Journal d'écoute / Listening Diary
2013-06-03
KARST & VINCENT BARRAS / Corpusculairmétrique (Insubordinations)
Karst est un groupe à l’approche unique et
dérangeante: un poète-slammeur (Abstral Compost) accompagné de percussionnistes
expérimentaux (d’incise, Cyril Bondi et Luc Müller). J’ai beaucoup aimé Toujours
traîner des formes étranges, un CD. Corpusculairmétrique est un
vinyle plutôt court (30 minutes) proposant deux pièces. “Corps tube cage
bruits” poursuit le travail documenté sur Toujours traîner...:
improvisation autour de paradigmes lexicaux et sonores. Dans “Aboutir au corps
lune”, un autre poète, Vincent Barras (publié aux Éditions Héros-limite; il a
aussi travaillé avec le pianiste Jacques Demierre), se joint à Karst, son texte
s’entremêlant à ce lui d’Abstral Compost, les glissements de sens
s’entrechoquant autour des fonctions anatomiques du corps. Dans les deux
pièces, les percussionnistes réussissent à tisser une ambiance instable mais
cohérente qui vient appuyer la voix sans l’illustrer. [Ci-dessous: Écoutez l’album sur bandcamp.]
Karst’s approach is highly original and
destabilizing: a poet/slammer (Abstral Compost, all texts are in French) backed
by three experimental percussionists (d’incise, Cyril Bondi, Luc Müller). I really
like their CD Toujours traîner des formes étranges. Corpusculairmétrique
is a rather short LP (30 minutes) offering two side-long pieces. “Corps tube
cage bruits” picks up where the CD had left and consists in an improvisation
around lexical and sonic paradigms. In “Aboutir au corps lune,” another poet,
Vincent Barras (published by Éditions Héros-limite; he has worked with pianist
Jacques Demierre) joins Karst, his text intermingling with Abstral Compost’s,
producing slips of meaning around the anatomical functions of the human body.
In both pieces, the percussionists manage to weave a cohesive yet unstable
atmosphere that supports the voices without actually interpreting/illustrating
them. [Below: Listen to both tracks on bandcamp.]
JÜRG SOLOTHURNMANN’S NEXT / Molto Subito (Unit Records)
Le quatuor d’improvisation Next du saxophoniste Jürg
Solothurnmann n’est pas né de la dernière pluie. Il compte huit ans au compteur
et ses membres se connaissent depuis les années 80. Et ça s’entend sur Molto
Subito, un disque où la connivence et la télépathie donnent
à l’improvisation libre la force et la cohérence de la composition. Très, très
convaincant. Avec Beat Unternährer au trombone double (?), Christian Hartmann à
la contrebasse et Dieter Ulrich à la batterie.
Sax player Jürg Solothurnmann’s free improvisation
quartet Next is not a new band. They have been around for eight years, and the
members have known each other since the ‘80s. And you can hear it on Molto
Subito, a record where telepathy turns free improvisation into powerful and
coherent composition. Very convincing. With Beat Unternährer on double trombone
(?), Christian Hartmann on bass, and Dieter Ulrich on drums.
Si la carrière de Martin Archer est si fascinante,
c’est en partie à cause de l’éclectisme assumé de cet artiste. Blue Meat,
Black Diesel & Engine Room Favourites est un projet
free jazz de type AACM – un projet entièrement acoustique. Archer (saxos,
clarinette basse, flûte basse, et harmonica basse) y est secondé par 11
musiciens: cuivres, cordes, piano, vibraphone et quatre autres
percussionnistes. Au menu: trois pièces aux durées croissantes, de 4 minutes à
42 minutes. Cellules composées laissant beaucoup de place à l’improvisation
libre, “heads” qui s’imposent ici et là, coalescence des flux en un vamp écrit
– on pense aux systèmes compositionnels de Roscoe Mitchell et d’Anthony
Braxton, à l’immédiateté de Sun Ra – bref, on pense à tout sauf à un Blanc de
Sheffield, en Angleterre. Hommage? Démonstration de force créatrice? Changement
de cap? Un peu tout ça, et très réussi.
[Ci-dessous: Seize minutes d’extraits.]
If Martin Archer’s career is so fascinating, it is
in large part because of the artist’s unabashed eclecticism. Blue
Meat, Black Diesel & Engine Room Favourites is a free jazz project, AACM
style – and an entirely acoustic project. Archer (saxes, bass clarinet, bass
recorder, bass harmonica) is backed by 11 musicians: brass, strings, piano,
vibes and four other percussionists. The CD features three tracks of increasing
duration, from 4 to 42 minutes. Composed cells with lots of room to improvise,
“heads” surfacing here and there, fluxes coalescing into vamps – I’m reminded
of the compositional systems of Roscoe Mitchell and Anthony Bracyon, of Sun
Ra’s immediacy too – actually, I’m reminded of a lot of things that simply
don’t equate with a White guy from Sheffield, England! A tribute? A
demonstration of creative strength? A new direction? A little bit of all of
that, and Archer pulls it all off brilliantly. [Below: Sixteen minutes worth of excerpts packaged as a
single mp3 file.]
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