests it in all aspects (songwriting, performance, production). On first listen, Grimaces had me grimacing: I hear on it all the excesses of French prog rock: the grandiloquence, the over-the-top theatricality, the scatological references. Dominique LeGuennec is no Christian Décamps (of Ange) when it comes to singing, and he tries to make up by heckling and shouting and overplaying his characters (and in that regard, “Accroche-toi et suis-moi” is particularly irritating). Of ocurse, all that is also present on Le Petit Violon…, but in easier doses and coated with more eloquent arrangements). That being said, “Au pays des grimaces” is a fun track, and “Manèges et chevaux de bois” is a bold mini-epic.

JOHN LUTHER ADAMS / Clouds of Forgetting, Clouds of Unknowing (New World Records)
Pour mon anniversaire, je me suis offert quelques disques du compositeur alaskois John Luther Adams. Dans Clouds of Forgetting, Clouds of Unknowing (1997), il s’intéresse à la gamme chromatique avec l’orchestre de chambre Apollo. La partition de cette œuvre de 61 minutes évolue graduellement de la seconde mineure à la septième majeure, pour finir sur une délicate octave qui n’a rien de victorieuse. Ce type de système, de canevas autoimposé assez rigide, est inusité chez Adams. Or, il réussit à s’y plier tout en le déjouant, à alterner passages riches en cordes, riches en bois, riches en percussions, à faire chanter les intervalles, particulièrement dans les transitions. Probablement qu’il aurait pu “dire” tout ça en moins d’une heure – l’œuvre traîne en longueur – mais c’est absorbant.
For my birthday, I treated myself to a few CDs by Alaska-based composer John Luther Adams. In Clouds of Forgetting, Clouds of Unknowing (1997), he focuses on the chromatic scale with the Apollo Chamber Orchestra. The score of this 61-minute work gradually and relentlessly moves from minor seconds to major sevenths, to conclude on a delicate octave that almost feels like an afterthought – or a concession. This type of system, of self-imposed framework, is unusual in Adams’ oeuvre. However, he manages to play with it, alternating string-heavy, wind-heavy, and percussion-heavy passages, and make the intervals sing, especially during transitions. Adams probably could have “said” everything he had to say in less than an hour – the piece sprawls out too much – but it’s an absorbing work.


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