Journal d'écoute / Listening Diary
2013-02-11
MARY ELLEN CHILDS /
Wreck (Innova)
Une œuvre en 18 parties, pour clarinette, violon, deux
violoncelles et percussions, commandée à la compositrice américaine Mary Ellen
Childs par Black Label Movement, une compagnie de danse. L’œuvre rappelle les
tensions qui habitaient Dream House: mélodies
torturées par leur contexte (un huis clos dans le dernier compartiment étanche
d’un navire qui a coulé), jeux rythmiques s’approchant parfois de la musique
populaire ou électronique, travail en profondeur sur des situations émotivement
extrêmes. Le côté fragmentaire de cette suite (18 mouvements en 54 minutes) me
laisse un peu sur ma faim, certaines idées ayant mérité un plus long
développement (“Chant”, “Touching”), mais pour le reste, c’est une œuvre
poignante et inventive. [Ci-dessous:
La pièce d’ouverture, “Anat”.]
An 18-part work for clarinet, violin, two cellos
and percussion, commissioned from US composer Mary Ellen Childs by the dance
company Black Label Movement. The work recalls the tensions that inhabited
Childs’ Dream House: melodies tortured by their environment
(here: the last watertight compartment of a sunk boat), rhythmic plays getting
at times close to pop music or electronica, in-depth work on emotionally
extreme situations. The fragmented nature of the suite (18 movements in 54
minutes) leaves me a bit wanting, for some ideas deserved a longer development
(“Chant,” “Touching”). Otherwise, Wreck is a poignant piece of
creative chamber music. [Below:
The opening track “Anat.”]
DAVID FENECH / Grand Huit (Gagarin
Records - merci à/thanks to Dense Promotion)
Gagarin Records publie une version remasterisée et
légèrement et revue d’un album de l’auteur-compositeur-interprète David Fenech,
paru à l’origine en 2000. L’univers de Fenech rappelle celui de Ghédalia
Tazartes: collages de fragments de chansons (souvent dans une langue inventée),
de dialogues fantaisistes, d’enregistrements de terrain, avec maints
revirements de situation. Grand Huit adopte une forte
tangeante psychédélique, tout en demeurant profondément inclassable et
éminemment français dans son humour et sa fantaisie.
Gagarin Records is releasing a remastered and
slightly revised version of a 2000 album by singer-songwriter-composer David
Fenech. Fenech’s universe recalls Ghédalia Tazartes’s: collages of fragments of
songs (often sung in a made-up language), strange dialogues, field recordings,
with lots of unexpected twists and non sequiturs. Grand Huit has
a strong psychedelic flavour, but it remains deeply unclassifiable yet eminently
French through its humour and fancy.
BROKEBACK / Brokeback and the Black Rock (Thrill Jockey - merci à/thanks to Dense Promotion)
Douglas McCoombs, le bassiste de Tortoise, est de
retour avec un nouvel album de son projet Brokeback, le premier en plus de dix
ans. Rock instrumental cinématique, pièces parfois longues, à développement
lent et aérien, sans les guitares texturales du post-rock. Il y a même parfois
un petit côté twang à cette musique (“Who is Bozo Texino?”). Agréable, mais ça
manque de substance.
Tortoise bassist Douglas McCoombs is back at the
helm of his side project Brokeback, with a new album, the first in over a
decade. Cinematic instrumental rock, occasionally long tracks, slow developing,
aerial music, minus post-rock’s textural guitars. This album sounds
clean-shaven, with an occasional twist of twang (“Who is Bozo Texino?”).
Enjoyable, but a little in substance.
REGINA DÜRIG, CHRISTIAN MÜLLER, FRANK HEIERLI & BENI WEBER /
Inventuren (Deszpot)
Une nouvelle étiquette suisse, Deszpot, a publié ses
deux premières parutions. Celle-ci est un projet poético-musical: la poétesse
Regina Dürig récite ses textes (en allemand), accompagnée d’improvisations
signées Christian Müller (clarinette contrebasse, électronics), Frank Heierli
(violoncelle) et Beni Weber (percussions et électroniques). 24 poèmes courts,
suivant tous une même forme: “[x] existe”. Les images sont riches, la réflexion
profonde, mais la forme est hautement répétitive (je comprends peu de choses de
l’allemand, mais on m’a fourni une traduction anglaise de quelques textes). La
musique subit un processus de déconstruction au fil des 24 courtes pièces,
allant d’une improvisation acoustique, presque mélodique, à un travail de plus
en plus fragmenté, hachuré, pollué par les électroniques. La barrière
linguistique est importante, mais le projet se tient.
A new Swiss label, Deszpot, just released their
first two albums. This one is a poem/music hybrid. Poet Regina Dürig reads her
poems (in German), backed by improvisations by Christian Müller (contrabass
clarinet, electronics), Frank Heierli (cello) and Beni Weber (percussion,
electronics). 24 poems, all cast in the same mold: “[x] exists.” Rich imagery,
interesting ideas, but the form and the delivery are repetitive (I understand
very little German, but I was provided with English translations of a few
poems). The music goes through a deconstruction process in the course of these
24 short tracks, from acoustic and near melodic improvisation to increasinly
fragmented, chopped works polluted by electronics. The language barrier is
high, but the project is sound.
MARC LARDON / Mörder in der Pulvermühle (Deszpot)
Et voici l’autre de ces deux premières parutions pour
Deszpot. Marc Lardon à la clarinette basse, clarinette contrebasse et aux
électroniques. Pièces solos avec électroniques en temps réel et un peu de mise
en boucle. Lardon a trouvé des environnements sonores simples mais originaux.
De même, ses pièces demeurent souvent simples mais exploitent intelligemment
ces environnements. À comparer avec le récent disque d’Alexandre St-Onge, qui
soumet son signal de basse électrique au même genre de manipulations, avec un
résultat nettement plus maniéré. [Ci-dessous:
La pièce “Traum” en concert.]
And here’s the other inaugural release for Deszpot.
Marc Lardon on bass clarinet, contrabass clarinet, and electronics. Solo pieces
with live electronics and some looping. Lardon has found simple yet original
sonic environments. And his pieces are often simple yet they brilliantly draw
the most out of these environments. Worth comparing to Alexandre St-Onge’s
recent solo album of bass guitar and signal processing – same kind of approach,
with much more affected and unnatural-sounding results. [Below: A live performance of “Traum.”]
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