Journal d'écoute / Listening Diary
2013-01-07
FORTNER ANDERSON / Annunciations (Les Blocs errants)
Le poète anglo-montréalais Fortner Anderson a publié
en novembre 2012 son projet le plus ambitieux à ce jour. Il s’agit d’un objet
double: un recueil de trois poèmes, Annunciations, basés
sur des textes publiés par la NASA, l’ONU et la base militaire de Guantanamo;
et un coffret de trois disques compacts également intitulé Annunciations.
Anderson a enregistré plusieurs lectures des trois textes, qu’il a fait
parvenir à neuf artistes sonores. L’album qui en résulte se décompose en trois
disques de trois pièces chacun, pour une durée totale de 95 minutes. Les trois
poèmes sont représentés sur chacun des disques, mais les approches varient
grandement. Certains, comme Ned Bouhalassa, Nicolas Bernier, Andy Williams et
John Berndt, se sont contentés de transformer légèrement la voix d’Anderson et
de l’enchasser dans un contexte électroacoustique. D’autres, comme Christian
Calon et Chantal Dumas, ont poussé la transformation plus avant. Alessandro
Bosetti, lui, a poussé plus loin la conceptualisation du projet, appliquant la
technique du “water-boarding” (dont fait état le troisième poème) à sa propre
voix. Enfin, Christian Kesten a conservé de la bande d’Anderson que les
respirations. Les résultats déçoivent parfois par manque d’audace – la pièce de
Bouhalassa manque de panache, étonamment, et celle de Kesten n’arrive pas à
transcender son idée principale. Les pièces qui se distinguent sont celles de
Bernier (pour l’équilibre entre mise en valeur de la voix et environnement
sonore) et de Bosetti (pour son originalité et son étrangeté). Recueil et
coffret sont vendus séparément.
Montreal-based poet Fortner Anderson has published
in November 2012 his most ambitious project to date. It consists of a book of
poetry, Annunciations, featuring three poems based on texts
published by NASA, the UN, and the US military base at Guantanamo, and a 3-CD
box set also entitled Annunciations. Anderson has recorded
several readings of his poems, which he has sent to nine sound artists. The
album consists in three CDs of three pieces each, for a total duration of 95
minutes. All three poems are represented on each CD, but artistic visions and
processes vary greatly. Some, like Ned Bouhalassa, Nicolas Bernier, Andy
Williams and John Berndt, have lightly treated Anderson’s voice and created an
electroacoustic setting for it. Others, like Christian Calon and Chantal Dumas,
went deeper into vocal treatments. Alessandro Bosetti pushed the concept
further by applying to his own voice the water-boarding technique discussed in
the third poem. Finally, Christian Kesten redacted all the words from
Anderson’s tape, keeping only the breathing sounds. Results disappoint in
places: Bouhalassa’s piece lacks gusto, surprisingly, while Kesten’s can’t
transcend its basic idea. The works that stand out are Bernier’s (for the
balance between Anderson’s words and the sonic environment) and Bosetti’s (for
its originality and oddity). Book and triple CD set sold separately.
MICHAEL BARRETT & MIKE GRIFFIN / Birtual Seme-Alabak (Kendra Steiner Editions)
Un duo d’électroniciens dont les improvisations
combinent bruitisme et cosmicité – mais surtout le bruitisme. La pièce de
résistance, “Immortal Beast”, 28 minutes, met aussi en vedette le bassiste
Brett Renaud, et on se croirait sur un disque de Wolf Eyes.
A duo of electronicians whose improvisations
combine noise and cosmicness – but mostly noise. The main opus here, the
28-minute “Immortal Beast”, features guest Brett Renaud on bass, and you’d
think you’ve wandered on a Wolf Eyes record.
WILLIE MCBLIND / Live Long Day (Free
Note Music)
Voici un troisième album de Willie McBlind, le groupe
de blues microtonal de Jon Catler. J’ai aimé les deux premiers sans pour autant
m’en enticher, mais celui-ci me semble plus substantifique. Le thème du jour:
le chemin de fer. Toutes les chansons en parlent où l’évoquent. Ajoutez la voix
de Meredith “Babe” Borden, une section rythmique solide et des chansons à 64 notes
à l’octave qui déstabilisent l’oreille juste assez pour porter attention. Le
microtonal ici est un moyen, pas une fin: c’est la chanson qui prime. Ça, et le
blues.
Here’s a third album for Willie McBlind, Jon
Catler’s microtonal blues band. I enjoyed their first two efforts but they
didn’t leave a lasting mark; this one very well could, as it has more
substance. The album’s title gives away its theme: the railroad. It’s in all
the songs. Add Meredith “Babe” Borden’s voice, a solid rhythm section, and songs
in 64 notes to the octave. Yes, it takes your ear by surprise, but
microtonality is a mean here, not an end: the song is what matters. That, and
the blues.
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